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Les tomates sont au cœur de bien des controverses, par exemple bio ou pas bio ? Depuis le 11 juillet 2019, le Comité national de l’agriculture biologique a autorisé le fait que des tomates élevées sous serre chauffée bénéficient du label bio. Si nous avions le respect des cultures non industrielles, les tomates ne seraient accessibles sur les marchés que de juin à octobre. Biosphere-Info vous offre en ce mois de tomates mûres à point un éventail des différents aspects de l’écologie de la tomate, ce qui concerne aussi bien l’agriculture que l’alimentation, l’économie, la technique… Voici quelques extraits de notre blog biosphere :
AGRICULTURE
Cuba, un modèle que la France suivra un jour ou l’autre
En perdant le soutien de l’Union Soviétique, l’économie de Cuba est entrée en crise car la structure productive agro-industrielle, fondée sur la monoculture de la canne à sucre, s’est décomposée. Puis quelque chose à changé : à la place des cultures de canne à sucre sont nés des milliers de petits potagers sur lesquels sont cultivés des fruits et des légumes. De 50 000 couples de bœufs présents à Cuba en 1990, on est passé à 400 000 en 2000. Les Cubains sont passés des tracteurs aux couples de bœufs, des mécaniciens aux artisans du cuir, des joints à cardan aux harnais, des engrais chimiques au fumier, des boîtes de conserve au coulis de tomate.
L’autoproduction, une voie vers la décroissance ?
L’autosuffisance individuelle est quasiment inatteignable : seul, vous êtes vite confronté à vos limites. Vous pouvez éventuellement faire un petit potager, mais pas davantage. La coopération entre individus est nécessaire, essentielle. C’est pourquoi l’autoproduction c’est aussi un réseau de liens. C’est d’ailleurs une des motivations de ceux qui s’investissent dans les jardins potagers. Quand on a beaucoup de tomates, on en donne aux voisins, à la famille. On troque avec d’autres jardiniers. L’autoproduction c’est aussi une voie vers la décroissance. Elle va avec une forme de sobriété.
Nos vœux pour 2018, une Grande Métamorphose écolo
Les habitants des villes se demandent ce qu’ils vont manger, ils commencent à s’organiser. Les jardins partagés se multiplient au milieu des HLM, les tomates poussent sur les balcons. Les pelouses deviennent des potagers, les jardins d’ornement font place à des arbres fruitiers. Le compost d’appartement devient une obligation consentie. Il y a de moins en moins d’employés et de cadres, moins d’emplois surnuméraires. Mais les artisans, petits commerçants, et paysans se multiplient dans tous les domaines…
Des tomates sur son balcon, une nécessité pour tous
A la fin du XIXe siècle, la petite maison familiale avec jardin potager semblait la forme idoine de l’urbanisme résidentiel. Aujourd’hui les Chinois sont « à la recherche de graines et d’outils permettant de transformer leur balcon en potager. » Le gouvernement est favorable au développement de ces potagers d’appartement…
Paul Bedel, Testament d’un paysan en voie de disparition
Si tu tues les taupes, les vermines vont pulluler, tu auras beau les « sous-soler », elles remonteront. Tu peux tout tuer, y aura du reste, du rabiot. Les petits, ça grossit plus vite que les gros ! C’est au-delà de l’intelligence humaine comment on cultive la terre actuellement. Les tomates sur la laine de roche et j’en passe… Les hommes veulent dompter la nature, les bêtes y vivent, et bientôt la culbute !
ALIMENTATION
Malbouffe, le dico (les dossiers du Canard enchaîné)
« Il n’y a pas d’intérêt à produire des tomates de qualité si on n’est pas dans un circuit court, car la qualité est antagoniste du rendement » (Mathilde Causse, unité « génétique et amélioration des fruits et légumes » à l’INRA)…
Végan, l’art de l’ersatz et de la confusion des valeurs
On peut fabriquer du fromage avec de l’eau, du tofu, de l’huile de soja, de l’huile de noix de coco non hydrogénée, des flocons ou de l’amidon de pomme de terre, du jus de tomate, du riz brun fermenté, de la farine de caroube, de la gomme arabique, du vinaigre de pomme – tous garantis bio et avec les additifs, conservateurs, stabilisants, arômes et colorants « naturels » de rigueur…
Au printemps 2006 en France, la publicité pour une coopérative de fruits et légumes proposait « des fruits et de légume BIO en toutes saisons. » Les tomates étaient disponibles d’octobre à juin, les tomates cerise toute l’année et les poivrons de décembre à mai. Bien entendu la gamme proposée était composée d’une grande variété de produits non cultivés en France. Peut-on se féliciter de l’aide apportée par la France à des villages africains en leur achetant des mini-haricots verts exportés tout frais par avion ?
