« Sans régulation, l’usage de la voiture augmentera, avec bientôt des bouchons de voitures propres… Yves Crozet écrit à propos de la mobilité : « Hier c’était plus vite, plus loin, moins longtemps. Demain sera plus lent et plus près ». Ajoutons : « Demain sera plus cher », sauf à renoncer à s’occuper sérieusement du réchauffement climatique en se contentant de gadgets et de fausses solutions. » (Jean Coldefy)
Ainsi on trouve aujourd’hui dans une tribune du MONDE le principe qui devrait déjà être généralisé et que nous développions en 2007 dans notre article « moins vite, moins loin » : « Plus vite, plus loin, plus souvent et moins cher » est un vieux slogan, il sera remplacé par : « Moins vite, moins loin, moins souvent, et beaucoup plus cher ». Cette évolution est inéluctable, raréfaction des ressources pétrolières et réchauffement climatique l’exigent. Le tout-voiture a été une erreur fondamentale et remplacer les moteurs thermiques par des moteurs électriques ne change rien à l’affaire. Nous n’avons pas écouté Ivan Illich au début des années 1970, pourtant son analyse dite de la « vitesse généralisée » était imparable : rouler en voiture est bien moins rapide que pédaler sur son vélo. Un mode de transport n’est pas le simple rapport entre la distance parcourue et le temps du parcours. Il faut ajouter à ce temps de trajet le temps passé à gagner de quoi se payer l’usage du mode de transport.
« L’Américain moyen dépense 1600 heures chaque année pour parcourir 10 000 kilomètres ; cela représente à peine six kilomètres à l’heure. Car qu’on soit dans sa voiture en marche ou à l’arrêt, qu’on travaille pour payer le premier versement des traites ou l’essence, les péages, l’assurance, les impôts et les contraventions, l’Américain donne quatre heures chaque jour à sa voiture, qu’il l’utilise ou qu’il gagne les moyens de le faire. Passé un seuil critique, l’industrie du transport fait perdre plus de temps qu’elle n’en fait gagner. Ce seuil franchi, le transport fait de l’homme un éternel absent toujours éloigné de son lieu de destination, incapable de l’atteindre par ses propres moyens. Aujourd’hui les gens travaillent une bonne partie de la journée seulement pour gagner l’argent nécessaire pour aller travailler. Depuis deux générations (ndlr, nous sommes en 1973), la durée du trajet entre le logement et le lieu de travail dans les pays industrialisés a augmenté plus vite que n’a diminué, pour la même période, la durée de la journée de travail. L’utilité marginale d’un accroissement de la vitesse de quelques-uns est acquise au prix de la désutilité marginale croissante de cette accélération pour la majorité. En d’autres termes, chaque privilégié se transforme en voleur qui dérobe le temps d’autrui et dépouille la masse de la société. Dans un pays dépourvu d’industrie de la circulation, les gens atteignent la même vitesse, six kilomètres à l’heure, mais ils vont où ils veulent à pied, en y consacrant non plus 28 %, mais seulement de 3 à 8 % du budget temps social. » ( Énergie et équité » d’Ivan Illich – texte initialement publiée en mai 1973 par LE MONDE, mai 2018 pour la présente version, Arthaud poche pour 5,90 euros)
Pus tard en 2002, Jean-Pierre Dupuy a calculé que la vitesse généralisée d’un automobiliste est de 7 kilomètres à l’heure, soit un peu plus que celle d’un piéton. La contre-productivité des transports automobiles fut renforcée depuis cinquante ans par une politique d’urbanisme et d’aménagement du territoire conçue autour de l’automobile. La construction du mythe de la vie heureuse en pavillon avec jardin entraîna un étalement urbain beaucoup plus important que la simple croissance démographique. Si bien que dans les pays de l’OCDE, le temps passé entre le domicile et le travail n’a pas dominé depuis 1850, malgré la prétendue augmentation de la mobilité et de la vitesse de la modernité automobile. Le gain de vitesse des engins fut intégralement absorbé par l’étalement des faubourgs, l’éloignement géographique des lieux d’habitation et de travail, des écoles et des hypermarchés. (Pour un catastrophisme éclairé)
La question de la mobilité n’est donc pas un problème résolu par le moyen de se transporter, vélo, voiture électrique, etc. Il faut remettre en question les infrastructures mises en place autour du tout-voiture, les autoroutes et les périphériques, la distance entre domicile et lieu de travail, les lieux de scolarisation qu’on a éloigné des lieux de vie des élèves, les lignes à grande vitesse qui ne desservent que des métropoles boursouflées, le tourisme favorisé par l’avion, etc. Les méthodes pour changer les comportements et donc les structures sont connus, taxe carbone et taxe kérosène de plus en plus lourde d’années en année, interdiction de circuler avec une seule personne dans une voiture, obligation d’un tourisme de proximité, et bien sûr réduction drastique des inégalités de revenu pour faire passer la pilule… la sobriété doit être partagée.
