La contraception et l’avortement sont deux moyens de maîtriser l’exubérance de la fécondité humaine. Faisons le point.
1/3) Avortement et interruption volontaire de grossesse (IVG) en France
Les gouvernements, ivres de chair à canon ou de main d’œuvre servile, ont mené toutes étiquettes politiques confondues une lutte anti-malthusienne qui s’est traduit par la loi de 1920 qui assimile la contraception à l’avortement. Toute propagande anticonceptionnelle était interdit, le crime d’avortement était passible de la cour d’Assises. La contrainte n’est donc pas du côté des malthusiens, mais des natalistes. Pour un néo-malthusien, la liberté de contraception (loi de 1967) et d’avortement (loi Veil de 1975) sont des avancées sociales qui permettent le libre choix entre faire l’amour par plaisir ou faire l’amour pour procréer. Voici l’état actuel de la législation française :
– L’IVG est un droit. → OUI, mais seulement depuis le 22 juillet 1992 et le nouveau code pénal. Dans la loi du 17 janvier 1975, il s’agissait d’une « simple » dérogation à un délit, votée pour une période de 5 années seulement puis confirmée le 31 décembre 1979.
– L’IVG est un acte qui doit être pratiqué avant la fin de la 12e semaine de grossesse (14e semaine d’aménorrhée).→ OUI, mais seulement depuis le 4 juillet 2001. Dans la loi du 17 janvier 1975, l’acte devait être pratiqué avant la fin de la 10e semaine de grossesse (12e semaine d’aménorrhée).
– L’IVG s’adresse aux femmes enceintes, sans condition. → OUI, mais seulement depuis le 4 août 2014. Dans la loi du 17 janvier 1975, la femme enceinte devait se trouver placée dans une situation de détresse.
– L’IVG est remboursée à 100% par la Sécurité sociale. → OUI, mais seulement depuis le 31 décembre 1982. Dans la loi du 17 janvier 1975, l’acte n’était pas pris en charge par la Sécurité sociale.
2/3) l’avortement dans le monde
L’avortement reste, dans de nombreux pays, traité comme un crime. L’Afrique est l’une des zones les plus restrictives en matière d’avortement. Cuba est devenu en 1965 le premier pays d’Amérique latine à légaliser l’avortement. Il n’est rejoint qu’en 2012 par l’Uruguay. Le défi du contrôle de la démographie est un sujet qui crispe toujours certains responsables politique et religieux. Prenons l’exemple récent de l’Argentine. Le 30 décembre 2020, un texte légalisant l’avortement permet à l’’Argentine de rejoindre Cuba, l’Uruguay, le Guyana, la ville de Mexico et l’Etat mexicain d’Oaxaca, seuls territoires à autoriser l’IVG sans conditions en Amérique latine. Jusqu’ici, l’avortement n’était permis qu’en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère, en vertu d’une loi de 1921. Il y a donc des avortements clandestins, entre 370 000 et 520 000 pour 44 millions d’Argentins, En 2018, le sénat avait rejeté par 7 voix la possibilité d’avorter dans un pays encore très catholique. L’Eglise catholique et les protestants évangéliques avaient lancé un appel à « s’unir pour implorer le respect et le soin de la vie à naître ». Le pape François, argentin, a publié le 29 décembre 2020 un message dans lequel il déclare que « le Fils de Dieu est né rejeté pour nous dire que toute personne rejetée est un enfant de Dieu. Il est venu au monde comme un enfant vient au monde, faible et fragile, afin que nous puissions accepter nos faiblesses avec tendresse. » Bien que ne faisant pas référence explicitement à l’avortement, le message a été interprété par la presse argentine comme un rejet de la loi. L’Église et ses affidés se mêlent de ce qui ne les regardent pas, la voix démocratique de la prise de décision politique.
3/3) L’avortement est-il une contrainte ?
A quel moment une politique démographique mérite-t-elle d’être qualifiée de contraignante ? L’idée de contrainte nous rend aujourd’hui fébriles. Pourtant souvenons-nous : pendant des siècles, les gouvernements et les églises ont bel et bien contraint les gens à avoir davantage d’enfants : il n’est de richesse que d’hommes, disait-on. Mais rappelons qu’une loi libéralisant l’IVG n’oblige pas à avorter. Par contre les « pro-life » (pro-vie) veulent interdire tout avortement, une attitude anti-démocratique. La démocratie est un lieu vide où on peut déclarer légitime une chose ou son contraire. Mais la démocratie est aussi l’art de se plier aux contraintes extérieures et le constat mondial de surpopulation devrait permettre d’autoriser l »IVG dans tous les pays sans exception. Les temps changent, les comportements s’inversent. Début 2020, la loi au Rajasthan interdit aux fonctionnaires d’avoir plus de deux enfants. Au-delà, ils encourent des sanctions. Il y avait eu une initiative antérieure. La population de l´Etat du Gujarat, en Inde, était en constante augmentation. Selon les données du recensement qui venait d´être réalisé en 2001, l´État comptait 50,5 millions d´habitants. Dix millions de plus qu´en 1991. Les nationalistes hindous, au pouvoir dans cette région, avaient proposé d´interdire aux couples d’avoir plus de deux enfants. La libéralisation de l’avortement selon la vulgate libérale repose sur la conception suivante: Chaque femme a droit de disposer de son corps et personne n’a à prendre une décision qui ne concerne que la mère ou le couple ! Pourtant le modèle chinois d’un seul enfant par mère va à l’encontre de cette approche. A nos lecteurs de réfléchir au dilemme d’un avortement socialement obligé dans un système de libertés individuelles.
