En s’intéressant à la question du bien et du mal, la morale se distingue de la logique (dont les valeurs sont le vrai et le faux), du droit (le légal et l’illégal), de l’art (le beau et le laid) et de l’économie (l’utile et l’inutile). Les règles morales peuvent être vues comme de simples habitudes qui ont fini par s’imposer à un groupe social. La morale est donc une construction sociale, ce qui est jugé moral à un moment donné peut être jugé immoral dans d’autres circonstances. Mais peut-on avoir une conception détachée de toute considération morale ? Prenons le cas de la GPA (gestation pour autrui), autrement dit les mères porteuses.
Trois « spécialistes » de la biologie de la reproduction en font une tribune du MONDE.
Samir Hamamah, Margot Lherbet et Pr François Olivennes : Depuis la loi ouvrant le mariage pour tous en 2013, le couple hétérosexuel n’est plus la norme exclusive et, avec la loi de bioéthique de 2021, la famille génétique devient accessible aux femmes seules et en couple de même sexe. Mais le 5 octobre 2023, les parlementaires européens ont inclus la gestation pour autrui (GPA) dans la définition de la traite d’êtres humains. En qualité de spécialistes de l’assistance médicale à la procréation (AMP), nous saisissons l’occasion d’insister sur le besoin de construire une réflexion qui évite l’écueil de l’instrumentalisation idéologique. Il relève en partie du rôle de la communauté scientifique d’aider à construire cette réflexion. D’un point de vue médical, rappelons que la GPA et la transplantation utérine (TU) sont les seules solutions médicales à l’infertilité utérine absolue. L’interdiction de la GPA est recommandée pour sauvegarder des principes au nom d’arguments « symboliques », notamment la souffrance supposée de l’enfant séparé de la femme porteuse, la définition de la maternité par l’accouchement et une certaine vision de la dignité des femmes. Mais il faut recentrer le débat autour de la femme porteuse sans plaquer une morale occidentale sur l’expérience de femmes aux situations socioculturelles bien distinctes des nôtres. La perspective est plus pragmatique et nuancée en portant sur les conditions matérielles des choix des femmes porteuses.
Le point de vue des écologistes
Cette tribune se pare de l’autorité de la science. Les médecins ne sont pas des scientifiques, ce sont de simples praticiens, ils n’expliquent pas les déterminants physiques de notre monde. Un médecin quant à ses convictions personnelle (sa morale) peut être pro-IVG ou anti-IVG ? Pro-PMA ou anti-PMA, etc. La seule approche scientifique en matière de fécondité résulte de notre connaissance du résultat des exponentielles dans un monde clos : l’impossibilité physique de poursuivre. Comme on ne peut pas avoir une croissance économique infinie dans un monde fini, de même on ne peut avoir une croissance démographique infinie dans un monde fini. Faire un enfant de moins est donc beaucoup plus efficace pour économiser des gaz à effet de serre que de renoncer à posséder une voiture, surtout quand on appartient aux classes moyennes mondiales dont les bébés auront une grosse empreinte écologique.
Bénie soit donc l’infertilité des personnes, elles contribuent naturellement à la transition écologique. Les spécialistes de la biologie de la reproduction qui disent le contraire ne font que défendre leur gagne-pain, permettre d’avoir des enfants à n’importe quel prix dans un monde déjà saturé d’humains.
Le point de vue des abonnés du MONDE
R.S : Je ne suis pas certaine d’avoir bien compris les circonvolutions des auteurs de cette tribune du MONDE. Sont-ils en train de nous expliquer qu’il faut ouvrir nos esprits d’occidentaux et laisser aux femmes pauvres la possibilité de se faire de l’argent par la GPA ?
Doc76 : En fait pour eux, il faut s’asseoir sur la morale occidentale et considérer la réalité de l’expérience pragmatique des femmes des pays pauvres…ce texte est sidérant. Ces 3 signataires (2 patrons ont embarqué une jeune médecin dans leur exposé filandreux) ne voient t’ils pas une nouvelle variante de colonialisme dans la majorité des GPA ? En plus de l’exploitation, marchandisation du corps des femmes, etc.
BBQ75 : Cette question de la domination économique est curieusement absente de la réflexion présentée dans cette tribune, alors que c’est la raison qui, depuis longtemps, préside à l’interdiction de la vente d’organe (seul le don d’organe est autorisé). Élargissons donc le débat : après tout, les pauvres n’ont pas besoin d’avoir deux reins.
Gloeille : Si on retire la dimension morale des débats de bioéthique, on peut aller vers des choses complètement ubuesques. Les médecins qui s’opposent au principe d’euthanasie le font-ils sans leur morale ?
Postruff : Proposons la liste de débats à « dépassionner » en dehors de toute considération morale : la peine de mort ; la prostitution ; la vente d’organes ; les combats de gladiateurs ; les relations sexuelles avec des mineurs… Sur tous ces sujets des criminologues, des économistes, des médecins etc. remplaceront avantageusement des politiques, voire pire des citoyens, trop soucieux de morale.
