Je n’ai pas de Ipod ni de iPad ni de téléphone intelligent et j’aurais aimé que Steve Jobs n’ait jamais existé. Pourquoi un colosse financier de 350 milliards de dollars (Apple) a-t-il droit à une pub gratuite dans un quotidien de référence ? En effet, l’éditorial du MONDE* dresse un panégyrique d’une action seulement mercantile : « Un génie du marketing et du design quitte son poste de PDG… Steve Jobs symbolise l’excellence. » Alors que l’éditorial admet dans le même temps que « Apple est devenu un partenaire impitoyable en affaires, profitant au maximum de sa position de supériorité sur le marché ». En quoi ces « objets de consommation ludiques » sont-il « formidablement utiles » ? En quoi le fondateur d’Apple a-t-il « révolutionné la vie de dizaines de millions de gens à travers la planète ».
La réaction de Thomas Serre sur le monde.fr me paraît plus appropriée que la ligne éditoriale du MONDE : « Pour avoir fait de mes concitoyens des abrutis de consommateurs encore un peu plus accroché à leur maudit écran, je dis : bon débarras, Steve Jobs. » Comme ajoute Jerôme Gonsolin, « Le savoir faire d’Apple, c’est juste faire croire au plus grand nombre à un savoir-faire. Quelques idées, du secret, des prix élevés, la guerre aux concurrents, la pression sur les fournisseurs, tel est l’aboutissement d’une Amérique qui ne fabrique plus rien. Dire merci à ça ? »
Précisons que, contrairement aux dires de Robert Cyran dans la rubrique franglaise du MONDE « Breakingviews », Steve Jobs n’a pas « anticipé les goûts des consommateurs ». Comme devrait le savoir tous les étudiants en marketing, il y a filière inversée. Dans un système de publicité de masse, ce n’est pas le consommateur qui dicte ses choix aux entreprises, ce sont les entreprises qui incitent les gens à « aimer » leurs produits. Or qui dit gadget électronique dit consommation d’une énergie qui va se faire rare, consommation de terres rares, pollutions par les déchets, etc. L’action de Steve Jobs, d’un point de vue écologique, ne doit pas être louée, mais condamnée. N’achetez plus d’iPod, d’iPad, etc…
* LE MONDE du 27 août, Au revoir et merci, Steve Jobs
Obsolescence de l’iPad
Une chamaillerie entre mes deux enfants autour du iPad lui a fait perdre toute sa mémoire. L’autre problème avec l’iPad est sa courte durée de vie. J’ai récemment acheté un livre publié en 1812. L’iPad existera-t-il dans deux cents ans ? Ou même dans cinq ans ? Douze mois après le lancement du premier iPad et de la quatrième génération d’iPhone, voici iPad 2 ! Où sont passés les ZX Spectrums et autres Psion Organiser ?
La tablette sumérienne de Shuruppak, datant de 2600 av. J.-C. est toujours visible au musée du Louvre. La technologie mésopotamienne à base d’argile cuite (pour la tablette) permet la conservation des données pendant plusieurs milliers d’année. La durée de vie des supports numériques (CD, disques durs…) est comprise en moyenne entre cinq et dix ans…
L’écologiste n° 34, juin-août 2011