Plan loup : le gouvernement vise une population de 500 canidés d’ici à 2023 contre 360 aujourd’hui (Le MONDE du 20 février 2018). Mais la viabilité génétique de la population ne serait atteinte que s’il y avait 2 500 et 5 000 individus adultes. Pourtant en 2018 quarante loups pourront être abattus. Cherchez l’erreur ! L’humain a rompu l’équilibre naturel entre le prédateur et sa proie par la domestication des brebis. A l’origine, les moutons sauvages pouvaient fuir en montagne – grâce à une meilleure force physique et des pattes plus longues – et se scinder en plusieurs groupes ; le loup capturait alors un individu, faible ou moins rapide. Aujourd’hui, l’homme a créé des animaux vulnérables, qui se regroupent en cas d’attaque. Comme il y a toujours des stimulus de plusieurs brebis en mouvement, le prédateur reste enclenché sur le comportement hérité génétiquement de « tuer » et non pas celui de « disséquer et consommer ». Nous sommes responsables de la disparition historique des loups, nous sommes responsables désormais de leur protection en milieu artificialisé. Mais comme d’habitude le plan gouvernemental ne satisfait ni les éleveurs ni les associations environnementales. De notre côté nous préférons donner la parole aux loups, ce que nous faisions déjà en 2012 :
Nous les loups, nous ne pouvons pas saquer les bergers. Sans nous, ils se croyaient en vacances en haute montage. Mais pour nous la montagne, sans les bergers, c’était le paradis ! Ils font de l’élevage pour la viande, un ranching avec des troupeaux de plus en plus importants tout en économisant la main d’œuvre. Optique de courte vue, productiviste. En plus, de quoi se plaignent ces éleveurs : ils sont indemnisés pour chaque bête que nous égorgeons. Nous soupçonnons les bergers de hurler au loup simplement pour accroître leurs émoluments. Nous en avons marre d’être pourchassés alors que nous ne faisons que vivre notre existence de loup. Notre vie devient impossible, même José Bové a demandé de nous tirer comme des lapins. La préfecture vient d’autoriser « un tir de prélèvement » ; mais c’est d’un abattage qu’il faudrait parler, d’un assassinat. Des loups seront définitivement séparés de leur conjoint par la faute de la brutalité des chasseurs. Au nom de quoi faudrait-il préférer les brebis au loup ?
Quand on voit ces alpages où l’herbe n’est plus qu’un paillasson parce qu’il y a trop de moutons, nous sommes exaspérés. Regardez bien comment l’homme a défiguré la montagne par le surpâturage, par la disparition de la flore alpine du fait des dents du mouton. Une brebis peut être remplacée rapidement, une montagne mise à mal par l’excès d’ovins a besoin de deux ou trois décennies pour se reconstituer. Nous les loups, nous sommes donc utiles pour réguler la pression des herbivores sur les alpages. Avec vos troupeaux de milliers de têtes dans le Mercantour, trop, c’est trop : nous ne sommes pas encore assez ! Vous avez pourtant tenté de nous éradiquer. Nous avions disparu depuis soixante ans, nous ne revenons dans le Mercantour que depuis 1992. Nous ne sommes que 200 à 250 loups dans l’hexagone, seulement 30 à 40 dans les Alpes-maritime*. Combien d’humains compte la France ? Plus de 60 millions… et vous nous accusez d’être trop nombreux ?
Notre ami Hugues Stoeckel a bien décrit notre supériorité sur les humains : « Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas. Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. Et ce, bien qu’elle subisse déjà les premiers effets de l’effondrement énergétique. » Il vous faudra suivre notre exemple et maîtriser votre surpopulation. Suivez l’enseignement de notre philosophie, l’écologie profonde : « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. »
Nous, les loups, nous vous faisons remarquer en conclusion que, par la faute principale des humains, un cinquième des invertébrés de la planète est menacé d’extinction**. Ce ne sont pas les loups qui sont trop nombreux, ce sont bien les humains et leurs moutons. On vous prévient, ça va mal finir.
* LE MONDE du 2-3 septembre 2012, Face aux loups, des éleveurs exaspérés
** LE MONDE du 2-3 septembre 2012, de la coccinelle à l’éponge, un invertébré sur cinq est guetté par l’extinction
article d’origine : Face aux éleveurs, des loups exaspérés
lire aussi : de l’homme au loup, une trop troublante similitude
Il est impératif de ne pas laisser les bergers dans la misère dans laquelle ils sont. Il faut aussi ne zigouiller ni les loups ni les cerfs ni les sangliers ni qui que ce soit d’autre.
Qu’avec l’élevage d’aujourd’hui le loup soit incompatible fait qu’avec le loup l’élevage d’aujourd’hui est incompatible. Il faut cesser l’insémination artificielle de sorte à ce que la population du bétail deviennent assez peu élevée pour pouvoir être correctement et proprement protégée.
Il faut aussi faire une reforestation qui soit massive, car les habitats des loups ont été colonisés puis rasés.
Les mesures que ci-dessus je prône sont réalistes, possibles, pertinentes, légitimes et absolument nécessaires. Les préconiser ne revient absolument pas à être un bisounours.
Je crois que ce n’est pas si simple que ça, Baumgartner. En effet on peut dire que le loup n’est pas compatible avec l’élevage, surtout avec l’élevage d’aujourd’hui. Du coup, à part les indemnisations et les fameuses régulations je ne vois pas trop. Peut-être faudrait-il voir ça de plus près avec Nicolas Hulot et José Bové.
