Vincent Lambert, qui peut décider de sa fin de vie ?

Cette question, toute personne au bord du suicide se la pose : ma vie vaut-elle vraiment la peine d’être vécue ? Cette question, d’autres se la posent pour vous quand vous n’êtes plus en état de conscience. Dans les Ephad, nulle aide à mourir. Les personnes victimes de l’Alzheimer ou de démence sénile errent parfois pendant très longtemps dans leur quartier « sécurisé ». Nulle instance ne s’interroge sur ces morts-vivants tant qu’ils ne sont pas atteints d’une maladie à court terme fatale. Mais quand un tétraplégique ne peut plus exprimer ses dernières volontés, c’est le chaos. Ainsi le cas emblématique de Vincent Lambert*, chacun exprime ses propres convictions. L’équipe de médecin se prononce pour l’euthanasie passive, comme l’autorise la loi Leonetti. Ses parents, et une partie de sa famille saisissent le tribunal pour réclamer l’annulation de la décision médicale. Sa femme et une autre partie de sa famille disent que la décision d’en finir était bien dans l’esprit de Vincent avant son accident. Le tribunal administratif se prononce contre la décision médicale… pour la deuxième fois en neuf mois ! Alors, qui peut déterminer avec un degré de certitude suffisant ce que voudrait réellement quelqu’un qui n’a plus sa conscience ? Peut-être faut-il envisager autrement la question de la fin de vie.

Un commentateur sur le monde.fr soulève la question économique : « Maintenir cette personne en  »soi-disant vie »…. COMBIEN CELA COUTE T-IL AUX CONTRIBUABLES ??????? Voila un problème financier, que la famille devrait prendre en charge partiellement ou en totalité. Celle qui s’oppose à l’euthanasie bien sûr ! » La décision de faire payer ceux qui soutiennent l’acharnement thérapeutique a été prise en Israël ; les deux fils d’Ariel Saron qui, pendant huit ans, ont voulu que leur père soit maintenu en vie artificielle, devaient contribuer au coût d’hospitalisation. Quid de la question écologique ?

Il n’y a d’activités humaines qu’au prix d’une ponction dans les ressources naturelles et limitées de la planète. Ce qui est utilisé pour les uns l’est donc obligatoirement au détriment des autres. Que faut-il financer, les pauvres ou les riches ? Le planning familial ou l’appareillage sophistiqué et coûteux qui sert à maintenir artificiellement la vie ? Notre société devrait aller au-delà de l’expression des intérêts particuliers, souvent gangrenée par des présupposés comme pour les parents de Vincent Lambert, militant pro-life**. Nos politiques devraient comprendre que la raréfaction inéluctable des ressources naturelles vont nous obliger à prendre des décisions difficiles mais incontournables. Nous aimerions aussi que les parents de Vincent Lambert gardent leur fils à la maison et s’en occupent par leurs propres moyens puisque telle est la logique profonde de leurs actes, vouloir garder auprès d’eux leur fils.

* Le Monde.fr avec AFP | 16.01.2014, Affaire Vincent Lambert : la justice s’oppose à l’euthanasie passive

** Le Monde.fr | 16.01.2014, Fin de vie : « Vincent est otage d’un mouvement pour la vie coûte que coûte »

2 réflexions sur “Vincent Lambert, qui peut décider de sa fin de vie ?”

  1. Aux parents d’Hervé Pierra
    Merci pour votre témoignage dont nous reproduisons ici quelques extraits :
    « Notre fils, dans un coma végétatif chronique irréversible, était paralysé à 100%, trachéotomisé et nourri par sonde gastrique… Après le retrait de la sonde gastrique, notre fils est mort en 6 jours cauchemardesques, sans aucune sédation, brûlant, cyanosé et faisant des bonds dans son lit, comme électrocuté. Il s’agit, dans notre cas, d’un « laisser crever »… Les médecins avaient eu peur d’être accusés d’euthanasie si notre enfant avait été sédaté et surtout si son décès était intervenu trop rapidement… La sédation peut durer plus ou moins longtemps. On ne meurt pas de faim et de soif en quelques jours… Notre drame, parfaite illustration d’un fiasco, se résume en quelques mots : souffrance, incompréhension, injustice, impuissance, effroi, anéantissement, combativité et amour…
    Pourquoi refuser « réparation » à ces victimes collatérales des progrès de la réanimation moderne en ne pratiquant pas une aide active à mourir ?
    »

  2. Nous sommes les parents d’Hervé Pierra. Notre fils est resté plongé pendant 8 ans ½ dans un coma végétatif chronique irréversible, à l’âge de 20 ans, suite à une tentative de suicide par pendaison.
    Nous vous soumettons avec humilité et respect, quelques questionnements ou quelques pistes de réflexions pour aider à cheminer dans le débat sociétal sur la fin de vie qui va, prochainement s’instaurer.
    En cliquant sur le lien ci-dessous, vous pourrez lire la lettre que nous avons envoyée à nos parlementaires :
    http://parents-herve-pierra-fin-de-vie-loi-leonetti-euthanasie.over-blog.com/article-lettre-que-nous-adressons-a-tous-nos-deputes-et-senateurs-concernant-les-etats-vegetatifs-chronique-115497390.html

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