Lors de son discours d’investiture le vendredi 20 janvier 2017 Donald Trump, 45e président des Etats-Unis, s’exclamait : « A compter de ce jour, il n’y aura plus que l’Amérique d’abord, l’Amérique d’abord. Nous décrétons pour être entendus dans chaque ville, dans chaque capitale étrangère, et dans chaque lieu de pouvoir, qu’à compter de ce jour, cette nouvelle vision prévaudra dans notre pays. Toute décision concernant le commerce, les impôts, l’immigration, les affaires étrangères, devra profiter aux travailleurs américains et aux familles américaines. » Le discours s’est d’ailleurs achevé par la formule qui avait conclu chacun de ses meetings, lors des primaires républicaines, puis de la bataille présidentielle : « Make America Great Again »*
Lors de son discours d’investiture le 20 janvier 2009, Barack Obama posait deux conditions au changement : « Faire redémarrer la croissance, construire routes et ponts… » et « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ». Le président George H. W. Bush père prévenait déjà la planète que « le mode de vie des Américains n’est pas négociable ». Autant dire que Trump, Obama ou Bush ont le même discours, qu’ils soient démocrates ou républicains : « Les Américains d’abord ». C’est la défense du niveau de vie américain qui avait empêché G.Bush de ratifier le protocole de Kyoto, c’est le niveau de vie américain qui est devenu le modèle à imiter au-delà de ce que notre planète peut supporter, c’est le mythe de la croissance quantitative qui nous empêche de trouver d’autres voies d’épanouissement. Autant dire que l’urgence écologique restera sur son strapontin. A peine arrivé à la Maison Blanche, M. Trump a signé un décret contre la régulation des énergies fossiles. Le site Internet de la Maison Blanche a été purgé de toute référence à l’environnement, pas mentionné une seule fois par M. Trump dans son discours à la Nation. Or l‘équilibre écologique planétaire nécessite une baisse du niveau de vie américain.
Rappelons aux Américains quelques données sur leur mode de vie moyen si nuisible aux ressources énergétique et au climat. Comparés aux habitants d’autres pays de même niveau de richesse, les Américains ont plus de voitures par personne, font plus de kilomètres, prennent plus souvent l’avion et vivent dans de plus grandes maisons. Le menu américain moyen à base de viande équivaut, pour les émissions de gaz à effet de serre, à 2900 kilomètres de conduite automobile. En 1980, la maison uni-familiale moyenne avait une surface de 162 m2, en 2000 elle couvre 234 m2. Il s’avère que 95 % de ces maisons possèdent au moins deux salles de bain, 90 % l’air conditionné et 19 % des garages pour trois voitures ou plus. L’Américain moyen émet 19,7 tonnes de CO2 par an tandis que les Allemands, les Japonais en émettaient 10 tonnes environ. Comme disait une maman républicaine, il faut pour ses enfants un avenir positif, avec deux automobiles et deux garages, la grosse maison qui va avec et le chien. Mais seule la décroissance est positive pour les pays d’obèses qui consomment trop et ne partagent rien. Si les Américains voulaient vraiment modifier leur mode de vie, ils pourraient – sans sacrifice inutile – réduire leur empreinte bien au-delà de la moitié des chiffres actuels.
* LE MONDE du 22-23 janvier 2017, Lors de son investiture, Donald Trump promet « l’Amérique d’abord »