Nous serons des millions, pas une poignée de radicaux

Cyril Dion vient de sortir un livre, « petit manuel de résistance contemporaine ». Voici un aperçu de son point de vue, tourné vers la non-violence et la formation d’un peuple écolo :

Pour moi, le seul moyen de renverser le consumérisme triomphant, le capitalisme prédateur, est de choisir l’option non violente, pour une raison qu’a parfaitement résumée Vandana Shiva : « Nous ne pouvons plus nous permettre de n’être qu’un club, une très bonne armée souterraine, mais qui ne compterait que très peu de membres. Si vous voulez étendre le cercle des personnes engagées, la non-violence est la bonne voie. La plupart des gens n’aspirent ni à la violence ni au chaos. » Or dans une lutte non violente, la seule arme dont vous disposez est le nombre. Nous ne changerons pas la société en étant une poignée de radicaux. Nous devons être des millions à agir pour construire de nouvelles représentations et bouleverser l’imaginaire collectif. C’est à ce prix que les structures politiques changeront.

Nous avons besoin des décrypteurs, des faucheurs d’OGM, des zadistes qui empêchent les espaces naturels d’être détruits, mais également de tous ceux qui proposent des alternatives ou les mettent en lumière. Ce sont ces alternatives que nous sommes beaucoup à tâcher de promouvoir, de susciter et d’articuler en récit. Ce récit propose nouvelle logique de société : la sobriété heureuse. Décroître drastiquement dans nos consommations et notre utilisation de matière, et croître dans nos qualités humaines : l’empathie, la connaissance, l’intelligence, le savoir-être, la capacité à coopérer. L’idée est de tenter de conserver le meilleur de ce que la civilisation nous a permis de développer (la chirurgie, la recherche scientifique, la mobilité, la capacité de communiquer avec l’ensemble de la planète, une certaine sécurité) et de préserver au mieux le monde naturel. En pratique, il s’agirait par exemple de diminuer de 50 à 60 % notre consommation d’énergie, comme l’évoque le scénario NégaWatt, de réduire drastiquement le nombre de véhicules et d’objets que nous utilisons, et de faire en sorte que ces objets (y compris les panneaux solaires) soient construits dans une logique circulaire permettant d’utiliser le minimum de matière extraite des écosystèmes et un maximum de matière déjà en circulation. L’objectif est de trouver la symbiose entre les écosystèmes naturels, les êtres humains et les outils. Un bon équilibre entre les trois permet d’atteindre des résultats passionnants comme ceux de la permaculture appliquée à l’agriculture : la conjonction d’outils manuels, mais très ingénieux, d’une approche scientifique et empirique, et des forces vives de la nature conduit à une productivité importante tout en restaurant des écosystèmes. Pour le moment, il est clair que nous n’y sommes pas. Pour cela, nous aurons besoin de tout le monde. Et nous avons besoin de partir de l’endroit où se trouvent les gens. Pas de leur demander de faire un saut impossible et radical dans le vide.

La quasi-totalité des activités humaines a un impact sur la biosphère. La véritable question est : devons-nous minimiser au maximum l’impact de ces activités ou devons-nous les arrêter ? Si nous ne pouvons pas produire de l’énergie sans détruire, devons-nous continuer à le faire ? Devons-nous continuer à vivre avec de l’électricité ? Avec des moyens de locomotion nécessitant des infrastructures telles que des routes ou des rails ? Continuer à vivre dans des villes ? Les partisans de la Deep Green Resistance (DGR) ne le pensent pas. Ils posent même une question plus fondamentale : l’être humain a-t-il une place particulière dans l’écosystème Terre ou devrait-il être une espèce parmi d’autres, ni plus ni moins importante ? Dans le mythe de la suprématie des êtres humains, Derrick Jensen, l’un des penseurs du mouvement, répond par la négative. L’humain est un animal parmi d’autres. Sans doute le plus invasif et le plus destructeur de la planète. Et à partir du moment où il entreprend de construire des cités, des routes, il colonise un espace dévolu aux autres espèces. Or, la maîtrise de l’électricité et des énergies fossiles a surmultiplié sa capacité à détruire et à envahir. Tout cela doit donc cesser et vite.

