Nous avons radicalement changé la relation entre l’Homme et la Terre. D’ici 45 ans, nous allons passer de 6 à 8 milliards d’individus. Précédemment, il a fallu 10 000 générations pour atteindre une population humaine de 2 milliards. De plus la puissance des nouvelles technologies a démultiplié l’impact que chaque individu peut avoir sur le monde naturel. Troisièmement, notre concentration obsessionnelle sur la pensée à court terme (individus, marchés, agendas politiques) nous a menés à exclure systématiquement de nos décisions la considération des conséquences à long terme de nos actes. Les résultats sont dévastateurs, ce n’est plus une relation entre notre espèce et la Biosphère, c’est une collision. Nous, habitants du monde industrialisé, disposons maintenant de la capacité à protéger la majorité d’entre nous des maladies, de la famine et des migrations forcées. Mais nous nous protégeons en brûlant toujours plus de combustibles fossiles, et en produisant davantage de gaz carbonique. Tandis que nous poursuivons notre expansion dans toutes les niches écologiques concevables, la fragilité de notre propre civilisation devient tous les jours plus manifeste.
Ainsi parle Al Gore dans son livre Urgence planète Terre. Il conserve la conviction qu’il faut faire de la sauvegarde de l’environnement l’épine dorsale de notre civilisation. Cela signifie « s’engager dans un effort pour que chaque décision et chaque traité, chaque loi et chaque institution, chaque tactique et chaque stratégie, en un mot tous les moyens soient employés pour sauvegarder et préserver notre système écologique ». La Biosphère applaudit de ses mains innombrables. Le problème, c’est que les êtres humains sont à la fois leurs propres ennemis, et en même temps leurs seuls alliés.