Suicide obligé ? Tous dans le même panier, tous ensemble tous ensemble ouais ouais, les vieux sont trop vieux, trop nombreux, c’est désastreux, faut faire quelque chose ! C’est un point de vue qui se défend. Les vieux prennent trop de place, ils coûtent cher à la société, ils ne servent à rien, ils pompent l’air des jeunes, bref ils sont de trop. En plus ce sont eux qui ont profité des Trente Glorieuses et de l’abondance à crédit, ils lèguent aux générations futures une planète exsangue et des lendemains qui déchantent. Ne parlons même pas des zombies qui hantent les Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgée dépendantes). Même si elle a encore toute sa tête ou presque, une personne qui dépasse 90 ans devrait penser à se suicider, ce qu’elle aurait d’ailleurs dû faire depuis dix ou vingt ans au moins, autant d’économisé pour le paiement des retraites. Plutôt que de vouloir vivre encore plus, 116 ans comme sœur André ou 122 ans comme Jeanne Calment, il faudrait peut-être penser à passer la main le plus rapidement possible.
Réfléchissons. Et évitons la pente glissante vers l’euthanasie obligatoire à 60 ans. Un suicide, même assisté, est un acte volontaire qui ne regarde que la personnes concernée. Tout dépend alors de son niveau de conscience sociale. L’anarchiste Paul Lafargue, né en 1842 et proche de la limite d’âge de 70 ans qu’il s’était fixé, écrivait avant de se suicider en 1911 avec sa femme Laura Marx : « Sain de corps et d’esprit, je me tue avant que l’impitoyable vieillesse qui m’enlève un à un les plaisirs et les joies de l’existence et qui me dépouille de mes forces physiques et intellectuelles ne paralyse mon énergie, ne brise ma volonté et ne fasse de moi une charge à moi et aux autres. » C’est admirable, est-ce un modèle à suivre ?
Le suicide est une pensée qui nous hante souvent et presque chacun d’entre nous connaît personnellement des proches qui sont passés à l’acte. Sur notre blog et en 60 jours, nous avons reçu 1460 visites pour le post Suicide mode d’emploi, voici les nouvelles recettes ; c’est le deuxième score en terme de fréquentation de ce blog biosphere. N’oublions pas que l’acte suicidaire a été une des illustrations de l’approche sociologique grâce à Durkheim, « Le suicide » (1897). Cet acte est un fait social à part entière. Ce phénomène, dont on pourrait penser de prime abord qu’il est déterminé par des raisons relevant de l’intime et du psychologique, est également éclairé par des déterminants sociaux Il exerce sur les individus un pouvoir coercitif et extérieur – et, à ce titre, peut être analysé par la sociologie… et par la réflexion écologique. Les raisons d’un tel acte sont aussi nombreuses qu’il y a de cas de suicide, mais la motivation altruiste pourrait sans doute devenir une norme culturelle partagée dans une société où nous prendrions conscience collectivement que nous sommes trop nombreux sur cette petite planète. Peut-être un jour serions-nous amenés à témoigner de notre utilité à vivre plus longtemps…
« âgisme ? Le mot a été forgé par un gérontologue américain, Robert Butler, en 1969. Il désignait, principalement, les stéréotypes et les discriminations envers les vieilles personnes.Le collectif des Gray Panthers, lancé en 1970 par des femmes retraitées, s’empare du terme d’âgisme…
Des sociétés qui assimilent la vieillesse à l’inactivité, l’improductivité, l’inutilité et l’obsolescence n’aident pas à avoir envie de vieillir. L’un des principes posé par le Conseil national de la Résistance reposait sur la solidarité intergénérationnelle. (Valentine Faure, LE MONDE du 25.02.2021)
Tout à fait. Seulement que reste t-il aujourd’hui du programme du CNR ? Que sont devenues la Sécurité sociale pour tous, les nationalisations des entreprises stratégiques etc. ?
Le vent libéral est passé par là. Et ce à partir des années 80. C’est toujours pareil, c’est comme les freins de la bagnole, le réchauffement etc. les choses se dégradent lentement et de ce fait on n’y fait pas attention. Et si on y fait attention, on pense que ce n’est pas grave. Misère.
Denis Kessler* dans Challenges, 4 oct 2007 : «Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. […] Il s’agit de défaire méthodiquement le programme du CNR» .
Pour moi c’est clair et net. Et aujourd’hui ça s’accélère.
* D. Kessler : économiste, chercheur et dirigeant d’entreprise, PDG du groupe Scor, a été vice-président du MEDEF…
« L’anarchiste Paul Lafargue, né en 1842 et proche de la limite d’âge de 70 ans qu’il s’était fixé, écrivait avant de se suicider en 1911 avec sa femme Laura Marx : « Sain de corps et d’esprit, je me tue avant que l’impitoyable vieillesse qui m’enlève un à un les plaisirs et les joies de l’existence et qui me dépouille de mes forces physiques et intellectuelles ne paralyse mon énergie, ne brise ma volonté et ne fasse de moi une charge à moi et aux autres. » C’est admirable, est-ce un modèle à suivre ? »
Ben oui, à quoi sert-il de procéder à de l’acharnement thérapeutique si c’est pour survivre dans un état maboule en étant séquestré dans un Ephad ? D’ailleurs, finir sa vie dans un Ephad, aucune personne âgée ne consent à s’y rendre mais plutôt elle se résigne à s’y rendre…
Et vous les partisans, vous qui êtes POUR, vous qui qui trouvez ça bien et admirable, vous qui ne voulez pas finir en Ephad, vous qui voulez jouir de la vie tout en restant jeune, vous qui êtes encore sain de corps mais d’esprit j’en doute… quelle limite vous fixez-vous ?
