Yves Cochet, un prophète des temps à venir

Il est toujours utile de répéter les vérités et Yves Cochet s’y emploie : décroissance démographique et effondrement de la civilisation thermo-industrielle vont de pair, c’est certain, c’est mathématique.

Yves Cochet, un effondrisme réaffirmé

Yves Cochet en 2005, « Pétrole apocalypse »

Suite au pic pétrolier, les pays importateurs souffriront de pénurie, ce qui les entraînera vers l’effondrement économique et social. Les responsables économiques et politiques n’ont pas anticipé la situation qui s’annonce. Où aller pour trouver à boire et à manger ? Nous n’avons plus de parents fermiers à la campagne chez lesquels nous réfugier comme nous l’avons fait au cours de la débâcle de 1940. Nous n’avons plus un ailleurs inexploré comme l’avaient jadis quelques hordes, émigrant massivement lorsque la pression démographique sur le territoire traditionnel dépassait sa capacité de charge écologique. Que nous restera-t-il hormis la violence ? Il n’existe qu’une demi-solution : la sobriété immédiate.Tout ce qui ressemble à une organisation basée sur le transport bon marché à longue distance aura du mal à subsister, hormis les armées pendant quelque temps….

Yves Cochet en 2009, « Antimanuel d’écologie »

Un seuil a été dépassé, un seuil de liaison entre le capitalisme fondé sur le crédit et les ressources naturelles qui sont la base de toute richesse réelle. L’espoir d’une nouvelle phase A du Kondratieff (ndlr : reprise économique), cet espoir est vain. Nous ne sommes pas à l’aube d’une nouvelle croissance matérielles, nous sommes dans la phase terminale du capitalisme. La recherche incessante de la croissance, serinée à longueur d’années par la majorité des politiques et des médias, n’est donc pas la solution à la catastrophe écologique, elle est au contraire une aspiration au pire. La catastrophe écologique implique une conclusion fatale : la décroissance est notre destin. Nous ne sommes plus dans le projet de société désirable, nous sommes dans le compte à rebours pour essayer de réduire les conséquences dramatiques de l’inéluctable catastrophe. Le temps dont nous disposons pour préparer ce nouveau monde se compte en années, non en décennies…

2017, « Gouverner la décroissance » (collectif)

Yves Cochet : « L’effondrement concerne la planète entière, États et instituions internationales compris. Aucun État ne peut alors compter sur ses voisins ou amis pour lui venir en aide, tant la situation globale et la situation de chacun s’est dégradées. La vitesse de cet effondrement est fonction de la vitesse de désintégration la plus rapide d’un de ses sous-systèmes cruciaux, par exemple le système financier et bancaire, puis, par contagion et rétroactions positives, des vitesses d’effondrement des autres systèmes cruciaux, fourniture d’énergie et d’alimentation, flux des échanges commerciaux, systèmes de communication. La situation générale du monde sera tellement détériorée que des services aujourd’hui banals tel que l’usage de l’électricité ou la mobilité automobile ne seront plus envisageables. Les survivants à l’effondrement auront subi le plus grand traumatisme de leur vie, le plus grand traumatisme de l’histoire humaine, la mort par centaines de millions de personnes dont ils auront eu connaissance avant que s’éteignent les communications électroniques. »…

Juin 2019, « L’humanité pourrait avoir disparu en 2050 » (Yves Cochet dans Le Parisien)

Les alarmistes lancent des appels dans les journaux : faites quelque chose, vous, les puissants ! Moi, je n’y crois plus. Il est hélas trop tard pour la transition écologique. On peut quand même minimiser le nombre de morts. Au lieu d’en avoir 4 milliards dans les trente ans, on en aura peut-être 3,5 milliards, en faisant des bio-régions résilientes.Sans la nourriture et l’énergie, vous êtes mort. Si Rungis s’effondre, à Paris, en trois jours, c’est la guerre civile.Tout seul, vous tenez trois jours. C’est à l’échelle d’une bio-région que l’on peut survivre. Mon discours ne fera jamais recette. Je ne suis pas entendu, et c’est précisément pour cela que l’effondrement va arriver. Pour s’en sortir, il faudrait une économie de guerre comme à Londres, en 1941. Je suis pour le rationnement de l’essence, des vivres, des vêtements, et pour le contrôle des naissances…