Pourtant Yannick Jadot mange des tomates en hiver !
Les réponses de Yannick Jadot, seul candidat déclaré au nom de l’écologie pour la présidentielle 2017, au « Portrait chinois » de Raphaëlle Besse-Desmoulières :
Vous êtes un geste pas écolo… « Je suis accro aux tomates, même l’hiver ! »
ECONOMIE
Morceaux choisis de Terre-Mère, homicide volontaire de Pierre Rabhi : Un camion de tomates a quitté la Hollande pour l’Espagne. Dans le même temps, un camion de tomates quittait l’Espagne pour la Hollande. Ils se sont percutés à mi-chemin, dans la vallée du Rhône. On est, loi du marché oblige, en pleine chorégraphie de l’absurde.
Comme René Dumont, Lester Brown porte sur le monde une démarche d’agronome, avec la même question fondamentale : Qu’est-ce qu’on va manger demain ? En 1948, Lester n’a que 14 ans quand il se lance dans la culture des tomates. En 1957, quand Lester décide de passer à autre chose, sa récolte de tomates est de 700 tonnes ! Rattaché au ministère de l’agriculture, Lester étudie fin 1962 l’Asie en montrant qu’on ne peut faire abstraction de ses relations avec le reste du monde : toute vision juste est obligatoirement globale. Le résultat, un rapport qui montre qu’on va vers une crise alimentaire mondiale.
La division internationale du travail (le libre-échange) repose sur des hypothèses fantaisistes qui font qu’il serait préférable que le Portugal se spécialise dans la production de vin et l’Angleterre de drap, « là où son avantage comparatif est le meilleur ». L’échange international reposerait donc sur le déplacement lointain de marchandises différentes. Cela fait longtemps que cette fable n’a plus court, des automobilistes français préfèrent les voitures allemandes et réciproquement. J’adore aussi cette remarque de Pierre Rabhi : « Un camion de tomates a quitté la Hollande pour l’Espagne. Dans le même temps, un camion de tomates quittait l’Espagne pour la Hollande. Ils se sont percutés à mi-chemin, dans la vallée du Rhône. On est, loi du marché oblige, en pleine chorégraphie de l’absurde. » Tant que cette DIT ne profitait qu’à l’ensemble des pays riches, on persévérait dans la logique de l’absurde. Mais la donne a changé.
Une taxe carbone, passage obligé vers une société sobre
En renchérissant le prix de l’énergie fossile, on privilégie la responsabilisation de chaque producteur et de chaque consommateur, afin qu’il programme ses activités en évitant les surcoûts énergétiques. Des habitudes considérées comme « normales » (circuler en voiture à sa guise, brancher la climatisation, manger des tomates toute l’année…) devront évoluer dans le sens d’un civisme écologique. Or le principal déterminant de la consommation d’énergie, c’est le prix ou, plus exactement, la fraction de pouvoir d’achat qu’il est nécessaire de consacrer à l’énergie.
La démondialisation contre le quotidien Le Monde
Après avoir donné la parole aux contempteurs de la démondialisation, Zaki Laïdi le 30 juin et Pascal Lamy le 1er juillet, l’éditorial du Monde (2 juillet 2011) abonde dans leur sens en reprenant le même argumentaire : « Aujourd’hui les frontières entre le commerce international et le commerce domestique s’effacent puisque les chaînes de production sont globalisées. » La notion même d’importation et d’exportation perdrait ainsi de son sens traditionnel. Il n’y a donc rien à faire. Comme s’il était normal qu’une chaîne de fabrication de voiture soit bloquée parce qu’elle ne reçoit plus des composants d’un pays lointain comme le Japon. Comme s’il était normal d’échanger des voitures, des tomates et des vêtements entre pays parfois éloignés de milliers de kilomètres. Le faible coût actuel de l’énergie a bien tourné la tête de nos penseurs médiatiques.
TECHNIQUES
Le Monde annonce la couleur dès le titre : « OGM : la hausse des rendements contestée ». Après vingt ans de recherches et treize ans de commercialisation du soja et du maïs transgéniques, les fermiers américains qui ont recours à ces semences n’ont guère récolté davantage à l’acre ! Cette conclusion d’un rapport récent du MIT était déjà annoncé en 2006 par le ministère américain de l’agriculture qui ne constatait pas d’améliorations significatives des rendements. Quelques précisions complémentaires :
Alors que la tomate « flavour savor » est en 1994 le premier organisme génétiquement modifié, les variétés de soja représentaient déjà cinq ans plus tard 55 % des surfaces cultivées aux USA et celles de maïs 35 %
Nikola Tesla (1856 – 1943) démontre l’existence et l’importance des ondes électromagnétiques. Il découvre le principe du radar, définit les bases des machines télécommandées mais, à force de manipuler les ondes, il finit par s’empoisonner. Le prolifique inventeur devient hyper sensible à toute stimulation sensorielle, le bruit lui est intolérable, la moindre vibration est une torture. Nicola Tesla est le premier à publier des travaux sur la toxicité de ces ondes. En mars 2007, des chercheurs de l’université de Clermont Ferrand démontrent que des tomates, exposée à des valeurs de champs inférieurs à 5 volts par mètre (la norme actuelle des antennes relais est de 41 V/m en France contre 0,6 V/m en Autriche et 0,5 V/m en Toscane) subissent des effets biochimiques comparables à ceux que l’on observe à la suite d’un choc ou d’une blessure.
