L’association Générations futures s’est intéressée aux taux de glyphosate décelables dans l’urine de diverses personnes d’âges différents, végétariens ou non, vivant en ville ou à la campagne. Le test est sans appel : 100 % des échantillons contiennent du glyphosate, la molécule active de l’herbicide Roundup produite par Monsanto. La contamination moyenne est de 1,25 microgramme par litre (µg/l), soit 12,5 fois la concentration maximale admissible pour un pesticide dans l’eau.
Le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) assure que les preuves de génotoxicité (la toxicité pour l’ADN) du glyphosate sont « fortes ». Le CIRC se fonde uniquement sur des données publiées dans la littérature scientifique, ou publiquement accessibles. De nombreuses poursuites en justice ont éclaté aux États-Unis, où plus de 100 000 personnes touchées par un lymphome non hodgkinien (LNH) après des années d’utilisation de pesticides à base de glyphosate se sont retournées contre Monsanto. Bayer, qui a racheté Monsanto, a annoncé le 24 juin 2020 qu’il versera entre 10 et 11 milliards de dollars pour solder les procédures lancées contre l’entreprise. La divulgation, dans le cadre de ces procès, de nombreux documents internes de l’entreprise Monsanto – les « Monsanto Papers » – a nourri de nombreuses enquêtes journalistiques publiées dans la presse internationale. Celles-ci ont mis en évidence de nombreuses manœuvres de la société américaine pour influencer l’expertise publique sur le glyphosate, dénigrer le CIRC, intimider certains scientifiques, rédiger des études scientifiques sans apparaître dans ses signataires, etc. Les députés européens ont donc approuvé début juin, à une large majorité, une résolution réclamant à l’UE des objectifs contraignants à l’horizon 2030 pour préserver la biodiversité du continent. Parmi leurs exigences figure l’interdiction stricte de l’utilisation des herbicides à base de glyphosate après décembre 2022.
Mais d’un autre coté les agences réglementaires. estiment que de telles preuves de cancer n’existent pas. Elles s’appuient essentiellement sur les études industrielles menées par les firmes elles-mêmes, et dont les données demeurent confidentielles. Les quatre États de l’UE chargés de sa réévaluation ont rendu leur rapport d’expertise aux autorités européennes le 15 juin 2021. La version de travail n’identifie aucune propriété toxicologique justifiant l’exclusion du glyphosate du marché ; le glyphosate ne serait pas cancérogène, mutagène ou reprotoxique et ne remplirait pas les critères requis pour être considéré comme perturbateur endocrinien. Seuls les effets sur la santé humaine peuvent imposer une non-reconduction du produit. La différence d’interprétation peut s’expliquer par les différents buts des évaluations respectives du CIRC et des agences de santé. Le CIRC évalue un danger, alors que les agences évaluent un risque. Le risque est un danger croisé avec une exposition. Les deux agences réglementaires communautaires – l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) – doivent maintenant examiner à leur tour le dossier pour exprimer leurs opinions au printemps 2022. Quelques considérations :
– C’est comme si on jugeait un assassin sur la base, non pas de l’enquête policière et du dossier d’instruction, mais des seules déclarations de l’accusé, sans même prendre soin de les vérifier.
– D’ailleurs le tabac, c est bon pour la santé et ce sont les industriels de la clope qui l’ont assené pendant des dizaines d’années, on peut leur faire confiance. Idem pour la radioactivité.
– Derrière ces autorisations de pesticides il y a surtout la vente de variétés OGM résistantes à ces pesticides qui font partie du package. On arrose les champs de pesticides qui tuent tout, sauf la variété OGM commercialisée dont les agriculteurs sont les acheteurs captifs. Ça tue le vivant, mais aussi la concurrence, et donc les paysans. Il n’y a pas que la santé des humains qui compte.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
20 novembre 2020, Danger pour les uns, risque pour d’autres
27 novembre 2017, L’Europe autorise le glyphosate pour 5 ans… et plus
25 octobre 2017, Glyphosate, deux conceptions opposées de l’agriculture
29 septembre 2017, L’agriculture à l’ancienne pour éviter le glyphosate
27 mrs 2015, Le glyphosate, cancérigène, sur le banc des accusés
S’appuyer sur l’expertise des industriels pour conclure sur le glyphosate,
c’est demander au renard de garder le poulailler …
Un herbicide est un des pesticides, une sous-catégorie comme les insecticides, les fongicides, les nematicides, et autres. Tous sont destinés à cibler un groupe de ravageurs, de nuisible ou de prédateurs spécifiques — des « pestes— mais leurs effets se font sentir bien au delà de leurs cibles, et quand tous ces toxiques se mélangent, apparaissent des effets de cocktail.