Pour en savoir plus :
– livre : « Arrêtons de faire des gosses ! Comment la surpopulation nous mène à notre perte »,
– blog biosphere : Le droit à l’avortement remis en question (aux USA)
– « On a vu […] que, dans les vieux États, les mariages et les naissances dépendent surtout des morts, et que le plus puissant encouragement aux mariages précoces est une grande mortalité. Pour suivre ce raisonnement jusqu’au bout, il faudrait donc favoriser la mortalité naturelle, au lieu de tenter vainement et sottement de la freiner; et si le retour trop fréquent de la famine nous effraie, nous devrions avoir recours pour la prévenir à d’autres moyens de destruction. Loin de recommander aux pauvres la propreté, nous devrions favoriser des habitudes contraires. Dans les villes, nous devrions ménager des rues étroites, entasser les hommes dans les maisons, et tant faire qu’enfin la peste revienne nous rendre visite. A la campagne, nous devrions placer les habitations près des eaux croupies et dans des endroits malsains et marécageux. Nous devrions surtout refuser les remèdes spécifiques qu’on oppose aux maladies dévastatrices; [etc.]»
Les connaisseurs auront bien sûr reconnu Malthus. (Essai sur la population. Chapitre 18). Malthus emploie là le temps du conditionnel, il met des si, il semble donc qu’il ne faille pas lire cela au premier degré, mais plutôt au second. Si ce n’est au troisième… Quoi qu’il en soit ce genre de littérature peut donner des idées à certains.
Ainsi de l’abstinence prônée par le Pasteur on en vient naturellement à la capote, puis de la capote à la pilule, en passant par la méthode Ogino, on n’arrête pas le Progrès. De la contraception à l’avortement, de l’IVG à la stérilisation, de la banalisation de l’avortement à l’eugénisme, etc. etc. Et l’Histoire est là pour nous rappeler tout ça.
Nous avons lu l’essai sur le principe de population de Malthus (Flammarion, 1992). Son livre, plus de 800 pages au total, est divisé en 5 livres dont aucun n’a plus de 14 chapitres . Nous ne voyons donc pas à quoi fait référence une citation extraite du « chapitre 18 ».
Nous avons lu l’essai sur le principe de population de Malthus (Flammarion, 1992).
Son livre, plus de 800 pages au total, est divisé en 5 livres dont aucun n’a plus de 14 chapitres.
Nous ne voyons donc pas à quoi fait référence une citation extraite du « chapitre 18 ».
Veuillez me pardonner Biosphère , j’aurais du être plus précis.
La source exacte de cette citation est l’édition électronique (153 pages) réalisée en 2001 par Jean-Marie Tremblay (sociologue et bibliothécaire québécois), à partir du livre de Malthus «ESSAI SUR LE PRINCIPE DE POPULATION(1798)», éditions Gonthier de 1963 (236 pages).
Ce passage, que vous semblez découvrir, se trouve page 107 au chapitre 18 intitulé «Conséquences d’un système opposé au nôtre ».
Ce détail étant réglé, j’aimerais bien qu’en tant que spécialiste incontesté de Malthus, vous nous disiez comment le lecteur se doit d’interpréter tous ces passages débordants de bonté et d’humanisme.
Cette citation est donc issue du livre de 1798, un pamphlet paru anonymement.
Il faut attendre 1803 pour avoir une version complètement remaniée et cette fois revendiquée. Le texte de 1798 compte 400 000 signes, celui de 1803 en contient 1 600 000. On est passé d’un essai à un véritable traité, et c’est donc les nouvelles versions à partir de 1803 qui présentent au mieux la pensée de Malthus.
« Tout lecteur équitable doit, je pense, reconnaître que l’objet pratique que l’auteur a eu en vue par dessus tout, est d’améliorer le sort et d’augmenter le bonheur des classes inférieures de la société. » C’est la conclusion que donne Malthus à son traité.
En fait c’est toujours le même problème avec les saintes écritures (avec ou sans guillemets). Problèmes de traductions, d’éditions, d’interprétations etc.
En attendant ça ne m’éclaire pas d’avantage, autrement dit je reste aussi con qu’avant. 🙂
L’édition de 1798 est certes éditée anonymement mais il n’y a aucun doute sur son auteur. La seconde édition (1803) est en effet plus approfondie et se veut plus scientifique, la sixième (1826) est la version définitive, sans compter la version courte de 1830. La pensée de Malthus est certes complexe, comme l’est celle de nombreux autres penseurs. C’est ainsi que des gens passent leur vie à essayer de comprendre les idées de Pierre Paul ou Jacques, de les traduire dans telle ou telle langue, pour finalement les arranger dans un sens ou dans un autre.