Jacques Py : Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites. Il est même étonnant que le clonage soit encore une limite. Bientôt, hors morale, éthique, valeurs humaines, l’on trouvera des raisons de franchir cet obstacle. Et puis l’humain augmenté, sélectionné. À quel moment, avons nous ouvert la brèche qui permet ces franchissements de barrières? Les petits glissements d’abandons successifs fait que le désir personnel l’emporte sur les principes moraux. Elon Musk n’est que le représentant de cette tendance, libertarienne et fascisante. Cette promotion de la GPA relève de cette perversion.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
extraits : Pour Ruwen Ogien, directeur de recherche au CNRS, l’éthique se doit d’être minimaliste : « Elle pourrait se résumer à un seul principe, ne pas nuire aux autres, rien de plus. L’idée d’un devoir moral à l’égard des autres ne pose pas de problème logique ou conceptuel, alors que celle d’un devoir envers soi-même en soulève beaucoup. De ce point de vue, les torts qu’on se cause à soi-même ou à des adultes consentants n’ont pas d’importance morale » (LeMonde des livres, 17 juillet 2009). Il plaide donc pour la dépénalisation de l’euthanasie, le champ libre au clonage humain reproductif, la liberté de procréer pour les homosexuels et les femmes âgées, l’autorisation de la gestation pour autrui….
pas de PMA, pas de GPA, pas d’enfant !
extraits : « Chacun de nous enlève la capacité aux suivants de vivre correctement ici », affirme Laure Noualhat qui ne veut pas d’enfant*. Sa décision est d’abord liée à ses convictions écologiques. « Je politise mon ventre vide », plaisante la quarantenaire. Aux États-Unis, on les appelle les GINKS, pour « Green Inclination No Kids » (engagement vert, pas d’enfant), nullipares en français…
Les mamans aux mains des marchands, la GPA
extraits : La GPA est le dernier avatar de l’esclavagisme, dans lequel des femmes – et maintenant des hommes homosexuels – exigeant leur « droit à l’enfant » louent le ventre d’une autre femme généralement dans un pays pauvre pour lui faire fabriquer « leur » enfant. Notre époque formidablement friquée pour des trucs inutiles connaît une obstination déraisonnable aux deux extrémités de notre ligne de vie : notre venue au monde et notre trépas. D’un côté, il y a acharnement thérapeutique en fin de vie. De l’autre, le désir d’enfant qui passe par la GPA. Pourquoi ces obsessions anti-nature ? Parce que notre système libéral veut nous faire croire que tout est possible, il suffit de vouloir…
Le désir d’enfant de François Olivennes !
extraits : François Olivennes, spécialiste de la PMA ( procréation médicalement assistée) est aussi un spécialiste des tribunes dans LE MONDE, ainsi le 23.06.2021, le 09.03.2021, le 18.12.2020, le 31.03.2020, etc. Est-ce un hasard si le frère de François, Denis Olivennes, a pris la direction en France des médias de Kretinsky en 2019 ? Ou bien la direction du MONDE a-t-elle a une passion pour le désir d’enfant même quand on ne peut pas en avoir ? D’autres questions se posent. La stérilité n’est-elle pas une donnée de la nature et, si le désir d’enfant est là, pourquoi ne pas adopter ? Le débat est
(suite 17 septembre 2024 à 16:01) Les écologistes sont-ils misanthropes ?
Oui la question est intéressante, et oui elle mérite d’être posée.
Pour essayer d’y répondre, et puisque aujourd’hui tout le monde s’en revendique, écologiste, pour commencer nous éviterons de les mettre tous dans le même panier. Bien que les deux ne fassent qu’un, formant ainsi un pléonasme (comme « éco-citoyen »), il existe bien sûr des écologistes, disons plutôt des défenseurs de l’environnement, des amoureux de la nature si vous préférez, clairement anticapitalistes. La question se pose donc autrement :
– Les anticapitalistes sont-ils misanthropes ?
Là encore, vu qu’il y a anticapitaliste ET anticapitaliste, nous pouvons déjà avancer qu’il est possible qu’il en existe. Mais qu’en tous cas tous n’en sont pas, misanthropes.
Nous voilà donc bien avancés. ( à suivre )
Mais puisqu’il nous faut avancer… essayons alors de répondre à cette autre question :
– À quoi ces malheureux devraient-ils cette (comment dire)… particularité ?
Commençons alors par constituer un échantillon, représentatif, de cette population d’anticapitalistes misanthropes… et examinons les un par un, méthodiquement.
Déjà pour en savoir plus sur cette… aigreur. Voir si elle apparaît chaque fois qu’ils subissent un échec, quelconque… ou si c’est seulement cet échec que pointe Ferghane Azihari qui les mets dans cet état. Si c’est au niveau de l’estomac que l’aigreur se manifeste, ou alors plus bas etc. etc.
Et ce n’est qu’en poussant ainsi le diagnostic que nous pourrions enfin répondre à cette toute dernière, question, la plus importante selon moi :
– C’est grave Docteur ?
