Sédation profonde ou droit de mourir dans la dignité ?

Nous avons le droit, si notre douleur ne peut être soulagée, de « dormir avant de mourir » grâce à une « sédation profonde et continue » jusqu’au décès. C’est l’objectif de la loi sur la fin de vie promulguée le 2 février 2016. Seuls ceux atteints d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et présentant une « souffrance réfractaire aux traitements » sont autorisés par la loi à bénéficier d’une sédation profonde. Les résistances sont vives : « La sédation profonde et continue jusqu’au décès est quelque chose qui se fait de manière exceptionnelle. Le danger, ce serait de la banaliser », souligne la présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP). D’autres veulent une réécriture de la loi. Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon promettent la mise en place d’une aide active à mourir.* Est-ce écolo que de mourir plut tôt, sans acharnement thérapeutique ? Voici quelques réactions sur lemonde.fr :

Mac Aria : Pour ceux qui n’ont pas accès aux informations pertinentes, il existe une association courageuse en France qui s’appelle « Ultime liberté ». On ne peut en dire plus ici sans tomber sous le coup de la loi contre l’incitation au suicide (45000 euros et 3 ans d’emprisonnement) votée sous le lobbying de la très puissante et très catholique ADIS (association de défense contre l’incitation au suicide).

Garance : je suis personnellement favorable au suicide assisté mais je crains les effets pervers de ce droit (personnes âgées se sentant un poids pour leurs proches). Et le suicide assisté ne peut être mis en œuvre que pour les gens conscients, le cas du jeune homme dans le coma n’en sera pas résolu.

Claustaire : Voila bien le vrai défi : tant qu’il faudra d’abord être en phase quasi finale d’agonie pour bénéficier de la « sédation » autorisée par l’actuelle loi, chaque années des centaines d’humains en souffrance seront livrés à eux-mêmes, à moins de recourir à des formes sauvages de suicide.

Astapovo : La sédation ( réglementée ), comme l’ euthanasie ( interdite ), laisse la décision et son application à un tiers, à savoir, un médecin ….( dont on ignore les idées et préjugés ) ….. Seul , le suicide médicalement assisté laisse l’individu libre de choisir la date de sa mort ..… la loi Léonetti 2 n’ a donc rien résolue….encore une lâcheté de François Hollande, le roi du compromis mou !!!!

Claustaire : Vous êtes au cœur du sujet. En l’occurrence, sur cette question, Hollande a carrément renié son engagement. Et lorsque la droite sera revenue au pouvoir, surtout si c’est la droite catho de Fillon, il faudra de nouveau attendre au moins dix ans avant que la question de l’assistance médicale au suicide soit de nouveau posée.

Jean Paul Villette : je suis bien de cet avis : que l’équipe Hollande nous pourrisse la vie avec la loi travail , les milliards donnés aux grands patrons sans contrepartie…mais qu’au moins il me laisse mourir tranquille : quand je veux, comme je veux!

Garance : Jean Paul, qui vous empêche de mettre fin à vos jours ? A un moment, il faut aussi assumer ses choix et ne pas se reposer sur la collectivité (quand je veux et comme je veux); n’oubliez pas que derrière votre demande, il y a des soignants qui vont porter cette responsabilité d’avoir donné la mort. Enfin, ne vous illusionnez pas sur la mort douce, consultez le site Dignitas pour connaitre les détails de fin de vie (ils sont clairs).

JJDR : @garance : Dignitas c’est au minimum 8000 euros et des semaines d’attente pour l’examen du dossier, de plus il faut se rendre en Suisse. Ça pourrait être quelques arguments qui répondent à votre question « Jean Paul: qui vous empêche de mettre fin à vos jours? ».

* LE MONDE du 21 février 2017, Fin de vie : la loi entre timidement en vigueur

3 réflexions sur “Sédation profonde ou droit de mourir dans la dignité ?”

  1. @Florian
    Avec le temps, les mentalités évoluent, dans un sens ou dans un autre, pour le pire ou le meilleur… Prenez l’exemple de l’IVG, qui se pratiquait bien avant que la loi l’autorise et la cadre.
    Mais ne vous méprenez pas, moi-même en ce qui me concerne, ou si je devais décider pour un de mes proches, je dirais « oui ». Oui pour partir sans souffrances, dans la dignité comme on dit.
    Je sais que la législation diffère d’un pays à l’autre, mais j’ai peut-être la naïveté de croire qu’en France, les choses se passent généralement « bien » , si j’ose dire… Bien entendu je n’ai aucun chiffre, seulement des témoignages de personnes qui ont vécu la situation ou qui travaillent dans les hôpitaux.

  2. @Michel C : une partie significative de la population se fout des élucubrations (mythologie et cie) inventées par le cerveau humain pour palier à son incapacité à appréhender la non existence, et c’est bien heureux. L’appréhender (indirectement) demande une gymnastique intellectuelle impossible pour les autres, mais leur proportion décroît avec la maturation de la société. Mais que ces derniers promulguent des lois pour empêcher les premiers de mourir sans souffrance physique -et de s’éteindre pour ce qu’ils sont, d’éphémères organismes biologiques-, quand ils le veulent est inacceptable, et l’idée fait inévitablement son chemin… je pense au contraire qu’il convient d’être ferme pour progresser dans ce sujet.

  3. Même camouflée derrière l’argument du « droit à mourir dans la dignité », l’euthanasie reste un sujet délicat.
    Selon moi il s’agit d’une affaire personnelle, comme celle de croire ou pas en un dieu créateur, à la vie après la mort, au caractère sacré de la Vie, etc. Je ne pense pas que ce sujet soit du ressort de l’écologie, j’y vois même un risque.
    Je ne sais pas si une quelconque nouvelle loi pourrait résoudre ce dilemme, souvent très difficile, à savoir respecter les souhaits et les croyances de chacun.

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