Le mot « culture » est polysémique, voici d’abord son sens sociologique : la culture constitue un ensemble complexe englobant les connaissances, les croyances, la morale, les lois et coutumes, tout ce qui est issu d’une socialisation qui permet à un individu de s’insérer dans une société en adoptant son langage. Si nos phrases ont en sens pour autrui, c’est qu’elles s’inscrivent dans un jeu de langage dont les règles sont connues de nos interlocuteurs. Bref, c’est l’appartenance à une même culture qui nous fait parler et vivre notre communauté. Mais dans le sens ordinaire du mot culture, il s’agit de formation de l’esprit où on étudie les œuvres d’art et écoute de la « grande » musique, tout ce qui fait l’esprit cultivé des sociétés bourgeoises. Les activités culturelles de ce type sont en France une priorité, c’est la politique de l’élitisme pour tous. De Malraux aux politiques de la ville, on démocratise l’accès à la culture, on veut atténuer la fracture sociale. Mais la politique de l’offre culturelle n’a pas crée de nouveaux publics, les classe populaires et modestes ne se reconnaissent pas dans cette culture qui reste le reflet des seules activités de la bourgeoisie. Pourtant c’est cette dernière conception que défend Michel Guerrin (Rédacteur en chef au « Monde ») :
« Jusqu’aux municipales 2020 on se souciait peu du programme culturel des écologistes. Mais ils ont pris Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Annecy, Poitiers, Tours… Comme les villes sont le premier financeur de la création, les milieux de l’art s’échauffent. Ils ont plus à perdre qu’à gagner. Les théâtres, musées et opéras, bâtiments imposants souvent plantés au centre-ville, se taillent la part du lion dans un budget culturel municipal. Autour de 80 % si on les met ensemble. Les écologistes estiment que ces institutions attirent surtout les élites et veulent mettre l’accent sur une culture populaire, participative. Autant dire que l’argent pourrait être distribué autrement. Le monde culturel de l’écologiste Eric Piolle, en place à Grenoble depuis 2014, c’est plutôt un modèle à fuir ; l’édile grenoblois a supprimé du jour au lendemain les 438 000 euros de subvention à la formation classique des Musiciens du Louvre, il a fermé la salle de concert Le Ciel, baissé de 100 000 euros la subvention à la prestigieuse Maison de la culture MC2 (à ne pas confondre avec une MJC). Le laboratoire grenoblois explique en grande partie l’extrême méfiance du monde culturel envers les écologistes. Un pays a besoin de théâtres, musées ou Opéras prestigieux… »*
Le choc des deux cultures se retrouve dans les commentaires sur lemonde.fr :
XX : Le Grenoble bashing en action ! Dans les milieux parisiens pas de pitié pour « les tueurs » des musiciens du Louvre ! Mais personne n’est allé voir de près pourquoi ! Un orchestre coûte cher, alors s’il ne remplit pas ses missions envers la mixité d’accès à l’excellence, aucune raison de maintenir un coût aussi élevé dans une ville qui paye encore les dérives financières de Carignon ! La culture subventionnée de ce pays profite aux plus aisés. De gros efforts sont faits certes mais il faut tenter d’autres approches. Alors cessons de considérer comme des crimes de lèse majesté toute alternative!
Souabe : Ancien vert dès la fin des années 70 je considère ce parti avec une incompréhension croissante. La culture n’a jamais été « démocratique, c’est obligatoirement le résultat du travail d’un individu qu’il s’agit d’un peintre, musicien ou autres. Inviter un maximum de gens à y participer et à partager oui, détruire l’opéra et autres lieux de culture c’est du barbarisme.
Nicolas84 : Les citoyens choisissent la culture qui leur convient. Faut-il rappeler que pendant le confinement le manque d’accès à la culture était cité en dernier, bien après les bars et les restaurants ?
Jfb : Vive le rap, le hip-hop, le street-art, etc… Adieu Mozart, Molière, Verdi, etc.
