Le parti socialiste n’a jamais été écolo. Pas un mot sur l’urgence écologique dans la Revue Socialiste n°42 (2e trimestre 2011) qui brosse héritages et espérances sur la période du 10 mai 1981 au 10 mai 2011. Trente ans à ne pas s’apercevoir que la température monte, que les eaux baissent, que le pétrole rejoint les espèces en voie de disparition. Il n’est donc pas étonnant que les débats pour la primaire socialiste prévue le 9 octobre soient d’une banalité à pleurer.
L’abandon du favori Strauss-Kahn avait obligé Martine Aubry à sortir du bois ; le mardi 28 juin 2011, elle annonce sa candidature, carrément croissanciste : « Une offensive de civilisation est fondée sur un autre modèle de croissance… Sans croissance on ne peut rien… ». Aubry veut donc simplement prendre le relais d’un Sarkozy qui cherchait la croissance avec ses dents. Elle en rajoute un peu plus tard des louches dans un discours où la dette imposerait encore plus de croissance (LE MONDE du 13 août 2011) : « La vérité est que la politique actuelle est une impasse. Sans croissance, dette et déficit ne se réduiront pas… Je propose trois décisions qui pourraient relancer la croissance tout en réduisant les déficits… C’est en agissant rapidement sur l’investissement et l’emploi que nous rétablirons la croissance…. C’est par une croissance durable que nous réduirons dette et déficits…. Oui, il faudra assumer que certaines politiques essentielles pour la croissance reçoivent des moyens nouveaux… (Avec moi) le pays renouera avec la croissance, l’emploi et le progrès… Il est temps de passer aux actes pour réduire les déficits et soutenir la croissance… »
Martine Aubry n’a pas encore compris que la volonté de croissance nous mène droit dans le mur ! A croire que Martine n’a pas écouté les avertissements de Jean-Marc Jancovici et Yves Cochet lors d’un colloque sur le pic pétrolier à l’Assemblée nationale pourtant organisé par la branche écolo de son propre Parti ! Si Martine parle de construire des logements sociaux, pas un mot sur l’efficacité énergétique de cet habitat. En définitive, rien sur le blocage énergétique que va rencontrer prochainement la croissance économique. Ce n’est pas ainsi qu’un Parti dit de gouvernement nous prépare des lendemains qui chantent.
Martine Aubry a bien lâché sa bombinette après Fukushima, « Je crois qu’il faut sortir du nucléaire ». (…). Il faut aller, ça va être 20 ou 30 ans (…). Mais dans sa motion au Congrès de Reims (novembre 2008), Martine écrivait le contraire : « S’agissant du nucléaire, le fonctionnement et le renouvellement de la filière, dans notre pays, doivent se faire. » Martine est à l’image de son parti, adepte d’une critique molle du capitalisme négligeant l’incompatibilité entre les forces de l’argent et celles de la nature. Dans l’affrontement capital/travail, le PS a oublié l’environnement et une donnée désormais vitale : les ressources de la planète ne sont ni infinies ni éternelles. Menacé par l’activité humaine, l’état de la biosphère chamboule les axiomes. Mais le PS n’en a cure, il se tourne encore et toujours vers son passé.
Martine Aubry continue de voir les événements par le petit bout de la lorgnette. Pour cette présidentiable Strauss-kahnienne, il n’y a rien à dire sur les sujets qui vont bouleverser la planète, le pic pétrolier, la descente énergétique, la raréfaction des ressources… Martine préfère parler d’augmentation des crédits pour la culture, de mieux rémunérer les intermittents… ou de la victoire du LOSC (Lille olympique sporting club) qui « donne une immense fierté à Lille, rejaillissant sur l’énergie de tous ». On cultive chaque électorat sans plan d’ensemble. Le PS s’acharne à produire des programmes affadis par une pseudo-concertation, gauchis par concession à son aile gauche, réécrits cent fois et jamais lus véritablement. Martine est à l’image de son parti, l’écologie continuera d’être sous-traitée puisqu’il existe un parti vert qui est là pour ça et avec lequel on négociera des accords de circonstances qui ne seront pas suivis d’effet.
Nous pouvons donc estimer que Martine Aubry ne va pas assez loin face à l’urgence écologique. Mais nous ne devons jamais oublier que Nicolas Sarkozy est le président des riches et qu’à ce titre, la détérioration de la planète ne peut que s’amplifier. N’oublions pas la soirée du Fouquet’s où, pour la première fois, une victoire à la présidentielle était fêtée par les figures du CAC 40. N’oublions pas que les niches fiscale représentent 75 milliards, les modalités particulière de calcul de l’impôt à l’avantage des riches 80 milliards, à comparer à un déficit public de 95 milliards. N’oublions pas que dans une société de plus en plus inégalitaire, les riches vivent entre eux et oublient le reste du monde. N’oublions pas, et votons aux élections pour le candidat le plus écolo et le plus égalitariste.