Stiglitz, le radoteur du croissancisme

En 2010, nous écrivions déjà, DSK, Stiglitz, les dévots de la croissance. La volonté de croissance économique a ceci de funeste qu’elle est devenue une véritable religion pratiquée par nos élites qui sont censées penser. Alors que le culte du PIB est à l’origine ancré dans l’idéologie de droite (l’accumulation du capital est corrélée avec le profit et l’expansion), la gauche a enfourché le même credo. Quand le socialiste Dominique Strauss-Kahn estimait que « si l’Europe va mal, c’est surtout parce que la croissance économique y est trop faible », il ne parlait pas en tant que directeur général du FMI, mais en tant que socio-démocrate. Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie, ex-conseiller de Bill Clinton et ex-chef économiste de la Banque mondiale croyait critiquer la pensée unique monétariste, mais c’était pour émettre le même acte de foi keynésien : « Aujourd’hui, l’UE veut un plan coordonné d’austérité. Si elle continue dans cette voie-là, elle court au désastre.

Il est vrai que les pratiques restrictives de l’économie orthodoxe ont mené à la grande crise de 1929. Mais il est aussi vrai que le keynésianisme, s’il a bien induit les Trente Glorieuses, nous a mené depuis les premiers chocs pétroliers (1973 et 1979) a la stagflation (stagnation de l’activité économique et inflation) puis aujourd’hui à des menaces écologiques sans nombre. La croissance a épuisé le substrat biophysique qui le faisait vivre, les ressources de la planète. La stagflation est maintenant notre destin. Auquel s’ajoutent la crise climatique, l’extinction de la biodiversité, la déplétion énergétique, le stress hydrique, etc.

Pourtant que disait encore Stiglitz début 2022  dans LE MONDE ? Croissance, croissaance, croissaaance…Que dit toujours Stiglitz début 2023 ? Croissance, croissaance, croissaaance.

Joseph Stiglitz : Si nos systèmes politiques fonctionnaient mieux, nous aurions pu agir beaucoup plus rapidement pour accroître la production et l’offre, et ainsi atténuer les pressions inflationnistes auxquelles nos économies sont désormais confrontées. Après avoir demandé pendant un demi-siècle aux agriculteurs de ne pas produire à hauteur de leurs capacités, l’Europe et les Etats-Unis auraient pu les inviter à produire davantage.

Biosphere : Produire plus, c’est simplement aller plus vite dans le mur, mais ça peu d’économistes l’ont compris et encore moins l’admettent. Pourtant cela avait été diagnostiqué dès 1972 par l’analyse systémique « Les limites de la croissance ».

Joseph Stiglitz : Les Etats-Unis auraient pu développer les solutions de garde d’enfants afin que davantage de femmes puissent intégrer le monde du travail, et réduire ainsi les prétendues pénuries de main-d’œuvre.

Biosphere : Toujours ce prisme de favoriser artificiellement la croissance économique, aux mères au turbin ajouter le travail de celles qui garderont leurs enfants. Nous, nous pensons que l’homme au foyer, c’est aussi une bonne solution pour peser moins sur la planète. Et mieux, ne pas faire d’enfant pou alléger le poids de nos générations futures sur la nature.

Joseph Stiglitz: Les difficultés économiques seront particulièrement douloureuses pour les pays les plus vulnérables, ce qui créera un terreau encore plus fertile pour les démagogues populistes déterminés à semer les graines de l’amertume et du mécontentement. La plus grande menace pour le bien-être et l’économie mondiale est aujourd’hui politique. Plus de la moitié de la population mondiale vit actuellement sous un régime autoritaire..

Biosphere : Les gens ne se jettent pas dans les bras d’un populiste par hasard, mais seulement parce qu’ils se voient dans une voie sans issue et qu’à force d’attendre les réalisations de vagues promesses d’avenir, ils choisissent d’utiliser les seuls leviers qu’ils ont, ou croient avoir, les promesses d’un démagogue.

Joseph Stiglitz : Près de quatre-vingts ans après la parution de La Route de la servitude, de Friedrich Hayek (1899-1992), nous vivons encore aujourd’hui avec l’héritage des politiques extrémistes qu’il a, avec Milton Friedman (1912-2006), ancrées dans le courant économique dominant. Ces idées nous placent sur une trajectoire périlleuse : la route vers un fascisme version XXIe siècle.

Biosphere : Libéraux et Keynésiens essaient par deux moyens contraires d’atteindre le même objectif, la croissance économique… au prix de la détérioration accélérée des ressources naturelles. Et cette détérioration va faire la paupérisation des masses, aboutir à une récession économique, et fomenter la prise du pouvoir par des affabulateurs qui feront croire au miracle pour être élus « démocratiquement ». La seule solution, c’est la décroissance maîtrisée par la sobriété partagée, y compris par la baisse programmée de la fécondité.

Joseph Stiglitz : Il est possible que la Réserve fédérale américaine [Fed, banque centrale] pousse trop loin et trop rapidement la hausse des taux d’intérêt. L’inflation actuelle est principalement la conséquence de pénuries d’offre d’ores et déjà en cours de résolution pour certaines. Élever encore davantage les taux d’intérêt pourrait par conséquent se révéler contre-productif.

