A quelques jours d’écart, les 24 et 28 février, Vladimir Poutine lançait l’armée russe sur l’Ukraine et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rendait public son sixième rapport, le plus alarmant rendu à ce jour par l’organisme onusien. Rien ne semble a priori rapprocher ces deux menaces. La première tient à la folie d’un seul homme quand la seconde tient aux lois intangibles de la physique. Sur ces deux menaces plane pourtant le même parfum d’hydrocarbures.
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Stéphane Foucart : Charbon, pétrole et gaz sont les principales causes du réchauffement, mais aussi principales sources de financement de la Russie de Vladimir Poutine. Notre addiction aux énergies fossiles a armé le maître du Kremlin ; Politico a fait ce cruel calcul , en 2020 les dépenses militaires russes (56 milliards d’euros) correspondent peu ou prou à la valeur des exportations de combustibles fossiles de la Russie vers l’Europe (59 milliards d’euros). Au total, 40 % de la consommation de gaz des pays de l’Union proviennent de Russie. En jouant ainsi avec les nerfs des populations européennes, le maître du Kremlin semble nous susurrer : « Voyez comme ces centrales nucléaires vous rendent vulnérables au moindre de mes caprices. Ne préférez-vous pas rester au gaz ? »
Vince : Citation du Sunday Times: « Tout en envahissant l’Ukraine et en menaçant l’Otan d’une guerre nucléaire, Vladimir Poutine tient à vendre au monde ses marchandises. La Russie a exporté 235 milliards de dollars d’énergie l’année dernière, soit environ la moitié de ses revenus d’exportation totaux. Cela signifie que chaque jour, les acheteurs de pétrole, de gaz, de diesel et de charbon russes versent plus de 640 millions de dollars dans les coffres du Kremlin, aidant à soutenir le régime meurtrier de Poutine et à payer les chars qui bombardent son voisin. »
jcf : La corrélation entre l’exportation par la Russie d’énormes quantités d’hydrocarbures et l’invasion de l’Ukraine est d’une évidence telle qu’il est surprenant que les journalistes du Monde n’aient pas alerté l’opinion politique depuis longtemps. Ce sont sans doute les lobbys du carbone et de la finance qui les en ont empêchés. Peut-être aussi les photos sur papier glacé des produits de luxe qui prennent tant de place dans M Magazine…
Tomjedusor : Merci Stéphane. Bon le problème c’est que les lois de la physique sont têtues : on a besoin de beaucoup, beaucoup d’énergie pour se nourrir, se chauffer, s’habiller, écrire des articles. A peu prêt l’équivalent de la force 600 esclaves par an et par français. Ce serait bien de se sevrer mais comment faire ? Personne ne veut revenir au 17eme siècle, personne ne veut revenir faire pousser des poireaux a la place des tracteurs et des engrais issus de la pétrochimie, personne ne veut transporter ses récoltes en charrette pour les vendre au marché du coin. Se sevrer, oui, mais avec quoi ? Trois éoliennes en plus ? Les européens n’ont pas très bien compris l’ampleur du problème énergétique. En France par exemple se sevrer du gaz et du pétrole voudrait dire 60 EPR de plus, pas 14. Et encore on arrenterait pas les importations carbonées avec ça
Freretug : Ben quoi retournons à un monde de serfs attachés à leur terre, aux villageois d’antan qui ne quittaient leur village que deux fois pas an. Pas d’avions pas de voitures pas de voyage en Thaïlande pour aller se dorer les fesses… Le monde d’après…
Haïdouk @Freretug : Et en plus on voudrait même nous interdire le plastique ! Les sacs étaient pourtant bien pratiques. Notamment pour se suicider…
fongalop : Les bobos parisiens et les écolos en rêvaient depuis longtemps, la décroissance. Grace à Poutine, elle va enfin s’installer sans débat dans toute l’Europe.
Frog : Oui, et après il y aura la fin des énergies fossiles dans un monde très conflictuel, et les partisans de la croissance n’auront rien vu venir bien qu’on en parle depuis plus de 50 ans….