Novembre 2019. Le projet de motion d’Yves Cochet pour le Congrès d’EELV

« L’effondrement est comme un trou noir qui attire à lui toutes les certitudes passées. Si, comme moi, on croit au scénario d’un effondrement systémique, global, imminent, comme le scénario le plus probable des trente prochaines année sur Terre, alors toutes nos pensées et nos actions doivent être orientées par ce trou noir, cet attracteur, ce magnétisme. La période 2020 – 2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécu l’humanité en si peu de temps. À quelques années près, elle se composera de trois étapes successives : la fin du monde tel que nous le connaissons (2020-2030), l’intervalle de survie (2030-2040), le début d’une renaissance (2040-2050). De telles affirmations s’appuient sur de nombreuses publications scientifiques que l’on peut réunir sous la bannière de l’Anthropocène…

Yves Cochet en 2024, dans son livre « précisions sur la fin du monde »

Bien que la prudence politique invite à rester dans le flou, et que la mode intellectuelle soit celle de l’incertitude quant à l’avenir, j’estime au contraire que les 33 prochaines années sont déjà écrites. La période 2020-2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécu l’humanité en si peu de temps. L’effondrement est certain vers 2030. Cette rupture est désormais imparable, le système-Terre se comportant comme un automate qu’aucune force humaine ne peut contrôler. L’étape suivante sera la plus pénible au vu de l’abaissement brusque de la population mondiale (épidémies, famines, guerres), de la déplétion des ressources énergétiques et alimentaires, de la perte des infrastructures et de la faillite des gouvernements.

Yves Cochet, un malthusianisme réitéré

Yves Cochet en 2014, pour la préface du livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » (avec 12 autres auteurs)

« La question démographique se situe à l’intersection des questions culturelles et des questions naturelles, elle en rassemble les difficultés et les controverses. Les néomalthusiens réunis dans ce livre sont l’objet de critiques politiques en provenance de tous les bords. Dans la décroissance démographique que nous soutenons, la droite décèle une campagne en faveur d’avortements massifs, de promotion de l’homosexualité et d’abandon du patriotisme. La gauche nous soupçonne d’attaquer les droits humains, de fuir le problème du financement des retraites, voire de prêcher l’eugénisme ou le racisme. D’une façon générale, la question est taboue ou considérée comme mal posée : l’information, la croissance et la technologie résoudront les éventuels problèmes démographiques. Quant aux organisations écologistes, associatives ou politiques, elles résolvent la question en ne se la posant pas, alors que l’écologie des populations est une discipline importante de l’écologie scientifique. »

Yves Cochet en 2024, dans son livre « Précisions sur la fin du monde » (page 117)

« La question démographique se situe à l’intersection des questions culturelles et des questions naturelles, elle en rassemble les difficultés et les controverses. Dans la décroissance démographique que je soutiens, la droite décèle une campagne en faveur d’avortements massifs, de promotion de l’homosexualité et d’abandon du patriotisme. La gauche nous soupçonne d’attaquer les droits humains, de fuir le problème du financement des retraites, voire de prêcher l’eugénisme ou le racisme. D’une façon générale, la question est taboue ou considérée comme mal posée : l’information, la croissance et la technologie résoudront les éventuels problèmes démographiques. Quant aux organisations écologistes, associatives ou politiques, elles résolvent la question en ne se la posant pas, alors que l’écologie des populations est une discipline importante de l’écologie scientifique. »

14 réflexions sur “Yves Cochet, un prophète des temps à venir”

  1. Michel Sourrouille

    Dans la revue « décroissanciste » de Vincent Cheynet (octobre), il est trop rare de trouver mention de la décroissance démographique. Aussi c’est avec plaisir que nous relayons cette opinion de Philippe Roch page 13 : « On peut multiplier les exemples d’écologie contre la nature. Y compris sur la question de la démographie : dès que vous remettez en cause la croissance démographique, vous êtes traités de tous les noms et vous vous créez des inimitiés durables. »
    Arne Naess avait déjà cette crainte à la fin du XXe sicèle : il voyait se développer une écologie qu’il qualifie de « superficielle », une écologie qui méprise la nature et court après des solutions techniques. »