Tous ces produits sont nés d’une mauvaise matrice. Celles qui consiste à ignorer et vouloir ignorer que la terre est fertile grâce à la vie qui y règne. Ne pas respecter les micro-organismes du sol, la microfaune, les champignons a été l’erreur de base de toute l’agriculture dite conventionnelle qui n’a misé que sur les intrants chimiques, la forte mécanisation, les monocultures et la raréfaction de la main d’œuvre. La terre fertile est estropiée par ces pratiques.
Parce que la peste parle à tout le monde, qu’elle a une longue histoire, les amateurs et autres marchands de produits phytosanitaires n’aiment pas trop le mot pesticide. Je trouve que c’est bête de leur part, les animaux et les plantes nuisibles sont vieux comme le monde. Bien sûr, il faudra s’entendre sur le mot nuisible, nuisible pour qui et pourquoi etc. N’empêche que puisque d’une manière ou d’une autre il fallait bien se débarrasser de ces «pestes», l’homme n’a pas attendu Monsanto et Compagnie pour utiliser des produits chimiques en agriculture. Le soufre par ex. utilisé déjà dans la Grèce antique il y a 3000 ans.
L’ère des pesticides de synthèse débute à partir des années 1930. Elle fait suite au développement de la chimie organique de synthèse, dans la recherche sur les armes chimiques durant la Première Guerre mondiale. Comme par hasard les engrais (nitrates etc.) suivent le même cheminement, la même logique. Business as usual !
Mais pourquoi utilise-t-on tous ces produits, sinon pour nourrir 8 milliards d’hommes ?
Bien sûr qu’on pourrait ne pas les utiliser si nous n’avions pas autant de gens à nourrir. On ne peut pas demander aux agriculteurs de nourrir tout le monde et de travailler comme le paysan romain. De même qu’on ne peut pas vouloir acheter en quantité (et là aussi, pour pas mal de monde) des produits sans que des camionneurs nous les aient apportés. Bref c’est un cercle infernal dont seule la décroissance pourrait nous libérer.
Et pourquoi avons-nous utilisé autant d’amiante, et encore aujourd’hui, alors que
nous savons depuis longtemps sa dangerosité ? Pourquoi utilisons-nous autant de métaux et autant d’énergie ?
L’argument du nombre pour justifier la consommation abusive des pesticides comme du reste est bien pratique, seulement la véritable raison c’est le Business, le Pognon.
Qui donc oblige les agriculteurs à utiliser tel type de semences (OGM) et de produits ? Qui donc les a rendus esclaves des banques et de l’industrie agro ? Les mêmes qui ont fait disparaître les paysans pour les remplacer par des exploitants agricoles.
Le rôle des agriculteurs est de nourrir les populations, pas de les empoisonner. Qui sont ceux qui nous empoisonnent ? Les mêmes qui nous empoisonnent de tous les côtés.
Utilisateur professionnel du glyphosate depuis plus de 30 ans, je n’ai jamais constaté d’effet néfaste. Mes cultures grouillent de salamandres, d’orvets et autres lézards, de couleuvres… Des bergeronnettes nichent à ras du sol, entre mes plantes. J’ai des carabes, des crapauds, des grenouilles « agiles »…
Le glyphosate permet la culture sans labour, qui favorise la prolifération des vers de terre. Je sais que je vais me faire agonir d’injure par les mystiques de la bio. Je fais part de mon expérience, voilà tout. Du vécu, pas du lu et répété.
PM22, ce matin j’ai vu une Musaraigne à trompe, un Rhinocéros de Sumatra (dans ma cuisine), un Singe qui éternue Aye-Aye, un Marsouin du Pacifique (dans ma mare) et un Axolotl. Et plus je mets du glyphosate plus y’a d’espèces.
Donc non, la biodiversité n’est pas en péril…
Merci Pierre Marie pour votre témoignage. Je confirme, vous pouvez tous boire un grand verre de glyphosate à l’apéro et ça ne vous fera aucun mal.
https://www.youtube.com/watch?v=Vec_Pgt_86E