L’anthropisation de la planète est si envahissante que nous n’avons respecté aucun des équilibres vitaux de la Biosphère. La surexploitation des ressources halieutiques a conduit la proportion des espèces de poissons en danger ou épuisées à passer d’environ 10 % dans les années 1970 à 24 % en 2003. Maintenant les pêcheurs pleurent la baisse de leurs prises et on va donc organiser pour eux un Grenelle de la mer (LeMonde du 14 avril) en France.
Le but fixé par le Conservatoire du littoral en 1975 était le tiers sauvage, à savoir protéger le tiers du littoral à l’horizon 2030. En 2005, après 30 ans d’acquisition de terres pour protéger la Nature d’une urbanisation sauvage, on avait rendu inaliénable seulement 10 % du linéaire côtier. L’institution avait racheté 860 kilomètres de rivages maritimes, et même 20 % des côtes de la Corse. Mais l’objectif du tiers sauvage ne sera pas atteint en 2030 ou en 2050, avec ou sans le Grenelle de la mer. Les Etats ont de l’argent pour financer les requins de la finance, ils n’en ont plus pour sauvegarder le littoral et les requins face à l’appétit des promoteurs immobiliers et la toute puissance de la pêche industrielle.
En 2005 au niveau mondial, on croyait à l’idée d’aires marines protégées pouvant couvrir 20 à 30 % de la surface des mers. Mais comme il faudrait aussi créer un million d’emplois de gendarmes des mers pour contrôler les trois à quatre millions de pêcheurs menaçants le capital naturel, alors on n’a rien fait ! Les objectifs internationaux pour 2012 prévoient maintenant de placer au moins 10 % des écosystèmes en aire marines protégées. Bavardage diplomatique !
Pourtant le tiers pour la Nature et les deux tiers pour l’impérialisme humain, ce serait un pas dans la bonne direction. Encore faudrait-il que la population humaine baisse pour permettre à la population de poissons d’augmenter.