L’Assemblée nationale a donné son agrément le 26 mai à l’objectif d’au moins 50 % de produits issus de l’agriculture biologique, ou tenant compte de l’environnement, dans la restauration collective publique d’ici à 2022. Bien entendu la droite voudrait « introduire de la souplesse » en repoussant l’objectif en 2025, on en reste à opposition systématique même si on est d’accord sur le fond. Le sujet des repas végétariens dans les cantines a par ailleurs suscité des débats passionnés. Certains députés ont proposé, vainement, d’en prévoir une quotité, par exemple 30 repas par an ou une expérimentation une fois par semaine. Le lundi végétarien ? Des députés de tous bords ont jugés que c’était aller « trop loin » et vouloir « imposer un style de vie » aux concitoyens, le ministre estimant notamment que cela ne relevait pas du domaine de la loi.*
Chacun sait déjà que le ministre de l’agriculture Stéphane Travert est ce qu’on fait de plus obtus en matière écologique. Ses arguments présents relèvent en plus d’une méconnaissance de ce qu’est la politique, décider de ce qui semble le mieux pour organiser la vie collective. Toute loi en effet modifie notre manière de vivre, de concevoir ce que doivent être nos comportements. Toute décision politique au niveau économique a par exemple une influence sur notre manière de produire, d’échanger et de consommer, c’est-à-dire « un style de vie ». Quand le gouvernement décide le 22 mai de multiplier par cinq d’ici à 2022 le nombre de véhicules électriques, à charge pour l’État de créer une infrastructure de recharge des véhicules, il favorise ardemment un modèle de mobilité directement centré sur l’automobile et dépendant des centrales nucléaires (pour produire l’électricité). Proposer une fois de temps un temps un menu sans viande ce serait « imposer un style de vie » ? En quoi est-ce différent que d’imposer comme aujourd’hui de la viande à tous les repas sans exceptions ? L’action contre le réchauffement climatique provoqué par l’agriculture en général et l’élevage en particulier ne relève-t-il pas de droit de l’action législative à mener ?
Manger moins de viande, c’est non seulement une moindre empreinte carbone, mais aussi des repas moins chers. Un repas végétarien par semaine pour les jeunes en collectivité ne peut qu’aller dans le bon sens. Si la droite veut être conforme à ses prétentions individualistes, il lui reste à supprimer la cantine scolaire ; chaque élève vient avec sa gamelle ou son sandwich, avec le libre choix de manger avec ou sans porc et salade, à l’anglo-saxonne.
* LE MONDE du 27-28 janvier 2018, Feu vert de l’Assemblée à davantage de produits bio dans les cantines
Désolé Biosphère mais je ne vous suis pas (comprends pas). Nous ne pouvons jamais avoir la certitude de ce que l’avenir nous réserve, certes. Mais dans notre situation nul besoin d’une boule cristal, nous allons bien dans le Mur et vous le savez. Maintenant il reste à nous dire si vous y croyez vraiment, ou pas. Y croire un jour, et douter le lendemain, pour moi ce n’est pas ça y croire.
Dans votre entretien avec Yves Cochet en 2015, vous lui posiez cette question : « La catastrophe est donc en marche. Est-ce bientôt le rôle futur des politiques, comme tu l’as écrit, « de diminuer le nombre de morts ? »
La réponse de Cochet est certes intéressante mais il ne répond pas. Toutefois plus loin, à la question « Serais-tu pessimiste ? » il répond « Nous devrions dire la vérité sur l’état de la planète alors que les autres politiciens ne cessent de mentir […] Dire explicitement que l’effondrement va arriver, ce serait moralement plus juste et politiquement plus clair que notre réformisme borgne actuel. »
http://biosphere.blog.lemonde.fr/2015/12/09/demographie-et-climat-un-entretien-avec-yves-cochet/
Maintenant je comprends parfaitement que les autruches qui ne croient absolument pas à l’Apocalypse, ou alors pas trop… se gardent bien de nous dire la vérité. Et je peux également comprendre que ceux qui en sont convaincus ne le disent pas non plus. Seulement à ceux-là, je leur demanderais seulement de disparaître des écrans, et d’aller se tricoter des pulls.
Pourquoi opposer pensée statique et pensée dynamique ? Dans quelle forme de pensée placez-vous les convictions et la lucidité ? La « positive-attitude », le « et en même temps », l’opinion des girouettes… serait-ce ça que vous entendez par « pensée dynamique » ?
Pour en revenir à vos commentaires: nous ne courons pas assez vite vers le nécessaire et véritable changement, et ipso facto la Reine Rouge en vient à reculer à bonne vitesse. Telle qu’est construite notre société, les solutions locales sont certes intéressantes, mais insuffisantes à changer le cap de la mentalité globale, qui reste encore endoctrinée par la satisfaction des envies individuelles, avant même de prendre en compte les besoins collectifs. De cela, les responsables ne sont pas « eux », mais nous aussi. En tant qu’à la fois producteurs ( y compris dans les productions inutiles comme la pub) et consommateurs, nous sommes pris dans une boucle de rétroaction « positive » (au sens de la logique séquentielle uniquement!).
L’essentiel de l’humanité est formé de parents ou futurs parents, il est dommage qu’ils ne prennent pas conscience du fait que c’est d’abord l’avenir commun qui modèlera l’avenir de leur propre enfant.
