Les années 1970, c’était encore l’époque où nous n’avions pas besoin d’anglicismes comme low tech / high tech pour envisager ce qu’il faudrait pour assurer un avenir durable à nos générations futures. Dans le hors série « spécial écologie » du Nouvel Observateur (juin-juillet 1972), « La dernière chance de la Terre », on trouve explicitement une différenciation entre techniques dures et techniques douces dont voici un résumé : Petit apport d’énergie / Grand apport d’énergie exosomatique ; production artisanale / industrielle ; priorité au village / à la ville ; limites techniques imposées par la naturel / Limites techniques imposées par l’argent… Pour refroidir la Terre, nous n’avons pas besoin d’injection de soufre, nous avons besoin de négawatts, c’est à dire d’appuyer sur la pédale du vélo (techniques douces) et non sur l’accélérateur de la voiture thermique ou électrique(technique dure).
Aujourd’hui un article du MONDE, la conversion aux « low tech » de jeunes ingénieurs, annonce un « basculement » que l’étudiante Florence Drouet décrit ainsi : « Je ne pouvais plus continuer mon travail, si contradictoire avec la réalité alarmante de la pénurie d’énergie et de ressources. On m’avait appris à rester dans un moule cadré. Quand j’ai pris conscience que, contrairement à ce qui est asséné, on ne pourra pas s’en sortir par la fuite en avant technologique, cela a été vertigineux. » Les bigots technophiles ne cachent pas leur joie devant ce qu’ils pensent être des délires technophobes :
Fbr : Bienvenue au moyen âge !
Gordon : Les ingénieurs high tech coréens rigolent…
le sceptique : En prenant un gros bloc de pierre, genre par exemple du silex, ben peut-être qu’on pourrait en dégager des sortes de lames et d’éclats, qu’on pourrait ensuite retravailler et dédier à des choses simples et universelles comme percer, trancher, racler…
D accord : Nul doute qu’en tirant au lance pierre on saura bien se défendre contre des pays qui rigoleront bien de nos délires. Curieux de voir ce que va donner un planeur lowtech dans un combat aérien contre un chasseur russe ou chinois de 6ème génération.
pierre marie : « ferme écologique du Bec Hellouin »ou mas Beaulieu de Rabhi, main d’œuvre gratuite appréciée. Le plus productif dans la permaculture : proposer des stages payants, toucher le fric et faire bosser gratuitement. Sympa, les topinambours et le quinoa sont proposés à tous les repas, à un prix solidaire.
Albireo : Courage, encore quelques recherches et on aura réinventé la technologie du Néolithique.
Philip69 : Alors que l’urgence climatique appelle une myriades de solutions techniques pour adapter notre monde tout en restant dans les limites du socialement et politiquement acceptable, on a besoin d’ingénieurs de high-tech, pas de bricolo du dimanche, pas plus que de permaculteurs de lopins.
Paolo Kanté : Il faut creuser de plus en plus profond pour déterrer un commentaire positif de nos jours.
Michel SOURROUILLE : Analysons les conséquences socio-économiques d’un appareil apparemment aussi anodin que le mixer électrique. Il extrait les jus de fruits en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Quelle merveille ! A première vue. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la prise et le fil pour s’apercevoir qu’on est en face du terminal domestique d’un système national et, en fait, mondialisé. L’électricité arrive par un réseau de lignes alimenté par les centrales… nucléaires. L’ensemble de la chaîne ne garantit un approvisionnement que si chacun des maillons est encadré par des bataillons d’ingénieurs, de gestionnaires, eux-mêmes reliés aux administrations(quand ce n’est pas à l’armée). En mettant le mixer en marche, on se branche sur tout un réseau de systèmes interdépendants, complexes et fragiles. Le passage de techniques simples à l’équipement moderne a impliqué la réorganisation de la société tout entière. Sa nécessaire déstructuration ne sera pas facile.
Pour ceux qui ne cernent pas du tout la permaculture, un petit rappel:
La production alimentaire n’est qu’un élément parmi tous nos autres besoins vitaux que la permaculture met en inter-relations et traité comme un écosystème.
La décroissance économique et démographique sont dans son ADN (Bill Mollison)
La low tech fait effectivement partie de son programme car on conçoit des écosystèmes efficients, éthiques et résilients.
RIEN à voir avec ce que 2 commentateurs croient savoir sur le sujet.
Les stages permaculturels sont une des productions d’une structure permacole, en plus de la production alimentaire, de biomasse, avec zones sauvages, la gestion de l’eau, écohabitat, gouvernance, santé et bien être, l’enseignement, l’économie, les énergies…
Et tout ça en réduisant les intrants et en éliminant les déchets. L’AVENIR, quoi!
Dans ce monde de grande confusion, attention toutefois de ne pas confondre les techniques douces avec ces autres techniques douces. Dans l’environnement de stress permanent de votre vie actuelle, véritable monde de brutes, si vous souffrez du dos, de tensions musculaires ou de blocage des articulations, grâce à ces techniques, dites également progressives, vous découvrirez la détente et la relaxation, le calme et la paix. La sagesse c’est autre chose, mais que demande le Peuple ? Moyennant quelques centaines d’euros vous accéderez au bien-être… en harmonie entre le physique et le mental… en apprenant notamment à contrôler votre souffle. C’est pour ça qu’il vaut mieux que vous ne soyez pas trop essoufflé en arrivant au stage. Le vélo est donc déconseillé, je vous conseille plutôt la trottinette électrique.
C’était juste pour me moquer un peu de ce pauvre pierre marie. 🙂
Je ne sais pas ce que pèse cette sélection de commentaires dans la sacro-sainte Opinion, mais rien qu’avec ça j’imagine l’ampleur du chantier pour décoloniser les imaginaires. Misère misère !
Les ingénieurs aiment bien concevoir des usines à gaz, par exemple si on leur demande de concevoir un machin ou une machine pour casser des noix, ils vous pondront un marteau pilon. Faut dire qu’un marteau pilon ça en jette plus qu’un casse-noix. Le mixeur électrique de Biosphère n’est qu’un exemple parmi une multitude d’autres. Nos vies sont encombrées de gadgets, de trucs qui ne servent à rien (5 vitesses d’essuie-glace sur la Bagnole, 30 programmes pour le lave-vaisselle etc.) et il nous en faut toujours plus. Tout le monde rêve d’innovations, à la con, pas moi.
Ce sera l’un des avantages de l’effondrement que de faire un vaste ménage dans l’inutile.