Tout savoir sur l’ethnologue Cl. Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss (né en 1908)

extraits : Voici deux éléments pour mieux connaître Lévi-Strauss, né le 28 novembre 1908  :

  • L’association « Les Amis de la Terre » déposèrent leurs statuts à la préfecture de Paris le 11 juillet 1970. Le Comité de parrainage comprenait Claude Lévi-Strauss, Jean Dorst, Pierre Gascar, Théodore Monod et Jean Rostand ; il ne s’agissait donc pas d’un club de tourisme !
  • A la question « Que diriez-vous de l’avenir ?, Claude Lévi-Strauss répondit à 96 ans : « Ne me demandez rien de ce genre. Nous sommes dans un monde auquel je n’appartiens déjà plus. Celui que j’ai aimé avait 1,5 milliard d’habitants. Le monde actuel compte 6 milliards d’humains. Ce n’est plus le mien. Et celui de demain, peuplé de 9 milliards d’hommes et de femmes, même s’il s’agit d’un pic de population, comme on nous l’assure pour nous consoler, m’interdit toute prédiction ».

Lévi-Strauss, in memoriam (son décès en 2009)

extraits : « Il n’est aucun, peut-être, des grands drames contemporains qui ne trouve son origine directe ou indirecte dans la difficulté croissante de vivre ensemble, inconsciemment ressentie par une humanité en proie à l’explosion démographique et qui – tels ces vers de farine qui s’empoisonnent à distance dans le sac qui les enferme, bien avant que la nourriture commence à leur manquer – se mettrait à se haïr elle-même, parce qu’une prescience secrète l’avertit qu’elle devient trop nombreuse pour que chacun de ses membres puisse librement jouir de ces bien essentiels que sont l’espace libre, l’eau pure, l’air non pollué. Aussi la seule chance offerte à l’humanité serait de reconnaître que devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d’égalité avec toutes les autres formes de vie qu’elle s’est employée et continue de s’employer à détruire. »

Claude Lévi-Strauss avait la dent dure

extraits : L’une des particularités frappantes des cosmologies occidentales est la place centrale qu’elles accordent à la question du mal. Lévi-Strauss apporte une réponse univoque et catégorique, les maux qui nous accablent ont comme source commune la prolifération excessive de l’espèce humaine.

Lévi-Strauss, malthusien par le raisonnement

extraits : Lorsqu’en mars 2003 Claude Lévi-Strauss m’a reçu, il m’a demandé si je devinais quelle fut la plus grande catastrophe dont il avait été témoin durant sa vie. J’ai préféré attendre la réponse… Lévi-Strauss n’a suspendu sa voix qu’un court instant, pour reprendre aussitôt :

« À ma naissance, la population mondiale comptait un milliard et demi d’habitants. Quand je suis entré dans la vie active, vers 1930, ce nombre atteignait déjà deux milliards. Il est de six milliards aujourd’hui, et il atteindra neuf milliards dans quelques décennies, à croire les prévisions des démographes. Cette croissance a exercé d’énormes ravages sur le monde. Ce fut la plus grande catastrophe dont j’ai eu la malchance d’être témoin. »

À lire, Tristes tropiques (Claude Lévi-Strauss, 1955)

extraits : « Il faudra admettre que, dans la gamme des possibilités ouvertes aux sociétés humaines, chacune a fait un certain choix et que ces choix sont incomparables entre eux : ils se valent. Des sociétés qui nous paraissent féroces à certains égards savent être humaines et bienveillantes quand on les envisage sous un autre aspect. L’enquête archéologique ou ethnographique montre que certaines civilisations ont su ou savent résoudre mieux que nous des problèmes. Il n’est pas certain que les progrès de l’hygiène aient fait plus que rejeter sur d’autres mécanismes, grandes famines et guerres d’extermination, la charge de maintenir une mesure démographique à quoi les épidémies contribuaient d’une façon qui n’était pas plus effroyable que les autres. »

Claude Lévi-Strauss : après l’humanisme, le relativisme

extraits : Du point de vue éthique, Lévi-Strauss a plaidé pour qu’on cesse de faire de l’existence humaine la source ultime de valeurs : une chose, humaine ou non-humaine, pour être précieuse, n’a pas besoin de satisfaire des buts humains ; il lui suffit d’être singulière, irremplaçable, et sa fragile existence impose des devoirs (éventuellement non réciproques) à ceux qui sont susceptibles d’en avoir. Nous devons respecter les espèces vivantes pour la même raison que nous respectons un individu humain : parce qu’elles sont uniques. L’idée que les humains font leur propre histoire dans un monde de choses incapables d’agir doit être dépassée.

