Depuis le septennat de M.Pompidou, le culte de l’automobile est devenu en France la religion d’Etat, la seule d’ailleurs à laquelle croient la plupart des dirigeants. Tous les ans, le pèlerinage national ne se rend pas à Lourdes, mais aux vingt-quatre heures du Mans. Telle une grande messe pontificale, le Salon de l’auto déroule sa liturgie fastueuse au cours de laquelle l’automobile nouvelle, bénite par les plus hautes autorités officielles, est comme une relique révélée à la ferveur populaire. En cas d’impiété, répression policière : matraquage de manifestations sacrilèges en faveur de la bicyclette ou des piétons. Et la nouvelle religion a déjà son clergé, puissant et sectaire : les ingénieurs des Ponts et Chaussées.
Cependant, cette adoration obligatoire dissimule mal la réalité : l’automobile est devenue le cancer de notre civilisation. Elle la ronge par sa prolifération effarante, anarchique et dominatrice. Elle détruit l’homme et dégrade l’espace. Elle mutile, intoxique et tue. Elle casse les villes et dilapide la nature. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse. Présentée à tort comme le symbole de la prospérité, elle appauvrit l’homme dramatiquement, dans son environnement social et physique. Elle brise son cadre de vie collectif pour l’enfermer dans une petite carapace d’acier qui l’isole et exalte son agressivité en la cuirassant. Elle le ruine dans les biens immatériels essentiels : la santé, la sécurité, les joies de la nature, la beauté des paysages, le sentiment de la communauté. Nous allons vers l’« auto-destruction » rapide de notre civilisation si nous ne changeons par fondamentalement notre attitude à l’égard de l’automobile, si nous ne cessons pas de la vénérer comme une idole et ne la soumettons pas aux impératifs de la défense de l’environnement… et de l’homme.
En transformant l’automobile en une idole intouchable, le pouvoir se fourvoie dans une impasse pour la politique des transports, de l’urbanisme et de l’environnement. « Il faut adapter Paris à l’automobile . » Cette affirmation spectaculaire de M.Pompidou abouti en fait à sacrifier Paris à l’automobile. Elle est devenue la grande compensation des vices du système actuel. Opium du peuple, l’automobile est la drogue officielle recommandée par la société de consommation à tous les insatisfaits. Aux espaces verts urbains disparus, elle substitue l’évasion vers la campagne ; à ceux que lasse la dépersonnalisation de la vie, elle offre la puissance et l’ivresse de la vitesse. La consommation mondiale de pétrole est passée de 500 millions de tonnes en 1950 à 1 milliard en 1960, 2 milliards en 1969, 2.5 milliard en 1972. Folie de cette croissance exponentielle : les réserves connues correspondent seulement à quelques décennies en tenant compte de son taux d’accroissement. L’expansion délirante de l’automobile est sans doute l’un des moteurs de la croissance , mais c’est un moteur à explosion.
Philippe Saint-Marc dans le mensuel le Sauvage n° 6 (septembre-octobre 1973).
@ Dynamique
Nous ne voyons pas l’intérêt de votre « commentaire » qui évite toute analyse réelle. Par exemple nous aimerions beaucoup que soit justifié votre expression « Si on s’y prenait bien, l’automobile ne dégraderait pas l’espace ».
@ Dynamique
Nous ne voyons pas l’intérêt de votre « commentaire » qui évite toute analyse réelle. Par exemple nous aimerions beaucoup que soit justifié votre expression « Si on s’y prenait bien, l’automobile ne dégraderait pas l’espace ».
Je ne vois pas l’intérêt de tels posts. Je pourrai de la même manière verser dans l’éloge panégyrique des V12 italiens chantants ou des Aston Martin Zagato, véritables oeuvres d’art. Pour illustrer mon propos il suffit de voir la vidéo de la populaire émission Top Gear.
Il est une erreur de croire que l’automobile est notre cancer. L’automobile a été un progrès qui a été, comme dans beaucoup d’autres domaines, mal régulés. Si on s’y prenait bien, elle ne dégraderait pas l’espace. Quand aux accusations risibles comme quoi « elle mutile, intoxique ou tue », ou encore qu’elle constitue une « petite carapace d’acier », pourquoi ne pas allez jusqu’au bout et accuser des même maux les appartements individuels ? Pour le reste, on sombre dans les envolées lyriques et le grand n’importe quoi.
Je ne vois pas l’intérêt de tels posts. Je pourrai de la même manière verser dans l’éloge panégyrique des V12 italiens chantants ou des Aston Martin Zagato, véritables oeuvres d’art. Pour illustrer mon propos il suffit de voir la vidéo de la populaire émission Top Gear.
Il est une erreur de croire que l’automobile est notre cancer. L’automobile a été un progrès qui a été, comme dans beaucoup d’autres domaines, mal régulés. Si on s’y prenait bien, elle ne dégraderait pas l’espace. Quand aux accusations risibles comme quoi « elle mutile, intoxique ou tue », ou encore qu’elle constitue une « petite carapace d’acier », pourquoi ne pas allez jusqu’au bout et accuser des même maux les appartements individuels ? Pour le reste, on sombre dans les envolées lyriques et le grand n’importe quoi.
Philippe Saint-Marc est un pionnier de l’écologie, auteur de Progrès ou déclin de l’homme (Stock, 1978), Socialisation de la nature (Stock, 1975) et L’Economie barbare (Frison Roche, 1994).
Mais notre société s’est enfermée dans l’impasse motorisée… elle ne sait plus distinguer entre faits divers et analyse à long terme.
Philippe Saint-Marc est un pionnier de l’écologie, auteur de Progrès ou déclin de l’homme (Stock, 1978), Socialisation de la nature (Stock, 1975) et L’Economie barbare (Frison Roche, 1994).
Mais notre société s’est enfermée dans l’impasse motorisée… elle ne sait plus distinguer entre faits divers et analyse à long terme.