les transfuges des régionales

Les élections régionales donnent l’occasion d’une recomposition politique. Eric Loiselet, socialiste premier fédéral de Haute Marne, est devenu tête de liste d’Europe Ecologie en Champagne-Ardenne. Stéphane Gatignon, maire communiste de Sevran, est devenu tête de liste en Seine-Saint Denis. Est-ce le signal d’une vague écolo en France ? Nous pourrions d’abord dire que c’est le signe de la décomposition de nos élites qui vont toujours là où le vent souffle. Autrefois il s’agissait de rester dans le même parti qui servait de tremplin électoral. Aujourd’hui, en ces temps incertains, on change de parti comme de chemise. Cela correspond aussi au fait qu’Europe Ecologie n’était pas très regardant sur la force des conversions écolo de son affichage : « Ce mouvement est aveuglé par la peopolisation et la recherche de starisation pour leurs listes » (Alain Bucherie).

On peut d’ailleurs dire du socialiste Loiselet qu’il véhicule un écologisme mou : « Loin d’être des partisans de la décroissance, du retour à la bougie et de la dépopulation, les Verts veulent retrouver le chemin du développement économique et de la dynamique démographique » (AFP, 1er février 2010). On peut dire du communiste Gatignon qu’il a encore du mal à parler d’écologie, car sa vraie nature, c’est d’être communiste. Et un bon communiste est toujours imprégné du productivisme marxiste (c’est le même que le productivisme social-libéral).

Comme l’exprime Simon Charbonneau, un vrai écologiste sait distinguer la décroissance subie de la décroissance choisie. En ce qui concerne la première catégorie, il faut rappeler que la croissance de nos biens matériels produits par l’industrie entraîne la décroissance de nos biens matériels naturels. Il s’agit d’une logique imparable qui explique l’appauvrissement de la biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles, l’uniformisation de nos paysages. Une décroissance choisie implique au contraire une remise en question complète de la performance technologique et économique et de l’accentuation de la mobilité des hommes et des marchandises. De telles perspectives impliquent une réflexion politique totalement nouvelle que ne peuvent porter pour le moment ni Loiselet, ni Gatignon.

Source documentaire :

Loiselet : Mensuel La  décroissance (mars 2010), Europe Ecologie ou le triomphe de la société du spectacle

Gatignon : Quotidien LeMonde  (9 mars 2010), Du rouge au vert