Sylvie Brunel, la Claude Allègre du climat

Claude Allègre a trouvé un bon successeur à ses élucubrations, Sylvie Brunel. Elle fait encore plus fort, elle nie tout, la surpopulation, les méfaits du réchauffement climatique, l’extinction des esces, les impasses technologiques, l’abêtissement de la populationIllustration de son anti-écologisme primaire: « Une planète bientôt invivable nous est prédite. Certains en viennent à détester l’humanité, au point de voir en chaque bébé une mauvaise nouvelle. Il y aurait les bons, ceux qui vivent conformément au respect de la planète, et les mauvais, qu’il faudrait excommunier, voire éliminer. La haine se déchaîne. La géographie au contraire nous invite à traiter les grandes questions de notre époque avec mesure. Nous ne sommes pas « trop nombreux ». Le surpeuplement est une notion relative, une agriculture intelligente nourrit bien plus d’êtres humains à l’hectare sans abîmer les écosystèmes que la chasse, la cueillette ou l’essartage. Mieux vaut aider l’Africain pauvre à se développer que financer des milices armées pour protéger les éléphants et les tigres. Plus le niveau de vie d’un pays s’élève, plus il se préoccupe de son environnement et plus il a les moyens de le réparer. La ressource est inépuisable car elle dépend de l’ingéniosité humaine, la capacité de réparation et d’adaptation est inépuisable… à condition d’avoir reçu l’éducation nécessaire. Non, nous ne courons pas à la catastrophe : certes les atteintes à la planète sont importantes mais nous avons désormais les moyens de la réparer. Il n’est aucune irréversibilité. La vision d’une trajectoire d’érosion de la biodiversité globale repose sur une méconnaissance de l’état réel de l’ensemble de la faune et de la flore mondiale. Dans ce milieu profondément anthropisé qu’est la ville, une nouvelle biodiversité est en train de naître. Au lieu de nous demander sans cesse quelle planète nous allons laisser à nos enfants, il faut léguer des enfants intelligents à la planète. »* Quelques commentaires bien sentis sur lemonde.fr :

Scoubi Dou : Ça fait honneur au Monde que de publier un tel article après avoir donné la parole aux marketeux de la peur climatique. Si je ne suis pas compétent pour juger de qui à raison ou tort, je peux au moins me rendre compte que les collapsologues vivent des peurs qu’ils génèrent…

Chardon Marie : Alors maintenant le nouveau truc c’est que c’est mal de tenir un discours qui est ressenti comme catastrophiste ou anxiogène par certains. Bon très bien, dans ce cas ne parlons plus s’il vous plaît des épidémies, du cancer, de la faim, de la violence, des guerres parce que ça fait bobo à mon ptit cœur tout mou. Honnêtement, cette fois je n’ai même pas terminé l’article tellement la désinformation est énorme. Rien n’est irréversible ? Mme Brunel n’a pas entendu parler de l’extinction des espèces animales et végétales, des récoltes qui brûlent sur pied, des vignes qui grillent, des arbres qui se dessèchent ?

ChP : Dormez braves gens, dormez, écoutez la chanson rassurante de Sylvie Brunel. Il n’y a pas de problème puisque tout problème a sa solution, grâce au génie humain. La chanson de S. Brunel n’est pas une bonne nouvelle. Mais c’est celle que la majorité des gens veut entendre.

Jujuke : Pourquoi dès qu’il s’agit de sciences et non plus de faits d’actualités le Monde se permet-il de publier des fake news ? Quel avenir Sylvie Brunel nous propose-t-elle ? Celui d’une terre inhabitable sous la latitude de la France mais où nous serions heureux d’aller ensemencer les prairies arctiques ? Quelle preuve avons-nous de la marge de manœuvre restante au génie humain ?

Julien Garcia : Voici un exemple typique de l’expert qui donne son opinion tout en étant en dehors de son domaine d’expertise. Mme Brunel n’est ni climatologue pour parler du caractère réversible ou non des changements en cours, elle n’est pas non plus biologiste pour pouvoir en prédire les conséquences sur le vivant, et elle se permet au passage de traiter les spécialistes du sujet d’ignorants dont l’opinion serait basée sur des connaissances incomplètes, quand bien même elle n’est absolument pas qualifiée pour détenir une telle vérité. Là est le danger, il est trompeur d’accorder une valeur de connaissance à un tel discours venant de la part d’une personne qui n’a aucune légitimité scientifique sur le sujet…

Marco Prolo : Avez-vous lu le rapport de l’Ipbes? Une espèce éteinte est une espèce éteinte pour de bon. Tout le génie humain n’y pourra rien. L’humilité est le mot qui semble avoir le moins de sens pour Sylvie Brunel.

PHILEMON FROG : Madame Brunel que l’on voyait certains vendredis dans le 28 mn d’Arte défendre l’agriculture intensive et dénigrer la révolution Bio fait ici sciemment l’amalgame entre le catastrophisme qui est un courant tout à fait marginal et le progressisme écologique qui propose mille solutions de développement durable : transition énergétique, mutation alimentaire, modification des comportements (économie, loisirs…), etc. Son combat de croisée anti-écologie, anti-bio, hostile à tout changement de notre rapport au monde, est lui-même un catastrophisme par son négativisme radical et dans sa finalité même.

cf. notre précédent article, Sylvie Brunel, la « Claude Allègre » de l’agriculture (2 mai 2015)

* LE MONDE du 26 juillet 2019, « Le changement climatique n’est pas forcément une mauvaise nouvelle »

3 réflexions sur “Sylvie Brunel, la Claude Allègre du climat”

  1. C’est quand même un phénomène étrange, que celui qui mène des hommes ou des femmes pourtant pas idiots et qui plus est pas tombés de la dernière pluie, à raconter autant d’inepties. Serait-ce l’âge, ou alors la pollution, si ce n’est de vulgaires intérêts … ? Va savoir.

    1. Peut-être que raconter des inepties n’est pas problème pour s’élever dans certains cercles, « réseauter », etc. . Les capacités sociales / mèmétiques priment sur le reste et en particulier l’exactitude des diagnostiques ou la sagesse, du moment où il y a assez de crétins pour reprendre en cœur ce qui se raconte et s’auto-congratuler. Dans ce contexte, la raison ne progresse que très lentement.
      Avec le temps, la caisse de résonance pour ce genre de personnage va quand même en diminuant (Claude Allègre est socialement mort, semble-t-il ?). Mais bien trop lentement, déjà qu’on n’a pas le temps.

      1. –  » Peut-être que raconter des inepties n’est pas problème pour s’élever dans certains cercles, « réseauter », etc.  »

        Oh que non FLORIAN, ça ce n’est pas du tout un problème, bien au contraire. Ce n’est donc pas « peut-être » qu’il faut dire, mais « assurément » !
        Pour s’élever dans certains cercles comme vous dites, dans certains milieux, certaines équipes, certains métiers etc. il est même clairement conseillé de raconter des inepties, des mensonges, des salades, des conneries etc. Bref, vivement conseillé de raconter n’importe quoi.

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