Lettre ouverte à Yannick Jadot
Yannick, ne nous trompons pas de combat
1) L’enjeu politique pour les écologistes n’est pas d’obtenir quelques postes de députés estampillés EELV ou même un groupe parlementaire. L’enjeu politique n’est pas de participer à une recomposition « plus à gauche » avec un ralliement à la candidature de Benoît Hamon. En faisant cela, nous nous préoccupons trop de politique et pas assez d’écologie. Nous perdons ainsi la considération du corps électoral. C’est dommageable pour notre cause commune, l’urgence écologique.
2) L’enjeu stratégique est de conquérir la faveur des électeurs, pas d’obtenir des postes. Le Front National n’a obtenu des députés qu’au compte-goutte et pourtant il représente maintenant 25 % du corps électoral pour la présidentielle 2017. Il devance ainsi tous les autre partis. Le FN en est arrivé là parce qu’il est en phase avec une évolution des mentalités. Ses idées (repli sur soi, boucs émissaires…) structure maintenant la mentalité d’une grande partie de nos contemporains. Il a gagné une bataille des idées, pourtant ce n’est pas la seule option possible.
3) L’écologie politique présente le seul projet de société qui puisse s’opposer au FN car il dépasse largement les modes de pensée du passé. L’écologie politique est déjà prise en compte culturellement par une grande partie de nos concitoyens. Il y a un peuple écolo en formation, conscient des difficultés de relations entre l’humanité et la planète. Mais cela s’opère presque exclusivement à l’extérieur d’EELV, par l’influence des médias, des associations environnementalistes et des modifications individuelles du mode de vie (manger bio, etc). Notre parti ne représente pas actuellement aux yeux du corps électoral une claire vision du long terme, une société post-carbone à construire, car nous sommes trop englués dans la politique politicienne. L’image de notre parti est négative, et nos alliances passées avec le PS n’ont pas arrangé la chose.
4) La seule manière de retrouver une dynamique politique, c’était l’option que nous avions prise officiellement en congrès de partir en autonomie pour les prochaines élections. Loin des facilités électoralistes d’une alliance avec le PS d’Hamon/Valls, loin des mirages du « plus à gauche » à la mode Mélenchon, nous pouvions avec toi, Yannick Jadot, marquer la fin de ce qui est devenu un boulet, l’alliance exclusive avec la gauche depuis 1994. Yannick, tu as trompé cette espérance en commençant à t’aligner ces derniers jours sur le PS. Il est temps de revenir à nos fondamentaux.
5) Notre seule option pour éviter la déconsidération définitive d’EELV vis-à-vis des électeurs est de voter prochainement contre toute « proposition commune » avec le PS qui impliquerait l’abandon de ta candidature à la présidentielle en faveur de Hamon. J’espère que ta prise de position publique ira dans ce sens. Cela symbolisera aux yeux des électeurs notre recentrage sur l’écologie. Tu seras libre de proposer une écologie de rupture pour aller vers un système socio-économique en équilibre avec des ressources naturelles épuisées et dégradées. Ce sera dur, très dur de faire la « transition écologique », mais nous devons expliciter cela au corps électoral : l’urgence écologique est un impératif. Yannick, même si tu n’obtiens pas tes parrainages, tu peux tenir médiatiquement ce discours. L’affirmation de notre autonomie vis-à-vis des partis constitués est le seul moyen de (re)créer le lien avec le peuple écolo et de soutenir vraiment la cause écologique.
UniEs par l’écologie,
Michel Sourrouille
NB : cette supplique à Yannick peut être diffusée librement, dans et hors EELV, le vote sera en effet accessible à tous ceux qui ont déjà participé à la primaire ouverte.
Entièrement d’accord avec cet article !
(Je préfère voter pour Méluche que pour EELV allié au PS)
Bonjour Michel Sourrouille
Votre lettre est le cri du cœur d’un véritable militant écologiste.
Je vous rejoins pour dire que la position à tenir devrait être sans aucune ambiguïté. Mais ceci vaut pour tous les candidats. Et bien entendu cette position qui devrait être claire chez chacun dépend de leur vision du Monde, de leurs priorités et de leur projet. Hélas la politique et particulièrement les élections présidentielles dans le cadre de notre constitution, viennent compliquer les choses. La ligne droite n’étant pas forcément le plus court chemin… c’est là que les uns et les autres mettent en place diverses stratégies qui ne sont finalement que des paris, plus ou moins calculés, plus ou moins risqués.
