stérilisation de masse, méthode de contraception en Inde

 « Stérilisations meurtrières en Inde ». Pourquoi ce titre racoleur dans LE MONDE*  alors que la stérilisation représente en moyenne 32 % des moyens de contraception sur notre petite planète. Pourquoi s’appesantir sur les décès de plusieurs femmes… opérées par le même médecin alors que la stérilisation représente plus de 86 % dans cet Etat indien du Chhattisgarh ? Alors que ce sont près de 4,6 millions de femmes qui ont été stérilisées en 2012 ! Pourquoi ne pas s’intéresser plus au fond sur la politique de planning familial dans un pays dont la population a augmenté de 187 millions en 10 ans pour atteindre 1,25 milliard d’habitants ? En d’autres termes l’Inde est d’apparence démocratique, mais de réalité surpeuplée. Claude Lévi-Strauss écrivait déjà en 1955 : « Les grandes villes de l’Inde sont une lèpre, l’agglomération d’individus dont la raison d’être est de s’agglomérer par millions, quelles que puissent être les conditions de vie : ordure, désordre, ruines, boue, immondices, urine. »

                Il serait faux dans le cas de l’Inde de dire que ce n’est pas le planning familial qui rend un pays prospère, mais la prospérité qui fait diminuer la natalité. Quand la prospérité n’est pas équitablement partagée, quand la croissance économique se fait au détriment des équilibres sociaux et écologiques, la maîtrise de la fécondité a besoin de planning familial. René Dumont, observateur inlassable des réalités de terrain, n’avait cessé de constater que « la fécondité galopante ne fournit pas de main d’œuvre mais un surplus de bidonvilles. » Le journaliste écrit que la stérilisation de nombreuses femmes se font souvent dans des conditions effroyables: instruments rouillés et nettoyés à l’eau chaude entre deux opérations, anesthésiants sous-dosés pour faire des économies., la plupart d’entre elles sont pauvres et illettrées. Il ajoute que « les autorités indiennes préfèrent stériliser en masse, elles ne se donnent pas les moyens de former des auxiliaires de santé, d’informer les jeunes mères ». Mais quand les moyens financiers manquent ? La stérilisation en Inde repose sur une démarche volontaire même si les femmes sont soumises à de fortes pressions de la part d’employés des gouvernements locaux ou même du mari. Peut-il en être autrement ?

Un journaliste ne peut porter un regard occidental sur l’Inde, laisser croire qu’il serait facile d’avoir toujours des « salles d’opération suffisamment éclairées, ventilées ». Julien Bouissou laisse croire aussi qu’il suffirait de réduire la mortalité infantile, interdire les mariages précoces, abandonner la préférence pour le garçon à la naissance, créer la sécurité sociale et un système de retraite. Croit-il encore à la baguette magique ? L’Inde reste un pays globalement pauvres, et l’explosion démographique ne peut qu’entretenir cet état de fait. Mais les pays riches se gardent bien d’aider financièrement et de manière conséquente le planning familial dans les pays défavorisés. On préfère broder médiatiquement sur quelques stérilisations meurtrières !

* LE MONDE du 13 novembre 2104, Stérilisations meurtrières en Inde

1 réflexion sur “stérilisation de masse, méthode de contraception en Inde”

  1. A l’heure du procès des surirradiés, le journaliste condamnerait-il la radiothérapie à cause de cet accident? Probablement non, ce qui laisse à penser que son opinion ne laisse pas de côté certains préjugés sur la valeur sanitaire de ces actes.

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