Lutte Ouvrière contre la décroissance

Un article du 10/12/2009 montre que Lutte Ouvrière en est resté aux temps du manifeste du parti communiste (1848)

Il en va des problèmes écologiques comme de la crise économique : aucune régulation ne pourra exister tant que la société sera gérée en fonction du profit, c’est-à-dire tant qu’elle sera dirigée par la classe capitaliste…. Des militants qui se désignent sous le nom d’ « objecteurs de croissance » ou de « décroissants » estiment que l’on consomme trop et que l’on produit trop. Nous, communistes, nous pensons que les problèmes de la société viennent d’une certaine organisation sociale – le capitalisme – et qu’ils sont le fruit de la division de la société en classes sociales.

Le point de vue de Lutte Ouvrière sur le mouvement de « La décroissance »

Le 16 octobre 2009, un organisme de l’Onu annonçait que le nombre d’humains frappés par la famine avait, pour la première fois dans l’histoire, dépassé le chiffre de un milliard. Dans ce contexte-là, prôner une réduction de la production et de la consommation paraît stupéfiant. Ah, bien sûr, la plupart des objecteurs de croissance se disent soucieux de la famine et de la misère dans les pays d’Afrique ou d’Asie, mais ils en mettent une partie de la responsabilité sur le dos des peuples des pays riches. « Nous, au Nord, les gavés de l’hyperconsommation », peut-on lire par exemple sous la plume de l’économiste décroissant Serge Latouche. Les « gavés de l’hyperconsommation » ? De qui parle-t-il ? De la grande bourgeoisie, des banquiers arrosés à l’argent public ? Non, bien sûr. De vous et moi, des salariés, des petites gens qui vont chaque semaine remplir un caddie à l’hypermarché, qui ont une voiture, ou, pire encore, un lecteur MP3. À eux ils prônent, plutôt qu’une illusoire hausse du pouvoir d’achat, (je cite) « l’ivresse joyeuse de la sobriété volontaire. »… Qui n’a pas déjà entendu quelqu’un se demander si « les RMIstes ont vraiment besoin d’une télévision à écran plat » ; ou entendu des discours plus ou moins méprisants sur les travailleurs pauvres qui « claqueraient leur salaire à remplir des caddies chez Auchan » ? Eh bien pour nous, cette idéologie du renoncement et du recul, même si elle se travestit en mouvement de gauche, voire d’extrême gauche, est une escroquerie…

Le point de vue de Lutte Ouvrière sur le progrès technique

Le mouvement luddite consistait, à l’aube de la révolution industrielle, à pousser les ouvriers à détruire les machines, considérées comme porteuses de chômage. Marx, lui, pensait que les machines étaient porteuses du progrès de la société, à condition que celle-ci soit réorganisée sur d’autres bases… Et, même si le rire y perdra, nous ne commenterons pas les expériences alternatives des intégristes de la décroissance, prônant d’habiter dans des yourtes ou de remplacer le tout à l’égout par des cultures de vers de terre… Heureusement pour l’humanité, la production d’énergie ne s’arrêtera pas le jour où la dernière goutte de pétrole aura été brûlée. D’ici là, quelles technologies nouvelles auront enfin été maîtrisées ? La fusion des atomes d’hydrogène, qui permettrait de créer de l’énergie à partir de l’eau ? La récupération et l’exploitation des hydrates de méthane qui couvrent le fond des océans et dont les réserves sont très supérieures à celles du pétrole ? Les nanotechnologies permettront-elles de multiplier par 6 ou 8 le rendement des panneaux solaires ? Sera-t-on capable d’installer des panneaux solaires dans l’espace pour récupérer plus d’énergie ? Ce sont en tout cas des pistes sur lesquelles les chercheurs travaillent dès aujourd’hui. Cela rend d’autant plus contradictoire, lorsqu’on est dans la position des écologistes et des décroissants, de dénoncer comme ils le font ces recherches qui se mènent, au nom de la lutte contre la « technoscience ». Les associations décroissantes organisent par exemple des manifestations contre le « gouffre à milliards » que représente le projet ITER de Cadarache, qui pourrait d’ici 20 ans aboutir à des découvertes décisives en matière de fusion de l’hydrogène. Gouffre à milliards ? Le budget d’ITER est au contraire ridiculement petit : 10 milliards d’euros sur 45 ans ! Soit environ 220 millions d’euros par an…

Commentaire de Biosphere : Dans les années 1960, l’extrême gauche française s’était révélée totalement hermétique aux préoccupations écologistes. Lors de la candidature de René Dumont, la revue Lutte ouvrière du 23 juillet 1974 titrait : « L’écologie politique : un apolitisme réactionnaire ». La situation a-t-elle évoluée ? Nathalie Arthaud, porte-parole du parti trotskiste Lutte Ouvrière pour la présidentielle 2012 a été noté  0/10 par Christophe Magdelaine. Pour la présidentielle de 2017, Lutte ouvrière répondait ainsi à la question sur le droit de mourir dans la dignité : Nathalie Arthaud « place la dignité de l’Homme au cœur de l’ensemble du projet de Lutte Ouvrière ; nous voulons un monde dans lequel la dignité humaine soit respectée du début jusqu’à la fin de vie, individuelle ou collectivement. » C’est ce qu’on appelle la langue de bois dont raffole le trotskysme. Pour les européennes de 2019, Lutte ouvrière présentait sur son affiche son dogmatisme traditionnel, « Contre le grand capital, le camp des travailleurs ».

