Michel Tarrier essayiste, entomologiste donc écologue, mais aussi écologiste radical, biocentriste, dénataliste, est l’auteur notamment de « 2050, Sauve qui peut la Terre ! » (2007) ; Faire des enfants tue (2008) ; « Nous, peuple dernier. Survivre sera bientôt un luxe « (2009) ; Dictature verte (2010) ; Faire des enfants tue… la planète (2011). Il a aussi contribué en 2014 au livre collectif « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) ». Voici le contenu de son chapitre.
De notre occupation indue des niches écologiques des autres espèces
En l’An 1, nous étions 250 millions ; en 1800, 1 milliard ; en 1960 (hier donc), 3 milliards ; en 2000, 6 milliards, aujourd’hui, déjà bien plus de 7 milliards (au prix de 10 millions de cancéreux et d’un milliard de crève-la-faim…). Nous serons entre 9 et 10 milliards dans moins d’un siècle, c’est une surcharge planétaire outrancière et délétère puisque nous sommes déjà entrés dans une crise écosystémique et d’extinction massive d’espèces (cette sixième est la nôtre !), avec 24.351 espèces végétales et animales disparues, 11 millions d’hectares de forêt anéanties à jamais et… un pic pétrolier avéré d’un débit de 28 milliards de barils pompés.
En ne considérant que notre propre existence et ses conditions de survie économique, il y a censément une raison égoïstement légitime de ne plus avoir d’enfant, c’est de ne pas surpeupler davantage la seule Planète dont nous disposons. Un peu comme dans un appartement, un véhicule de transport en commun, un ascenseur… Si on aime les enfants, il ne faut donc plus en faire. Vivre moins nombreux pour que tout le monde puisse tout simplement vivre. D’autant plus que chaque Terrien vise le niveau moyen de vie d’un Nord-Américain ou d’un Européen et que l’on sait qu’il faudrait alors disposer des ressources de six ou sept planètes Terre pour y parvenir.
« Sur Terre nous sommes libres de nos choix, mais jamais nous ne serons libres des conséquences de nos choix » disait Claude Traks. Une mise en perspective nous fait penser que cette Terre n’appartient pas qu’à notre espèce et que nous n’avons de cesse d’occuper la quasi universalité et l’entièreté des habitats accueillants. Voici donc des conséquences qui ne concernent pas que nous et notre chiche environnement. À quel titre et au nom de quoi et de qui l’espèce humaine se permettrait-elle de proliférer sans limite au détriment de toutes les autres espèces animales et végétales de la Planète ?
1/ L’anthropie ou l’invention de la destruction
Est-il dans la nature des choses de détruire la Nature ? Déjà enfant, j’avais une nature de naturaliste.
Il est dans la nature de la fleur de devenir le fruit. Mais est-il dans la nature des choses de détruire la Nature, par exemple en coupant la fleur pour offrir un cadeau naturel à sa dulcinée ?
L’idée de Nature n’est pas une idée tendance, comme nous inciterait à le croire le sempiternel recours marchand au mot naturel, qualifiant ainsi tout et n’importe quoi. Ce n’est pas même un paradigme, un concept culturel. L’idée de Nature caractérise de part en part la cognition que nous avons de notre existence. L’entendement que nous percevons de la Nature, notre rapport à la Nature, détermine la qualité de notre relation à cette Nature, que celle-ci soit de l’ordre de la prédation (pour ceux qui prennent) ou de la coexistence, ou mieux dit de la fusion (pour ceux qui laissent).
Le mot se décline selon deux sens fondamentaux et ce qui nous préoccupe n’est évidemment pas son acception de l’essence, de la substance, du devenir d’une chose ou des propriétés qui définissent les caractères intrinsèques, physiques ou morales, d’un être ou d’une chose (la nature humaine, il est dans la nature des choses…), mais l’ensemble de ce qui constitue l’univers, de ce qui maintient l’ordre des êtres et des choses, ce qui est naturel, et plus ponctuellement ce qui, dans le monde physique, apparaît indemne de la main de l’homme, c’est-à-dire relevant de la naturalité. Du premier principe d’intériorité, la Nature devient alors un principe d’extériorité universelle. C’est le cosmos, l’immensité cohérente où, jusqu’au microcosme et à l’ADN, tout est ordre, organisation, où rien n’est chaotique.
