Enfin une bonne nouvelle, la croissance est en panne, en France comme en Europe. Puissions-nous commencer à penser autrement !
En 2014, la croissance du PIB devrait être de l’ordre de 0,5 %*. Rappelons que le Produit Intérieur Brut n’est pas un indicateur de bien-être, mais le symptôme du gaspillage sans avenir des ressources naturelles. Comme cette croissance s’est faite à crédit depuis les années 1970, niant le premier choc pétrolier de 1973 par des déficits publics, le résultat actuel est que, sans croissance, l’Etat ne peut plus assumer ses obligations : le déficit des administrations publiques (Etat, Sécurité sociale et collectivités locales) sera donc supérieur à 4 % du PIB en 2014. Rappelons qu’un pays riche comme la France devrait avoir les moyens de prêter et non l’obligation d’emprunter. Un riche a plus que suffisamment d’argent pour ses dépenses courantes, il peut normalement financer des oeuvres collectives ; il devrait en être de même pour un pays. La société croissanciste actuelle nous a donc mené à une impasse. Refusant de vivre en harmonie avec la biosphère, il y a eu une fuite en avant qui nécessite toujours plus de croissance… sur une planète qui reste irrémédiablement close et limitée. Les économistes libéraux qui nous grisent de faux concepts et les politiques qui les écoutent nous mènent au krach final. En effet, plus nous refuserons d’envisager l’inéluctable décroissance pour mieux la maîtriser, plus la récession sera brutale.
L’inflation est beaucoup plus faible que prévue. Elle est de 0,5 % sur un an en France, 0,4 % en Europe. Ce qui parait comme une bonne nouvelle pour le consommateur constitue, dans les conditions économiques actuelles, une mauvaise nouvelle pour le désendettement. Michel Sapin, le ministre des finances et des comptes publics, appelle donc l’Europe à « mettre en oeuvre une politique monétaire adaptée à la situation exceptionnelle de faible croissance et de faible inflation que la zone euro tout entière connaît »**. En terme clair, cela veut dire que la banque centrale européenne devrait faciliter le crédit par une politique monétaire laxiste, facilitant l’emprunt. Rappelons que nous devrions savoir que cela nous amène nécessairement à une période de stagflation, stagnation de l’activité économique et reprise de l’inflation, comme cela a été le cas à la fin des années 1970.
Ajoutons que la situation actuelle est bien plus grave qu’à cette époque car il y avait eu un contre-choc pétrolier au milieu des années 1980. La découverte de pétrole hors OPEP a permis une baisse du prix du baril et donc une reprise de l’activité économique. Or nous avons dépassé le pic pétrolier, la descente énergétique a commencé et nous nous apercevrons que l’or noir quand il vient à manquer entraîne un blocage irrémédiable de la croissance. Economistes et politiques raisonnent en termes simplistes car ils oublient les réalités géophysiques, l’épuisement des ressources naturelles. Un bon économiste est d’abord un bon écologiste, sinon il ne peut pas être un bon économiste. Il en est de même pour les politiques !
* LeMonde.fr du 14 juillet 2014, Croissance zéro en France au deuxième trimestre
** LE MONDE du 15 août 2014, Pourquoi il faut réorienter les politiques économiques
bonjour Guy
Ta précision est utile, nous avions aussi précisé la notion de pic dans un précédent article. Ajoutons que le « pic » pétrolier est plutôt un plateau ondulant et que le pétrole non conventionnel nous empêche de préparer la civilisation de l’après-pétrole. La chute de l’approvisionnement en hydrocarbures n’en sera que plus brutale…
bonjour Guy
Ta précision est utile, nous avions aussi précisé la notion de pic dans un précédent article. Ajoutons que le « pic » pétrolier est plutôt un plateau ondulant et que le pétrole non conventionnel nous empêche de préparer la civilisation de l’après-pétrole. La chute de l’approvisionnement en hydrocarbures n’en sera que plus brutale…
Juste un commentaire technique (je n’ai rien à dire sur le fond avec lequel je suis d’accord) : à plusieurs reprises, sur ce blog, vous avez mentionné le fait que le pic pétrolier avait été atteint. Ceci est inexact. Ce qui a été atteint est le pic du pétrole dit « conventionnel » et sa date se situe entre 2006 et 2008. Si l’on prend en compte ce que l’on appelle le « tous liquides », qui inclut en particulier les sables bitumeux de l’Alberta, le pic n’a apparemment pas encore été atteint. Bien entendu, cela ne change rien au résultat final de l’exploitation effrénée de tout ce qui pourra être consommé – à savoir l’effondrement de la civilisation industrielle – mais je pense que cette précision est nécessaire.
Juste un commentaire technique (je n’ai rien à dire sur le fond avec lequel je suis d’accord) : à plusieurs reprises, sur ce blog, vous avez mentionné le fait que le pic pétrolier avait été atteint. Ceci est inexact. Ce qui a été atteint est le pic du pétrole dit « conventionnel » et sa date se situe entre 2006 et 2008. Si l’on prend en compte ce que l’on appelle le « tous liquides », qui inclut en particulier les sables bitumeux de l’Alberta, le pic n’a apparemment pas encore été atteint. Bien entendu, cela ne change rien au résultat final de l’exploitation effrénée de tout ce qui pourra être consommé – à savoir l’effondrement de la civilisation industrielle – mais je pense que cette précision est nécessaire.