Lire, Des classes sociales à la classe globale

6 réflexions sur “Lutte Ouvrière contre la décroissance”

  1. Hélas, beaucoup de partis pensent hors contexte « planète finie ». Les uns piochent la planète pour payer le capital, les autres pour donner du travail mieux payé…. Je pense qu’il manque de vrais pilotes pour mener cette bataille écologique en se mettant du côté de ce qu’on peut planétairement, et de ce qu’on doit faire au minimum humainement.
    On ne doit travailler que pour le juste nécessaire d’abord, se nourrir et se soigner, pour le reste revenir à des choses basiques et utiles. Il faut ralentir notre rythme de vie, ce qui n’empêche pas de chercher des techniques pour retrouver ce qu’on aura peut-être perdu.
    https://lejustenecessaire.wordpress.com/2021/03/18/le-rmu-premier-pas-ecologique/
    Mais cela ne peut être possible que si mondialement les gouvernements organisent cette décroissance en commençant par un désarmement de tous les pays…

  2. Plus sérieusement, bien qu’il ne faille pas les confondre, ou les marier, je trouve la position du NPA un peu plus intéressante. Et puis je pense que ce parti est plus ouvert.

    – « l’écosocialisme repose sur un pari, qui était déjà celui de Marx : la prédominance, dans une société sans classes et libérée de l’aliénation capitaliste, de l’être sur l’avoir […]
    Achat compulsif bien induit par le fétichisme marchand inhérent au système capitaliste, par l’idéologie dominante et par la publicité : rien ne montre qu’il fait partie d’une nature humaine éternelle. […]
    Quelles pourraient être les relations entre l’écosocialisme et le mouvement de décroissance ?
    Peut-il y avoir une alliance, malgré les désaccords, autour d’objectifs communs ? [etc.]  »

    Écosocialisme et / ou décroissance (8 décembre 2020 sur nouveaupartianticapitaliste.org)

  3. Les histoires d'A

    Je me souviens les avoir vus et écoutés tous les deux à la même tribune. Un régal !
    Je trouvais qu’Arlette et Alain faisaient un joli couple. Ah ce que j’aurais aimé qu’ils se marient ces deux là ! Pour eux je n’en sais rien, mais pour moi ça aurait été beaucoup plus facile.
    Parce que je dois dire que ces deux cons m’emmerdaient. Parce qu’et en même temps moi je voulais dire merde à Georges. Ah ce qu’il m’emmerdait lui aussi ! Non, pas Brassens.
    Je devais donc choisir entre Elle ou Lui : Laguiller ou Krivine, choisis ton camp camarade !
    Choisir entre la Peste et le Choléra ça pour moi c’est facile, mais entre une blonde et une brune, ça c’est terrible. Choisir c’est renoncer, et renoncer ça fait mal. Mais ça c’était autrefois.

    1. Parti d'en rire

      Aujourd’hui je suis guéri, même plus mal ! En tous cas de ce côté là. Et pas parce que Georges, Arlette et Alain ne sont plus là, non. Ben non puisque aujourd’hui nous avons Jean-Luc, Nathalie et Philippe. Ah ce qu’ils m’emmerdent ces trois là !
      Ou ces quatre là si on compte Yannick. Ou ces cinq là etc.

  4. Esprit critique

    – « Un article du 10/12/2009 montre que Lutte Ouvrière en est resté aux temps du manifeste du parti communiste (1848) »
    C’est une façon comme une autre de présenter cet article quelque peu surprenant.
    Bien qu’on ne puisse pas dire que Lutte Ouvrière n’a pas réfléchi sur le sujet (de la décroissance) cet article révèle des points de vue d’une autre époque. Notamment cette foi (ou confiance) dans le progrès (la science) qui l’amène à déclarer : « Le développement de la technique et de la science permet d’envisager à la fois qu’on tire davantage de la nature tout en l’abîmant moins. » Misère misère. Dommage aussi cette façon de généraliser et/ou de tirer à l’extrême les idées de leurs adversaires (les décroissants) pour en conclure n’importe quoi.

    1. On voit bien aussi où sont les tabous, il ne faut surtout pas dire que le Pôple n’est qu’un Gros Animal, que le consommateur est un crétin, parce qu’avant d’être con-sot-mateur il est d’abord travailleur et le Travail c’est sacré. Bref, on voit vite qu’on a affaire là à des gens butés, persuadés et con vaincus d’avoir raison, axés sur une seule chose, la lutte des classes, le Grand Soir etc. Comme je dis, à chacun sa came, en attendant.
      Là encore c’est tout simple (simplet), il suffit (YAKA) d’en finir du Capitalisme et nous serons enfin dans le Meilleur des mondes. Je crois qu’on peut parler de dogmatisme.

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