LM, quotidien de merde ou quotidien de référence ?
LE MONDE devient un composite de Paris Match, l’Equipe et la presse de caniveau. Rien à dire de sérieux sur l’état de la planète, on consacre une demi-page à un ponton flottant japonais échoué sur la côte américaine suite au tsunami… Il faut donc lire « M le magazine du MONDE » pour trouver, au milieu d’une série d’articles mode/beauté/design, une tentative d’article de fond sur le goût perdu de la tomate : sept pages, mais trois comportant uniquement une photo. Quant au contenu, inutile de chercher une attaque en règle contre les semenciers. C’est seulement la faute à la consommation de masse si on propose des tomates hybrides (qui ne se replantent pas) dont on a volé le goût. Et l’article de conclure que l’histoire du « vrai goût » n’est que de l’ordre du fantasme.
CONCLUSION : croissance zéro et début de la sagesse
Pour adhérer au mouvement pour la décroissance heureuse, il suffit :
– d’autoproduire le yaourt ou n’importe quel autre bien primaire : le coulis de tomate, la confiture, le pain, les tartes, l’énergie thermique ou électrique, des objets ou des outils ;
– d’offrir gratuitement des services à la personne qui se font en général contre paiement : assistance aux enfants dans les premières années, aux personnes âgées, aux mourants. »
Henri : A ma connaissance, le label bio n’est accordé aux tomates sous serres qu’en dehors de la saison hivernale ou du début de printemps.
Réponse : Les serres bio chaufferont tout l’hiver. Le comité national de l’agriculture biologique a autorisé l’utilisation du chauffage des serres en agriculture bio. Toutefois, la commercialisation des fruits et légumes français produits dans ces conditions sera interdite entre le 21 décembre et le 30 avril, indique-t-on au ministère de l’Agriculture. Mais pour vendre début mai, il faut chauffer les trois mois précédents. Au moment où il fait encore froid !
Fabuleux, je vais diffuser. Remarquable panorama de tous les trucs rhétoriques, du parano bobo au jésuite XXL, pour recréer un péché originel de l’homo faber depuis la maîtrise du feu. j-marie bouquery
La tomate est un très bon exemple pour illustrer notre démesure, dans tous les domaines.
Vu du ciel on pourrait croire qu’il a neigé du côté d’Alméria, au sud de l’Espagne. Comme quoi, même en prenant de la hauteur (avec Google Map) on peut aussi se tromper. Comme quoi il faut aussi savoir rester les pieds sur terre. En attendant… mon dieu que de plastique! Des milliers et de milliers d’hectares de serres, en plein désert! Et tout ça pourquoi? Pour pouvoir manger des tomates toute l’année, et surtout en hiver, tout simplement!
– Des tomates en hiver !? … Mais l’hiver n’est pas la saison des tomates (ni des fraises d’ailleurs) . Pourquoi donc vouloir manger des tomates en hiver? Pourquoi ne pas manger des légumes de saison. Les choux, à la mode de chez nous, c’est bon, non?
– Non, les tomates c’est meilleur! De toute manière elles sont sur les étals des supermarchés toute l’année, pas chères en plus, il serait débile de se priver de tomates quand on aime les tomates, même si elles n’ont goût à rien, les goûts et les couleurs on ne discute pas! Et puis je mange des tomates en hiver parce que je le veau bien, na!
– Justement, pourquoi y sont-elles, sur les étals, en hiver ?
– Parce que les cons-ommateurs veulent manger des tomates en hiver, tout simplement !
Retour à la case départ, nous voilà bien avancés.
Le con-sommateur veut manger des tomates et des fraises en hiver exactement de la même manière qu’il veut désormais aller au soleil en hiver, parce qu’il a « besoin » d’aller se reposer, se « ressourcer » ou « s’éveiller » une semaine à l’autre bout de la planète, parce qu’il le veau bien etc. etc. Exactement de la même manière qu’il a désormais « besoin » d’une plus grosse bagnole, d’un écran supplémentaire, d’un jacuzzi, d’une piscine etc. etc. etc. Donc encore une fois, hi han hi han et retour à la case départ.