LeMonde du 3 janvier consacre une pleine page au Costa Rica. On nous incite à plonger dans le royaume de la biodiversité. Ce merveilleux pays de 4,5 millions d’habitants attire déjà avec ses forêts vierges et sa faune exceptionnelle près de 2 millions de touristes. L’or vert l’emporte sur l’or noir, la Nature devient un argument de vente. Le Costa Rica, pays d’objecteurs de conscience puisque l’armée a été supprimée dès 1948, mise sur le tourisme écologique. Mais il n’a pas atteint encore le niveau de conscience des objecteurs de croissance. Car il ne peut pas y avoir d’écotourisme ou tourisme vert. Pour un individu, le vol Paris-San José épuise déjà le crédit carbone de toute une vie. On transforme les dernières sociétés premières comme les Indiens Boruca en attraction pour touristes. Le label « tourisme durable » des hôtels est un leurre, avec son personnel le plus souvent issu du Nicaragua et ses cinq degrés de « perfection ». A quoi sert-il d’aller au bout du monde pour savourer un Jacuzzi dans sa chambre. D’ailleurs, à quoi sert donc un Jacuzzi quand on peut s’asperger soi-même !
On chiffre les déplacement annuels internationaux à un milliard dont 70 % sont consacrés au tourisme. Ces déplacements constituent une pratique dégradante intimement liée à l’hyperconsommation et à la marchandisation de notre planète. Pour accueillir les touristes, il faut construire des aéroports, des routes, des équipements, des parkings. Il faut donc stériliser des territoires tout en dévorant une énergie considérable nécessaire pour voler dans les airs et traverser la jungle. Le touriste est aussi une agression insupportable contre une culture particulière, que ce soit le tourisme « solidaire » dans les ghettos de Soweto ou les folklores reconstitués dans la forêt tropicale. La liberté de se déplacer semble devenu un droit de l’Homme alors que c’est un acte terriblement destructeur non seulement pour les sociétés humaines, mais aussi pour la Biosphère : supprimons le tourisme, restons à proximité de notre lieu de vie…