Pour vivre comme un écologiste devrait vivre, il faut avoir une conscience morale, celle d’une responsabilité vis-à-vis de ce qui nous dépasse : la planète, les autres espèces vivantes, les générations à venir, ce qu’on appelle les acteurs absents. Mais face aux crises écologiques subsistent plusieurs freins à un basculement de notre comportement.
– Les menaces restent très abstraites pour une grande partie de la population. La fonte des glaces, c’est ailleurs, l’extinction de la biodiversité aussi ;
- Le syndrome de la goutte d’eau, mécanisme de déresponsabilisation, consiste à considérer que ses efforts sont dérisoires et inutiles par rapport aux véritables pollueurs. Ce serait à l’État d’intervenir, pas à nous ;
– l’hyper-individualisme, qui concerne 17 % environ de la population, « ce qui compte, c’est moi d’abord, les autres viennent toujours après . L’égoïsme du présent l’emporte largement dans les mentalités sur l’héroïsme de l’altruisme ;
– Le coût – psychologique, organisationnel, économique –, de changer ses habitudes quand il s’agit de s’imposer des contraintes supplémentaires alors qu’on vit le confort et la facilité. Dans un système d’injonctions contradictoires, on suit la voie de la facilité même si on sait qu’il faudrait faire autrement. C’est le mécanisme de la dissonance cognitive.
Conclusion. Face à l’inertie politique et à la passivité globale de la population, on ne peut donc rien attendre des autres, il nous faut tracer notre propre chemin vers la simplicité volontaire, devenir un colibri. « Le pessimisme est une prophétie qui s’auto-alimente. Il s’engendre de lui-même et mine notre volonté d’agir… Les changements révolutionnaires ne s’abattent pas sur nous à la manière d’un cataclysme soudain, mais ils sont le produit d’une succession infinie qui, en un processus erratique, nous conduit vers une société plus digne. Il n’est pas nécessaire d’entreprendre des actions héroïques pour participer à ce processus de changement ; les actes les plus infimes, quand ils sont le fait de millions de personnes, peuvent transformer le monde. Et si nous agissons même très modestement, nous n’aurons pas à nous en remettre à un future utopique. Le futur est une succession infinie de moment présents, et vivre dès aujourd’hui comme nous pensons que les hommes devraient vivre, malgré tous les malheurs qui nous cernent, représente déjà une merveilleuse victoire… Même le plus infime des actes vient s’ajouter aux tas de brindilles auxquelles une circonstance imprévue pourrait bien mettre le feu jusqu’à entraîner de brutaux changements… » (Howard Zinn (1922-2010), qui a accompagné de façon militante et non-violente la reconnaissance des droits civiques pour les Noirs d’Amérique et a lutté contre toutes les guerres, particulièrement celle du Vietnam.
Mais l’urgence écologique relève d’une autre temporalité, nous n’avons pas le temps attendre que les gens arrêtent par eux-mêmes de rouler en voiture, nous sommes confrontés à des déséquilibres planétaires qui rentrent dans le domaine de l’irréversible. C’est pourquoi l’atteinte contre les biens qui causent notre perte nous paraît compréhensible. Ainsi pour les gros SUV, on a toute une palette d’actions possibles. Nous écrivions en 2005 « Son usage incarne une américanisation du mode de vie occidental, c’est devenu une forme d’arrogance, si ce n’est de provocation. Des SUV ont été incendiés en Pennsylvanie, des vitres brisées dans l’Etat de Washington et des slogans « no blood for oil » tagués sur leurs carrosseries dans le Massachusetts. La Biosphère saute de joie devant ces actes, car que faire d’autre contre la bêtise humaine : deux tiers des américains préfèrent embrasser leur voiture plutôt que leur mère ! »
Incendier des SUV ? Notre société est tellement formatée par le croissancisme que de telles actions seraient aujourd’hui assimilées à du terrorisme !
Pour en savoir plus sur notre blog biosphere :
22 octobre 2019, SUV ou Climat, faut savoir choisir !
14 juillet 2015, SUV, sports utility vehicles, l’objet à embraser
Pour moi non, on ne doit rien brûler, l’anarchie s’installerait très vite et les injustices seraient terribles.
Je ne dirais pas l’anarchie, mais le chaos, le gros bordel quoi. Je pense qu’il ne faut pas oublier l’étymologie du mot ANARCHIE, son sens premier. C’est pareil pour UTOPIE, par exemple. Si nous oublions le véritable sens des mots, alors c’est la porte ouverte au novlangue, à toujours plus de confusion. Et nous en avons déjà bien assez comme ça.