6russe de 5chameaux : Pas sur que le style de vie des rappeurs trouve grâce aux écolos……. Beaucoup trop de CO2 dans la virée en avion/ lambo avec les filles peu farouches et peu vetues. Ce sera danse tantrinque à la MJC avec WE randonnée et nuit dans une chevrerie bio du Vercors.
Marabbeh : Je suis ébahi que 80% des budgets soient consacrés à des lieux culturels qui n’intéressent pratiquement que 20% des habitants d’une ville. Je fais partie des autres, ceux qui n’aiment ni théâtres, ni musées encore moins opéras, et je me réjouis de la démocratisation de la culture.
Un commentateur français @ Marabbeh, Vous que n’aimez ni théâtres, ni musées, ni opéras, mais vous gavez de chips devant des séries Netflix, vous aurez la culture que vous demandez et que vous méritez : des soirées Harry Potter sur la place de l’Hôtel-de-Ville, des lectures de Guillaume Musso sur les quais, des rétrospectives Fort boyard ou Intervilles sur écran géant, des tournois de foot de rue à gogo… Tant pis pour une certaine idée de l’art, qui s’épanouit depuis la Renaissance et a donné tant de chefs-d’œuvre. Je pleure sur la médiocrité de mes contemporains.
Peps72 0 : Tremble culture officielle d’Etat nombriliste et élitiste, ça commence à se voir qu’il existe également une noblesse culturelle privilégiée qui ne représente plus personne. Perso j’aime beaucoup le réflexe idéologique du journaliste qui dans un article de taille moyenne traitant d’un sujet aussi vaste que la culture dans les villes en général descend à un niveau de détail tel qu’il nous signale que le metteur en scène grenoblois intervient dans les prisons… non mais quelle grosse ficelle idéologique (intervenir dans les prisons = faire du social = être quelqu’un de bien = mériter les subventions de la ville = victime de fascisme si on ose diminuer ou ré-allouer les budgets). D’ailleurs le terme « populisme » utilisé par ce metteur en scène en dit plus long sur son arrogance que sur l’édile censé être visé par cette insulte…
Cartesien : Vive la culture locale! On remplace les acteurs, les chanteurs traversant Europe ou la planète en avions par des artistes locaux. Ça favorisera la diversité et évitera l’homogénéisation planétaire de la culture. Meilleur bilan carbone et dépense moindre
Fontaine : Molière, Mozart, Verdi font partie de la culture populaire. Rappelez-vous par exemple qu’en Italie l’opéra a été longtemps un art populaire et que Molière a commencé par le théâtre de tréteau. Une élite se sont appropriés ces auteurs, il faut les rendre à tous maintenant.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
6 septembre 2018, Le show-biz se lance dans la bataille climatique
23 mai 2017, L’écologie ne semble pas inspirer les artistes
* L’expérience de Grenoble explique en grande partie l’extrême méfiance du monde culturel envers les écologistes
Déjà que l’art n’est pas facile à définir… surtout aujourd’hui, où du moment qu’il participe d’une façon ou d’une autre au grand Show n’importe qui peut être qualifié d’artiste… alors bonjour la culture !
Pour mon grand-père c’était tout simplement travailler la terre, labourer, semer etc. Tout un art ! Pour ma grand-mère c’était faire de la bonne la garbure, un art ça aussi. Pour mon père c’était un truc réservé aux citadins et aux fainéants. Pour mon ex patron il n’y en avait qu’une, celle de son entreprise. Pour mes petits enfants la culture est sur le Smartphone, quelque part au milieu des débilités de FacedeBouc et Compagnie.
Culture du maïs, culture gastronomique, d’entreprise, locale, générale, scientifique, littéraire, musicale, classique, contemporaine, pop(ulaire) et Jean Passe. La culture ça veut tout dire et ne rien dire.