Lorange : J’avoue rêver d’assister à un repas dominical durant lequel papi boomer explique à une tablée fatiguée de ses élucubrations réactionnaires que les rapports du GIEC, synthèse des expertises scientifiques de toute la planète sont faussés, que les écologistes qui n’ont jamais été au pouvoir sont responsables du réchauffement climatique et que Macron ou la droite sont les plus à même de résoudre la crise écologique. Et, en point d’orgue, à partir du fromage, not’bon papi réactionnaire s’étranglant de rage et hurlant que lui vivant, jamais, ô grand jamais, on ne retournera vivre dans les cavernes en s’éclairant à la bougie.
Batman : Soyons clair, Poutine, les Russes, les Ukrainiens d’aujourd’hui et leurs conflits auront tous disparus dans 50 ans mais le réchauffement sera là. Je m’étonne également que face au risque de pénurie aucun appel à la sobriété énergétique ne soit fait ni aucun rationnement prévu. C’est si dur de se passer de sa bagnole et son smartphone ?
Peps72 : Y’a 7 milliards d’être humains sur Terre, alors je vois pas vraiment quel serait l’intérêt d’évaluer le coût écologique d’un conflit qui oppose 150 000 militaires russes à 100 000 militaires ukrainiens, sachant que tout ce petit monde s’entraine quoiqu’il arrive tout au long de l’année en consommant de l’essence et des munitions, à un niveau certes beaucoup moins élevé, mais au final d’un point de vue écologique ça va (absolument) rien changer du tout au devenir de l’humanité…
Vladimir Poutine voulait s’inscrire dans la lignée de Pierre le Grand. Le voilà promis au cousinage de Kim Jong-un. Les crimes de guerre en plus. (Piotr Smolar)
– « Mais que devons-nous faire en face des menaces de guerre ? […]
Oh ! sans doute, la résolution de Stuttgart rappelle que la guerre est de l’essence du capitalisme et que la racine de la guerre ne sera arrachée que lorsque le capitalisme lui-même aura été déraciné. Oui, c’est la vérité socialiste. Oui, dans le monde capitaliste, il y a guerre permanente, éternelle, universelle, c’est la guerre de tous contre tous, des individus contre les individus dans une classe, des classes contre les classes dans une nation, des nations contre les nations, des races contre les races dans l’humanité. Le capitalisme, c’est le désordre, c’est la haine, c’est la convoitise sans frein, c’est la ruée d’un troupeau qui se précipite vers le profit et qui piétine des multitudes pour y parvenir. [etc.] »
Jaurès. Septembre 1907. Le prolétariat et la guerre après le congrès de Stuttgart
( comprendreavecrosaluxemburgdocumentsetdossiers.over-blog.com/ )
– « … Un jour, la machine a paru. Le capital l’a épousée. Le couple a pris possession du monde. Dès lors, beaucoup d’hommes, surtout les ouvriers, sont tombés sous sa dépendance. Liés aux machines quant à leur travail, au patron quant à leur salaire : ils se sentent moralement réduits et matériellement menacés. Et voilà la lutte des classes !
Elle est partout, aux ateliers, aux champs, aux bureaux, dans la rue, au fond des yeux et des âmes. Elle empoisonne les rapports humains, affole les États, brise l’unité des nations, fomente les guerres. Car, c’est bien la question sociale, toujours posée, jamais résolue, qui est à l’origine des grandes secousses subies depuis trente-cinq ans. Aujourd’hui, c’est la même question, toujours posée, jamais résolue, qui pousse le monde vers un drame nouveau. [ etc. etc. ] »
Non ce n’est pas Marx. C’est le Général De Gaule.
Discours du premier Mai 1950 . Bagatelle. Charles de Gaulle.
– « La guerre aux portes de l’Union européenne d’une part, le changement climatique de l’autre […] La première tient à la folie d’un seul homme [etc.] » (Stéphane Foucart)
Va t-on faire de moi un PRO-Poutine… si j’ose dire que cette merde n’est pas due qu’à la folie d’un seul homme, que les choses sont juste un peu plus compliquées que ça ? Et pourquoi faire dire à Poutine ce qu’il ne dit pas ? «Voyez comme ces centrales nucléaires vous rendent vulnérables au moindre de mes caprices. Ne préférez-vous pas rester au gaz ?» lui fait-on dire… Faut croire que la situation n’est pas assez merdique comme ça.