Didier, brûler quelques 4×4 en expliquant pourquoi ne serait que des actes marginaux, mais ces actions directes serait symboliquement significatifs.
La peur n’envahirait pas la planète… au contraire le débat médiatique sur « comment réagir à la violence extrême de notre système thermo-industriel » pourrait sans doute s’instaurer.
On ne voit pas où seraient les injustices, si ce n’est l’existence d’une répression aveugle de la part de l’État, mais ça on est déjà habitué !
Non, tout le système médiatique va vous faire passer pour de gros abrutis en brûlant des 4×4. Les médias vont vous répondre que vous disposez de larges plages de débats pour expliquer vos vues et qu’en l’occurrence qu’il n’y avait pas besoin de brûler des voitures pour se faire entendre…. Et puis, vous allez passer pour des liberticides, les médias vont vous faire passer pour de affreux gros fachos qui veulent s’attaquer aux libertés d’acheter ce qu’on veut, et les gens détestent qu’on s’attaque aux libertés, alors ils vont prendre direct parti en faveur des médias plutôt que des brûleurs de voiture sous aucune autre forme de procès, ils ne réfléchiront pas pour savoir pourquoi vous avez fait ça ! Le système industriel est très organisé et il dispose de tout le personnel politique et médiatique à leur botte, et le nombre de faillots prêts à lécher, même les semelles, sont vraiment trop nombreux !
Je suis 100% d’accord avec toi, le Système est bien verrouillé. Je l’ai déjà dit, si nous ne sommes pas contents ou d’accord, nous sommes obligés de respecter les règles, instaurées par le Système : marcher dans les clous, parler dans les micros de la Voix de son Maître, etc. C’est ce qu’on appelle le «politiquement correct». Or tout ça ne fait qu’alimenter le Spectacle, par conséquent le Business et le Système.
En attendant, nous devons nous rendre à l’évidence, et faire avec, nous sommes plantés.
– « comment réagir à la violence extrême de notre système thermo-industriel ?»
Peut-être en refusant de l’alimenter, cette violence. En refusant ici d’acheter des SUV et des 4X4. En refusant ailleurs d’acheter ou d’utiliser ceci ou cela, en refusant de participer à telle ou telle compétition, surenchère etc. Notamment quand on sait toute la violence qui se cache (ou pas) derrière. Seulement voilà, là encore c’est plus facile à dire qu’à faire.
Même si je refuse d’acheter un SUV, d’ailleurs je refuse même d’acheter une voiture tout court, est ce que cela va empêcher à ce que les SUV se vendent ?
Tant que des politiciens permettront à ce que de tels produits se vendent, que les SUV puissent obtenir une place sur le marché, alors les gens seront de plus en plus nombreux à acheter des SUV…. Le fait de refuser par moi-même la voiture n’empêche pas la vente de milliards d’automobiles, du moins au rythme de 100 millions de voitures neuves annuellement !
Si tu es tout seul, si nous ne sommes qu’une poignée, à refuser d’acheter le SUV… alors bien sûr ça ne changera absolument rien à rien.
Ceci dit la question était : comment réagir ?C’est moi qui pose la question, Biosphère ne faisait qu’évoquer un éventuel débat, me(r)diatique. Un débat qui, on ne sait jamais, pourrait peut-être permettre de trouver la Solution. Comme je n’y crois pas, je dis seulement que si on ne peut rien attendre d’une réponse collective, alors la réponse ne peut être qu’individuelle. Le problème devient alors MON problème (ou le TIEN ou le SIEN ou le LEUR). C’est donc à chacun qu’il revient de trouver sa propre réponse, sa propre solution, son «meilleur remède». En attendant. Eh oui sinon c’est la mort. Pour l’une ce sera couler des bateaux, pour l’autre brûler des SUV etc. etc. à chacun sa came.
Hélas, même si on n’achète pas de voiture ou de SUV, on devra digérer les dégâts environnementaux au même titre que ceux qui abusent, on peut même dire que ça ne les dérange pas de considérer les objecteurs de croissance comme des dégâts collatéraux face à leur orgie consumériste…
Vous savez les gens ne sont pas prêt de lâcher tout le parc de machines, ne serait ce que réduire d’un peu, même ça est suffisant pour se heurter à de très fortes résistances.
Regardez, dès lors qu’Anne Hidalgo veut rajouter 1 ou pistes cyclables à Paris, ça grogne méchant !Mais on peut lire plusieurs choses de ces derniers jours.
