Sujet de bac philo 2018 en SES, l’écologie absente

Les SES permettent une ouverture sur le monde réel, la philosophie y ajoute la sagesse. Quels sont donc les rapports entre domaine économique, sociologique, écologique et philosophique ? Nous attendons vos commentaires sur les sujets de bac de SES , merci d’avance.

Sujet 1. Toute vérité est-elle définitive ?

Sujet 2. Peut-on être insensible à l’art ?

Sujet 3. Expliquer le texte suivant :« Quand nous obéissons à une personne en raison de l’autorité morale que nous lui reconnaissons, nous suivons ses avis, non parce qu’ils nous semblent sages, mais parce qu’à l’idée que nous nous faisons de cette personne, une énergie psychique d’un certain genre est immanente (1) , qui fait plier notre volonté et l’incline dans le sens indiqué. Le respect est l’émotion que nous éprouvons quand nous sentons cette pression intérieure et toute spirituelle se produire en nous. Ce qui nous détermine alors, ce ne sont pas les avantages ou les inconvénients de l’attitude qui nous est prescrite ou recommandée ; c’est la façon dont nous nous représentons celui qui nous la recommande ou qui nous la prescrit. Voilà pourquoi le commandement affecte généralement des formes brèves, tranchantes, qui ne laissent pas de place à l’hésitation ; c’est que, dans la mesure où il est lui-même et agit par ses seules forces, il exclut toute idée de délibération et de calcul ; il tient son efficacité de l’intensité de l’état mental dans lequel il est donné. C’est cette intensité qui constitue ce qu’on appelle l’ascendant moral. Or, les manières d’agir auxquelles la société est assez fortement attachée pour les imposer à ses membres se trouvent, par cela même, marquées du signe distinctif qui provoque le respect. »

(DURKHEIM,Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912))

1. « immanente » : intérieure

3 réflexions sur “Sujet de bac philo 2018 en SES, l’écologie absente”

  1. Durkheim au bac de SES
    synopsis de réponse. Expliquer Durkheim, c’est montrer que l’individu est conditionné par la société, issu d’une socialisation, prédisposé au suicide par défaut de relations étroites avec les autres. Dans ce texte nous retrouvons l’idée d’interaction spéculaire, nous nous comportons comme dans un miroir où se reflète les attentes d’autrui. L’individu n’est rien par lui-même, il fait ainsi parce que les autres font de même et s’attendent à ce qu’on leur ressemble. Les réactions de masse devant un match de foot (on pense par exemple au mondial) sont significatives de cet état de fait, quand tous les commentateurs nous disent qu’il faut vibrer en regardant un ballon courir sur une pelouse ou un écran, quand il faut choyer son équipe et détester les autres. Nos habitudes sont construites et, intériorisées, ne demandent plus de réflexion, elles« excluent toute délibération ». Bourdieu, digne successeur de Durkheim, parlera plus tard « d’habitus ».

    L’approche de Durkhim nous semble plus réaliste que les idées de Boudon qui penche pour une prétendue responsabilité individuelle. Notons aussi que les écrits de Durkheim, fondateur de la sociologie, se situent à la fin du XIXe sicèle, au même moment où s’inventent le mot « écologie ». Il est devenu gênant de constater que « le respect » des conventions nous oblige alors que dans le système libéral actuel, croissanciste, inégalitaire et prédateur qui nous enserre aujourd’hui, la désobéissance devient un impératif catégorique : ne fais pas à la planète ce que tu ne voudrais pas qu’elle te fasse !

  2. « Peut-on être insensible à l’art ? »
    synopsis de réponse. La question paraît sans réponse. L’art est en effet un mot valise dans lequel on peut mettre tout et n’importe quoi. La sensibilité est variable d’un individu à l’autre, et un individu peut changer d’avis au cours de sa vie. Que dire si ce n’est que tout est relatif ! Alors distinguons deux formes d’art. Il y a l’art pour embellir sa vie de façon simple, comme le fait de chanter ou de faire de la musique avec une flûte qu’on a soi-même fabriqué. Il y a d’un autre côté tout le reste, l’art au service des religions (entrez dans une Église et vous verrez), l’art au service des puissants (visitez le château de Versailles), l’art pompier (le Louvre et ses Jocondes), l’art au service du commerce (Combien déjà cette toile de Picasso?), l’art pour la distraction (les artistes du ballon rond de la Coupe du monde), l’art en fait pour empêcher de se révolter face à un système économique croissanciste et prédateur.
    C’est pourquoi nous sommes très sensibles quand on chante avec une chorale locale ou quand nous jouons du piano pour le plaisir, nous utilisons alors si peu de ressources naturelles. Nous ne pouvons qu’être insensibles pour toutes les autres forme d’art. En définitive, nous ne pouvons que regretter que l’art pour harmoniser les relations entre les humains et la planète ne représente que 0,01 % des prestations humaines. L’art au XXIe siècle sera écolo ou ne sera pas, si nous préférerons nous entre-déchirer sur une planète dévastée dans laquelle il n’y aura plus de cours de philo !

  3. « Toute vérité est-elle définitive ? »
    synopsis de réponse. La seule vérité définitive réside dans les phénomènes bio-physiques qui traversent la matière. Toute autre considération n’est que parole humaine. Blaise Pascal a bien résumé la variabilité de nos discours par l’expression « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà ». L’important à l’heure actuelle, à l’heure de la dégradation de tous les indicateurs biophysiques à cause de l’activité humaine, est de déterminer un discours commun de l’humanité pour essayer de redresser une situation qui devient réellement catastrophique : réchauffement climatique, pollutions multiples, épuisement des ressources fossiles, extinction de la biodiversité, stress hydrique et j’en passe… Tout le reste est verbiage, jeux de mots, oubli des maux.

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