L’éditorial du Monde du 14 mai se termine par ces mots « La nature ne peut être que gagnante. » Quel optimisme bat ! Chaque année, 60 000 hectares d’espaces naturels sont grignotés par l’anthropisation humaine (villes, routes, entrepôts…), soit l’équivalent d’un département en moyenne tous les dix ans. La loi de 1976 sur la protection de la nature stipulait que tout projet d’aménagement doit « supprimer, réduire et si possible compenser » les dommages à l’environnement. Vu son flou artistique, on comprend tout de suite pourquoi cette loi n’a jamais été appliquée. Aujourd’hui LeMonde fait des gorges chaudes du fait que 357 hectares de vergers laissés à l’abandon vont être transformés en coussoul, milieu pierreux ouvert adapté à certaines espèces. Un confetti de 357 hectares contre 60 00 hectares qui disparaissent chaque année… Déjà les ingénieurs et les machines arrachent pêchers et peupliers. Comment des techniques humaines peuvent-elles nous permettre de retrouver la nature ? Impossible !
Dans le livre de Jean-Claude Génot La nature malade de la gestion, les choses sont claires : « Ma définition de la nature est celle universellement admise, à savoir ce qui échappe à la volonté humaine, ce qui est indépendant des usages humains. Destruction et gestion sont deux facettes d’une même attitude de notre société, caractérisée par l’illusion de la domination. Faut-il acheter un bulldozer sur des crédits destinés à la protection de l’environnement ? Les institutions en charge de l’environnement, n’ayant ni la volonté, ni la capacité de remettre en cause ce qui conduit à la destruction, assument la pénurie de nature et entérinent la gestion de la biodiversité dans les confettis non aménagés par le rouleau compresseur économique. La seule restauration à la hauteur de nos enjeux écologiques d’aujourd’hui passe par la destruction de routes, de bâtiments et de barrages pour redonner de l’espace à la nature. Chercher un compromis et ne pas vouloir apparaître trop extrémiste ou radical peuvent vous rendre malléable et inefficace. »
La nature est en train de perdre, mais comme les humains vivent de la nature…