Mais encore une fois, et pardon pour la énième redite, une vision culturelle de la Nature procède de notre mode de civilisation qui entend ne pas être partie intégrante de cette Nature, mais en vivre, en jouir, l’exploiter, la dominer, et même la bafouer, la souiller. À savoir que les peuples racines ont cette vérité, cette justesse, d’être dans la Nature, d’être aussi « La Nature ». Ce qui n’est plus possible pour celui qui, en costume-cravate et muni d’une machine à calculer, est propulsé par un véhicule technique, mine les écosystèmes, réglemente la Nature pour mieux la dérégler, déboise et reboise, tue et repeuple, la soumet tant à sa loi qu’à sa relative bienveillance, en stocke les fruits et les gisements, passe une forêt à la moulinette ou une plaine au bulldozer. Cet homme de civilisation, loin de la transcendance et du respect, proxénète accompli et fier de l’être, est sorti de la Nature, il est contre-nature et contre la Nature. Et c’est bien pourquoi, nonobstant des gesticulations tardives qu’il ne coûte rien de nommer développement durable, il va perdre cette Nature et, trop tard, surnuméraire mais seul sur une Terre pelée et desséchée, il comprendra la déraison de son chemin. La Nature était vivante. Honni soit qui mal y pense !
Aujourd’hui, un fruit est dit naturel lorsqu’il est produit sans chimie, une forêt est dite naturelle lorsqu’elle n’est pas l’œuvre du sylviculteur, une femme ou un homme seront bientôt dits naturels lorsqu’ils ne sortiront pas de la chirurgie plastique, ou qu’ils ne seront pas nés in vitro, etc. ! Ce qui reste de Nature est donc infime ou douteux, relève des vitrines et des catalogues, et ne résistera pas à quelques décades de plus. D’ailleurs, nous sommes entrés dans l’ère de la cancérogenèse environnementale et la mort naturelle est en voie d’extinction ! Tous mes amis ont décédé à un carrefour, d’un cancer ou d’une dose de barbituriques. Lévi-Strauss pouvait encore dire que l’anthropologie était une discipline qui pense la relation entre la Nature et la culture. Faute de Nature et de la mythologie qu’elle induit, l’anthropologie du troisième millénaire devra être redéfinie. La Nature nous a d’abord été étrange, elle nous est désormais étrangère, indifférente à telle point que nous l’avons occise. L’écologisme, qu’il soit deep ou périphérique, est le dernier sursaut, l’épiphénomène qui en signe une fin prochaine.
Et vint le temps de l’inversion, celui où la ville est assimilée à la jungle, où la cité devient lugubre, malsaine, malfaisante, incertaine, dangereuse, habitée par des hommes au cœur de pierre, dont certains sont animalisés comme fauves ou requins. Mais la sauvagerie qui relevait de la forêt reste dans le cœur de l’homme citadin et, pour respirer, se détendre, se ressourcer, le romantisme puis l’ère des loisirs en appelle à la forêt. Il n’en demeure pas moins une suspicion à plonger dans la verdure, à en croire mon anecdote perso. Entomologiste, je passe mon temps dans la Nature. Il arrive souvent que me voyant quitter mon véhicule et sauter dans les fougères d’un sous-bois ou grimper un versant, la gendarmerie du pays concerné me siffle et m’interpelle pour s’enquérir de ce qui, pour les forces de l’ordre, est assimilable à une fuite. Quand on quitte la ville pour la campagne, et a fortiori l’asphalte pour la strate herbacée, il faut pouvoir fournir une explication, et même une autorisation. Ce délit d’escapade et de retour à l’écosystème est aggravé si l’on est seul, silencieux, respectueux. Un groupe tonitruant s’installant dans une clairière pour faire avorter les oiseaux est implicitement dans les normes.
