2022, Macron n’ira pas au second tour

En cette période de changement de gouvernement, faisons le point. La présidentielle 2017 était centrée sur le dégagisme porté par le Front national de Marine et les Insoumis de Mélenchon, « à mort les élites, le peuple vaincra ». C’est le nouveau venu Emmanuel Macron qui a remporté la mise avec le slogan « dépassons la droite et la gauche, votez pour moi, EM, En Marche ». Une fois élu, Macron jubile : « Vous n’avez qu’un opposant sur le terrain : c’est le Front national », mot d’ordre adressé aux députés de La République en marche (LRM) le 16 septembre 2019. Neuf mois plus tard, la poussée d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) au second tour des élections municipales change la donne : 28 juin, la vague verte submerge la Macronie. Désormais, le chef de l’état est attaqué sur deux fronts, à son extrême droite le Rassemblement National, et de tous les côtés les Verts. L’émergence brutale des thèses environnementales dans la perspective de l’élection présidentielle menace directement l’accession de M. Macron au second tour. Deux lignes principales de défense ont émergé. D’un côté, certains élus préconisent de verdir le programme pour capter une part de l’électorat aujourd’hui attiré par EELV. Dès le lendemain du scrutin municipal, Macron a présenté un plan pour l’environnement lors de la réception des membres de la convention citoyenne sur le climat. A l’inverse, certains députés de son aile droite préconisent de s’opposer frontalement aux représentants d’EELV, qu’il convient de caricaturer en « pastèques » – verts à l’extérieur, rouges à l’intérieur –, afin de les décrédibiliser. Hors de question pour eux de travailler avec des élus « d’extrême gauche ». La jeune députée Aurore Bergé croit bon d’alerter Macron sur un supposé péril vert, en assimilant EELV à « des gens qui sont contre les vaccins », « contre l’extension de la 5G » et « qui vont dans des manifestations indigénistes ». Face à ce dilemme stratégique entre deux voix contradictoires, le patron de LRM, Stanislas Guerini, plaide pour une voie médiane : « Contrairement à EELV, nous ne voulons pas nous contenter d’une écologie de l’incantation, mais mettre en œuvre une écologie concrète, non punitive, qui s’appuie sur la science et l’innovation, qui mobilise les entreprises, et ne renie pas les libertés individuelles. »

Quelques réactions sur lemonde.fr  à l’article « Comment Emmanuel Macron veut contrer la poussée écologiste » :

PL : Ce qui est assez effrayant dans ce genre d’article, c’est qu’il considère comme acquis que le seul souci de Macron est sa réélection et la façon dont son parti doit communiquer, et aucunement le souci de l’intérêt général. C’est un travers, grave, et qui devrait être présenté comme tel, et pas comme une façon naturelle de faire de la politique… Je trouve inquiétant de voir les journalistes banaliser de plus en plus le carriérisme et l’irresponsabilité des politiciens (Macron ou d’autres d’ailleurs).

Françoise B. : En somme, il s’agit d’avoir l’air « vert » pour contrer ceux qui le sont vraiment, afin d’être réélu. Calcul peu digne. Cela semble confirmer qu’un Président se fiche des soucis des électeurs, mais cherche à les manipuler pour rester au pouvoir.

Isto : Accablant que la seule chose qui semble les préoccuper avec l’écologie, ce sont les voix qu’elles risquent de capter. De l’écologie pro-business !

In varietate concordia : Face à l’urgence climatique – et écologique de façon générale, la réponse du gouvernement : lutter contre les écolos. Bravo. C’est parfait. De bons petits soldats au service des grands patrons pollueurs.

Francis C : « le message (de Macron) n’est pas bien passé… » Mais si, au contraire il est très bien passé : rien à faire de l’environnement, à part quelques symboles qui ne coûtent pas grand chose. La fermeture de Fessenheim comme bilan sur l’environnement…

nihaho : Ils pleurnichent que ça imprime pas. Mais si mais si, ça imprime très bien : le glyphosate tjs là, le merveilleux libre échange grâce auquel je pourrai acheter du steak canadien, les emballages plastiques interdit en …. 2040, le plan vélo doté d’une somme dérisoire, un ministre de l’agriculture contre l’introduction d’un repas végétarien dans les écoles…

Marcus : Manu n’est pas content, c’est ce qu’il redoutait: le renouvellement d’une force crédible à gauche. Lui qui s’est maladroitement évertué à faire croire que le choix politique était restreint au « progressisme » (sic) dont il serait le valeureux représentant (re sic) versus le « populisme » d’extrême-droite. IL s’est vraiment démené pour maintenir cette fiction. Hélas, ceci n’est fort heureusement plus crédible. Ses plans s’écroulent: il ne pourra plus invoquer (comme il nous l’a déjà fait en 2017) comme seul argument piteux et anti-démocratique: « moi ou le chaos ». C’est terminé et ceci est une extrêmement bonne nouvelle pour nous. Quant au si soudain engouement de Macron pour l’écologie….ouarf, no comment.

