Savourons à fond la nature… avec Robert Redford

En 1961, il achète quelques arpents dans les montagnes de l’Utah. Il faut faire fondre la neige pour avoir de l’eau. Il s’y installe avec sa famille une partie de l’année. Tout Robert Redford est là, au plus près de la nature *. Quand si peu de personnes aiment vraiment la nature, il est important d’écouter les pensées de Robert Redford :

« Nous vivons dans une société vouée au développement. C’est le principe que l’on appelle aux Etats-Unis le “manifest destiny”, le “destin manifeste” : cette doctrine sous-tend que nous avons été créés par Dieu pour entreprendre, conquérir et développer ce que nous pouvions. Elle a fait beaucoup de mal. Nous avons créé nos propres démons. »

« La nature est en permanence en guerre avec des gens qui veulent la spolier. Quand vous commencez à penser aux entreprises gigantesques, Chevron-Texaco, Exxon, aux sommes d’argent qu’ils ont à disposition pour extraire l’énergie de la Terre, aux dommages, aux menaces qui en résultent, vous comprenez que, si on ne pense que profits à court terme, il ne restera bientôt pas grand-chose de la planète. La conséquence ? Notre extinction. La Terre pourra alors se soigner, se regarnir, se repeupler… mais nous ne serons plus là pour le voir. »

« L’homme a toujours défié la nature. Depuis des siècles... Mais en général, l’homme perd. » All Is Lost, « Tout est perdu », un film de J. C. Chandor qui met en scène la survie de Robert Redford sur un bateau qui prend l’eau… comme notre planète !

« Il y a un moment dans le film où, entre les tempêtes, tout est calme et silencieux, le personnage s’assoit sur le pont et il regarde au loin, et c’est l’infini, il n’y a rien d’autre que cette surface plane de l’océan, et le ciel. Si les gens partent de plus en plus sur les chemins de randonnée, dans les coins sauvages, en mer, c’est qu’ils sentent que leur chance de communiquer avec cette nature est en train de disparaître. Et qu’ils n’en peuvent plus de cette société submergée par les communications et l’électronique, et les bavardages, le bruit. »

« J’aime la nature, mais je crois aussi que la nature et la civilisation doivent coexister… C’est quand le développement écrase la nature que je m’inquiète. Je suis persuadé que notre futur sera le fruit d’un équilibre entre ce que nous développons pour notre survie et ce que nous préservons pour notre survie. »

* LE MONDE culture&idées du 14 décembre 2013, Robert Redford, le rêveur américain