La Nature, pour l’humanité, si ce n’est plus l’ennemie, c’est au mieux de l’environnement pour nous faire belle la vie. Et l’environnement n’est pas la Nature, ce n’en est qu’une idée, et même une vue de l’esprit. Il n’existe rien de plus anaturel que des réserves et des parcs naturels ! Ce sont des zoos qui s’excusent ! Parquer est hélas ce que nous pouvons faire de mieux, parquer et pancarter. « Paysage classé » ; « Derrière ces barbelés, la Nature est libre » ; « Défense de marcher sur la pelouse » ; « Défense de cueillir ou de prélever, sauf permis scientifique » ; « On est prié de demander un permis d’observer ». Chez les adeptes de l’agrochimie et du safari version terminator, le statut de cueilleur-chasseur est un délit. C’est plutôt drôle. Mais comme nous parquions déjà les peuples premiers comme nous parquons nos voitures…, pas de souci.
2/ Côtes d’alerte : tous les signaux sont au rouge
Au moins jusqu’aux années 1960, nous n’avons noué que des relations irrespectueuses avec la Nature, sans même nous rendre compte que nous en étions tributaires et que nous en rongions les valeurs. C’est faute d’un contrat naturel que notre monde s’effondre, après 4000 ans de quiproquos, dont l’idée de progrès, la technique, la croissance économique, la science et bien sûr les religions révélées ne furent pas les moindres maux. Rien que parce que nous respirons, nous mangeons, nous déféquons, nous avons sommeil, nous nous reproduisons, nous sommes soumis à la Nature. Il eut donc été plus malin de vivre en accord avec elle, que de scier la branche sur laquelle…
La Terre parle, les hirondelles ne font plus le printemps, c’est la grande hécatombe, nous agissons en sorte de provoquer une rupture des stocks du Vivant. Disparités, dévastations, pollutions, iniquités, maltraitances…, une interminable énumération d’effets collatéraux de nos civilisations triomphantes contribue désormais à l’effroyable destin du jardin planétaire. Nous faisons vivre à la planète vivante une sorte d’apoptose sans suite, à savoir que nous en grillons une par une les composantes biologiques. C’est chaque fois une maille qui saute d’un grand tissu vivant. Le monde réel creuse un abîme entre l’individu et la vie. Il y a une fractalité de l’univers dans ce drôle d’animal déraisonnable qu’est Homo sapiens, irrésistiblement poussé à voir plus loin. La Terre est une île, elle n’a pas son pareil et nous en sommes tributaires. Nous nous autodétruisons, nous sommes nos propres fossoyeurs. La compilation apocalyptique de communiqués de déroute et de chiffres affligeants, en provenance d’une planète en déliquescence, sont pour la plupart issus d’organisations aussi sérieuses que l’UNESCO, la FAO, l’UICN, le WWF, l’OMS, et autres instituts reconnus, ainsi que de différents ouvrages et communications d’experts spécialisés. L’un des pronostics du rapport affiné d’avril 2007 des 2500 chercheurs du GIEC (groupe intergouvernemental de l’ONU sur l’évolution du climat) affirme que plus de 3 milliards de Terriens n’auront rien à boire et rien à manger d’ici 2100. Sont-ils complètement loufoques ? Derrière la porte verte, il n’y a plus rien, juste un dernier battement d’aile. De quoi avoir mal à la Terre, vraiment.
3/ Pourquoi on ne l’aurait pas volé !