Gilles Roger : La palme d’or pour le palmipède qui cette semaine titre : « Le virage écolo de Macron : un vert à moitié vide ou un vide à moitié vert ? »

8 réflexions sur “2022, Macron n’ira pas au second tour”

  1. Différences entre gauche et droite ?
    Nulle différence visible : les 2 sont progressistes (encouragement de l’ adoption des enfants par des couples pédés , théorie du genre soutenue par les 2 groupes,) , immigrationnistes (les 2 soutiennent l’ invasion migratoire ou immigratoire (regroupement familial délirant , ultragénérosité à visée électorale dans l’ attribution des allocations à des peuples lapinistes
    et hostiles et mondialistes (libéralisme débridé et destructeur, politique antinationale)
    La veulerie poussée à son paroxysme caractérise la pseudo droite qui suit la gauche comme un toutou suivrait sa mémère !😒
    Au fait , le malthusien nationaliste(quasi pléonasme) opposé à l’ immigrationnisme et au mondialisme / progressisme peut – il être qualifié d’ extrême droitiste ?😎

  2. Il est un peu tôt pour faire des prévisions sur le second tour des présidentielles, il va s’en passer des choses d’ici 2022. Alors les stratégies des uns et des autres pour s’y positionner c’est jouer à pile ou face. Avant le Covid en France et ailleurs de nombreux problèmes faisaient la une, ils sont toujours là. On verra déjà à la rentrée d’automne comment les choses se passeront.
    En attendant, peut-on sérieusement parler d’une «vague verte» aux municipales ? Après les législatives de 2019 on avait déjà parlé d’une «vague écologiste en Europe». En attendant, pour ceux qui en doutaient encore, Macron confirme son ancrage à droite. Espérons que ceux qui croient encore que l’écologie politique n’est «ni de droite ni de gauche» finissent par se rendre à l’évidence. Elle ne peut en aucun cas être de droite. Ni du centre d’ailleurs, puisque lui aussi a toujours été de droite. Choisis ton camp camarade ! 🙂

    1. Didier BARTHES

      Vous voulez dire, sans oser l’écrire noir sur blanc, que l’écologie est de gauche, Michel C ? Moi je la pense tout à fait en dehors de ce clivage.

      1. Oui, pour moi elle ne peut être que de gauche. Simple question de point de vue !
        Maintenant il faudrait nous entendre sur ce qu’est vraiment la gauche.
        Et la droite, bien sûr. Et puis l’avant et l’arrière etc. 🙂
        En attendant, comme un athée ou un agnostique peut s’intéresser à une ou des religions, quelqu’un de droite, ou du centre, peut bien sûr s’intéresser à l’écologie (je parle là de la science). Tant qu’ils en reste là, pas de problème. Le problème c’est quand il cherche à concilier l’écologisme avec son idéologie. Le problème, c’est quand un personnage politique de droite prétend marier l’écologie (le souci et la préservation de l’environnement) avec son idéologie croissanciste, productiviste, compétitrice etc.

        1. Didier BARTHES

          Mais le croissancisme est largement partagé par la gauche non ? D’autre part il y a dans l’écologie (on parle de l’engagement politique là, pas de la science) un notion de conservation qui est plus souvent accolé à ce qu’on appelle conventionnellement « la droite ». On ne peut pas tout faire, les limites du monde s’imposent à nous et le grand chamboulement qui nous laisse penser que tout est possible avec de nouvelles organisations relève d’une utopie.
          Donc pour moi l’écologie a aussi un volet conservateur, certains l’appellent « de droite, » bon comme on veut, mais en tout cas je ne vois pas en quoi l’écologie est « de gauche » (sauf par les accords politiques récents qui font qu’en pratique Gauche et EELV sont mariés)

        2. Le croissancisme, entendu comme culte de la Croissance, se retrouve en effet à gauche, par contre le productivisme nettement moins. Maintenant faut voir de quelle gauche on parle. (Par exemple, pour moi le PS n’est plus un parti de gauche depuis longtemps). Le conservatisme n’est pas nécessairement de droite, on parle aussi d’un conservatisme de gauche, et puis la droite (notamment les libéraux) utilise le mot «conservatisme» contre des partis de gauche ou des syndicats. Là encore, faut voir de quoi on parle. Voici une analyse que je partage assez bien.
          https://blogs.mediapart.fr/rodolphe-gauthier/blog/060116/pourquoi-lecologie-ne-peut-elle-pas-etre-de-droite

  3. Yannick Jadot : « En matière d’écologie, le nouveau premier ministre, Jean Castex est dans une parfaite continuité politique avec Edouard Philippe. Ni l’un ni l’autre n’ont jamais marqué un quelconque intérêt pour le climat ou la biodiversité … La droite a absorbé le macronisme. Plutôt que de nous culpabiliser et de se déresponsabiliser, on attend du président qu’il accélère la mise en œuvre d’un plan de relance écologique et sociale qui investit massivement sur les transitions professionnelles…
    La température monte, le niveau des mers aussi et, pendant ce temps-là, la seule préoccupation du président, c’est de stopper la montée des écologistes… Dès la rentrée , il faut lancer un vaste rassemblement autour de l’écologie, des forces de gauche qui le souhaitent et, au-delà, des citoyens qui se retrouvent dans cette nouvelle matrice politique »

  4. Jean Castex nommé 1er ministre le 3 juillet 2020, constitue une simple doublure pour Macron qui a décidé de cumuler les deux postes à lui seul. Inconnu des Français, le nouvel occupant de Matignon l’avoue lui-même lui-même : « Je ne suis pas là pour chercher la lumière. Je suis ici pour chercher des résultats .» Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne l’a pas entendu parler d’écologie ni avant ni pendant la passation des pouvoirs. En nommant une deuxième fois un maire Les Républicains (LR), Macron fait le choix de poursuivre sa fracturation de la droite alors que l’époque est au verdissement de la politique.
    On aurait bien vu Pascal Cafin premier ministre ! C’est Edouard Philippe, figure bien installée de la droite, qui se présentera comme un recours quand Macron sera en difficulté à l’approche de 2022…

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