Mais nous ne changerons pas la société en étant une poignée de radicaux. L’effondrement qui vient va balayer notre système industriel et capitaliste. Ainsi la planète pourra reprendre vie. Mais laisser se produire cet effondrement signifie la mort de centaines de millions de gens, de milliards peut-être. Ce ne seront ni les plus riches, ni les premiers responsables de la situation. Ce seront les plus fragiles. Comment prétendre avoir de l’empathie pour les plantes et les animaux et accepter cela ? Personnellement, je ne peux m’y résoudre. Ce qui nous laisse donc, comme très souvent, avec l’option du moindre mal. Celle qui nous permettrait de sauver un maximum d’êtres vivants de toutes espèces.

Texte complet

https://reporterre.net/Pour-changer-la-societe-nous-devons-etre-des-millions-pas-une-poignee-de

8 réflexions sur “Nous serons des millions, pas une poignée de radicaux”

  1. Au lieu de croire en une pensée dynamique, crotte de bique, biosphère!
    pourquoi ne liriez-vous-pas juste chez Dion… juste… ses propres commentaires,
    Là dans le syndrome de l’autruche il dit qu’il n’est pas lui-même écolo,
    Ici dans la matinale de RCF que ses actions ne marchent pas, ce n’est donc pas beau.
    C’est insensé, ce type vous le dit lui-même, que sa pensée n’est que placebo,
    mais vous, vous voyez pensée dynamique et non pas simplement son fiasco.
    Ne pensez pas dynamique et écologique,
    pensez d’abord réalité et simple logique,
    quand quelqu’un dit, je ne suis pas écolo,
    cela veut dire, croyez-le, qu’il n’est pas écolo.
    Même si votre ciel et vos étoiles doivent vous tomber sur la tête,
    Travailler avec la vérité et non l’éthérée est bien plus honnête,
    C’est la base pour discuter, avancer, trouver le chemin.
    Se faire un film, ne sert à rien, même le demain.

  2. Cyril,
    Va raconter ça sous les ors de l’Élysée, chez notre m’as-tu-vu méritocrate en chef, puis lis Thorstein Veblen, et fais le lien.

  3. Céline Dion

    Putain, les actions émergent même en Inde,
    Madame, messieurs, si ça c’est pas dingue!
    L’Inde, incroyable! Vous rendez-vous compte, quoi?!
    ce pays qui n’est même pas français ni n’a notre foi!
    Comment pourraient-ils pour faire bien sans être occidental?
    C’est vrai merde quoi, rien que leur nationalité devrait leur être fatale!
    Nous on est français, même si on mange une planète en 5 mois, fastoche,
    On est bien supérieur à eux car on tue avec panache, nous les mouches du coche,
    Et quiconque pensent qu’on n’est pas bon,
    on leur dit, on est blanc comme Cyril Dion,
    on leur enfonce bien dans le fion,
    Avec Biosphere comme caution.

    Morale de l’histoire:
    Ferme ton blog Biosphère, ainsi tu serais sincère

    1. Céline, pour rester motivés dans les moments les plus difficiles, nous avons besoin de la volonté inébranlable de voir notre vision se réaliser. Une petite voix intérieure peut nous dire : « Cela ne sert à rien, cela n’arrivera jamais. » C’est la pensée statique qui suppose que la réalité est fixe et rigide, et qu’elle résiste au changement. Avec la pensée dynamique nous considérons la réalité comme un flux dans lequel tout passe continuellement d’un état dans l’autre. Puisque nous ne pouvons jamais savoir avec certitude ce que l’avenir nous réserve, il est plus logique de nous concentrer sur ce que nous aimerions qu’il se passe, et de jouer notre rôle pour rendre cela plus probable.
      (extraits de « L’espérance en mouvement » de Joanna Macy et Chris Johnstone ; labor et fides 2018)

  4. Cyril Dion est un imposteur,
    la crise écologique son beurre,
    Il propose de consommer son livre,
    qui de la consommation délivre?
    Il avoue même lui-même qu’il n’est pas écolo (dans le syndrome de l’autruche)
    Cela fait du bien de rire en rime de ce gigolo (qui franchement est une cruche)

    Morale de l’histoire:
    Si lui aide la planète, moi je suis un poète.

