L’évolution des discours pour ces municipales 2020 pose sans doute un problème à EELV, parti spécifiquement écolo. Les élus des années 1990 avaient transformé leur ville en entreprise pour devenir une zone « attractive ». C’était la mode de la politique du développement local, zones industrielles par-ci, grands travaux inutiles par-là. Les politiques d’image visaient à améliorer le positionnement extérieur de la ville, festival de musique par-ci, festival de la bande dessinée par-là… Aujourd’hui c’est le verdissement général. Que dire de spécifique quand tous les candidats se veulent écolos ? Voici l’exemple d’Angoulême, avec un maire sortant de droite. Son programme :
« Pour un espace public de qualité, nous nous engageons à mettre en œuvre un plan pistes cyclables. Nous réaliserons la refonte totale de l’éclairage public pour multiplier nos économies d’énergie, Pour une ville conviviale, nous procéderons à la création de 20 poumons verts. Pour plus de propreté, nos proposons un plan zéro mégot et la tolérance zéro pour l’incivilité sur les déchets ménagers. Pour plus de sécurité… favoriser les patrouilles de policiers municipaux à vélo. Pour une ville qui respire… favoriser l’accès aux transports collectifs en expérimentant la gratuité et en développant des zones à vitesse limitée à 30 km/h. Pour une ville sportive, réalisation d’équipements sportifs de proximité. Nous réaliserons un plan sur 10 ans pour la rénovation énergétique des établissements scolaires avec deux école à énergie positive à la Grand Font. Parce que l’avenir passe par la reconnexion des plus jeunes avec la nature, nous proposons le jardinage à l’école avec aménagement d’espaces nature dans chaque cour d’école ainsi que l’implantation de vergers à proximité de nos écoles. Pour une ville citoyenne, nous proposons la réalisation des Assises de la jeunesse et de la transition écologique. Climat, on s’engage. Écoles, éclairage public, poumons verts et fruitiers, rénovation des bâtiments publics, déploiement des bornes électriques… » (prospectus de 16 pages couleur distribué dans les boîtes aux lettres)
Notons que ce projet municipal émane d’un maire sortant qui se représente aujourd’hui sans étiquette. Pourtant en 2014 le jeune UMP de 34 ans Xavier Bonnefont avait repris en la mairie d’Angoulême conquise par le PS en 2008. Son discours n’est plus partisan : «Appartenir à une écurie politique c’est quelque chose que je comprends ayant été inscrit dans un parti politique pendant quelque temps. Pour autant c’est quelque chose qui ne m’intéresse pas plus que ça… Je rappelle que je suis en dehors de tout parti politique. J’ai ma propre association locale qui s’appelle « Générations Grand Angoulême. » Mais Xavier Bonnefont bénéficiera du soutien d’En Marche qui ne présente pas de candidat en son nom direct… Voici nos articles précédents sur ce blog biosphere :
11 février 2020, Municipalisme, tout le pouvoir au local ?
17 novembre 2019, Municipales, tous écolos ou presque !
27 mars 2014, Bilan des municipales en France, l’introuvable tripartisme
12 mars 2008, municipalisation libérale
Bel exemple de ce que nous pouvons espérer de mieux. Du vert et, en même temps, du business (Business as usual !) Petite ville de province, 42.000 habitants, bien située, Angoulême possède de nombreux atouts économiques, touristiques et culturels. De quoi attirer déjà une certaine clientèle, une certaine catégorie de gens. De quoi attirer aussi les investisseurs. Le business se devant d’être vert (question de mode), les investisseurs pourront par exemple mettre le paquet dans la rénovation énergétique de l’immobilier, faisant ainsi grimper en flèche les valeurs locatives, et dans le Green-Business en général. Cette ville attirera ainsi toujours plus de jeunes cadres dynamiques et de bobos, les autres s’entasseront toujours plus dans les communes périphériques. La communauté d’agglomération d’Angoulême (Grand Angoulême) ne fait que grossir, elle compte plus de 140.000 habitants. Angoulême est un bel exemple de gentrification.
Le maire sortant a la côte, il a toutes les chances d’être réélu, son «sans étiquette» n’est qu’une stratégie électorale, il est et restera un homme politique de droite. Comme quoi on peut être de droite et, en même temps, écologiste. Comme quoi l’écologie est devenue un fourre-tout, pour ne pas dire un foutoir.