Biosphere : Baisser les taux d’intérêt en période d’inflation, c’est perpétuer la croissance à crédit dont on sait de source historiquement validée que cela se termine invariablement par la banqueroute. Le plus consternant avec ces économistes de tant d’écoles prestigieuses, c’est qu’ils font tous abstraction de ce dont on est totalement dépendant : la terre, les écosystèmes, son climat… La plus grande menace pour l’économie mondiale est à la fois politique, biophysique ET démographique. Mais la menace bien présente, ce sont ces intellectuels qui répètent les vieilles antiennes et nous empêchent de penser autrement.

11 réflexions sur “Stiglitz, le radoteur du croissancisme”

  1. Cela fait un certain temps maintenant que dès que vois les signatures BGA80 ou MICHEL C, je saute ma lecture des commentaires jusqu’à la fin, espérant mais sans trop y croire dorénavant, tomber sur les lumières de quelque intervenant à la fois moins basique, acculturé et fascisant que BGA80 ou moins logorrhéique et un peu plus synthétique et constructif que MICHEL C. Sans parler des vomissures du MARCEL. Mais que t’chi ! N’y a-t-il plus personne sur ce site pour débattre avec des arguments recevables en lieu et place du j’m’enfoutisme narquois étendu à hauteurs répétées d’écrans par MICHEL SAIT ? Qu’en pense donc DIDIER BARTHES ?

    1. Comme après ce grand nettoyage il m’en reste une, je me dis que ce serait bête de ne pas la tirer. Et sans faire dans la logorrhée.
      C’est quoi le rapport avec le sujet du jour ?
      Qu’en pense donc la Modération ? 🙂

      Modération à Michel C
      BK86 fait un jugement synthétique de ce qui lui apparaît dans certains commentaires sur ce blog. A chacun d’en tirer ses propres conclusions.
      Il regrette aussi qu’il n’y ait pas plus de commentaires constructifs, et nous partageons ce constat.
      Ce blog a démarré en 2005 et c’est sans doute décourageant de constater qu’il n’y a pas plus de personnes concernées par nos analyses, à peu près 200 visites chaque jour.
      Mais nous continuons de penser que certaines choses doivent être dites, et c’est ce que nous faisons. Nous aimons bien cette sentence de Thoreau, « si je suis seul à avoir raison contre tous, j’ai déjà la majorité d’une voix »…

  2. L’économie devrait être comprise comme une (toute) petite partie de l’écologie, c’est à dire d’un ensemble bien plus vaste qui repose sur les équilibres et le non dépassement des limites, l’économie tente, dans les faits comme dans les discours, de sortir de cette logique implacable : c’est voué à l’échec.
    Le choc contre les limites de la planète renverra tous ces (mauvais) économistes à leurs études. Hélas, il va aussi provoquer bien des malheurs et des souffrances. Pour n’avoir pas su être sages, pour n’avoir pas su nous restreindre nous allons le payer très cher et ces faux prophètes auront leur part de responsabilité. Pour l’instant seule la nature a payé, ce sera bientôt notre tour, ça commence d’ailleurs.

  3. – « Libéraux et Keynésiens essaient par deux moyens contraires d’atteindre le même objectif, la croissance économique… […] La seule solution, c’est la décroissance maîtrisée par la sobriété partagée [etc.] Baisser les taux d’intérêt en période d’inflation, c’est perpétuer la croissance à crédit dont on sait de source historiquement validée que [etc.]
    Mais la menace bien présente, ce sont ces intellectuels qui répètent les vieilles antiennes et nous empêchent de penser autrement.» (Biosphère)

    Là encore (voir précédemment À 13:42) attention à ne pas tomber dans le piège de la Pensée Unique. Ce n’est pas en pensant comme les Libéraux et/ou les Keynésiens, ni même comme les Malthusiens que nous pourrions en sortir, et avancer. ( à suivre )

    1. Eh oui, quoi qu’on en pense, Malthus reste un libéral. Et même s’il ne croyait pas au Progrès, il était lui aussi un apôtre de la sacro-sainte Croissance économique, sœur du Développement (durable ?), bref du Toujours Plus. Seulement avec toujours moins de convives au Banquet… comme on sait.
      Et c’est là que je rejoins la conclusion de Biosphère. Bien sûr, nous sommes bien obligés de faire (et de penser) avec les mots qui sont les nôtres.
      Avec ces vieilles antiennes, justement : taux d’intérêt, inflation, crédit, dette etc. etc.
      Alors justement, analysons tous ces mots, toutes ces idées… et Déconstruisons-les !

  4. « En 2010, nous écrivions déjà, DSK, Stiglitz, les dévots de la croissance. La volonté de croissance économique a ceci de funeste qu’elle est devenue une véritable religion pratiquée par nos élites qui sont censées penser »
    –> Oui et alors ? Souvent je dis que la dictature c’est ‘ferme ta gu….’ et la démocratie ’cause toujours’. Et ben pour une fois je vais récupérer cette philosophie de nos démocrates UmPs à mon compte « Concernant la croissance chers UmPs, cause toujours ! » Nos élus UmPs peuvent embaucher autant de cabinets de conseils pour trafiquer les chiffres afin de rendre positif les chiffres de la croissance pour se rassurer, rien n’y fait ils n’en auront plus jamais de la croissance. Après parfois il y aura une petite remontée ponctuelle mais sur le long terme il n’y aura plus de croissance hormis celles des dettes publiques !