Le plus grand risque étant que les militants et sympathisants, et surtout les ouailles qui sont appelées régulièrement à participer à la farce électorale pour communier, y perdent leur latin. Ne voyant plus la ligne de leur parti ou mouvement censé défendre cette cause qui leur tient à coeur, ils tournent finalement le dos à tous ces stratèges qui eux-aussi ne savent plus où ils en sont. C’est ce qui s’est passé chez tous ces mouvements voulant porter l’ écologie au niveau politique. Hélas ce phénomène ne s’observe pas que chez les écolos.
Et c’est là-dessus notamment que le FN a prospéré. Même pas besoin de groupe parlementaire, un discours simple (simpliste), des idées simples, des slogans simples comme les célèbres « gauche caviar » ou « UMPS » qui parlent d’eux-mêmes. Ici aussi le Monde se voit d’une façon binaire, la classe politique se divise en deux camps, les « tous-pourris » d’un côté et le FN de l’autre, la société également avec « Le Peuple de France » et puis « le reste » . Et ça marche ! 25 … voire 27 % d’assurés, même pas besoin de faire campagne, de présenter ou défendre un programme, le second tour est dans la poche ! Etant donné que quoi qu’il arrive les choses continueront à se dégrader, si ce n’est pas en 2017 ce sera le coup d’après. Et ce ne sera pas le bruit de quelques casseroles qui viendra couvrir le tintamarre des marmites que se traînent les autres.
Et l’écologie dans tout ça ? Et ce « peuple écolo en formation » où est-il ? L’écologie est en effet dans le cœur d’un bon nombre de CITOYENS dignes de ce nom… mais il faut admettre hélas que cette espèce est en voie de disparition. Il y a longtemps que l’ Homo œconomicus (nom savant pour désigner le con-sommateur) a pris la place du citoyen. En considérant que celui-ci ait un jour réellement existé …
Bonjour Michel Sourrouille
Votre lettre est le cri du cœur d’un véritable militant écologiste.
Je vous rejoins pour dire que la position à tenir devrait être sans aucune ambiguïté. Mais ceci vaut pour tous les candidats. Et bien entendu cette position qui devrait être claire chez chacun dépend de leur vision du Monde, de leurs priorités et de leur projet. Hélas la politique et particulièrement les élections présidentielles dans le cadre de notre constitution, viennent compliquer les choses. La ligne droite n’étant pas forcément le plus court chemin… c’est là que les uns et les autres mettent en place diverses stratégies qui ne sont finalement que des paris, plus ou moins calculés, plus ou moins risqués.
Le plus grand risque étant que les militants et sympathisants, et surtout les ouailles qui sont appelées régulièrement à participer à la farce électorale pour communier, y perdent leur latin. Ne voyant plus la ligne de leur parti ou mouvement censé défendre cette cause qui leur tient à coeur, ils tournent finalement le dos à tous ces stratèges qui eux-aussi ne savent plus où ils en sont. C’est ce qui s’est passé chez tous ces mouvements voulant porter l’ écologie au niveau politique. Hélas ce phénomène ne s’observe pas que chez les écolos.
Et c’est là-dessus notamment que le FN a prospéré. Même pas besoin de groupe parlementaire, un discours simple (simpliste), des idées simples, des slogans simples comme les célèbres « gauche caviar » ou « UMPS » qui parlent d’eux-mêmes. Ici aussi le Monde se voit d’une façon binaire, la classe politique se divise en deux camps, les « tous-pourris » d’un côté et le FN de l’autre, la société également avec « Le Peuple de France » et puis « le reste » . Et ça marche ! 25 … voire 27 % d’assurés, même pas besoin de faire campagne, de présenter ou défendre un programme, le second tour est dans la poche ! Etant donné que quoi qu’il arrive les choses continueront à se dégrader, si ce n’est pas en 2017 ce sera le coup d’après. Et ce ne sera pas le bruit de quelques casseroles qui viendra couvrir le tintamarre des marmites que se traînent les autres.
Et l’écologie dans tout ça ? Et ce « peuple écolo en formation » où est-il ? L’écologie est en effet dans le cœur d’un bon nombre de CITOYENS dignes de ce nom… mais il faut admettre hélas que cette espèce est en voie de disparition. Il y a longtemps que l’ Homo œconomicus (nom savant pour désigner le con-sommateur) a pris la place du citoyen. En considérant que celui-ci ait un jour réellement existé …