Haïti, un pays ingérable parce que surpeuplé

Trop fort, on sait tout sur tout à propos de l’assassinat le 7 juillet 2021 du président d’Haïti Moïse Jovenel, abattu chez lui d’une douzaine de balles dans le corpsIl suffit de lire l’enquête de Nicolas Bourcier : Jovenel jouait sur plusieurs tableaux à la fois, les gangs, les clans politiques et les oligarques de l’île, cette mafia protéiforme qui a pris en otage le pouvoir… Haïti est devenu un trou noir où prospèrent les gangsters et les forces criminelles qui se sont rendues maîtres de la capitale… Les enquêteurs ayant travaillé sur l’affaire ont été convoqués par l’inspection générale de la PNH (police nationale d’Haïti) avec l’objectif évident de les intimider… Autre fait troublant, l’enquête de police judiciaire a pour l’instant épargné le secteur bancaire. … Le chef du parquet de la capitale a été limogé le 14 septembre, juste après avoir demandé l’inculpation du chef du gouvernement Ariel Henry… A Port-au-Prince, les appels à la démission du premier ministre, Ariel Henry, se sont multipliés… »

On sait tout sur les protagonistes actuels de cet assassinat, on ne dit rien dans LE MONDE des causes profondes de la déliquescence du pays, la surpopulation. Il est vrai que les considérations de ce journal anti-malthusien sont claires, ne jamais parler de surpopulation. Ou alors pour en rigoler : «  Sommes-nous trop nombreux  ? Pour le biologiste Gilles Bœuf ­ et le démographe Hervé Le Bras, c’est un moyen commode, pour les pays du Nord, de ne pas remettre en cause leur mode de vie…. » (…) « Les êtres humains sont-ils trop nombreux ?  Certains écologistes pensent que la population mondiale serait trop importante, mais des chercheurs estiment, au contraire, que celle-ci va stagner, voire décroître. » Bien entendu ils ne disent jamais rien de la démographie haïtienne. Alors rétablissons les faits.

Haïti est le pays le plus misérable du continent américain et l’un des plus pauvres du monde. Ce pays occupe une superficie de 27 750 kilomètres carrés (un peu moins que la Belgique) dans la partie occidentale de l’île d’Hispaniola, occupée à l’est par la République dominicaine. Il est peuplé en grande majorité des Noirs, descendants d’esclaves africains. Les mulâtres forment la bourgeoisie. La population est évaluée à 6,75 millions de personnes en 1993 (densité de 243 hab./km² ), elle passe à 11,4 millions en 2020 (densité de 414 hab./km² ) malgré les tremblements de terre et autres catastrophes. L’indice de fécondité était proche de cinq enfants par femme en âge de procréer en 1993, mais encore de 2,9 en 2019. En république dominicaine, qui partage avec Haïti l’île d’Hispaniola, la densité est de 225 hab./km² en 2020.

Pour Jared Diamond, l’histoire comparée de ces deux peuples de même origine sur la même île devrait constituer un antidote au « déterminisme environnemental ». La République dominicaine est un paradis ou presque, alors qu’Haïti est devenu un enfer. En République dominicaine, Balaguer avait confié la responsabilité de la protection des forêts à l’armée en déclarant les coupes de bois « crimes contre la sûreté de l’Etat ». En Haïti, on a laissé la forêt tropicale grignotée par des millions de petits paysans en quête d’un lopin de terre pour survivre. La croissance démographique en République dominicaine était de 1,6 %, mais de 3 % en Haïti. La richesse agricole en Haïti s’était faite aux dépens de son capital en forêts et en sols. L’élite haïtienne s’est identifiée à la France et à son mode de vie plutôt qu’à la défense de son environnement. Faisons en sorte que l’avenir de l’humanité ne soit pas semblable au destin (voulu) d’Haïti. Choisissons partout des dirigeants qui donnent la priorité à la question écologique et à la réponse démographique, base de la survie de nos sociétés…(chapitre 11 du livre Effondrement, comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie)

