Une vision malthusienne par-delà droite et gauche

Un nouveau modèle est à inventer, mais il faut préalablement se défaire de la recherche obsessionnelle de croissance pour libérer le champ du possible. Cette obsession n’est pourtant rien à côté de ce sujet délicat entre tous qu’est l’évocation d’une possible surpopulation. Il y a pourtant une sorte d’évidence mathématique dans la prise en compte de la démographie, que résume l’équation de Holdren et Ehrlich, I = PAT. L’empreinte humaine sur la planète (I, Impact) se mesure en multipliant le niveau de consommation du Terrien moyen (A pour Abondance) par le nombre de Terriens (P pour Population) et la Technologie utilisée. Sans la recherche d’une stabilisation rapide de la population mondiale, il est illusoire de stabiliser, a fortiori de réduire, le poids de l’Humanité sur les ressources et les écosystèmes terrestres. En effet, pour stabiliser l’empreinte humaine, compenser la croissance de la population mondiale et celle, plus forte encore, des changements de mode de vie en Chine et en Inde, les Occidentaux devraient réduire leur consommation dans une proportion de trois à quatre, ce qui, politiquement, est difficilement soutenable. 200 000 humains nets (naissances – décès) s’ajoutent chaque jour à l’effectif planétaire. On voit mal comment une telle évolution pourrait se poursuivre sans une inversion plus ou moins brutale de la courbe.

Les écologistes adoptent ici un point de vue d’écologues. Les biologistes qui étudient la dynamique des populations savent que la stabilité des écosystèmes est garantie par une régulation spontanée de la démographie des populations. Lorsque l’équilibre est rompu, la crise qui accompagne la surexploitation des ressources se traduit par un effondrement des populations concernées. C’est ce qu’il est convenu d’appeler une « régulation par catastrophe ». Vouloir prévenir l’humanité d’une régulation naturelle par manque de ressources devrait apparaître comme un objectif raisonnable, louable et « humaniste ». Pourtant les écologistes qui se risquent à aborder le sujet se voient opposer des arguments de mauvaise foi : « la démographie mondiale va se stabiliser d’elle-même », « c’est un faux problème car la Terre peut nourrir beaucoup plus d’humains qu’actuellement », « il est monstrueux et potentiellement criminel d’évoquer un tel sujet »… L’idée d’une régulation volontaire de la natalité suscite des réactions de tous les bords politiques, pour des raison religieuses, culturelles, économiques et idéologiques. La pensée occidentale fait de la natalité une mesure de la santé d’une société, les nations une mesure de leur puissance, les chrétiens comme les musulmans une réponse à une injonction divine, les économistes une source de croissance. Les opposants politiques les plus agressifs voient dans la position antinataliste une adhésion aux thèses de l’économiste britannique Thomas Malthus, en faisant l’amalgame entre la formule mathématique et les positions sociales de ce dernier. Pourtant son grand apport reste d’avoir montré qu’aucune augmentation des ressources ne pouvait à terme suivre la courbe exponentielle de l’accroissement démographique si la natalité n’était pas régulée de manière préventive.

Le natalisme est contre-productif en termes de progrès humain. La liberté de chacun diminue lorsque la densité humaine augmente sur un territoire : code de la route, règles d’urbanisme, réglementation des nuisances… orchestrent les conflits d’usage et de voisinage avec toujours plus de précision et de sévérité. L’individu disparaît derrière la foule. Et, lorsque les ressources se font rares, la compétition entre groupes humains comme entre individus génère des conflits. L’humanité a connu à plusieurs reprises au cours de son histoire une régulation par guerres, épidémies et famines. Les écologistes plaident pour une régulation volontaire, raisonnée, et refusent le triptyque des catastrophes malthusiennes.

