La vraie démocratie, c’est celle qui donne sa liberté d’expression à tous les individus sans exception. Il n’y avait rien à dire médiatiquement sur le tweet* de Valérie Trierweiler. La compagne d’un président de gauche avait toute latitude d’exprimer ses encouragements à un dissident. En faisant cela, elle n’engage qu’elle-même, c’est sa liberté d’expression personnelle. Elle aurait d’autant plus le droit d’agir ainsi qu’il n’y a pas officiellement d’obligation de réserve pour la première dame de France. Valérie Trierweiler en a d’autant plus le droit qu’elle exprime une simple opinion sur l’engagement d’Olivier Falorni qui est socialiste reconnu, candidat contre une autre socialiste : nous sommes dans le même camp, il s’agit donc d’une simple « primaire ».
La vraie démocratie, c’est celle qui fait en sorte qu’un individu représente vraiment ce qui mérite d’être représenté : l’intérêt général, et pas les habitants d’un lieu particulier. Oliver Falorni peut déclarer sans rire : « Je continue mon chemin pour représenter les habitants de La Rochelle et de l’île de Ré. » L’argument de l’ancrage local d’un candidat à la députation n’est pas pertinent. Le vote d’un élu national dans une circonscription particulière n’est qu’une modalité de désignation. Le député n’a normalement aucun lien de représentation avec sa circonscription électorale, il doit porter la parole de la France. Mais la pratique fait que le député du coin fait du clientélisme. Ce n’est pas cela la démocratie. Si nous étions dans une vraie démocratie, nos élus ne parleraient pas seulement au nom de leur entourage, mais aussi au nom des acteurs absents, tous ceux qu’on ignore dans nos délibérations et dont les intérêts pourtant importent : les non-humains et les générations futures. Qui de Ségolène ou de Falorni est de cette trempe-là ? C’est cela seulement qui devrait intéresser les électeurs.
Chacun s’agite dans tous les sens sans permettre aux citoyens de comprendre les règles et les passe-droits qui ont cours dans les structures partisanes. Par exemple, certains socialistes s’épanchent dans les médias sur la soi-disant priorité du candidat arrivé en tête, soit Ségolène Royal en l’occurrence. Mais ce droit officieux a été amplement foulé aux pieds lors du Congrès de 2008. La candidate avec le plus de voix, Ségolène Royal en l’occurrence, aurait du devenir première secrétaire du PS. Ce fut Martine Aubry qui le devint car il y a eu alliance des trois battus contre celle qui était arrivée en tête ! C’est pourquoi les admonestations de Martine sur France Inter sont d’une hypocrisie totale : « Je le redis à Olivier Falorni avec beaucoup de force : Tout le monde va respecter la règle qui est qu’il faut se désister pour le candidat le mieux placé. ». Les socialistes aiment se déchirer entre eux, libre à eux. Mais qu’ils ne nous fassent pas des leçons de morale en inventant des règles. La seule règle fondamentale, c’est que tout candidat à des législatives prenne l’engagement de représenter la France et tous les acteurs absents. Nous sommes loin du compte…
* tweet du 12 juin envoyé par Valérie Trierweiler : « Courage à Olivier Falorni qui n’a pas démérité, qui se bat aux côtés des rochelais depuis tant d’ années dans un engagement désintéressé. »