tourisme et goût du risque

On recherche en Égypte l’escapade sous escorte militaire qui s’écarte un peu du rail à touristes ; les voyageurs désœuvrés cherchent les destinations à risques. Fêtes de Pâques en Irak ou traversée du désert en Mauritanie, ils veulent filtrer avec l’enlèvement ou l’assassinat. On postule que le touriste aide une région à se développer, on veut surtout se faire plaisir et émettre du carbone. Mais les risques vont se multiplier au cours du XXIe siècle. Philippe Chalmain prédit une population de 10 milliards d’humains d’ici à 2070, dont les deux tiers vivront dans d’immenses (bidon)villes, comment survivre ? L’enlèvement pour obtenir une rançon, payé ou non par le quai d’Orsay, deviendra une généralité. Et comme il sera de plus en plus difficile de nourrir convenablement les foules dans un contexte de rareté des sols et des eaux, le voyageur ne sera plus le bienvenu. La tribu des Dongria Kondh semble aujourd’hui plus proche de l’extinction que du happy end du film Avatar, la richissime Vedanta Resources expropriant ses terres pour s’emparer d’un gisement de bauxite. Les survivants rejoindront les indiens Navajo qui se contentent pour l’instant de dénoncer en musique la colonisation et le génocide de leur peuple par le gouvernement des États-Unis et la cupidité généralisée.

Les militants de la Terre-mère ne seront pas tous non violents au XXIe siècle. Quand il n’y aura plus rien à piller et que la pauvreté aura été transformé en misère, la foule des exclus pourchassera ceux qui se risqueront encore dans leurs contrées lointaines. Les pays riches font déjà aujourd’hui la chasse aux immigrés, on ne voit pas pourquoi demain les habitants des régions déstabilisées par l’occidentalisation ne feraient pas la chasse aux touristes. Ils reprocheront aux ressortissants du Nord le pillage irrémédiable de leurs ressources, la destruction de leurs particularismes par le voyeurisme touristique et l’étalage ostentatoire des inégalités.

Cela n’empêchera sans doute pas les occidentaux de risquer encore leur vie à l’étranger, les jeunes du début de ce siècle jouaient déjà avec délectation au « Jetueunami.com » ; risquer la mort en vrai donnera du piment au voyage… Ainsi va la Biosphère en folie !

NB : toutes les informations de ce post sont issues du Monde du 11 février)