7 réflexions sur “Tout savoir sur l’ethnologue Cl. Lévi-Strauss”

  1. Esprit critique

    – « « Je suis né en 1955. Quand je suis né, il y avait 2,5 milliards d’habitants sur la planète.
    Sur la durée de la vie d’un homme, la population mondiale a été multipliée par trois […]
    Un choc démographique comme nous sommes en train de le vivre, le monde n’en a jamais connu. Dans 30 ans, le Nigéria aura plus d’habitants que les Etats Unis d’Amérique […] Dans 30 ans, nous serons 9 milliards, à la fin du siècle, nous serons 11 milliards. C’est fait. Le plus grand choc mondial c’est le choc démographique […] « La crise migratoire n’a pas commencé. Elle est devant nous ».

    Mais qui était donc l’homme qui, dans cette vidéo, renouvelait l’inquiétude de Lévi-Strauss ? »
    ( L’anthropologue, le tabou et les gros mots – 23 décembre 2021 causeur.fr )

    Oublions ce guignol, né en 1955, ce n’est pas de lui dont ON parle aujourd’hui.
    (à suivre)

    1. Esprit critique

      (suite) Claude Lévi-Strauss était clairement un pessimiste. Seulement là encore il y a pessimisme ET pessimisme. Le sien a d’ailleurs fait couler pas mal d’encre.
      – « Claude Lévi-Strauss, en octobre 1991, accordait à Roger-Pol Droit du journal Le Monde […], un entretien à propos de sa conception de la science. Le pessimisme qu’il y montrait a fait réagir deux membres de la rédaction, J.-M. Legay, écologue et C. Friedberg, anthropologue […] »
      ( À PROPOS D’UN ENTRETIEN DE CLAUDE LÉVI-STRAUSS AU JOURNAL LE MONDE
      nss-journal.org)

  2. Esprit critique

    De Claude Lévi-Strauss, je trouve dommage qu’ON ne cherche à retenir de lui que cette fixation sur le (sur)nombre. De mon côté il restera tout simplement le père (ou le pape) du structuralisme, dans le domaine de l’ethnologie (anthropologie sociale).
    Tous les courants de pensée, toutes les idéologies, religions etc. ont leur histoire.
    Le structuralisme est né après la Seconde Guerre mondiale, il a atteint son apogée en 1966 pour décliner à partir de 1967.
    – L’anthropologue Claude Lévi-Strauss, le père du structuralisme
    ( ici.radio-canada.ca 14 DÉCEMBRE 2022 )

    Tous les penseurs ont également leur histoire, dont l’histoire de l’évolution de leur pensée.
    Avec le temps elle peut se bonifier, comme aussi bien virer en piquette. C’est comme le vin.

    1. Paul François Paoli

      – « Claude Lévi-Strauss, qui refusera en 1983 de condamner les électeurs du Front national à Dreux au moment où ce parti faisait irruption dans le paysage national, avait-il changé?
      Était-il devenu « réac »? Ou plutôt un de ces « antimodernes » inclassables qu’Emmanuelle Loyer définit comme un « non-conformiste traditionaliste et anticonservateur ». Lui-même ne s’était-il pas défini comme un « vieil anarchiste de droite… fidèle à Marx » lors d’un entretien donné à L’Express en 1986 (3)? Voilà de quoi dérouter les instituteurs de la pensée, toujours prompts à enfermer les gens dans leurs schémas binaires: réacs contre progressistes, humanistes contre salops, universalistes contre méchants identitaires, etc., comme si l’histoire obéissait aux lois d’un manichéisme sommaire. »
      ( Claude Lévi-Strauss : grandeurs et limites d’un humanisme
      Revue des Deux Mondes : novembre 2021 ; page 26 )

    2. Parti d'en rire

      En tous cas une chose est sûre. Les remarquables réflexions sur le vieil article “Lévi-Strauss, in memoriam” nous indiquent clairement, qu’avec le temps… ce blog triste (sic JEAN-GABRIEL 9 NOVEMBRE 2009) est devenu une bien triste piquette.

      1. C’est vrai qu’entre une piquette et un bon cru il y a quand même une sacrée différence. Tiens, goûtez moi celui-là et dites m’en des nouvelles :
        – Claude Lévi-Strauss : l’ethnocentrisme, entre humanité et barbarie, ou le paradoxe du relativisme culturel (iphilo.fr/2016/11/04)

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