232 000 avortements en France, insuffisant ?

Plus de 232 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été pratiquées en France en 2019, soit environ une pour trois naissances. C’est le plus haut niveau constaté depuis trente ans. Depuis l’autorisation des IVG par voie médicamenteuse en 2001, le nombre d’avortements chirurgicaux est en baisse constante. En 2019, 70 % des IVG ont été pratiquées de façon médicamenteuse, contre 30 % en 2001. Par ailleurs, près d’une IVG sur cinq est réalisée entre la 10e et la 12e semaine de grossesse, délai légal maximal.

Les pays nordiques connaissent un taux faible d’IVG grâce à une information généralisée à la sexualité. Au contraire  dans les pays Anglo-Saxons la sexualité n’est jamais évoquée et les taux de grossesse chez les mineures sont les plus élevés du monde occidental. En France, la sexualité comme la contraception sont des sujets dont on parle peu en famille, et avec gêne dans le cadre scolaire. Les jeunes filles ont les mêmes craintes, les mêmes problèmes qu’il y a des décennies, mais amplifiés par Internet et la pornographie. Il est vrai aussi que les mentalités sont profondément natalistes, empêchant de manière pernicieuse le contrôle personnel de sa fécondité. Malthus devrait être un nom connu de tous, le néo-malthusianisme devrait être enseigné dans toutes les écoles françaises, à commencer par les collèges.

En 1971 Paul Ehrlich publie « la bombe P » : « Nous avons besoin d’une loi qui rende obligatoire l’éducation sexuelle. Quand je parle d’éducation sexuelle, je ne pense pas à des cours d’hygiène ou bien des histoires du genre « fleurs et papillons ». Il s’agit de présenter la fonction reproductrice comme une composante parmi d’autres de l’activité sexuelle, qui demande à être maîtrisée selon les besoins de l’individu et de la société. L’humanité devrait trouver le moyen de réduire l’importance conférée au rôle reproductif du sexe. Il s’agira en particulier de découvrir des valeurs nouvelles pour remplacer ce sentiment de plénitude que la femme retire du don de la vie, et cette satisfaction de l’ego engendrée chez le père par le spectacle d’une nombreuse progéniture. Admettons que les États-Unis inaugurent enfin une politique démographique sensée dans le pays : nous aurons alors la possibilité de proposer une solution à l’échelle mondiale. » Un livre de Michel Sourrouille, à paraître en octobre prochain, fait le point sur tout ce qui concerne la maîtrise de la fécondité : « Arrêtons de faire des gosses, comment la surpopulation nous mène à notre perte » aux éditions Kiwi (collection lanceurs d’alerte).

Pour en savoir plus sur l’IVG grâce à notre blog biosphere :

31 juillet 2020, Avortement, euthanasie… droit à la mort

19 avril 2018, tout savoir sur l’IVG

21 février 2018, On interdit l’avortement, donc nous manquons d’eau

14 août 2017, Pas besoin d’aiguille à tricoter pour avorter

3 juillet 2017, Les malthusiens se rappellent du courage de Simone Veil

29 novembre 2014, L’avortement serait-il contraire à la nature humaine ?

21 janvier 2014, avorter, une nécessité sur une planète saturée d’humains

17 juillet 2013, Pour limiter le nombre de morts, vive l’avortement…

25 janvier 2011, l’avortement dans la dignité

4 réflexions sur “232 000 avortements en France, insuffisant ?”

  1. Avant de se demander si ce nombre est suffisant ou pas, peut-être devrions-nous essayer de voir pourquoi ce nombre d’avortement a augmenté en France, pourquoi il est aussi élevé.
    La DREES nous dit que le taux global de recours à l’IVG augmente depuis 1995. Sans pour autant parler d’une explosion soudaine de ce nombre, la DRESS pointe les inégalités dans l’accès aux soins et à l’information. Et indique que le nombre de recours à l’avortement peut varier du simple au triple selon les régions. Les femmes les plus précaires ont plus recours à l’avortement que les femmes aisées, seulement beaucoup de femmes renoncent encore à avorter pour des raisons financières.
    Bref, d’un côté un problème d’éducation, et aussi de culture, de l’autre celui de l’accessibilité aux soins faute de moyens. D’un côté on peut se réjouir que plus de femmes ont pu éviter une grossesse non désirée, de l’autre on peut regretter qu’il n’y en ai pas davantage.

    1. Maintenant n’oublions pas que l’avortement n’est quand même pas une partie de plaisir, n’oublions pas toute la détresse là derrière. Demain peut-être, arriverons-nous à voir dans les chiffres ce mal-être profond, cette profonde misère dont on crève.
      Le nombre des avortements est une chose, regardons aussi les chiffres concernant les suicides, les burn-out et les bore-out, le nombre d’éco-anxieux (maladie à la mode, ça aussi), les tonnes d’antidépresseurs etc. Essayons de voir ce que traduisent ces croissances de consommation et de déballage de tout et n’importe quoi.

  2. Et voilà qu’on repart pour un tour, nous sommes (il sont) trop nombreux sur cette planète. Alors yaca arrêter de faire des gosses, faucon réhabilite Malthus, qu’on en fasse un dieu, l’endoctrinement au néo-malthusianisme doit commencer dès le collège !
    Moi je dirais plutôt dès la maternelle. Non je déconne, pour ça ne comptez pas sur moi, ni pour glorifier ce prophète visionnaire du même acabit, Paul Ehrlich.
    Par contre pour discuter de ce qui devrait être enseigné dès le plus jeune âge et tout le long de la vie, là je suis partant. On parlera bien sûr de l’enseignement du port du préservatif, mais pas que.

    1. En attendant, si la France est championne d’Europe de l’avortement, elle est aussi sur le podium en ce qui concerne le suicide. En France le suicide est la première cause de mortalité des 25-34 ans et la seconde chez les 15-24 ans.
      On peut alors poser la question : 9000 suicides par an en France, insuffisant ?
      Dans la discipline de la consommation d’antidépresseurs la France n’a pas à rougir non plus. C’est l’Islande qui est championne du monde. La Suède, le Danemark, la Finlande sont devant les Français. Rapport au climat ou la latitude, probablement.
      En tous cas on constate que les pays les plus «heureux» sont accros aux antidépresseurs. C’est quand même fou, non ? Comme quoi il ne suffit pas de s’en croire ou de s’en dire pour l’être, fou ou heureux. Ou alors, comme quoi Le Meilleur des Mondes ne tient qu’avec le Soma. Le Soma, le Prozac, l’alcool, le sexe, les jeux du Cirque etc. après tout à chacun sa came.

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