    Je vous rappelle cette sentence de Naess : « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. »

    1. Esprit critique

      Ce qui confirme ce qui a été dit À 13:21. D’un côté ON peut penser que Arne Naess était comme Jacques Ellul, et comme n’importe qui, qu’il pouvait donc lui arriver de dire des bêtises. Et d’un autre ON peut se dire que Vincent Cheynet n’est peut-être pas si revanchard que ça, en tous cas pas un de ces dogmatiques qui refusent d’entendre une autre opinion que la sienne.
      La Preuve… c’est à Philippe Roch que revient le dernier mot. 🙂
      PS : Page 15 , et non pas 13

  2. Selon Vincent Cheynet dans son mensuel La Décroissance » (page 8), Yves Cochet « devrait s’amender de ses prédictions passées » qui décrédibilisent les écologistes. En fait Yves Cochet crédibilise les décroissancistes : « Certes il n’y a pas de preuve irréfutable de la certitude de l’effondrement systémique planétaire. Il y a quand même une forte présomption par ce qu’on appelle la consilience, c’est-à-dire la certitude qui apparaît lorsque de nombreuses études et points de vue indépendants concourent tous dans le même sens. Cela me suffit pour être convaincus à 100 % de l’arrivée de la fin de notre monde. » (page 56).

    Ce qui décrédibilise les écologistes institutionnels, c’est le fait qu’ils ne croient pas aux limites de la croissance, pourtant démontrées depuis 1972 !

    1. René Dumont, présidentiable écolo en 1974 : « Si nous maintenons le taux d’expansion actuelle de la population et de la production industrielle jusqu’au siècle prochain, ce dernier ne se terminera pas sans l’effondrement total de notre civilisation. Par l’épuisement des réserves minérales et pétrolières ; par la dégradation poussée des sols ; par la pollution devenue insoutenable de l’air et des eaux ; enfin par une altération des climats, due notamment à l’accumulation du gaz carbonique. » (éditions Jean-Jaques Pauvet, 1974)

      1. Esprit critique

        Depuis les années 1960, le taux d’accroissement démographique de la population mondiale a été divisé par deux. Et depuis 1970 la croissance, économique mondiale, a elle aussi nettement baissé.
        René semble donc avoir a été écouté. Si René a vu juste… ON peut donc en déduire que ce siècle ne se terminera pas nécessairement, inévitablement, par l’effondrement total de notre civilisation.

    2. Crédibilité ou pas, je ne crois pas que le Vulgum Pecus ait besoin d’Yves Cochet ou de Vincent Cheynet, ou de Biosphère ou de n’importe qui d’autre, pour finalement croire ce qui l’arrange. Le problème reste que les Zécolos, institutionnels ou pas, sont inaudibles. Et d’autant plus quand ils se permettent de sortir d’énoooormes conneries. Comme l’a fait dernièrement cette conseillère municipale d’Argenteuil, cette connasse.. avec son «Français de merde».

      1. Ce «Français de merde» n’est qu’un exemple du pitoyable exemple que donnent Les Écologistes (puisque c’est comme ça qu’ON doit aujourd’hui les nommer).
        Ce serait évidemment trop long de tous les énumérer, rappelons-nous seulement le fumeux barbecue … «symbole de virilité».
        ON peut toujours raconter l’histoire du sage qui montre la lune… il n’empêche que ces conneries discréditent terriblement le Message. J’estime que quand ON fait de la politique, en tous cas à ce niveau, ON sait tout ça. Et ce n’est quand même pas de ma faute si les gens ne retiennent que ça. Comment, désormais, Sandrine Rousseau pourrait-elle un tant soit peu crédible par une large majorité ? Quant à l’autre connasse n’en parlons pas.