« L’enfer est pavé de bonnes intentions » (Samuel Johnson)
L’ IVG est la bienvenue pour limiter la pullulation humaine surtout dans les pays dits pauvres (afromuzz principalement + sous continent Indien) , la pauvreté extrême et le déversement du trop plein démographique de pseudo réfugiés en Europe ou USA .
La stérilisation pratiquée dans de bonnes conditions permet aussi (l( Inde est un exemple en a matière) cette limitation .
La stérilisation ou alors perdre son emploi ? Et là c’est pas comme avec la peste ou le choléra, là il faut choisir ! Sacré dilemme ! C’est un peu comme la bourse ou la vie. Bref, bien que je sois à la retraite je préfère encore «choisir» la Piquouze.
Combien valent mes boules? Euh… je dirais que même si elles ne sont plus toutes neuves, elles n’ont pas de prix. La question était toutefois ridicule puisque il ne s’agit ici que de trompes et de tromperies.
– «Pour parvenir à leurs fins, les Etats offrent des cadeaux ou des sommes d’argent non seulement aux femmes concernées (une dizaine de dollars dans le cas des victimes du Chhattisgarh), mais aussi aux intermédiaires, travailleurs de la santé en tête.»
( Les ravages de la stérilisation en Inde – Patricia Michaud)
Interventions à la chaîne dans des camps de stérilisation, effets secondaires désastreux… voilà à quoi ressemble la stérilisation «pratiquée dans de bonnes conditions».
– « L’avortement reste, dans de nombreux pays, traité comme un crime. […] L’Église et ses affidés se mêlent de ce qui ne les regardent pas. »
D’un côté on nous parle d’écocide, on va nous dire que prendre l’avion, rouler en SUV ou faire des gosses est un crime… et de l’autre on ne comprend pas, on n’admet pas… que l’avortement puisse être vu par d’autres comme un crime. Déjà là il y a un problème.
Le problème est alors du côté de l’idée qu’on se fait du crime. La définition du mot nous renvoie à la loi, généralement en accord avec les valeurs sociales admises, elles-mêmes en accord avec les valeurs morales. La morale nous est dictée par notre culture, la culture nous relie, la morale nous dit ce que sont le bien et le mal, l’une et l’autre sont incontournables pour toute société humaine.
Un jour peut-être, le bien sera le mal et vice versa. La liberté sera l’esclavage, la guerre sera la paix etc. Ce jour là nous ne serons plus des humains, seulement des robots ou des zombies.
En attendant, qu’on le veuille ou non le commandement «tu ne tueras point» est au coeur de notre culture judéo-chrétienne, et on le retrouve dans d’autres. Toutefois l’Histoire nous montre toutefois comment les religions s‘en sont accommodées (ex : «tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.» Le problème cette fois, c’est le dogmatisme.
La morale, l’avortement, la peine de mort, la guerre, l’économie, l’exploitation des hommes comme de la nature etc. etc. finalement tout ça regarde directement l’Église, comme les autres religions, tout autant que les philosophes.
Michel C., la déformation des propos d’autrui est une grave atteinte à l’intégrité des débats.
« L’avortement reste, dans de nombreux pays, traité comme un crimee »
Ce n’est pas une condamnation, c’est un constat objectif. D’autres pays ont une autre conception, notre article indique que les mentalités évoluent. Dans le mauvais sens pour vous ?
« L’Église et ses affidés se mêlent de ce qui ne les regardent pas. »
C’est la principe de la laïcité dont nous espérons, Michel C., que vous ne condamnez pas les attendus…
Même si j’ai déformé vos propos, notamment avec cette interprétation en effet discutable («et de l’autre on ne comprend pas, on n’admet pas»), je ne vois pas ce que ça change au reste de ce que j’ai écrit.
Vous me demandez si pour moi (de mon point de vue) l’évolution des mentalités va dans le mauvais sens, ou dans le bon.
En considérant que nous soyons d’accord sur le sens, la direction, si je dois prendre l’évolution des mentalités dans sa version la plus large, aussi large qu’il me (nous) soit possible de la penser, alors je dirais que nous allons dans le mauvais sens.
Les signes ne manquent pas : obstination à raisonner avec des grilles de lecture du monde obsolètes, qui nous montrent leurs limites (technoscience, démocratie, laïcité etc.), déclin de la pensée, progression de la vision binaire, montée des replis identitaires etc. etc.
(suite) Maintenant s’il ne s’agit, comme je le pense, que du changement de mentalités au sujet de la contraception et de l’IVG, là c’est bien sûr différent.
La réponse reste toutefois délicate. Comme toujours, je dirais que c’est une question de juste mesure, de limites. Je dirais que tant que l’éducation, la liberté, la sagesse, progressent… tant que la bêtise, le dogmatisme, la haine régressent… on va dans le bon sens.
Vous pourrez toujours penser et dire qu’avec ça je ne me mouille pas. Désolé, en attendant je ne détiens pas la Vérité.