Antoine Waechter et Fabien Niezgoda, Le sens de l’écologie politique (aux éditons Sang de la Terre, 104 pages pour 15 euros)

9 réflexions sur “Une vision malthusienne par-delà droite et gauche”

  1. Merci Didier Barthès pour vos deux liens.
    Je me réjouis autant que vous que des associations décroissantes dont Décroissance-Ile de France ainsi que le MOC , tirent la sonnette d’alarme quant au problème de la surpopulation. Comme quoi votre travail porte (peut-être) ses fruits.
    Je crois vous avoir déjà dit que les décroissants ne formaient pas un groupe homogène. Cette particularité n’est évidemment pas propre aux décroissants, par contre il faut bien prendre en compte le fait que tous ces gens viennent de milieux libertaires, et que donc il n’est pas facile de leur dire ce qu’ils doivent penser, encore moins de les manipuler et hélas de les faire s’entendre. Bref, partout nous trouverons des gens ouverts avec qui nous pourrons échanger et nous entendre, et malheureusement partout nous trouverons des abrutis, des dogmatiques… des cons !

    De cette tribune, je retiens ce passage : « Pour réduire de manière significative l’empreinte globale de notre pays, il faut agir sur les deux leviers : la consommation et la démographie. »
    Vous savez bien qu’on ne peut pas être au four et au moulin. Vous êtes au four, et moi au moulin, ou l’inverse peu importe… l’essentiel étant que nous œuvrions à la même chose.

    Pour revenir à mon précédent commentaire. Ci-dessous le lien sur lequel on entend Richard Rechtman (anthropologue et psychiatre, directeur d’études à l’EHESS) répondre à la question « Pourquoi tant de haineS ? »

    http://www.telerama.fr/idees/liberation-de-la-parole-pourquoi-tant-de-haine,155844.php

  2. Merci pour le lien causeur , Monsieur Barthes .
    Mieux valent des réaction tardives (sauf pour démographie responsable) que pas de réactions .
    Pas de réactions de ce « bon  » Paul Aries , le Hulot charlot au nez rouge, de l’ écologie ?
    Et nos écologistes de carnaval façon Voynet , Cosse , le colonel Placé , Duflot et ma mère

  3. Si la certitude de ne pas faire partie de la charrette des condamnés  » démographiques » existait , je verrais sans déplaisir disparaître les 3/4 de la population du pays ou du monde surtout si parmi cette population , tous les mondialistes (macron corporation) étaient rayés de la surface terrestre !
    Que d’ espace vital gagné

  4. Où voyez-vous de la haine ?
    Remplacez haine par détestation profonde et vous serez dans le vrai .
    Les mondialistes tremblent à l’ idée de l’ arrivée d’ un parti nationaliste identitaire qui les priverait de toutes leurs utopies et des subsides qui alimentent leurs folies : je ne parle même pas de ce qu’ ils pourraient subir physiquement parlant .
    Je ne parle même pas du FN beaucoup trop mou et assimilateur à mon goût .
    Aucun ulcère à prévoir donc : merci de vous préoccuper de ma santé .

  5. Pourquoi tant de haine Marcel ? C’est pas bon la haine !
    Vous savez que vous risquez l’ulcère de l’estomac ? Pas bon l’ulcère !

  6. Et l’ argument gauchomodialiste par excellence : le problème n’ est pas la surpopulation mais la mauvaise ou l’ absence de répartition des richesses  » : une phrase d’ anthologie de l’ agit prop de ces fumiers marxistes .

  7. Naître, ou ne pas naître, telle est la question !
    Éternel débat. Qui finalement et comme tout le reste, ne peut mener à rien. Si ce n’est seulement à convaincre ceux qui sont déjà convaincus. Hélas personne n’a de baguette magique. Alors PATatras !!!

    Ce serait déjà un beau miracle de pouvoir limiter la casse. Hélas là aussi, il semble que les Occidentaux ne veulent surtout pas se serrer la ceinture.

    Il ne reste plus qu’à prier le Bon Dieu, après tout à chacun sa came !
    Sauf qu’il peut-être utile de rappeler que Dieu est mort depuis plus d’un siècle.
    Sinon il y a aussi Allah … lui semble être une valeur qui monte.

    Michel Onfray : Décadence (aux éditions Flammarion, 646 pages pour 22,90 €)
    Michel Houellebech : Soumission (aussi chez Flammarion , 300 pages …)

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