  3. « Vers l’écologie de guerre », livre de Pierre Charbonnier. Après la seconde guerre mondiale, les anciens belligérants européens ont pacifié leur relation en scellant un « pacte fossile », principalement autour du charbon, du gaz et du pétrole. Mais « cette paix fossile n’est ni durable ni soutenable », analyse Pierre Charbonnier, car les modes de production sont devenus des instruments de destruction. Cette période dans laquelle nous sommes brutalement entrés est appelée « écologie de guerre », car elle consiste à « ancrer les politiques climatiques dans un impératif de sécurité ». Pierre Charbonnier ne fait pas preuve d’un optimisme débordant. L’écologie de guerre pour s’émanciper des énergies fossiles peut légitimer le déploiement de moyens coercitifs.

  4. – « […] c’est certain, c’est mathématique. »

    Comme l’énergie chez Janco, comme la génétique et les tarots chez notre Champion maison…
    comme par hasard les mathématiques sont justement la spécialité de notre Nostradamus. 🙂
    Plus sérieusement quoi, La Décroissance de ce mois-ci nous parle un peu de son dernier bouquin. (P.8)

    1. Certes le mensuel La Décroissance d’octobre 2024 présente sous la plume de Vincent Cheynet une recension du livre de Cochet : rien que des critiques qui ne disent presque rien du contenu du livre mais s’attaquent à un « devin prophétique » et « savant extralucide » qui ne raconterait que des bêtises trop datées sur l’effondrement probable de nos sociétés. Pourtant Yves Cochet est explicitement dans son dernier livre (comme dans les précédents) un analyste de la décroissance qu’il juge inéluctable, analyse qui devrait réchauffer le cœur de Cheynet.
      En attaquent ses meilleurs amis (de la décroissance), Vincent se tire une balle dans le pied. Dommage !

      1. Désolé mais, de mon point de vue… et je l’ai déjà développé, ceux qui se tirent une balle dans le pied sont ceux qui osent se prendre pour Nostradamus ou Mme Irma. Ceci dit, même si leur crédibilité s’en trouve sérieusement altérée, ce qui est en effet dommage, ce n’est pas pour ça que ces «savants extralucides» ne disent QUE des bêtises. Et c’est pareil de tous ceux et celles qui parfois en sortent des très grosses.
        Lire la rubrique du Pr. Foldingue dans La Décroissance de ce mois-ci.
        ( Les errements de Jacques Ellul … Frédéric Rognon – 2022 )
        Personne n’est parfait, tout le monde dit et fait des conneries, moi le premier, mais là encore tout est une question de juste mesure. Alors que chez certain(e)s c’est plutôt rare, chez d’autres c’est coutumier. Alors que certain(e)s savent très bien reconnaître leur erreurs, d’autres au contraire s’appliquent à perdre encore plus de crédibilité avec des pirouettes ridicules.

        1. antépénultième

          Laissons le dernier mot à Yves Cochet :
          « L’Effondrement est certain en 2030, à quelques années près. Jamais une personne politique ne devrait dater ses prédictions, puisque le risque de se tromper est grand. Comme l’écrivait l’humoriste Pierre Dac : «  Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. N’ayant plus aujourd’hui la retenue universitaire de la crainte de se fourvoyer, je la maintiens dont politiquement afin de tenter une fois encore de réveiller les consciences endormies. »
          (page 83 de son livre)

        2. Parti d'en rire

          Et pourquoi Nostradamus ? Pourquoi pas plutôt le laisser au rédacteur en chef de la revue « décroissanciste », le dernier mot ?
          – « Dès 2005 ce devin prophétisait dans son livre Pétrole apocalypse que les Jeux olympiques de Londres de 2012 n’auraient pas lieu pour cause de choc énergétique [etc. etc.] À 78 ans, notre homme est-il devenu plus sage ? Se retourne t-il pour s’amender de ses prédictions passées, qui, selon Alain Gras, décrédibilisent les écologistes ? […] Bien au contraire ! Pas un instant il ne revient sur ses errements. Pis, il nous assure que toutes ses prévisions se sont avérées prémonitoires ! [etc. etc. etc.] Diable ! » (V.C)

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