Une récente étude financée par la NASA explique que la civilisation tel que nous la connaissons aujourd’hui pourrait bien disparaître dans les prochaines décennies en raison d’un problème de gestion des ressources naturelles et d’une mauvaise répartition des richesses*. L’analyse n’est pas nouvelle, elle avait été faite en 1972 dans un rapport du MIT (Massachusetts Institute of Technology) au club de Rome : « Nous pouvons démontrer que la croissance exponentielle de la population et du capital ne faisait qu’accroître le fossé qui sépare les riches des pauvres à l’échelle mondiale… En dépit de découvertes spectaculaires récentes, il n’y a qu’un nombre restreint de nouveaux gisements minéraux potentiellement exploitables. Les géologues démentent formellement les hypothèses optimistes et jugent très aléatoires la découverte de nouveaux gisements vastes et riches… La validité de notre modèle réside dans le fait que, quelles que soient les conditions initiales, il y a toujours un point sur le graphique où l’expansion s’arrête et où l’effondrement commence… Etant donné les temps de réponse du système, si l’on attend que ces limites deviennent évidentes, il sera trop tard. Décider de ne rien faire, c’est donc décider d’accroître le risque d’effondrement. »
L’étude de la NASA se fonde sur un nouvel outil analytique, baptisé « HANDY », pour Human and Nature Dynamical. Pour examiner la problématique mondiale de l’écosystème, le rapport de 1972 avait choisi la dynamique des systèmes mise au point par le professeur Jay W. Forrester au MIT sous forme de l’outil analytique WORLD1. Cette analyse a été actualisée en 2004 dans une nouvelle étude basée sur le modèle informatique WORLD3, The limits to Growth – The 30-year update. En 1972, nous étions à 85 % environ de la capacité maximum de la Terre à supporter nos activités. Aujourd’hui, nous sommes à 150 %.
L’étude de la NASA a étudié l’histoire des civilisations les chercheurs. Une série de facteurs liés entre eux (climat, population, eau, agriculture ou encore énergie) ont contribué à leur chute, que ce soit les Mayas ou encore l’empire romain. Là encore rien de nouveau, il suffisait à ces chercheurs de lire en 2006 Effondrement (de la disparition ou de la survie des sociétés) de Jared Diamond : « L’échec de la civilisation maya, prémonitoire de ce qui va arriver à la civilisation thermo-industrielle, est une application de ce mode d’analyse… Bien sûr la thèse climatologique n’exclut pas d’autres hypothèses antérieurement émises comme la surpopulation, les guerres intestines, les conflits sociaux, la déforestation… mais ces évènements ne peuvent qu’accompagner le changement climatique. »
Selon les chercheurs de la NASA, plusieurs empires ont disparu notamment à cause de l’aveuglement des élites qui, jusqu’au bout, se croyaient protégées et ont refusé de réformer leur système de vivre-ensemble.* Jared Diamond l’écrivait déjà : « Il faut un certain courage pour pratiquer la pensée à long terme. Cela va à l’encontre de la prise de décision réactive à court terme qui caractérise trop souvent les élus politiques. »
Rien de nouveau sous le soleil, la maison brûle et nous continuons à regarder ailleurs.
précisions de Stéphane Foucart
« L’étude de la NASA n’est pour le moment qu’un brouillon dont il faut attendre la parution officielle. Mieux vaudrait acheter le livre, à la fois réaliste et futuriste, de Noami Oreskes et Erick Conway « L’effondrement de la civilisation occidentale » (Les liens qui libèrent, 138 pages à 13,90 euros) »
Source : LE MONDE du 23-24 mars 2014, chronique Planète : Effondrement(s)
précisions de Stéphane Foucart
« L’étude de la NASA n’est pour le moment qu’un brouillon dont il faut attendre la parution officielle. Mieux vaudrait acheter le livre, à la fois réaliste et futuriste, de Noami Oreskes et Erick Conway « L’effondrement de la civilisation occidentale » (Les liens qui libèrent, 138 pages à 13,90 euros) »
Source : LE MONDE du 23-24 mars 2014, chronique Planète : Effondrement(s)