– Professeur Foldingue : Oh que oui !
L’amour qu’on porte à sa propre espèce ne devrait pas empêcher l’amour pour toutes les autres formes de vie. C’est le débat actuel ente l’anthropocentrisme et l’écocentrisme. Comme l’indique Arne Naess, il n’y a pas que les humains qui ont une « valeur intrinsèque ». On ne peut regarder qu’un côté des choses et pas l’autre, sinon c’est passer à côté de l’essentiel, l’homo sapiens est partie intégrante de la biosphère toute entière.
Notre commentateur fidèle, Michel C, est normalement suffisamment lecteur de notre blog (depuis longtemps) pour le savoir…
– « Pour Ferghane Azihari, la misanthropie des écologistes est le résultat d’une aigreur anticapitaliste qui, non contente d’avoir échoué à transformer la nature humaine égoïste au siècle dernier, rêve désormais de la voir dépérir. »
( Les écologistes sont-ils misanthropes ? Par Ferghane Azihari
Publié le 17/06/2019 – lefigaro.fr/vox/ )
Commentaire de anonym2018 (le 04/11/2019 à 14:12) :
– « Pas forcément d’accord avec les opinions exprimées dans l’article, mais la question est intéressante et mérite d’être posée. »
( à suivre )
– « En fait pour eux, il faut s’asseoir sur la morale occidentale et considérer la réalité de l’expérience pragmatique des femmes des pays pauvres… ce texte est sidérant. » (Doc76)
Je reconnais qu’il l’est, sidérant. Enfin moi je trouve.
Maintenant je trouve aussi sidérantes certaines réactions que cette tribune suscite.
– « Bénie soit donc l’infertilité des personnes, elles contribuent naturellement à la transition écologique. » (Le point de vue des écologistes)
Si ON va par là, ON peut dire aussi bien « Béni soit donc le cancer. »
Le cancer, le Covid, la peste, la malnutrition, l’obésité, la guerre et j’en passe.
Bref, béni soit TOUT ce qui participe à faire chuter le (sur)Nombre.
Non seulement une telle monstruosité est révélatrice de l’«amour» qu’ON porte à sa propre espèce, mais en plus le «Bénie» nous indique clairement son caractère religieux.
Disons plutôt dogmatique, aveugle, borné etc.
(à suivre)
(suite) L’article de juillet 2009 (“morale minimaliste”) est tout aussi révélateur de cette même obsession. Alors que Le MONDE* montre la lune… à savoir les élucubrations de ce drôle de philosophe… de son côté Biosphère ne voit que le doigt.
C’est à dire « la liberté de faire des enfants quand on veut, comme on veut. » (sic)
Et aujourd’hui c’est exactement pareil. Selon Biosphère, le seul péché… que commettent les auteurs de cette tribune… c’est d’être POUR en rajouter au (sur)Nombre.
Comme si tout le reste n’avait aucune importance. Misère misère !
* Ruwen Ogien : « Ne pas nuire aux autres, rien de plus » (Le MONDE 16 juillet 2009)
une morale désuète !
Le souverain pontife a critiqué le 13 septembre les candidats à la présidentielle américaine : « Les deux candidats sont contre la vie. Que ce soit celui qui renvoie les migrants, ou celui qui tue les enfants. Les deux sont contre la vie… Je ne suis pas américain, je ne peux pas voter là-bas, mais que ce soit clair, renvoyer les migrants, leur refuser l’opportunité de travailler, leur refuser l’accueil, est un péché, c’est grave…. L’avortement est un crime… Certes on doit voter et on doit choisir le moindre mal. Qu’est-ce que le moindre mal ? Cette dame, ou ce monsieur ? Je ne sais pas, chacun a sa conscience ».
La porte-parole de la Maison Blanche a estimé à juste titre que « le pape parle pour lui-même ».
– « De retour d’un éprouvant voyage en Asie et en Océanie, le pape a critiqué [etc.] »
( Présidentielle américaine 2024 : le pape accuse Kamala Harris, pro-avortement, et Donald Trump, antimigrants, d’être «contre la vie» – cnews.fr )
François était donc… éprouvé. Nous mettrons donc ça sur le compte de la fatigue.
J’ose quand même espérer que Saint Pierre n’est pas aussi binaire, et qu’il ne mettra pas Kamala et Donald dans le même sac, pour les envoyer brûler en Enfer.
Tout aussi soucieux du Vrai que du Faux, que du Légal et de l’Illégal, de l’Utile et de l’Inutile… que du Beau et du Laid, que du Dur et du Mou, qui un grand cou… les vrais bons beaux zécologistes se soucient donc tout autant du Bien et du Mal. Très bien !
Pour eux les «indications morales» se réduisent à une seule question : Est-ce que le Schmilblick (ici la GPA) va dans le sens de la réduction du «Surnombre», OUI ou NON ?
Et bien sûr si c’est OUI c’est BIEN, et si c’est NON c’est MAL.