Bien entendu l’appauvrissement d’un pays résulte de multiples causes enchevêtrées, c’est multifactoriel : rapports de pouvoir, élite plus ou moins éclairée, potentiel agricole ou non, attractivité du pays, modalités de l’ingérence internationale, etc. Mais quand la population d’un pays augmente beaucoup trop vite, cela a des répercussions néfastes à la fois politiques, socio-économiques et écologiques. L’ignorer comme le fait systématiquement LE MONDE et les médias, c’est nous fait oublier que depuis longtemps il était nécessaire de maîtriser la fécondité humaine ici et là-bas. Dans des quartiers surpeuplés des banlieues françaises, ce sont déjà des bandes organisées qui font la loi, comme en Haiti…

Lire, notre avenir, c’est Haïti

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12 réflexions sur “Haïti, un pays ingérable parce que surpeuplé”

  1. Esprit critique

    – « des causes profondes de la déliquescence du pays […] Dans des quartiers surpeuplés des banlieues françaises, ce sont déjà des bandes organisées qui font la loi, comme en Haiti…»

    Là encore une comparaison. Et Biosphère nous reprophétyse : «notre avenir, c’est Haïti»
    Pouvons-nous dire que la déliquescence de la France est la conséquence de sa surpopulation ?
    Faudrait déjà s’entendre sur ce que veut dire déliquescence. Fatigue peut-être…
    Et quand bien même des bandes organisées feraient la loi dans certains quartiers… là encore, est-ce que c’est vraiment la densité de ces quartiers qui en est la cause ? Là encore comparons. Avec Monaco, par exemple. En attendant, demandons-nous qui sont les plus grands gangsters, qui sont les bandes organisées qui font la loi, sur cette Terre.

    1. « Pouvons-nous dire que la déliquescence de la France est la conséquence de sa surpopulation ? »
      L »immigration pour la France, c’est l’immigration qui rend notre pays en état de surpopulation; ainsi que de la déliquescence ! Les migrants reproduisent les mêmes erreurs chez nous que les erreurs qu’ils produisaient chez eux ! Faire des enfants sans prendre en considération les facteurs ressources, travail, pollution, éducation. Les français de souche ont un taux de natalité de 1,8 tandis que les migrants ou français issus de l’immigration de 2,6 ! Si notre population augmente, c’est par le vecteur des migrants, puisque les français ont un taux de natalité inférieur au renouvellement des générations !

      1. Esprit critique

        – « c’est l’immigration qui rend notre pays en état de surpopulation; ainsi que de la déliquescence ! »
        Pour ce qui est de la «surpopulation» c’est faux. Les femmes immigrées représentent 12 % des femmes en France en âge d’avoir des enfants, leur incidence sur le taux de fécondité français n’est que de 0,1 point, si tu ne me crois pas demande à Didier Barthès qui te le confirme. Pour ce qui est de la déliquescence de la France, mais pas seulement la France, lire 15 JANVIER 2022 À 20:45. Je ne pense pas que la déliquescence se résume au nombre.

    2. Quant à Haïti, il est évident que l’île est en surpopulation comparativement à ses ressources naturelles ! En outre, importer des marchandises (et même exporter) est beaucoup plus compliqué sur une île que sur le continent, la Corée du nord peut facilement obtenir assistance d’un pays voisin tel que la Chine, tandis que sur une île en proximité immédiate, il n’y a personne ! Parce qu’importer des marchandises sur une île, rend les produits de consommation, notamment alimentaire, beaucoup plus cher à cause de l’octroi de mer, mais aussi sur le fait que ça coûte plus cher de tout transborder par navire !

      1. Esprit critique

        Je te rappelle que la République d’Haïti et la République dominicaine sont sur la même île (Hispaniola), et que le commerce avec Haïti est une affaire rentable pour la République dominicaine. Je crois qu’on peut dire aussi que cette dernière a eu la chance d’être née du bon côté, ne serait-ce que pour l’agriculture.
        – La topographie d’Haïti aux 3/4 montagneux, alors que la République Dominicaine est aux 4/5 constitue de plaine. La RD bénéficie du coup d’alizés et de pluie plus importante que Haïti (JOSEPH B 28 JANVIER 2010 sur “notre avenir, c’est Haïti”)
        Je pense aussi que ces deux peuples, pas si différents que ça, feraient bien de faire tomber cette frontière qui les sépare.