1/ Alors un sondage sur le Point » Faut-il lancer un moratoire sur le déploiement de la 5G en France ? » et ben 2 personnes sur 3 rejettent le moratoire, bref même un débat ne les intéresse pas, ils veulent leurs joujoux point final !
2/ Sur Altantico = « Une équipe internationale résout le mystère du stockage des batteries au lithium-ion et voilà pourquoi c’est une avancée majeure »
Dans les commentaires dès lors que quelqu’un émet un tout petit doute sur la viabilité de la voiture électrique à long terme, une armée de techno-scientistes viendront railler son commentaire. Ils veulent leurs joujoux point final !
3/ Sur le Figaro = « Comment les écrans réinventent les relations familiales »
PSYCHOLOGIE – L’usage des outils numériques est-il un frein ou un facilitateur dans les relations parents/enfants?
Et ben là pareil, des railleurs vous sautent dessus sur votre commentaire, dès lors que vous émettez des questions qui pourraient remettre en question la multiplication des écrans et des incidences à long terme sur les enfants. Vous êtes déjà coupables d’être un anti-progrès, juste à vous interroger… Ils veulent leurs joujoux quelles que soient les conséquences point final !
De toute façon, vous ne pourrez pas les arrêter, car juste poser une question et des hordes de techno-scientistes vous chargent comme des pitbulls pour garder la GRANDE LIBERTE d’acheter autant de joujoux qu’ils veulent point !
BREF, tout ce qu’il y a faire, c’est se réjouir quand la Planète Terre se révolte et se défend en lançant des catastrophes naturelles, des épidémies, des volcans, des tsunamis, des séismes, etc… Et juste se dire, Vive l’Armageddon…
« deux tiers des américains préfèrent embrasser leur voiture plutôt que leur mère ! »
Soyons pas si médisants, c’est pareil en France ! (et peut être même pire) Il faut parfois regarder le caca dans nos yeux plutôt que de voir sur ce qu’il se passe ailleurs ! Vous savez il y a beaucoup d’hommes qui donnent un prénom à leur moto ou voiture. En France le prénom à la mode des voitures, c’est Martine. Et je suis même à peu près certain que les hommes font beaucoup plus souvent l’amour à leur voiture qu’à leur femme, en cachette dans leur garage. Mais en vous baladant à pied dans les quartiers, vous pouvez tout de même entendre des sons surgir des portes de garage « AAAAAHHHH vas y Titine, continue comme ça, t’es bonne, je sens que ça vient ! » Bref, ils doivent grimper leur bagnole en pénétrant le pot d’échappement…
Bonjour, j’aimerais connaitre la source de la citation « deux tiers des américains préfèrent embrasser leur voiture plutôt que leur mère ! », cela m’intéresse pour un article.
Merci beaucoup.
Il faut demander à Biosphère, j’ai repris la citation ci-dessus dans l’article dans le dernier gros paragraphe
J’aime bien les questions parce qu’elles amènent à réfléchir. C’est seulement parce que j’aime bien réfléchir, que j’aime particulièrement les questions du genre «Qui de la poule et de l’oeuf ?» J’aime bien aussi cette façon de provoquer, de secouer, notamment en posant ce genre de questions à la con : «Urgence écolo, faut-il faire brûler les SUV ?»
J’aurais bien aimé savoir si c’est OUI ou si c’est NON, j’aurais voulu qu’on me dise s’il fallait vraiment les cramer, ou pas, avec leurs habitants, ou pas, ces saloperies de SUV (Sans Utilité Véritable). Ou seulement s’il fallait les «démonter», ou alors les «décorer» ou je ne sais quoi …
Bref, j’aurais bien aimé y voir un peu plus clair dans toute cette fumée. Hélas Biosphère ne me permet pas d’avancer d’un iota. Alors, soit comme moi il ne sait pas… et alors sur ce coup il botte en touche, il vote blanc, ou nul, ni-ni… soit il préfère ne pas se mouiller, ce que je comprends très bien. Quoi qu’il en soit Biosphère se garde bien de répondre à sa propre question (im)pertinente.
– «Incendier des SUV ? Notre société est tellement formatée par le croissancisme que de telles actions seraient aujourd’hui assimilées à du terrorisme !»
Oui mais… ça je le savais déjà. Me voilà donc bien avancé. 😉
En attendant, je vous propose celle-ci: « La planète ne brûle t-elle pas déjà assez comme ça ?» D’où celle-là: « Alors à quoi bon en rajouter ?»
Et encore, peut-être un peu plus compliqué: « D’où nous vient cette appétence pour le feu ?»