    1. @ Céline Dion, la sœur de Cyril
      Le contexte global est au libéralisme croissanciste, donc l’inverse de ce qu’il faudrait faire pour s’en sortir, à savoir planifier réellement la transition écologique et abandonner le culte du PIB (du pouvoir d’achat). Les actions qui émergent un peu partout, mondialement, même en Chine ou en Inde, sont un signe positif d’un changement culturel. Mais l’accélération de nos problèmes socio-écologiques montrent que nous n’avons pas le temps d’attendre.
      Alors que faut-il faire ? Et bien faire comme si nous avions le temps, car il n’est pas besoin de gagner pour participer. C’est ce qu’a parfaitement compris Cyril Dion ou Nicolas Hulot. Ils font ce qu’ils peuvent malgré les vents contraires, et personne ne peut leur reprocher l’insuffisance des résultats puisque ce n’est pas de leur faute…

    2. Dans sa préface du livre de George Marshall « le syndrome de l’autruche », Cyril Dion affirme :
      « De mon côté, ai-je adopté un mode de vie en rupture totale avec le consumérisme ? Je ne peux pas vraiment répondre par l’affirmative, même si je suis végétarien, que je composte, que je prends majoritairement mon vélo… la réalité est qu’avec un certain nombre d’aménagements, je continue à participer à cette société qui nous conduit à la catastrophe. Or j’ai la particularité d’être un militant écologiste ! Imaginez donc le reste de la population… ».
      Il serait donc faux de mentionner cette préface pour faire croire que Cyril Dion aurait dit qu’il n’était pas écolo !

  5. Cyril Dion vient de sortir un livre, alors il nous en fait la promo. Rien de nouveau sous le soleil.
    Dans l’article d’hier, qui nous expliquait ce qui avait changé depuis 1968 (Toujours Plus), on aurait pu y rajouter l’explosion du nombre de bouquins. Les Français auraient ainsi acheté pas moins de 356 millions de livres en 2017. Déjà, la quantité ne fait pas la qualité.
    Faut-il acheter le bouquin de Cyril Dion ? That’s the question. De mon côté ma modeste bibliothèque déborde, et mon petit grenier est plein. J’ai largement de quoi lire et relire jusqu’à la fin de mes jours. Quand les temps seront difficiles j’ai de quoi me chauffer, ne serait-ce qu’avec les journaux « La décroissance » que je garde depuis des années. Me chauffer, et plus. D’autant plus que ce papier décape, radicalement.
    Puisque je fais un peu de pub pour ce journal, dans le n°148 (mars 2018) et dans la rubrique « lectures », Vincent Cheynet nous présente un bouquin qui vient de sortir, intitulé « En as-tu vraiment besoin ? » Avec le style qu’on lui connait VC conclue ainsi : « Et toi en as-tu vraiment besoin de ce livre ? Pas vraiment. »

    Cyril Dion est l’auteur et le co-réalisateur du film «Demain» sorti en 2015 et qui dit-on a fait un tabac. Le journal La décroissance en a évidemment parlé, notamment dans un article de Pierre Thiesset (n°125-mars 2016) titré «Demain» ou le nouvel âge de l’écologie libérale » , et qui commence ainsi : «Depuis le cuirassé Potemkine, aucun film n’avait bénéficié d’une telle promotion d’état.» Et évidemment, à son tour le journal La décroissance a essuyé les critiques. Faut pas dire du mal de «Demain», ni de Cyril Dion !
    160 pages, 15€ tout de même. Avec ce que je peux lire ci et là je devine déjà ce que ce «Petit manuel de résistance contemporaine» pourrait m’apporter de plus. Rien du tout. Fin 2010 j’avais moi aussi (hi han !) acheté ce petit bouquin dont on nous rabattait tant les oreilles (d’ânes), « indignez-vous ! » Celui-là ne coûtait que 3€. Certes il ne faisait que 28 pages, mais ça ne fait rien, j’aurais mieux fait de m’acheter une douzaine d’œufs. Bio off course !

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