      2. République dominicaine = 10,85 millions d’habitants (2020) + Haïti = 11,4 millions d’habitants (2020) = 22,25 millions d’habitants sur la même île ! Ces deux micro-pays sont en surpopulation des deux côtés de l’île ! Ça sera pareil pour la République dominicaine, les approvisionnements de ressources provenant des continents vont se tarir au fur et à mesure que les quantités de pétrole vont diminuer mais aussi le prix du pétrole augmenter ! Ils mangeront des cro-crocs môssieurs aussi !

    3. Souvenez vous en Bretagne, les bonnets rouge ont fait sauter les portiques à taxes ! Déjà sur une presqu’ile comme la Bretagne les trajets renchérissent les prix, alors sur une île comme l’Angleterre (pour ça qu’on a essayé de palier le problème avec l’eurotunnel) ou Haïti sans espoir de tunnel, les prix des trajets de nourriture compliquent bien l’affaire de nourriture pour la population…

      Sans pétrole ou ne serait-ce moins de pétrole, les îles vont recevoir de moins en moins d’aide de la part des continentaux (qu’ils soient chinois, européens ou américains)… A terme ça sera un carnage sur les îles, ils deviendront cannibales autrement dit anthropophages pour survivre !

  2. Esprit critique

    – « Bien entendu l’appauvrissement d’un pays résulte de multiples causes enchevêtrées, c’est multifactoriel » (Biosphère)
    Bien entendu !
    Toutefois cette explication de la misère et de l’«ingérabilité» d’Haïti, faite ici par Jared Diamond, me parait un peu simpliste. Comparons de même deux autres pays, eux aussi voisins et comparables point de vue climatique, géographique etc.
    – Corée du Nord : 25,4 millions d’hab – densité 211 hab/km2 – indice fécondité 1,9
    – Corée du Sud : 51,7 millions d’hab – densité 516 hab/km2 – indice fécondité 1,3
    Nous éviterons de conclure que c’est le 1,9 qui fait de la Corée du Nord un enfer, et le 1,3 de sa soeur voisine un paradis (ou presque).

    1. Soyons fous, comparons maintenant la Corée du Nord et la République dominicaine :
      – L’enfer : 25,4 millions – densité 211 hab/km2 – indice fécondité 1,9
      – Le paradis ou presque : 10,5 millions – dens 217 hab/km2 – ind.fécond 2,3
      Nous avons pourtant là, à peu près, la même densité et le même indice de fécondité.
      Plus besoin donc de démontrer que l’appauvrissement d’un pays résulte de multiples causes enchevêtrées, c’est multifactoriel.

    1. Bonsoir Didier Barthès.
      Cet article reste intéressant, seulement il ne nous avance à pas grand chose.
      ( Vous savez ce que j’en pense… quoi qu’on fasse… 10 milliards en 2050 etc.)
      En attendant, il est évidemment absurde de dire qu’à Haïti les conditions naturelles sont un véritable enfer. Sur ce point la comparaison avec sa voisine est justifiée. Maintenant, sans parler des cyclones et des tremblements de terre, qui font évidemment plus de dégâts chez les pauvres que chez les riches, il sera toujours difficile de démontrer que Haïti est une terre de malchance. Pareil pour démontrer que la République dominicaine a eu de la chance. La chance et la malchance nous renvoient au hasard, bon courage pour le définir.

    2. Toutefois, même si on ne peut plus parler de démonstration (logique etc.) on peut toujours le croire. Comme vous pouvez toujours croire que la surpopulation est la cause première de tous les maux de la Terre, de mon côté je crois en effet que Haïti est une terre de malchance.
      Pour tenter de le «démontrer» je vais prendre deux exemples. Les accidents de la route, causés par la vitesse excessive, l’alcool, le mauvais du véhicule, de la route etc. etc. Bon courage pour dire la cause première de l’accident qui a tué cet automobiliste qui cumulait le tout. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce pauvre type n’a pas eu de chance.
      Autre exemple, un individu qui accumule les comorbidités (diabète, obésité, alcoolisme, cancer etc.) et qui par malchance… chope l’Omicron. Je vous laisse deviner la suite.
      En attendant je préfère dire que l’appauvrissement d’un pays résulte de multiples causes enchevêtrées, c’est multifactoriel (sic Biosphère).

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