Selon la thèse de Paul Chefurka, la population planétaire ne serait plus que de 1,8 milliards (les survivants !) en 2100 après avoir été de 7,5 milliards en 2025… Ci-dessous un extrait de cette thèse méconnue :
« Le modèle de population est essentiellement basé sur les effets cumulés de l’approvisionnement de l’énergie à long terme. Les mécanismes de la baisse projetée dans la population ne sont pas déterminés. Cependant, il est plausible qu’il s’agira de déficits régionaux massifs dans la nourriture, de la propagation de maladies (en raison du démantèlement de services médicaux et sanitaires dans les villes) et une mortalité accrue causée par le froid et la chaleur. Dans le modèle l’interaction la plus importante se trouve entre la quantité d’énergie disponible au cours du temps et une estimation de la moyenne de consommation par habitant. La consommation actuelle se situe aux alentours de 1,7 TEP par personne par an et dans le modèle cela baisse uniformément vers 1,0 TEP par personne par an en 2100. A titre de comparaison, en 1965 la moyenne mondiale était de 1,2 TEP, donc le modèle ne prédit pas une diminution énorme en dessous de ce niveau. Une augmentation des différences entre pays riches et pauvres est également probable, mais n’est pas exprimée dans cette approche. Dans ces conditions la population mondiale augmenterait jusqu’à 7,5 milliards en 2025, avant de diminuer inexorablement vers 1,8 milliards en 2100.
Toute la recherche que j’ai effectuée pour cette étude m’a convaincu que la race humaine est à court de temps. Nous voyons paraître des limites dures dans nos activités et nos nombres, imposées par des limitations d’énergie et des dommages écologiques. Il n’y a plus assez de temps pour adoucir la situation, et plus de manière pour nous en soustraire. C’est comme ça et ni la Mère Nature, ni les lois de la Physique ne sont disposées à négocier.Nous avons atteint ce point si subitement, que la plupart d’entre nous n’en ont pas encore conscience. Et tandis que cela peut prendre encore vingt ans, avant que les effets se montrent complètement, les premiers effets de l’épuisement du pétrole (la crise d’exportation nette) seront palpables en moins de cinq ans. Vu le volume de notre civilisation et le degré auquel nous sommes dépendants d’énergie jusque dans les moindres détails, ces cinq années sont une période beaucoup trop courte pour compléter quelque solution ou réforme que ce soit, qui pourrait nous tenir éloignés du bord du ravin. Au point où nous en sommes nous serons obligés d’aller par-dessus ce bord et d’atterrir dans une diminution de population sévère.
Cependant cela ne veut pas dire, qu’il faut adopter un comportement fataliste et qu’il ne faut rien faire. Rien ne serait moins vrai. La nécessité d’agir est plus grande que jamais. L’humanité ne va pas s’éteindre. Il y aura de plus en plus de gens en péril dans un avenir proche. Nous devons commencer maintenant à mettre sur pied des systèmes, structures et règles de comportement, qui pourraient les aider à gérer ces difficultés, trouver du bonheur là où il existe et d’avancer au mieux. Nous devons trouver de nouvelles façons pour s’entendre avec la terre, et les uns avec les autres. Nous devons trouver de nouvelles valeurs et éthique. Nous devons faire cela avec le but de diminuer la misère pendant ce long traumatisme et d’en voir sortir le plus de gens possibles qui sont en bonne santé et heureux, et qui ont la capacité et les connaissances pour construire la génération suivante de la civilisation humaine. »
Paul Chefurka, octobre 2007
Traduit par Rudo de Ruijter, www.CourtFool.info
Texte original: http://www.paulchefurka.ca/WEAP/WEAP.html
Dans les décennies futures, il faudra aussi composer avec le vieillissement de la population et ces conséquences (prise en charge des seniors toujours plus nombreux). Car si l’on peut contrôler (volontairement ou naturellement) la natalité, il est impossible d’influer sur l’espérance de vie.
Je pense quand même la projection un peu extrême car il est difficile d’envisager une symétrie temporelle dans les mouvements de croissance et de décroissance. Nous avons pu multiplier nos effectifs par 4 en un siècle, il sera difficile de les diviser par 4 dans le même temps. La réduction de la fécondité n’y suffirait pas puisque les gens sont nés (en grands nombre) et qu’ils vont avoir quelques enfants (même s’ils en on peu chacun, c’est à dire que nous réussissions à atteindre un faible taux de fécondité) le grand nombre de reproducteurs potentiels fait que de nombreuses naissances se produiront. C’est l’un des aspects de l’inertie démographique. Une réduction de la population dans ces délais supposerait donc, non seulement un effondrement drastique de la fécondité, mais aussi beaucoup de morts anticipées c’est à dire des catastrophes (famines, guerres civiles et internationales, épidémies). Ce que nous pouvons encore avoir un petit espoir d’éviter (petit il est vrai). Il est certain, par contre, que la croissance ne pourra se poursuivre, faute de favoriser justement ce type d’évènements. N’oublions pas que si l’on divisait par deux aujourd’hui le nombre de naissance la population continuerait encore d’augmenter pendant une ou deux décennies (aujourd’hui le nombre des naissances est plus du double de celui des décès). C’est dire l’ampleur de la tâche. Il faut tout de suite abaisser fortement notre fécondité si nous voulons éviter des catastrophes et si nous voulons autoriser nos enfants à avoir à leur tour (un peu) d’enfants. L’humanisme est du côté de la modestie démographique.
La prévision n’est pas si extrême que ça, si 2025 représente le sommet de la courbe, la date comparable à 2100 est 1950 où la population était de 2.5 milliards. La décroissance pourrait s’avérer un peu plus abrupte que la croissance vu qu’entre temps nous avons bien abimés les écosystèmes qui nous fournissent de la nourriture et que durant la 2ème partie du XXI siècle le climat pourrait s’avérer bien chaotique et rendre la production de nourriture encore plus compliquée.
La thèse de de Paul Chefurka ne fait que rejoindre une trop longue liste de théories qui prédisent toute un net fléchissement aux environs de 2030.
La prévision me semble extrême et si une baisse de la population devait intervenir du fait d’un écroulement de civilisation, bien malin qui pourrait dire si en 2100 nous serions 6, 5, 2 ou 1 milliard(s), aucun élément autre qu’arbitraire ne nous permet une telle précision.
Par contre la démarche de Paul Chefurka est intéressante dans le sens où elle prend en compte la probabilité de plus en plus forte d’un effondrement des structures de nos sociétés et les conséquences que cela aurait en terme de souffrance.
C’est une bonne façon de nous dire que nous avons le choix entre une décroissance économique et démographique subie et donc catastrophique et douloureuse et une décroissance acceptée, réfléchie et en cela quelque peu organisée qui nous permettrait de mettre en place à temps d’autres équilibres et en particulier une fécondité plus basse et une consommation matérielle et énergétique beaucoup plus modeste. De toute façon, la continuation de la croissance (fut-elle repeinte en vert par bêtise ou par opportunisme politique) est un impossible.