Pour éviter la catastrophe climatique, nous savions déjà qu’il faudrait diviser par quatre d’ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre, ce qui voulait dire diviser par deux notre consommation d’énergie. Mais cela restait abstrait. Un article récent du MONDE* précise qu’en fait il faudra arrêter de pomper du pétrole ou d’extraire du charbon :
« Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a prévenu : pour conserver au moins une chance sur deux de contenir la hausse des températures à la fin du siècle sous la barre de 2°C par rapport à la période préindustrielle – seuil de danger retenu par la communauté internationale en 2009 –, les émissions mondiales de CO2 ne devront pas dépasser, entre 2011 et 2050, une fourchette allant de 860 à 1 180 milliards de tonnes, ou gigatonnes (Gt). Or, les réserves fossiles du globe représentent un stock d’environ 2 900 Gt de CO2 – près de trois fois plus que les émissions tolérables. La conclusion s’impose : il faut, jusqu’à 2050, s’abstenir d’extraire et de brûler la plus grande partie des réserves fossiles. Un tiers des réserves de pétrole, la moitié de celles de gaz et plus de 80 % de celles de charbon devront rester inexploitées, si l’on veut éviter la surchauffe de la planète. Pour ce qui est du cas particulier des hydrocarbures non conventionnels (pétrole et gaz de schiste, sables bitumineux), les auteurs concluent qu’une hausse de leur production actuelle est incompatible avec la volonté de juguler le réchauffement. C’est la thérapie de choc que prescrivent deux chercheurs britanniques dans une étude publiée dans l’édition de la revue Nature du jeudi 8 janvier. Mais on voit mal en effet comment – et l’étude n’apporte pas la réponse – convaincre un pays producteur, riche ou pauvre, ou une compagnie pétrolière ou gazière, de renoncer à la rente des hydrocarbures, sans la mise en place de mécanismes tels qu’un marché mondial du carbone. »
La Biosphère fonctionne selon un système d’autorégulation très complexe. Les humains ont cru qu’il suffisait de s’appuyer sur les mécanismes autorégulateurs du marché et la variation des prix pour compenser la détérioration dont ils sont la cause. ERREUR ! Maintenant les Etats devraient intervenir pour augmenter structurellement les prix des énergies fossiles, et cela ne pourra se faire que par une gouvernance mondiale, une OME (organisation mondiale de l’environnement)… qui sera créée lorsqu’il sera beaucoup trop tard… Les raffineries de pétrole et les centrales à charbon mériteraient peut-être qu’on les fasse sauter : cela constituerait-il aussi un terrorisme ?
* LE MONDE du 9 janvier 2015, Des réserves fossiles rationnées pour éviter la surchauffe
Au-delà d’une certaine taille il me semble très difficile à un groupe humain d’anticiper, au mieux il réagit. Alors l’humanité dans son ensemble ne saura rien éviter. L’intelligence n’est pas un concept collectif. Comme le dit José, la communauté humaine est ingérable… et ingérée. Elle n’est pas gérante non plus.
Eh oui, il faudrait, on devrait. Mais nous savons bien que rien ne sera fait, parce que la communauté humaine est ingérable.
On ne va pas le faire, on ne laissera jamais sous terre ce qui est exploitable.
Jamais on ne verra 4 millions de personnes dans la rue pour dire : « Je suis un économiseur d’énergie, je suis près à me serrer la ceinture et à faire moins d’enfants pour sauver les équilibres de la planète » (il est vrai que cela ne tiendrait pas sur un teeshirt).
Nous allons tout brûler et les équilibres seront détruits. N’oublions pas, l’homme est un animal de court terme.