    1. Mais en même temps, nos UmPs ne parviennent pas à sortir de la logique de croissance, puisqu’il faut impérativement que le taux de croissance soit supérieur au taux d’endettement pour pouvoir rembourser les crédits, et sinon c’est la faillite assurée ! D’où le fait que nos élus planquent des dettes sous le tapis ! Et oui, souvenez vous, je vous avez dit que le système de crédits est mort, le système de création monétaire par la voie de crédits est mort ! En effet, je vous avez expliquez que les banquiers lorsqu’ils vous accordez un crédit, se fondaient sur votre solvabilité du passé ! Si je vais demander un crédit à la banque, le banquier va me réclamer mes dernières fiches de paie, et c’est pareil pour un commerçant ou entreprise il va se fonder sur leur chiffre d’affaire du passé ! MAIS pour pouvoir rembourser c’est la solvabilité du futur qui est déterminante puisque l’échéancier du remboursement s’effectue dans le futur !

    2. Or aujourd’hui, notre situation financière peut s’effondrer du jour au lendemain, le chiffre d’affaire et surtout bénéfices peuvent couler du jour au lendemain, on peut se faire licencier du jour au lendemain, puis quand on retrouve un emploi souvent on nous propose un salaire moindre à cause de la mondialisation et la concurrence qu’elle génère !
      Le problème étant que si nous n’avons plus de croissance, alors nos UmPs ne peuvent plus payer nos fonctionnaires et les bénéficiaires de prestations sociales ! Si la croissance chute, alors notre solvabilité chute ! Et nos dettes gonflent astronomiquement ! C’est évident nos élus vont devoir soit licencier des fonctionnaires soit diviser par 2 (minimum) les salaires des fonctionnaires. Or nos élus UmPs ne sont pas courageux, avec eux c’est plutôt « Courage fuyons ! »

    3. Alors que vont ils faire ? Ben 2 choses, s’attaquer aux retraités car les vieux ne sont plus assez endurants pour manifester longuement et surtout utiliser l’inflation pour rembourser les dettes ! Car ils n’auront jamais le courage de s’attaquer aux dépenses publiques, pas même le gaspillage d’argent…
      Enfin je vous avez expliqué aussi que moins il y aura d’énergie et moins il y aura de croissance ! Or on s’est fâché avec les russes, puis les plafonnements des prix du pétrole et du gaz n’y changeront rien, car les russes vont tout simplement arrêter de nous approvisionner. On en est arrivé à des économies de bouts de chandelle pour tenter de renouer avec la croissance comme faire cuire ses pâtes à 20 h plutôt que 19h ou extinction des lumières le soir.

    4. D’ailleurs, je vous avez expliqué que les lois écrites sur le papier ne valent rien car le pétrole et le gaz de schiste ils iront le déterrer en France ! Ils iront car nos élus ‘courage fuyons’ ne seront pas capables de proposer un programme de décroissance pour se faire réélire, seules leurs planques comptent !
      Conclusion attendez vous à des manifestations massives de Gilets jaunes ! Les gilets jaunes seront beaucoup plus nombreux demain ! Le plus drôle étant que même les patrons du Medef vont enfiler des gilets jaunes ! Çà sera drôle de voir Place république Geoffroy Roux de Bézieux bras de dessus bras dessous avec Mélenchon et Martine Aubry pour exiger de la croissance ! Toutefois ça aura le mérite de provoquer l’unité tant attendue du pays ! Et oui, cocktail entre montagnes de dettes, hausses des taux de crédits, hausses d’inflation, pertes de solvabilité et pertes d’approvisionnement énergétique dirigent notre pays vers plus de misères et conflits

      1. Stiglitz radote, c’est certain. Mais alors Toi ! Griller tes 4 cartouches, plus celle qui était dans le canon, juste pour nous re-re-reparler de tes UmPs (6 fois) et nous souler avec la DETTE, notamment PUBLIQUE (salauds de fonctionnaires va !), les dettes et l’endettement sans oublier bien sûr le CRÉDIT. Bref, pour nous faire un (mauvais) cours d’économie néo-libérale qui ne nous avance à rien.
        En fait tu ne fais là que résonner comme Stiglitz, comme tous les apôtres et bigots de la sacro-sainte Croissance. Sans oublier bien sûr ta chère Marine. Tu parles le même langage, c’est avec leurs mots, leurs idées, que tu voudrais nous expliquer comment tourne le monde, ce qui anime les uns et les autres etc. Et c’est avec ça que tu crois être en mesure de nous prédire l’avenir. Finalement tu restes, Toi aussi, prisonnier du cadre (du prisme) de l’idéologie néo-libérale, pour ne pas dire de la Pensée Unique.

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