Une crise écologique se produit lorsque le milieu de vie d’une espèce ou d’une population évolue de façon défavorable à sa survie. Notre humanité est incontestablement entrée en crise écologique. Le nier, le dénier, c’est être stupidement négationniste et cela engage gravement. La crise écologique globale dans laquelle nous avons plongé la tête la première menace toutes les espèces mais n’est due qu’à l’impact d’une seule : la nôtre. L’humain, cette ancienne entité prédatrice omnivore au sein des écosystèmes naturels, s’est taillé la part du lion en s’autoproclamant, il y a quelque deux mille ans, dominatrice et exterminatrice. Qu’en aurait-il été de nous si le lion l’avait fait en atteignant un tel effectif de 7 milliards de représentants ? Notre dessein démiurge de faire de cette Terre l’empire de l’homme eut été vain sans l’occurrence de nos acquisitions technologiques, vectrices de cet accroissement démographique contre-nature. Sans l’avènement de la mécanisation et de la pétrochimie, notre agriculture en serait restée au néolithique, nourrissant une modeste population d’un milliard de représentants au prorata des ressources agricoles vivrières nées des saisons, de la pluie, du soleil, de l’azote, du phosphore, du potassium et des pénibles efforts du noble paysan. Mais, espèce élue, nous avons opté pour une charge surnuméraire et, maintenant que notre milieu de vie est dénaturé, que les méthodes productivistes ont perturbé les cycles naturels des nutriments, que tout est quasiment dégradé et dilapidé, nous ne comprenons pas. Nous avons migré en tous sens et colonisé tous les continents, y compris les niches les plus inconfortables, les plus froides et les plus arides. Nous avons consciemment modifié l’environnement, fait reculer la forêt, défricher ou piétiner les communautés végétales, exterminé ou évincé toutes les espèces animales, y compris celles qui nous étaient sympathiques. Nous avons bâtis des métropoles, des édifices toujours plus hauts et prétentieux. Nous avons tout empoisonné par des industries pour la plupart aujourd’hui caduques. Nous avons façonné des déserts agraires pour la monoculture intensive et concocté des écosystèmes artificiels pour des loisirs contestables. Nous avons en fait hominisé, anthropisé la Terre entière jusqu’à un point de non retour puisque la voici touchée par les menaces eutrophique et abiotique. Depuis la moitié du siècle précédent, partout où l’homme passe, la Nature trépasse. Mais nous n’en sommes pas restés là. Par l’entremise de l’effet-papillon, l’homme moderne fut doté d’une extraordinaire prouesse, celle de contaminer depuis n’importe quel point du globe les rares contrées encore harmonieusement habitées par des nations premières et naturelles. Faire par exemple disparaître le Bangladesh par l’émission de gaz à effets de serre depuis les pays développés, où exporter par les airs et les eaux notre métastase de polluants organiques persistants jusqu’au paradis blanc de l’écosystème arctique, à tel point que 73 % des femmes Inuits ont maintenant dans le sang un taux de PCB cinq fois supérieur à celui des autres Canadiennes, avec une même incidence en hausse de cancers du sein, et qu’on leur déconseille d’allaiter leurs bébés.
Tardivement et dans l’espoir d’esquiver l’effet boomerang, de ne pas prendre sur la gueule ses forfaits délétères, le premier monde se réunit, converse, tergiverse lors de pathétiques protocoles induisant à leur tour d’énormes effets contaminants. En tenue de guerre capitaliste (livrée croque-mort du fossoyeur en costume-cravate plus sombre que sombre), d’innombrables représentants funestes de causes perdues gesticulent et s’adonnent à des incantations exorcistes exhortant à limiter l’augmentation du dioxyde de carbone et du méthane dans l’atmosphère. Pendant ce temps, leurs collègues plus ou moins clonés déboisent l’Amazonie, le Gabon et la Malaisie, le niveau des mers s’élève et le réchauffement global commence à inonder les deltas asiatiques. La phase suivante consistera à écoper les océans ou à produire des hordes d’écoréfugiés. Un écoréfugié qui a réussi est celui qui, depuis un pays occidental, assis sur un fauteuil toxique importé de Chine, produisant des déchets non dégradables et se désaltérant d’une eau de robinet mise en bouteille par Coca-Cola, peut contempler à la télévision des gargarismes protocolaires contre le chaos climatique, agrémentés de contradicteurs de service et de quelques lamentations médiatiques sur l’extinction des espèces.