Oui avec l’UmPs, animé par Jack Lang, ça fait belles lurettes qu’il ne reste plus grand chose de la culture, d’ailleurs l’UmPs en a fait toute une émission animée par Guillaume Durand Bouillon de culture, c’est clair ce n’est plus qu’un bouillon (ou brouillon ?) Mais l’UmPs kiffe grave la sous-culture pour les masses, l’UmPs préfère diriger des ânes c’est beaucoup plus facile à duper par des programmes mensongers et arnaquer par la fiscalité les électeurs…
A propos de cultures, pourquoi ne penser qu’à celles qui se manifestent entre 4 murs ? (salle de concert, théâtre, cinéma) La culture au 18ème siècle était encore très présente auprès de la nature, beaucoup de cérémonies ou de réunions se faisaient en forêt auprès et sous les arbres. MAIS les républicains ont détruit cette culture française qui défendait la nature, en désignant les individus qui partageaient cette culture comme des païens à éliminer. C’est clair que cette franc-maçonnerie qui prétend à la perfection de l’homme en homme dieu pour substituer tout autre croyance par la leur, par leur vision qu’une élite franc-maçonne éclairée étant ce qu’il y a de mieux pour le peuple; bon tout le monde en connaît le résultat aujourd’hui ! Les français auraient mieux fait de continuer de se rapprocher des druides que des francs-maçons….
« Cartesien : Vive la culture locale! On remplace les acteurs, les chanteurs traversant Europe ou la planète en avions par des artistes locaux. Ça favorisera la diversité et évitera l’homogénéisation planétaire de la culture. Meilleur bilan carbone et dépense moindre »
Oui c’est bien vrai, les artistes (de sous-culture) planétaires sont très polluant lorsqu’on voit tous les déplacements de leur matériel en avion et camion ainsi que de leurs équipes de techniciens, électro-acousticiens, etc qui se déplacent avec eux. Sans compter tous les déplacements de leurs fans à travers le globe. J’appelle ça de la sous-culture parce que bon, on le voit très bien à l’Eurovision, la diversité culturelle est tuée, seules les normes et les formats anglo-saxons sont imposés si un artiste compte récolter des points.
En plus, imposer un modèle unique artistique mondial est grotesque. Beaucoup de gens écoutent de la chanson anglo-saxone présentée sous forme de tube par le matraquage publicitaire, alors que dans les faits, la plupart des gens ne comprennent même pas les chansons, ils ne parviennent pas à les traduire ! Or, la base culturelle implique selon moi à ce que l’on comprenne le message d’une chanson… Mais bon aujourd’hui il n’y a plus vraiment de messages intéressants, mais essentiellement des rythmes dénués de sens, rien de poétique la-dedans…
Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, ne sait dire qu’une chose, des sous (pour satisfaire mon ego). Citations : « Si nous demandons aux pouvoirs publics d’intervenir c’est en premier lieu pour défendre le service public de la culture. Sans culture (subventionnée), la liberté devient un asservissement aux valeurs marchandes. Sans culture, la politique est le chemin le plus court vers les populismes… »
Si j’ai bien compris, il veut fonctionnariser les artistes. Après le ministère des Lettres, il y a eu historiquement la Fédération des artistes (1871) puis celui des Beaux Arts puis celui de la Culture puis celui de la Culture & de l’éducation nationale), puis celui de la Culture et de la Communication et bientôt ce sera selon Py celui de la Communication gouvernementale.
La culture c’est autre chose que les « petits » danseurs fonctionnaires retraités à 42 ans de l’opéra de Paris.…vive la culture vivante !!!
Sur la culture j’aimerais mettre en avant la façon dont la science est laissée de côté par beaucoup de défenseurs de cet ensemble, qui ne considèrent comme culturel que les spectacles.
Ça fait des années que je participe à la diffusion de l’astronomie et ce n’est pas facile. Les enseignants ne connaissent quasiment rien, on entend des bêtises énormes, l’astrologie bénéficie dans les journaux d’une diffusion 100 fois supérieure à l’astronomie.
L’astronomie est pourtant une excellente façon de donner le goût de la connaissance et de la compréhension aux jeunes elles permet de s’essayer de façon ludique aux mathématiques. Or, dans le programme culturel des différents partis ce domaine, la science , est laissée de côté. C’est un travers de notre société, certaines de ses « élites » méprisent ce secteur. On peut aujourd’hui être philosophe et parler du temps sans avoir compris une ligne de ce que dit la relativité sur ce point, dommage !