– «Bientôt des bouchons de voitures propres» ?
Le nombre total de voitures dans le monde aujourd’hui est estimé à 1,2 milliard. Selon les estimations ce chiffre pourrait doubler pour atteindre 2,5 milliards d’ici 2050. Les estimations concernant le nombre de vols ariens, de smartphones etc. etc. sont toutes aussi «optimistes». Notons au passage que ces croissances ne sont pas proportionnelles au nombre de terriens.
Bien sûr ce ne sont là que des prévisions, d’ici 2050 il va couler beaucoup d’eau sous les ponts. Maintenant, si… en 2050 on peut toujours dire «jusque là tout va bien»… les bouchons sur les routes seront-ils alors faits de voitures propres ?
Au train où vont les choses c’est sûr qu’en 2050 il y aura beaucoup plus de bagnoles «propres» qu’il y en a aujourd’hui, là encore voir les prévisions. Plus d’une voiture sur quatre vendue dans le monde en 2030 sera électrique, nous dit Madame Irma.
Seulement il y aura encore beaucoup (trop) de bagnoles à pétrole.
En France et dans d’autres pays la fin des ventes de voitures thermiques est prévue pour 2030 ou 2040. On peut donc dire que c’est pour bientôt.
Mais là encore ce ne sont que des prévisions, et les engagements pris dans ce sens n’engagent bien sûr que ceux qui les croient. Là encore c’est le même genre d’optimisme qui permet de croire à toutes ces belles histoires (ou blagues ou salades). C’est grâce au Progrès que bientôt nous aurons le plaisir de voir sur nos routes, autoroutes, chemins de campagne etc. de beaux bouchons de voitures propres. Propres et en même temps intelligentes. C’est formidable ! Et en attendant j’espère de voir ça. 🙂
On va passer de 1,2 milliards à 2,5 milliards d’automobilistes ? Et ben ça en fait des esclaves supplémentaires ! Il n’y a pas à dire ça a en fait de la croissance de la servitude volontaire… Passer plusieurs centaines d’heures à travailler pour acheter une voiture qui va dormir 97% du temps sur un parking, autant dire que je préfère que ce soit moi qui puisse dormir 97% du temps en n’achetant pas de voiture, je ne vais pas esquinter ma santé pour une carcasse métallique.
Un patron qui achète un robot pour son usine ça lui fait gagner du temps de vie, c’est la mission d’un robot faire gagner du temps sous couvert du nom productivité. Tandis qu’une voiture est un robot qui ne fait pas gagner de temps à l’automobiliste même s’il a l’impression d’être plus rapide, comme le rappelle si bien le conte moraliste du lièvre et de la tortue.
Ma perceuse passe 97 si ce n’est 99,9% de son temps à dormir au garage. Pareil pour mes marteaux, mes tourne-vis etc. Seulement quand j’en ai besoin je les ai sous la main. Devrais-je plutôt les louer quand j’en ai besoin ? On peut s’amuser à le calculer, en attendant il y a bien longtemps que ce matos est amorti. Et pour ma bagnole je peux en dire autant. On voit que la vitesse généralisée augmente avec le temps, il est évident qu’une petite bagnole achetée d’occasion, qu’on fait durer, qu’on entretient soi-même etc. a un coût mensuel bien moindre qu’une grosse bagnole qu’on achète neuve, etc.
