Voici ci-dessous un fac-similé du n° 7-2005 qui montre que ce qu’on pouvait dire à l’époque n’a pas beaucoup changé. Malheureusement en dix ans la conscience écologique n’a pas progressé, surtout au niveau politique. Mais il ne sert à rien de se plaindre, peu importe le résultat, l’essentiel est de continuer à agir dans le bon sens… en 2015 !
1/8) analyse : développement durable ou limites de la croissance ?
Dans son livre paru en 1972, The limits to growth, le Club de Rome a fait extrapoler par un organisme de recherche reconnu les données existantes pour formuler des scénarios du futur avec cinq paramètres : la croissance démographique mondiale, l’alimentation per capita, la production industrielle, la pollution et les stocks de ressources non renouvelables. Les auteurs ont reconsidéré en 1992 la validité de leurs projections et, l’inertie étant extrêmement importante dans l’évolution de ces paramètres, vingt ans n’ont rien changé : ainsi l’alimentation a atteint son sommet dans le monde en 1984, à peu près au moment indiqué par le rapport et la croissance démographique a commencé à se ralentir au début des années 1990, encore une fois suivant la projection du scénario. Tout continue de présager une situation chaotique aux alentours de 2025.
Les personnes qui veulent encore en 2005 toujours plus de croissance économique et démographique sont des personnes nuisibles non seulement pour la santé de la Biosphère, mais en conséquence pour l’espèce humaine elle-même.
2/8) Décroissance sélective
Cette décroissance sélective pourrait fournir le mot clé qui identifie l’écologie politique et le parti Vert comme tout autre chose qu’une composante « bobo » de la nébuleuse « gauche ». En effet ce mot irrécupérable (à l’inverse du développement durable) par les faiseurs de consensus mou résonne comme un avertissement grave avant le redoutable choc pétrolier structurel en préparation pour les très prochaines années. Malheureusement du point de vue de la Biosphère, on constate que ce n’était qu’une toute petite motion dont personne chez les Verts, à part Yves Cochet et son dernier livre « Pétrole-apocalypse » (Fayard), n’a prolongé les prémices.
3/8) Impuissance médiatique
4/8) action politique : l’écologie peut-elle être sous-traitée ?
A ses débuts le mouvement écologiste se voulait un mouvement biodégradable : on allait aux élections, puis on dissolvait le mouvement en se disant « Ca y est, maintenant les politiques vont réagir et prendre la question en charge, ce n’est plus notre boulot ». Et puis rien n’a bougé et c’est comme ça que les Verts se sont constitués en 1984, et puis presque rien n’a bougé encore une fois. Il faut constater que les politiques ne réagissent que par les rapports de force et non par rapport à la raison raisonnante : en effet ils ne peuvent intégrer les thèmes écologiques que dans la mesure où la société elle-même les a intégrés, ils ont toujours du retard par rapport à la réalité ! Que le PS sous-traite encore avec les Verts les problèmes écologiques, ou que l’UMP se contente des paroles de Chirac dites en 2002 au sommet de la Terre (« la maison brûle »), démontre bien cet état d’esprit arriéré.
Pour sauver la Biosphère, les militants des partis écologistes devraient en conséquence s’engager dans tous dans les partis traditionnels : les vieilles branches marxistes ou social-libérales feraient alors certainement de nouvelles pousses environnementalistes… (ndlr 2015 : rétrospectivement cette proposition était bien aventureuse ; la conscience écologique a même régressé au sein du parti socialiste. Oublié le pôle écologique du PS et deux ministres socialistes de l’écologie limogés par le gouvernement socialiste)
5/8) action politique : le processus délibératif
6/8) Votre profil écologique
7/8) Une société sans école ?
« La relégation de nos enfants dans les écoles pour des périodes de formation de plus en plus longues a sur eux un impact considérable. Ils sont coupés du reste de la société, confinés dans leur groupe d’âge ; avec leurs camarades, ils en viennent à former une petite société dont la plupart des échanges importants sont internes et dont les liens avec la société adulte deviennent rares. En conséquence notre société occidentale renferme un ensemble de microsociétés d’adolescents dans lesquels l’intérêt et le comportement des jeunes s’orientent vers des objets échappant complètement à la responsabilité des adultes. » Ainsi parlait JS Coleman, dans son ouvrage « « The adolescent Society ». Alors l’adolescent ne trouvera sa place que dans un monde essentiellement industrialisé et urbanisé, éloigné de son groupe familial, et encore plus loin du nécessaire contact avec la Biosphère… L’éducation est l’une des nombreuses fonctions sociales que l’Etat a usurpées et qui doit être de nouveau assumée au niveau de la famille et de la communauté, en pleine adéquation avec un écosystème d’appartenance.
En attendant l’utopie, la Biosphère remercie tous ces instituteurs dont les élèves plantent des arbres fruitiers, s’occupent d’un jardin potager ou marchent dans la forêt.
8/8) Biocentrisme ou anthropocentré ?
La Nature n’a pas la parole, ce sont des mots exprimés dans les différentes langues humaines qui interprètent d’une façon ou d’une autre ce que la Nature veut nous dire. Les humains peuvent donc s’exprimer au nom d’un cours d’eau qu’on voudrait dévier, au nom des arbres qu’on voudrait abattre, au nom des loups qu’on voudrait exterminer. Rien d’exorbitant à cela, il y a bien un avocat qui s’exprime au nom du pire assassin et une opinion publique qui pense une chose ou son contraire à propos de tout et de n’importe quoi. Il n’y a donc pas d’opposition fondamentale entre l’écologie profonde et l’écologie superficielle, seulement la place que les humains veulent donner à la Nature sauvage, soit une place la plus grande possible, soit une nature au maximum dénaturée : il suffit de mettre des mots différents sur notre conception humaine de la même Nature.
Pour mieux comprendre la Biosphère, les enfants devraient s’exercer dès le plus jeune âge à prendre le point de vue de la fleur ou le point de vue d’un animal, beaucoup de choses changeraient alors : par exemple une fleur ne serait belle que rattachée à sa plante, certainement pas coupée dans un pot de fleurs.