Soyez rassuré, les populations de chamois et plus généralement les populations d’ongulés se portent bien elles aussi. Et particulièrement certaines espèces dont le sanglier, autre bestiole qui fait la « joie » des agriculteurs. Les rats des villes aussi se portent bien, notamment à Paris, ce qui ne peut que réjouir les bisounours Parisiens. Mais je veux bien comprendre qu’un rat d’égout ce n’est pas très photogénique… ni très hygiénique, que c’est plutôt dégoûtant. Et pourtant il en faut, mais comme pour tout, pas trop non plus. Sinon je suis d’accord avec vous au sujet de la censure.
Il n y à pas à tourner autour du pot , si le loup n est pas compatible avec l élevage et qu il n existe pas de solutions , tuons » régulons » le loup , qu est ce que vous voulez que je vous dise … si cela peu m éviter d être traité de tartufe ou de bisounour c est déjà ça !!!
juste une question , quand le problème du loups aura été traité par les chasseurs amoureux de la nature , vous pensez qu ils arrêterons la chasse au chamois qui lui ne représente aucun danger pour les brebis ?
je persiste
Il est plus facile d avoir des photos de brebis égorgé par les loups , là pas de censure , que d avoir des images de l intérieur d un abattoir.
Soyons sérieux Baumgartner, et arrêtons de répéter des « on dit » sans chercher à comprendre.
Êtes-vous vraiment certain que la cohabitation se passe mieux chez nos voisins ? Croyez-vous vraiment qu’il n’y aient que les PRO-chasse qui soient ANTI-loups ? Croyez-vous que TOUS les chasseurs ne sont que sont de misérables flingueurs de « gibiers » d’élevage ? Croyez-vous enfin qu’il faille être PRO-loup et ANTI-chasse pour être un VRAI écolo ?
Je ne sais pas ce qu’est un vrai écolo, mais je sais ce qu’il ne peut pas être, un tartuffe ou un Bisounours ! Je ne suis pas chasseur, je ne suis pas ANTI-chasse, ni ANTI-loup, ni PRO-loup. Toutefois je connais un peu la vie rurale, la vie en montagne, les problèmes des paysans et des éleveurs, et j’essaie tout simplement de me mettre à leur place.
Pourquoi la cohabitation loups/brebis/bergers semble moins hystérique en Italie ? c est qu il y à certainement des solutions applicables sur les deux versants des alpes.
C est à ce demander si les pros chasse français ne jouent pas sur la peur ancéstrale du gros méchant loup , pour justifier la chasse et redorer leur blason .
Et oui … l image du chasseurs qui défend la blanche brebis du gros méchant loup est meilleure que celle du tueurs d animaux inoffensifs qu ils élèvent toute l année comme des animaux domestiques , pour ensuite les lâcher à la saison de la chasse pour les flinger .
Il n’ y a que les fabulistes qui peuvent se mettre à la place d’un loup ou d’un agneau, et ainsi leur faire raconter leurs états d’âmes. Et puis aussi les moutons, qui eux savent comment les brebis raisonnent, et donc savent si elles préfèrent la peste ou bien le choléra… ahahah !
Cette fois-ci Baumgartner, 100 % d’accord avec vous !
A ma connaissance la population de loups en Europe se porte bien, elle n’est pas menacée. Petit à petit depuis 40 ans les loups recolonisent leurs anciens territoires, ils courent vite et se foutent des frontières. On en aurait aperçu en forêt de Rambouillet… tremblez parisiens ! Qui sait, si personne ne les arrête peut-être traverseront-ils la Manche à la nage pour reconquérir l’Angleterre.
Le sujet du loup se résume à l’affrontement de 2 camps, qui parfois en viennent aux mains. D’un côté les POUR, généralement des citadins, qui aiment voir le loup sur des belles images. Et de l’autre les ANTI, particulièrement des éleveurs, qui n’aiment pas voir les loups en vrai, surtout près de leurs troupeaux.
Les arguments des uns et des autres sont rodés. D’un côté les moutons saccagent les montagnes, de l’autre au contraire ils entretiennent ces paysages qu’affectionnent particulièrement les citadins, été comme hiver. C’est vrai que sous leurs spatules, les railledeurs ne voient pas les friches qui gagnent. D’un côté on nous raconte que les éleveurs français n’ont aucune raison de pleurer, parce qu’ils sont bien indemnisés, et on rajoute que dans les pays voisins les éleveurs sont plus intelligents et qu’ils savent faire ami-ami avec le loup. Sauf qu’ en y regardant de plus près tout ça n’est pas si évident. Bref c’est difficile de dire qui est dans le vrai, là aussi il s’agit avant tout d’une histoire de sensibilité, de goût personnel. Et comme on sait, chacun a tendance à regarder midi à sa porte.
Sur cet épineux sujet, il y a un très bon article (à mon goût) dans le journal La Décroissance d’octobre 2017. Il s’agit de la chronique de Raoul Anvélaut : « La saloperie que nous n’achèterons pas … Loup et patou ».
Sur ce coup il s’agit du loup et en même temps… du patou, cette salop… de gros chien qui attaque les randonneurs. Entre la peste et le choléra il est parfois difficile de choisir.
Derrière l image bucolique et champêtre du berger, des alpages !!! au final pour la blanche brebis c est un aller simple en camion à bestiaux pour l abattoir …
Si j étais une brebis je préférerais avoir à faire au loup qu à mon « ami et protecteur » l homme .