Le problème avec la Bagnole c’est d’abord son culte, j’ai dit il n’y a pas longtemps qu’il n’existait pas de culte de la machine à laver. Avant de réfléchir avec quoi carbureront les bagnoles de demain on ferait mieux de s’attaquer au culte de la sacro-sainte Bagnole.
Te raccroche pas au seul chiffre de 97 % de sommeil de la voiture que je n’ai juste rajouté qu’en simple anecdote! Pour savoir si une voiture est rentable ou non ce n’est pas le temps qu’elle passe sur le pârking qui compte, mais le temps que la voiture de restitué en gain et économie de trajet par rapport au nombre d’heures travaillées que tu as investi pour te procurer et faire fonctionner la voiture. Voir mes commentaires plus bas
Et ne compare pas une voiture et une perceuse, une perceuse ça coute 100 euros environ (on peut même en trouver à 50 euros), et si je fais des trous en 30 secondes au lieu de 5 minutes par trou fait avec précision à la main, il est évident qu’au bout d’un certain nombre de trous je l’amorti, mais il faut quand même en faire un paquet. Mais c’est très facile à amortir comparativement à une voiture où c’est devenu impossible hormis en ayant un salaire hors norme
Quant aux robots industriels ils servent d’abord l’intérêt du patron, qui a payé cher pour s’en équiper et qui compte donc l’amortir le plus vite possible, pour ensuite gagner beaucoup de blé, et toujours plus. Un robot travaille 24h/24, n’est jamais fatigué, ne fait jamais grève etc.
Et finalement dans un monde où «le temps c’est de l’argent » l’avenir ne peut être qu’aux robots. Robots industriels, ménagers, innovations (à la con) tout ce qui fait «gagner du temps » est vu comme un progrès.
Notre société dite moderne se caractérise par tous ces cultes, celui de la Bagnole, celui du Progrès, de la Vitesse, de la Compétition, et bien sûr celui du Pognon. Misère misère !
« Passé un seuil critique, l’industrie du transport fait perdre plus de temps qu’elle n’en fait gagner »
Oui j’explique cela depuis plus d’une quinzaine d’années déjà. J’étais parti d’une base où l’on se trouvait à 30 minutes de son travail à pied et 15 mn en voiture et en l’occurrence on ne gagnait que 15 minutes d’intervalle sur le trajet en investissant dans une voiture. Soit 1 heure à pied et 30 minutes en voiture pour l’allez-retour. Ensuite pour acheter une voiture à 10000 euros en touchant le smic net de 10,03 € (je remets les chiffres au gout d’aujourd’hui par rapport à l’année où j’écrivais ça) cela représente donc 10000 / 10,03 = 997 heures de travail. Ensuite en ne faisant qu’un modeste plein d’essence de 20€/ semaine soit 90 €/ mois ça représente 90 / 10,03 = 9 heures de travail /mois . Ensuite assurance à 50 € /mois = 5 heures de travail /mois
Déjà en partant du principe que l’on rembourse le crédit sur 5 ans, donc il y a encore des intérêts à payer qui vont représenter des heures de travail.
Alors on va effectuer 52 semaines – 5 semaines de congés payés = 47 semaines de travail où l’on travaille 5 jours/semaine = 47 x 5 = 235 jours de travail dans l’année x 30 minutes de gain de trajet = 117heures 30 minutes de gain trajet par rapport à pied par an x 5 = 587 h 30 mn pour les ans. Déjà on voit clairement qu’on n’a même pas amorti le simple achat de la voiture puisque ça représentait 997 heures de travail et la voiture ne nous a fait qu’économiser 587 h 30. A ce stade je n’ai pas encore compté l’essence 20 € x 47 semaines de travail = 940 € /10,03 = 94 heures de travail x5 an = 470 heures de travail
Puis viens l’assurance 50 € x 12 mois x 5 ans = 3000 €uros pour les 5 ans soit 299 heures de travail.
J’en suis au total à 997 heures d’achat de voiture + 470 heures d’essence + 299 heures d’assurance = 1766 heures de travail investis dans la voiture alors qu’elle ne m’a permis que d’économiser 587 heures et 30 minutes de trajet pour les 5 ans ! Et encore je n’ai pas encore compté les potentiels parcmètres, les intérêts du crédit, les éventuelles amendes, les frais d’entretien (nettoyage) et réparations ! Bref, le compte n’y est pas, on perd plus de temps de vie que la voiture ne nous en fait gagner !