Primo je ne cherche pas à être jeune à tout prix
Secundo je ne m’exclus pas de ce principe. Si je dois mourir à 60, 65 ou 70 ans ainsi soit il, je n’ai pas envie à ce que l’on m’inflige de l’acharnement thérapeutique pour que je tienne jusqu’à 80,85 ou plus de 90 ans avec azheimer et/ou des douleurs chroniques dans un Ephad où je serai prisonnier en cellule et où mes seules relations sociales se cantonnent à des séances de baby setting à me donner la purée ou changer les couches-culottes…..
Car oui il y a les maladies mentales mais aussi les douleurs chroniques, et par expérience je peux te dire qu’il y a des personnes âgées qui disent qu’elles ont envie de partir car elles en ont marre de vivre quotidiennement avec des douleurs.
Mais oui je suis d’accord avec toi, personne n’a envie de finir avec la couche-culotte dans un Ephad. Personne non plus ne souhaite souffrir inutilement. Je ne pense pas que les gens qui souffrent cherchent à battre des records. Sauf les masos peut-être.
Maintenant ça ne répond pas à la question : quelle limite te fixes-tu, toi personnellement ? Toi, et tous ceux qui pensent qu’à 90 balais on a largement fait son temps.
Paul Lafargue se l’était fixée à 70 ans. Et il s’y est tenu. Alors qu’il était encore, selon ses mots, «sain de corp et d’esprit ». Je dis que c’était tout simplement son problème. Socrate aurait pu éviter de boire la cigüe, il a choisi la mort… Galilée a préféré la vie au bûcher… Chacun voit midi à sa porte. N’empêche que celui qui refuse de vieillir, de voir ses forces physiques et même intellectuelles décliner, refuse tout simplement l’ordre naturel des choses. Qu’il décide d’en finir, soit, c’est son choix, sa liberté, mais en aucun il ne peut en faire une règle générale applicable à tous.
Platon est mort à 80 ans. Albert Jacquard et Mère Teresa à 87 ans. Stéphane Hessel à 95 ans. Claude Lévi-Strauss à 100 ans. Ces gens qui aujourd’hui ont 80 voire 90 ans, et qui ont encore envie de vivre, ceux-là je les admire. Et ceux qui aimeraient les voir morts, je les trouve misérables.
– « Même si elle a encore toute sa tête ou presque, une personne qui dépasse 90 ans devrait penser à se suicider, ce qu’elle aurait d’ailleurs dû faire depuis dix ou vingt ans au moins, autant d’économisé pour le paiement des retraites. Plutôt que de vouloir vivre encore plus, 116 ans comme sœur André ou 122 ans comme Jeanne Calment, il faudrait peut-être penser à passer la main le plus rapidement possible. »
Premier, second ou troisième degré, je pense que Monique Pelletier apprécierait.
N’en déplaise à Biosphère, qui semble se réjouir du succès de ses nouvelles recettes («Sur notre blog et en 60 jours, nous avons reçu 1460 visites»)… et qui trouve admirable l’acte final de Paul Lafargue… je redis que c’est grave.
J’invite à nouveau à lire ce texte d’Alfred Métraux, «La vie finit-elle à 60 ans ?»
Peut-être certains comprendront ils que le regard porté sur l’Autre est primordial. Il se trouve qu’ici l’Autre ce sont les anciens, les vieux, les séniors comme on dit hypocritement. Peut-être certains finiront ils par comprendre que lorsque ces êtres humains sont vus et traités comme ils le sont aujourd’hui («salauds de vieux !»), on ne peut pas se contenter dire qu’«un suicide, même assisté, est un acte volontaire qui ne regarde que la personnes concernée.»
Non, ça regarde tout le monde ! Et l’entourage d’un suicidé le sait très bien. En général dans ses situations là chacun des proches se sent alors responsable. Et se morfond… « ah, si j’avais vu… si je lui avais parlé… si etc.» Même les Esquimaux, qui autrefois laissaient leurs vieux mourir, n’étaient pas fiers d’eux.
Le Monde du 16/2/2021 titrait : « Crise sanitaire : le risque d’un choc intergénérationnel »
Ce conflit de générations n’est pas né avec le Covid, il y a un moment déjà que les vieux sont mal vus et mal traités. Même (sainte) Greta les feraient brûler. Parce que c’est à cause d’eux que la Maison brûle, et patati et patata. Ouin ouin pauvre Greta. Le Covid ne fait qu’aggraver les choses.
Alors réfléchissons… si nous en sommes encore capables. Qu’aurions-nous à gagner à rajouter de l’huile sur le feu, à attiser toujours plus les tensions ?
Ici les jeunes CONTRE les vieux. Comme si les uns et les autres étaient mieux traités que ceux du «camp» d’en face. Ailleurs les citadins CONTRE les ruraux. Les fonctionnaires CONTRE ceux du privé, les gens d’ici CONTRE les gens d’ailleurs, les dieselistes CONTRE les vertueux hybrides, les végés CONTRE les viandards, etc. etc. ad nauseam. Misère !