Gaïa n’a que faire de ces considérations dérisoires. La paléontologie nous apprend tout de même que l’humanité a déjà failli s’éteindre il y a 70.000 ans en Afrique de l’Est, à cause de sécheresses récurrentes qui auraient réduit la population humaine à environ deux mille individus, probablement scindés en petits groupes. Selon les mêmes sources, ce n’est qu’il y a 40.000 ans que les groupes humains se sont refondus au sein d’une population unique et panafricaine, après quelque 100.000 ans de séparation. Et l’histoire nous enseigne aussi que du temps des Vikings, dans un univers arctique très végétal, l’ours blanc n’était pas polaire. En prenant du recul, en relativisant, en mettant l’évènement immédiat en perspective, la peur peut s’estomper au profit de la raison. Mais il reste indéniable que nous saccageons.
La Terre est une île, ses fruits sont rationnés. On pourrait aussi et une fois de plus s’en référer à l’allégorie de Rapanui, ou comment une population s’est suicidée en outrepassant sa charge effective et en induisant l’épuisement des ressources insulaires, et notamment l’éradication du palmier dont sa survie était tributaire. L’effondrement à Tuvalu, que l’on pourrait, pour pasticher le titre d’un best-seller de Michel Houellebecq, intituler « l’impossibilité d’une île » correspond à une véritable modélisation mathématique dont il conviendrait de s’inspirer.
Le petit état de l’archipel polynésien des Tuvalu (5,6 km2, avec un taux de natalité de cinq enfants par femme et des familles dans l’impossibilité de vivre en autarcie) est contraint de tout importer, y compris des couches-culottes polluantes. La moitié de la population du royaume des Tuvalu vit sur les 2,6 km2 de l’atoll de Funafuti. L’eau potable y est rare, polluée par l’élevage du porc, elle doit être importée. Suite à l’élévation du niveau des eaux, la culture des légumes traditionnels est devenue problématique car leurs racines supportent mal les infiltrations d’eau salée. Ce petit paradis en apparence sera la première nation évacuée pour cause de submersion subséquente à l’évolution climatique. Un millier d’habitants, réfugiés environnementaux, a déjà fui en Nouvelle-Zélande ou en Polynésie française. 97 % des Tuvaluans sont membres de l’église chrétienne protestante. Que l’on m’explique comment ne pas égratigner le tabou de la procréation, comment pouvoir considérer les habitants de Tuvalu comme une espèce divine, démiurge, contre-nature et hors sol pour ne pas blesser les susceptibilités, briser le religieusement correct, alors que l’impossibilité d’une surpopulation sur une île aux ressources limitées crève les yeux, et que pour comble de la fatalité, ils connaissent déjà ce que tous les Terriens risquent bientôt de vivre : quitter leur île, et pour les autres, quitter la planète.
Il existe cependant un modèle de « la possibilité d’une île », dont l’exemplarité est rapportée par Jared Diamond, dans son livre Effondrement. C’est Tikopia qui ne se situe pas pour autant en Utopia ! Sur cette île mélanésienne des Salomon, perdue dans le Pacifique, une conscience écologique aiguë semble chevillée au mode d’existence et le millier d’habitants vivant parcimonieusement sur 5 petits km2 est stable depuis 3.000 ans ! Mariage tardif, utilisation de plantes contraceptives et abortives, recours aléatoire à l’infanticide, définissent une vraie politique de régulation démographique se superposant aux limites extrêmes des ressources locales. Les arbres, pour la plupart productifs, y sont sacrés. La surpêche fut évitée en limitant la consommation de poissons. Jugés trop coûteux en ressources, des porcs introduits furent sciemment éradiqués. On y observe aucune disparité sociale, les chefs coutumiers ne jouissent d’aucun privilège et partagent pour l’essentiel le sort commun. Libre à nos gouvernants de nous indiquer la voie à suivre pour que l’avenir de l’île Terre soit sur le modèle borné de Rapanui ou des Tuvalu, ou sur celui avisé et futurible de Tikopia. Libre à nous de vivre en toute myopie écologique, en peuplant à l’excès le globe, avec une empreinte démesurée et en complète inadéquation avec des ressources dont la finitude est une évidence.
