L’histoire nous apprend que seules la guerre, l’inflation ou la croissance peut résoudre le problème de la dette. Pour Jacques Attali, il n’y a donc pas de doute : il faut « tout faire pour rétablir les conditions de la croissance »*. Nous n’en attendions pas moins de la part de celui qui a dirigé une commission de « libération de la croissance » dont d’ailleurs il n’est rien sorti si ce n’est une grève des taxis. De plus la commission Attali visait une croissance de 5 % sans évoquer le problème environnemental posé par une activité économique intense.
Pourtant, dans un texte paru en 1973 (no 52 de La Nef), Jacques Attali expliquait combien le rapport du Club de Rome, The Limits of Growth était un livre « prudent ». Il soulignait ensuite les principaux écueils de la croissance : « Les modèles de croissance sont incapables d’analyser les relations entre la croissance et le bien-être » ; « Les grandeurs de la comptabilité nationale conduisent à mesurer la croissance par un indicateur unique, le PNB, dont il est devenu banal aujourd’hui de souligner l’inadéquation. » ; « Il est un mythe savamment entretenu par les économistes libéraux, selon lequel la croissance réduit l’inégalité. Cet argument permettant de reporter à « plus tard » toute revendication redistributive est une escroquerie intellectuelle sans fondement. » Les différentes analyses et constats statistiques ont amplement confirmé depuis 1973 la validité de ces trois critiques : la croissance ne fait pas le bonheur, elle ne mesure pas la destruction de l’environnement, elle ne réduit pas les inégalités. La croissance économique ne peut donc être une solution.
Pour réduire l’endettement, il faut donc définir une autre alternative qui en soit ni la guerre, ni l’inflation, ni la croissance. Elle existe, elle s’appelle sobriété forcée autant dans les budgets de l’Etat que dans les dépenses privées. Il faut donc pratiquer une économie conviviale qui pèserait le moins possible sur les ressources naturelles. Tout au contraire d’une libération de la croissance, il s’agit de définir une économie qui stoppe la dégradation de l’environnement tout en permettant un bien-être équitablement partagé. Il s’agit de créer une société où ce qui importe, ce sont les relations gratuites et non les biens marchands.
Pour le reliquat de la dette, qui équivaut aujourd’hui à sept années fiscales en France, ne rendons pas aux riches prêteurs l’argent qu’ils n’ont eu aucun mal à donner puisqu’ils n’en avaient pas usage. De toute façon la solution inflationniste dévaloriserait leurs créances ou une guerre civile leur couperait la tête !
* LE MONDE du 11 août 2011, La France est explicitement désignée pour perdre son AAA
Une économie qui ne croît pas est considérée comme un poisson qui ne nage pas. Une contradiction en soi. Un cauchemar dont on ne peut parler que par périphrase. Et donc, on continue…
Il te faut juste encore allumer une cigarette et boire une gorgée de coca-cola pour atteindre un niveau de bonheur supérieur.
Extrait de La décroissance heureuse de Maurizio Pallante