Dans cette situation il se trouve que ce sont les ventes d’hydrocarbures qui financent les équipements militaires de la Russie, et donc cette guerre. Et dans d’autres situations ce seront les ventes d’autre chose. De matières premières, de blé, de drogue, d’avions, d’armes, peu importe. La Guerre est l’essence même du Système.
Les guerres sont aussi réparatrices, en éradiquant des bouches en trop, de la pollution est éradiquée par la même occasion.
Pour les «bouches en trop», dont tu ne fais évidemment pas partie, regarde l’incidence des deux guerres les plus meurtrières sur la courbe de l’évolution de la population mondiale. Pour la pollution regarde du côté de la Meuse où des terres sont toujours impropres à l’agriculture, où ça fait un siècle que pas un brin d’herbe ne pousse sur certaines zones, où les sols sont pourris de tas de saloperies, plomb, arsenic etc. Et après ça tu nous expliqueras comment une guerre nucléaire pourrait réparer quoi que ce soit.
Il faut arrêter de faire peur avec les mots « Nucléaire » et « Tchernobyl » comme si ce qui s’est produit à Tchernobyl allait se produire à l’ensemble des centrales du monde, c’est de la connerie ! De la propagande mensongère ! A Tchernobyl, ce qui a provoqué l’incendie de la centrale nucléaire, c’est l’usage de graphite ultra-conducteur pour le cœur de réacteur ! OR, toutes les centrales en France, et même en Europe n’utilise plus le graphite dans le cœur de réacteur, autrement dit ce qui s’est produit à Tchernobyl ne se produira pas sur nos centrales actuelles ! Mais les escrolos se gardent bien d’informer la population sur le sujet ! Alors les escrolos répètent « Tchernoibyl, Tchernobyl, Tchernobyl » en sautant comme des cabris pour terroriser la population, mais c’est de l’escroquerie intellectuelle !
Arrête déjà de tout mélanger, pas besoin d’en rajouter à la Confusion. Ce n’est pas moi qui balance des bombes sur une centrale nucléaire, à graphite ou pas on s’en fout, je ne menace personne de lui balancer une bombe sur la gueule, atomique ou pas on s’en fout. J’ai horreur de la guerre, contrairement à toi je ne lui vois aucune vertu, aucun intérêt. Ce qui ne m’empêche pas de comprendre les intérêts de certains à déclencher des guerres, ou à nous faire peur, nous enfumer etc.
Je dis que le nucléaire c’est trop dangereux. Et qu’il faut être fou pour croire qu’on maîtrise tout ça, que tout est sous contrôle, qu’il ne peut rien nous arriver de grave, que les déchets il suffit de les foutre dans un trou bien profond et de les y oublier (dixit Janco), que le graphite et blablabla (dixit Professeur BGA).
Voilà pourquoi nous ne devrions surtout pas en rajouter, et pourquoi nous devrions (yaka) entreprendre le démantèlement sans tarder.
Du Front populaire à l’entrée en guerre en septembre 1939, Daniel Schneidermann livre aujourd’hui la chronique d’une « pré-guerre » où la presse prépare au pire en instillant la haine en mots, prélude à la haine en actes. Ce bal sinistre révèle quelques vérités simples : la neutralité de la presse est un leurre qu’une analyse économique sérieuse dévoile, puisque le récit médiatique en surplomb n’existe pas.
Mais avec certains comme Henri de Kérillis (1889-1958), il existe des Cassandre d’une sidérante lucidité dont les analyses comme les prévisions sont parfaitement ignorées. Trop rares sont « ces rares lucides, noyés sous la glose des prudents, des aveugles et des vendus » Surtout en Russie ces dernières années…
« La Guerre avant la guerre 1936-1939. Quand la presse prépare au pire », de Daniel Schneidermann, Seuil, 2022