Quelle est la place de l’écologie dans la bipolarisation de la vie politique française ? Pour Eric Loiselet, membre fondateur du pôle écologique du PS, animateur de la motion B (pour un parti socialiste résolument écologiste) lors du Congrès de novembre 2008, adjoint national auprès de la secrétaire à l’environnement Laurence Rossignol, les choses étaient claires : l’urgence écologique devait être prise en compte par le PS. Mais la motion B n’a eu aucun succès lors du vote des militants, et la commission nationale à l’environnement a depuis lors un encéphalogramme plat. Loiselet s’est donc envolé vers Europe Ecologie, on pourrait le comprendre. Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement, récupérée par le Modem pour les présidentielles, juge maintenant que « nous pouvons construire une maison commune des écologistes, des démocrates et des humanistes ». Faisant fi des accusations de « déloyauté » lancées par François Bayrou (LeMonde du 10 mars), il s’agirait de mettre fin à la bipolarisation de la scène politique. Mais le positionnement de chacun pour les régionales n’est qu’un épiphénomène ; les transfuges ne placent pas la bipolarisation là où elle se trouve.
Sans doute le clivage qui marque depuis la Révolution française la séparation entre une droite conservatrice et cléricale et une gauche républicaine et progressiste est-il obsolète. Sans doute l’opposition entre la droite et la gauche est-elle en décalage croissant avec l’urgence écologique. Mais faut-il rappeler que les représentants du capitalisme comme ceux du socialisme ont toujours manifesté une foi inébranlable dans les vertus d’un progrès menant l’humanité vers le bien être matériel et la paix entre les hommes. Cette croyance au progrès, marqué pourtant par des totalitarismes et des massacres, entre dans une crise idéologique majeure. Les repères se brouillent, la droite a même confisqué à la gauche le monopole du progressisme et de l’engagement écologique. Car l’écologie est transversale, elle ne peut être revendiquée par aucun parti. Un troisième pôle politique, représenté principalement par les Verts (Europe-Ecologie), peut sans doute faire réfléchir l’électorat et accélérer une prise en compte de l’urgence écologique. Mais la distinction essentielle ne se trouve plus dans une appartenance à la droite, la gauche ou une alternative, elle se trouve à l’intérieur de chaque parti, à l’intérieur de chaque militant, à l’intérieur de chaque citoyen : il y a notre part « moderniste » qui revendique un système économique sans limites, et notre réflexion profonde qui commence à savoir que nous avons déjà franchi les limites de la biosphère et qu’il faut changer de chemin…, pas de parti !
Du mal à croire quand même à l’écologie de « droite ». Certes, une prise de conscience écologique étant devenue actuellement inévitable, tous s’en revendiqueront. Il n’en demeure pas moins que le libéralisme, de part sa nature, en fera le moins possible sur ce plan, l’écologie ne payant pas à court terme. Quand j’entends parler d’écologie de droite je rigole autant que lorsqu’on me dit qu’on va moraliser le capitalisme. Ah les doux oxymores !
Le marxisme, malgré ce qu’on lui reproche, ne s’est jamais leurré quant à lui sur le distinguo essentiel entre valeur d’échange et valeur d’usage et son but ultime a toujours été d’en finir avec l’exploitation de l’homme par l’homme. A l’inverse on peut reprocher à l’écologie dans son ensemble de n’avoir jamais élaboré un projet politique clair. Elle est longtemps restée comme en marge de la politique et n’a su, ou plutôt voulu, de ce fait définir clairement un modèle social et économique précis permettant de mettre en adéquation des contraintes écologiques et économiques. C’est ce qui lui fait défaut, un peu comme si l’écologie refusait d’entrer franchement sur le terrain politique, préférant un flou artistique; ce qui l’amène naturellement à flotter de droite à gauche en se gardant de prendre position. C’est ainsi qu’elle n’a jamais pu occuper une place de leadership et qu’elle sert de fleur ornementale à chaque parti. Chacun se revendique à sa façon de l’écologie, c’est un petit plus qui draine toujours de l’électorat et qui ne mange pas de pain. A mon sens les mouvements écologiques prendront sens si et seulement si ils parviennent à définir un projet sociétal concret et complet, un réel projet économique alternatif. Il ne suffit pas de dire ce qu’il faudrait faire ou pas mais comment on y parvient.
Du mal à croire quand même à l’écologie de « droite ». Certes, une prise de conscience écologique étant devenue actuellement inévitable, tous s’en revendiqueront. Il n’en demeure pas moins que le libéralisme, de part sa nature, en fera le moins possible sur ce plan, l’écologie ne payant pas à court terme. Quand j’entends parler d’écologie de droite je rigole autant que lorsqu’on me dit qu’on va moraliser le capitalisme. Ah les doux oxymores !
Le marxisme, malgré ce qu’on lui reproche, ne s’est jamais leurré quant à lui sur le distinguo essentiel entre valeur d’échange et valeur d’usage et son but ultime a toujours été d’en finir avec l’exploitation de l’homme par l’homme. A l’inverse on peut reprocher à l’écologie dans son ensemble de n’avoir jamais élaboré un projet politique clair. Elle est longtemps restée comme en marge de la politique et n’a su, ou plutôt voulu, de ce fait définir clairement un modèle social et économique précis permettant de mettre en adéquation des contraintes écologiques et économiques. C’est ce qui lui fait défaut, un peu comme si l’écologie refusait d’entrer franchement sur le terrain politique, préférant un flou artistique; ce qui l’amène naturellement à flotter de droite à gauche en se gardant de prendre position. C’est ainsi qu’elle n’a jamais pu occuper une place de leadership et qu’elle sert de fleur ornementale à chaque parti. Chacun se revendique à sa façon de l’écologie, c’est un petit plus qui draine toujours de l’électorat et qui ne mange pas de pain. A mon sens les mouvements écologiques prendront sens si et seulement si ils parviennent à définir un projet sociétal concret et complet, un réel projet économique alternatif. Il ne suffit pas de dire ce qu’il faudrait faire ou pas mais comment on y parvient.
On peut d’ailleurs regretter que durant toutes ces années perdues, au lieu de se laisser piéger par l’illusion politique, il n’y ait eu, au sein du mouvement écolo, aucune initiative pour créer une université alternative destinée à former les esprits à la contestation du concept de développement.
On peut d’ailleurs regretter que durant toutes ces années perdues, au lieu de se laisser piéger par l’illusion politique, il n’y ait eu, au sein du mouvement écolo, aucune initiative pour créer une université alternative destinée à former les esprits à la contestation du concept de développement.