Nous savons tous que nous les humains allons droit au désastre. Une lancinante rumeur monte des entrailles de la Terre : une espèce zoologique singulière malaxe la planète sur un mode comparable à celui d’une nouvelle force géologique. Depuis sa mutation thermo-industrielle et sa révolution agricole pétrochimique, cette civilisation de la néantisation se montre diaboliquement capable d’influer sur la genèse et de porter un sérieux coup involutif à la biosphère. Comment parler de responsabilité collective dans une société dite grégaire où l’individualisme domine aux côté d’un j’m’enfoutisme effarant ? On pourrait légiférer dans l’auto-flagellation absurde par un semblant de coercition, pourquoi pas agrémenté d’une écotaxe, contraignant les utilisateurs non pas à rompre avec leurs mauvaises habitudes, mais seulement à porter des slogans coupables et même plus dissuasifs. Une foule d’homme-sandwich surréalistes vaquerait à ses coupables occupations portant des dossards du mea culpa et de la repentance du genre : « Prendre l’avion réchauffe le climat », « Aller chercher le pain en 4×4 est un acte imbécile », « Manger des fraises toute l’année est stupide », « La viande rend malade mais j’en mange », « Acheter dans les hypermarchés rend complice »… Une telle désinvolture, suprême et cynique, est un signe des temps, ceux d’un nouveau Pompéi où l’on se roule dans le stupre en attendant stoïques une fatale punition qui sortira du ventre de la Terre ! Seulement de temps à autres, on ouvre un placard algorien pour se faire peur, puis on continue à se la couler douce.
Jusqu’où pourra-t-on aller trop loin ? Notre monde surpeuplé ne passera pas le cap de l’effondrement post-pétrolier. Nous voyons bien qu’il est incontournable de dépeupler la planète, non seulement parce que l’animal humain y occupe indûment les niches écologiques des autres espèces, mais parce qu’il y va de notre propre survie. Notre Terre-mère, la planète-patrie, est cyniquement assiégée par la philosophie économique du laissez-faire et du toujours plus capitaliste, par un libre marché de tout qui la ronge sans répits ni remords, pour la plus grande détresse immédiate de deux-tiers de la population et au grand dam des générations futures. Jamais, jamais depuis la nuit des temps, plus grand crime ne fut commis à la barbe des gens.
Le chambardement climatique, la fonte des glaciers, la montée du niveau maritime, les pollutions de toutes sortes, la fin du pétrole, la menace damoclesienne des OGM, la surpopulation, la dévastation de la Nature, la disparition des espèces…et même l’épuisement du potentiel génétique de l’homme… sont des craintes si graves et fondées qu’elles devraient défrayer la chronique et renvoyer au rang des faits divers tous autres sujets, notamment footballistique. Les crises écologique, sociale, économique et politique sont les conséquences directes, inéluctables et logiques des vices et des vertus humanistes. La pensée religieuse et celle humaniste, en se prétendant universelles, ont défini une fois pour toutes ce qui était pensable, et donc possible ! Rien, assurent-elles, n’est pensable ni possible en dehors de leur propre doctrine… et sous peine de barbares inquisitions. Les théologiens et les humanistes se sont octroyé ce droit exclusif de définir par la terreur et la tautologie ce qui est humain, moral et juste. Apparemment, ils se sont plantés et n’ont fait qu’égarer nos civilisations.