D’ailleurs, même en gardant la même voiture 10 ou 15 ans avant de la foutre à la casse, alors que je l’ai acheté à crédit sur 5 ans, je n’amortis pas la carcasse métallique !
sur 10 ans = 997 h (achat fini payé au bout 5 ans)+ (470 h x 2) en essence + (299 h x2 assurance) = 2535 heures de travail alors que la voiture ne m’en restitue que (587 h 30 mn x 2) = 1175 heures d’économie de temps
sur 15 ans = 997 h + (470 h x3) essence + (299 h x3) = 3304 heures de travail investi alors que la voiture ne me restitue que (587h30 mn x 3) = 1762 heures et 30 minutes de temps économisées par la voiture !
Bref, on nous fait payer les voitures hors de prix, c’est sans logique, car normalement lorsqu’on investit dans un robot, il est sensé nous restituer plus de temps que l’on en a investi pour l’acheter ! Or ce n’est pas le cas.
Et encore, n’oubliez pas que mes chiffres ci-dessus sont encore très optimistes, car je n’ai pas encore intégré les coûts en euros des intérêts du crédit, les parcmètres, les éventuelles amendes, le nettoyage, les réparations ainsi que les coûts de contrôle technique qui viennent à terme. Tous ces chiffres sont encore sensés s’intégrer sur 5/10 ou 15 ans en équivalent heures de travail.
De même, même en touchant un smic bien amélioré, histoire de représenter approximativement le salaire médian des français et en percevant 15 €uros net de l’heure travaillée au lieu de 10,03 €uros, le compte n’y est toujours pas sur 5/10 ou 15 ans ! Pourtant à ce stade je n’ai acheté qu’une petite voiture bas de gamme à ce prix. Si je commence à avoir des caprices à m’acheter un plus beau modèle les coûts de temps investis explosent davantage par rapport au temps restitué en économie de trajet
– «Bref, on nous fait payer les voitures hors de prix, c’est sans logique ».
Déjà je ne trouve pas que les voitures soient vraiment «hors de prix ». Si tel était le cas je pense qu’on en verrait moins. Mais bien sûr comme pour tout, il y a bagnole ET bagnole. Et je ne vois pas trop de poubelles. Certes on leur interdit de rouler, mais quand même. Dans les années 50 il fallait 38 mois de smic pour s’acheter une voiture neuve, aujourd’hui c’est 17 mois (ce ne sont que des moyennes). La logique du Marché est très simple, les prix de ventes sont calculés en fonction de ce que le con sot mateur est disposé à payer.
Non seulement à l’achat mais tous comptes faits, chacun sait ce que lui coûte sa si chère Bagnole. Par mois, par exemple. Chacun a donc déjà une idée du temps qu’il doit bosser uniquement pour pouvoir posséder et utiliser cette bagnole.
L’intérêt de la vitesse généralisée d’Illich est de faire prendre conscience d’une certaine ABERRATION. Bosser autant de temps pour finalement se déplacer à la vitesse d’un vélo… c’est aussi con que d’aller bosser pour payer la bagnole, l’essence etc. les impôts, la nounou pour garder les gosses etc. etc.
Seulement la Bagnole n’est pas seulement vue comme un vulgaire outil, une machine à se déplacer. Et c’est pareil pour le travail, qui ne sert pas seulement à gagner du pognon. Nos besoins ne se limitent pas qu’aux besoins physiologiques. Ceux qui nous coûtent le plus cher, à tous les sens du terme, ne sont-ils pas ceux qu’on trouve en haut de la pyramide de Maslow ?
Ce concept de vitesse généralisée est très intéressant. Je me suis souvent amusé à la calculer, en jouant sur les différents facteurs, le modèle de bagnole, donc son prix, le nombre de km annuels, le salaire du bagnolard, etc. Avec un tableau Excel c’est un jeu d’enfant.
