La catastrophe est désormais une catégorie qui s’est imposée comme horizon pour n’importe quel citoyen. Pas besoin d’être un spécialiste pour savoir que notre civilisation va affronter des crises multiples ; tous les spécialistes le disent, qu’ils travaillent dans la dynamique des systèmes, ou climatologue, ou hydrologues, etc. LE MONDE* fait une rapide recension sur cette catastrophique prévision :
la journaliste Marion Rousset : « Nicolas Hulot, annonçait sa démission de ministre de l’écologie le 28 août, refusant de se faire plus longtemps le « complice de la catastrophe en cours »… Longtemps, les discours catastrophistes n’ont suscité qu’ironie ; ceux qui mettaient en garde contre un « renversement » du monde étaient considérés comme des illuminés… Mais le grand récit théologique de l’Apocalypse fait son retour au sein même de la science. En 2008, la revue Esprit publiait un numéro consacré au « Temps des catastrophes » mis au point avec le groupe 2040, un collectif de chercheurs qui estimait que cette date marquerait un tournant dans le processus de réchauffement climatique. Notre développement technologique et notre empreinte écologique se sont tellement accentués qu’on a vu arriver chez certains mathématiciens ou des physiciens, l’idée que cette accélération pouvait amener à une catastrophe. De plus en plus de paradigmes permettent de penser l’interaction entre des systèmes jusqu’alors déconnectés. »
biosphere : On peut remonter à bien avant 2008 pour connaître les premières alertes, elles se multiplient dès les années 1970. Un message, signé par 2 200 hommes de science de 23 pays, a été remis à U Thant, alors Secrétaire général des Nations unies, le 11 mai 1971. Il est adressé aux « trois milliards et demi d’habitants de la planète Terre ». On l’appelle le Message de Menton car il fut rédigé au cours d’une réunion qui s’est tenue dans cette ville du Sud de la France : « Nous savons que la Terre et tous ses habitants sont mal-en-point et que nos problèmes se multiplieront si nous négligeons de les résoudre… Nous vivons en système clos, totalement dépendants de la Terre, et pour notre vie et pour la vie des générations à venir... » L’année suivant était publié le rapport sur « Les Limites de la croissance » ou Rapport au Club de Rome. Pour expliquer à la population la problématique mondiale de l’écosystème, ce rapport avait choisi de s’appuyer sur la dynamique des systèmes mise au point par le professeur Jay Wright Forrester au MIT (Massachusetts Institute of Technology) Il montre que, dès que l’on aborde les problèmes relatifs aux activités humaines, on se trouve en présence de phénomènes de nature exponentielle. Considérant le temps de doublement relativement bref de ces évolutions, on arrivera aux limites extrêmes de la croissance en un temps étonnamment court. Mais « la plupart des gens résolvent leurs problèmes dans un contexte spatio-temporel restreint avant de se sentir concernés par des problèmes moins immédiats dans un contexte plus large. Plus les problèmes sont à longue échéance et leur impact étendu, plus est retreint le nombre d’individus réellement soucieux de leur trouver une solution. »
Dès cette époque, il y a presque cinquante ans, non seulement on prédisait l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle, mais on proposait des solutions. Pour les découvrir, elles sont recensées dans le livre de Michel Sourrouille, « L’écologie à l’épreuve du pouvoir », un livre de références indispensables.
* LE MONDE IDEES du 20 octobre 2018, La ou les catastrophes ?
Nous envisageons l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle comme un processus géographiquement hétérogène qui a déjà commencé, mais n’a pas encore atteint sa phase la plus critique, qui se prolongera sur une durée indéterminée. C’est à la fois lointain et proche, lent et rapide, graduel et brutal.
(dans l’introducion du livre d’octobre 2018, « Une autre fin du monde est possible » de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle)
Il y eut un temps ou l’effondrement relevait de la science fiction, puis un temps ou peu à peu la collapsologie est passée dans le domaine de l’étude par des universitaires et a eu droit à des livres et des conférences (voir « Comment tout peut s’effondrer de Pablo Servigné » ou le livre de Jared Diamond « Collapse »), puis est venu le temps où l’effondrement est devenu une quasi-certitude pour tous ceux qui réfléchissent à la question.
Nous en sommes là et l’on voit bien que désormais la seule étape qui manque est sa réalisation.
Cela ne saurait tarder, moins de 50 ans peut-être. Beaucoup pensent même que ce sera plus tôt, comme Yves Cochet par exemple).