« Soylent Green is made out of people. »
@ Biosphère
Si je vous comprends bien, nous devrions donc faire comme si nous avions le temps. Autrement dit traîner les pieds, remettre les urgences à demain (c’est ce que nous faisons), continuer donc comme nous faisons… tout en nous faisant croire que Demain sera un autre jour, un jour formidable. Demain sera l’ère de l’écologie libérale et des écolos formidables !
À moins que vous ne cherchiez à nous faire entendre qu’au stade où nous en sommes … nous devrions nous limiter à faire semblant de nous battre. Participer à cette vaste comédie, ne serait-ce que pour se mettre en paix avec notre petite conscience d’écolo. Mais déjà, contre quoi, contre qui, le combat ? Je les trouve un peu timides vos deux modèles quand il s’agit de dénoncer le Système. Mais peu importe, s’il s’agit seulement de faire du cinéma, de lutter et de résister pour de faux, il nous suffit en effet de suivre Nicolas Hulot et Cyril Dion. En plus ça tombe bien, c’est justement ce que nous savons faire de mieux.
De toute façon c’est là un point de vue qui peut parfaitement se défendre. Mais encore faut-il être honnête et le dire clairement. Parce que faire croire aux gogos qu’avec des petits gestes nous pourrions sauver la planète, c’est non seulement leur mentir, mais ça ne fait qu’entretenir cet état d’esprit qui justement empêche tout changement. S’il est trop tard, s’il n’y a plus rien à faire pour éviter le crash (la catastrophe) autant le dire clairement. Après bien sûr il faudra gérer la débandade.
Michel C,
pour rester motivés dans les moments les plus difficiles, nous avons besoin de la volonté inébranlable de voir notre vision se réaliser. Une petite voix intérieure peut nous dire : « Cela ne sert à rien, cela n’arrivera jamais. » C’est la pensée statique qui suppose que la réalité est fixe et rigide, et qu’elle résiste au changement. Avec la pensée dynamique nous considérons la réalité comme un flux dans lequel tout passe continuellement d’un état dans l’autre. Puisque nous ne pouvons jamais savoir avec certitude ce que l’avenir nous réserve, il est plus logique de nous concentrer sur ce que nous aimerions qu’il se passe, et de jouer notre rôle pour rendre cela plus probable.
(extraits de « L’espérance en mouvement » de Joanna Macy et Chris Johnstone ; labor et fides 2018)
Une journée par semaine sans viande, une journée par semaine sans pub, une journée par semaine sans télé, une journée par mois sans bagnole, une semaine par an (pour commencer) sans conso. Tous les temples de la consommation fermés, tous, et en même temps ! On peut toujours rêver. Là oui, nous pourrions dire qu’on nous «impose un style de vie ».
50% de bio dans les cantines scolaires, ça aussi ce serait déjà pas mal. Mais nous verrons ça en 2022. Ou en 2025, ou plutôt aux calendes grecques. C’est comme avec le reste, la sortie du nucléaire, l’interdiction du Glyphosate etc. On promet (pour se faire élire) et très vite les naïfs découvrent comment ceux qui ont promis s’arrangent de leurs promesses. Ce qui est marrant, c’est de voir comment les naïfs oublient vite. La fin du Glyphosate sous 3 ans ? Déjà en février Nicolas Hulot évoquait de possibles … « exceptions ». La bonne blague ! Nous savons pourtant que les promesses n’engagent que les gogos qui les croient. Que les gogos votent pour des menteurs, nous y sommes habitués, mais le plus désolant c’est quand ils collaborent avec eux et qu’ils persistent. Ben oui « Stéphane Travert est ce qu’on fait de plus obtus en matière écologique » et alors à quoi bon discuter avec lui ? Et le premier ministre, et Macron, ils ne sont pas obtus ces deux-là … il est encore possible d’en faire de vrais écolos, peut-être ? Mais à quoi bon persister à bosser et chercher à dégager à tous prix des cons-ensus bidons avec ces libéraux dont nous connaissons parfaitement les objectifs et les stratégies ?
Alors que faut-il faire ? Et là je ne peux que vous décevoir. Si on a oublié que se battre faisait mal… si aujourd’hui le mot « lutte » doit être entendu comme partie de rigolade, de promenade avec musique et flonflons … si on doit absolument rester gentiment dans les clous plantés par les tenants de l’ordre établi, si la vraie résistance doit être à la mode Cyril Dion … alors en effet je ne sais pas ce qu’on peut faire.
Le contexte global, bien résumé par Michel C, est au libéralisme croissanciste, donc l’inverse de ce qu’il faudrait faire pour s’en sortir, à savoir planifier réellement la transition écologique et abandonner le culte du PIB (du pouvoir d’achat). Les actions qui émergent un peu partout, mondialement, même en Chine ou en Inde, sont un signe positif d’un changement culturel. Mais l’accélération de nos problèmes socio-écologiques montrent que nous n’avons pas le temps d’attendre.
« Alors que faut-il faire ? », s’exclame Michel. Et bien faire comme si nous avions le temps, car il n’est pas besoin de gagner pour participer. C’est ce qu’a parfaitement compris Cyril Dion ou Nicolas Hulot. Ils font ce qu’ils peuvent malgré les vents contraires, et personne ne peut leur reprocher l’insuffisance des résultats puisque ce n’est pas de leur faute.