Ce qui est encore plus amusant c’est de démontrer tout ça par a+b à un bagnolard, qui bien sûr ne veut ou ne pas le croire. Déjà qu’il peine à admettre que la vitesse moyenne d’une voiture en ville est de l’ordre de 15 Km/h, en arriver à la conclusion que sa si chère Bagnole ne lui rend finalement pas plus service qu’un vélo n’est pas facile à avaler.
Avec cette façon de voir les choses on peut aussi s’amuser à calculer l’intérêt (ou l’utilité) qu’a Madame ou Monsieur d’aller tous les jours au turbin, au chagrin, au tripalium, autrement dit au boulot.
Bosser pour gagner juste (et encore) de quoi payer la Bagnole (pour aller bosser), l’essence, le parcmètre etc. Et en plus les impôts sur les revenus, les jupes ou les costards (pour être bien présentable), la nounou (pour garder les gamins), la femme de ménage, le jardinier, etc. etc.
Seulement déjà, quand on aime on ne compte pas.
Le raisonnement bien connu d’Ivan Illich est intéressant et nous interroge utilement sur des aspects des choses que nous négligeons généralement, le concept de désutilité devrait faire partie de sujets étudiés en sciences économiques.
Par contre il ne faut pas trop prendre au pied de la lettre ces 6 km/h (ce serait un peu comme résumer Malthus à l’opposition croissance géométrique-croissance arithmétique, alors qu’au delà du mécanisme le message est tout simplement : on croit trop vite en nombre et non l’exactitude mathématique qui peut largement être discutée)
Calculer les choses ainsi ne donne accès qu’à une partie de la réalité car ces moyens de transports rapides donnent accès à des voyages qui sinon seraient tout simplement impossibles, comment faire entrer dans le calcul le bénéfice possible-impossible ?
Un éléphant lui même déplace 4 ou 5 tonnes de chair pour aller chercher quelques kg de fourrage, lui reproche-t-on son inefficacité ?
Bien sûr il ne faut pas prendre ces 6 ou 7 km/h à la lettre, toutefois j’invite chacun à faire le calcul. Le résultat final se rapproche toujours plus de la vitesse du vélo que de la vitesse max autorisée sur route (80 ou 90 km/h).
Aujourd’hui nous semblons avoir besoin de tout traduire et résumer avec des chiffres, des courbes etc. Alors justement, le premier intérêt de cette façon de voir les choses est de mettre des chiffres sur des choses que nous n’avons pas l’habitude de voir ainsi.
Prenons le bonheur par exemple. Plus d’un se sont essayés à le mesurer, on a même inventé un indicateur, l’IDH. On a bien sûr établi une relation entre le bonheur et l’argent.
Ainsi cette courbe (que chacun trouvera facilement) sur laquelle on voit qu’un sandwich suffit déjà à faire le bonheur. Avec une paire de chaussures, la «quantité» de bonheur triple quasiment. Avec un appartement on est déjà pas mal. Avec une Rolex on n’est guère plus heureux. Et avec beaucoup plus de pognon, quand on en est à pouvoir s’offrir des putes à poil dans une piscine de champagne, là on stagne. Je dirais même qu’on décline. 🙂
Je ne vois pas bien ce qu’illustre l’exemple de l’éléphant. Pourquoi pas une fourmi ?
Ceci dit vous avez raison, «calculer les choses ainsi ne donne accès qu’à une partie de la réalité ». Déjà parce que quand on aime on ne compte pas. Ou alors on compte, ou ne prend en compte, que ce qui nous intéresse, ce qui nous arrange. Si vous aimez la Bagnole, ne serait-ce déjà que l’admirer dans le garage, comme on peut prendre du plaisir à regarder ou posséder une oeuvre d’art, si vous aimez les voyages, notamment à l’autre bout de la planète etc. etc. vous trouverez toujours de quoi argumenter pour essayer de démontrer l’intérêt de votre passion. Seulement cet intérêt (utilité ou bénéfice) sera d’abord le votre, et vous ne pouvez pas le généraliser. Beaucoup ne voient aucun intérêt, aucune utilité, à voyager loin, à prendre l’avion, à consommer ceci ou cela etc. Et heureusement d’ailleurs.