Continuons sur cette pente savonneuse… En ultime recours, face à des lendemains qui déchantent, aux affres de l’effondrement annoncé et déjà vécues tant par le tarissement des ressources primordiales que par leur inique appropriation d’une mainmise des derniers privilégiés, l’éco-terrorisme surgira immanquablement comme force d’insurrection, trouvant sa source dans un élan d’écocitoyenneté. Cette levée de boucliers augurera de l’avènement d’une réelle et alors incontournable dictature verte, dernière option pour sauver les restes. À qui la faute si la récré vient à mal se terminer ? À ceux, si majoritaires, qui prirent Gaïa pour un lego en proie à un jeu de Monopoly.
4/ Il n’y en aura pas pour tout le monde !
Le roseau pensant n’était qu’un nénuphar… La société des hommes vit un peu comme ces nénuphars de l’étang. Les premiers nymphéas commencent par occuper une fraction infime de la surface de l’eau, puis la plante double de taille et se multiplie jusqu’à envahir une moitié de l’espace. À la génération suivante, l’étang en est rempli, le nénuphar ne peut plus croître. Il s’avère que bien trop d’hommes laissent les autres penser à leur place, ou bien, qu’ils pensent à bien autre chose qu’à ne pas devenir des nénuphars. Écologiquement, notre modèle d’homme est une brute. Nous avons colonisé la majeure partie de la surface terrestre, nous en sommes au point où il convient de se questionner sur notre modèle démographique. Au lieu de cela, nos préoccupations sont infiniment saugrenues.
L’humanité ne saurait vivre sans crise et ces crises sont habituellement d’ordre économique, plus qu’idéologique ou religieuse. L’idéologie philosophique, politique ou spirituelle, vient, comme le nationalisme, en réaction à une économie qui ne comble pas. Quand les hommes sont rassasiés, bien peu se posent des questions, ou bien il s’agit de préoccupations existentialistes « d’après-guerre ». La montée des extrémismes, l’ébranlement des institutions politiques, la plupart des instaurations de dictatures, de coups d’États et autres juntes trouvent presque toujours leurs justifications dans un retournement de situation économique, dans un krach succédant au dégonflement d’une bulle spéculative, dans une récession se traduisant par l’effet domino des faillites en chaîne, de la baisse du pouvoir d’achat, de la montée du chômage et des inévitables tensions sociales. « Quand le foin manque au râtelier, les chevaux se battent… », dit un précepte. Certains tyrans l’ont parfaitement compris par leur politique de compenser la terreur par un minimum nutritionnel. On ne crève pas dans la rue. On a ainsi toujours retardé la révolution. Les famines sont le ferment des jacqueries. C’est le ventre creux que l’on habille ses revendications aux couleurs des idéologies qu’on laissait infuser, par temps calme, aux comptoirs de nos cafés philosophiques. Les populations flouées se tournent toujours vers un tribun charismatique, supposé gérer la crise par une brutale austérité, quitte à suspendre les libertés et à engager une quelconque chasse aux sorcières intérieure ou étrangère, d’ordre idéologique, religieux ou raciale. Il en est de même de l’actuel extrémisme islamiste, terroriste ou résistant, dont les agissements sont assimilés trop souvent à la formule culturelle et religieuse fourre-tout d’un irrationnel « choc des civilisations ». Tout le monde sait qu’il puise prosaïquement ses racines haineuses dans la brèche trop profonde des disparités entre deux modèles économiques, dont les infinies frustrations sont attisées et orchestrées par quelques mollahs, parfois hauts nababs et richissimes émirs. S’en référer aux croisades d’une guerre de mille ans, pèlerinages armés d’un tout autre contexte historique, est tentant mais assez illusoire. Du moins, et s’il y a guerre sainte, elle se limite à des vétilles comme le port du voile en terre chrétienne, ou l’outrage stigmatisé contre trois caricatures. La réponse par un affrontement sur un modèle idéaliste « civilisation » contre « barbarie » est sotte et ne vise qu’à mobiliser les opinions contre l’Autre, tout en se voilant la face (!) et en légitimant les injustices au nom d’un chaos. L’antagonisme des « sages de Dieu » ou « axe du bien » contre les « fous de Dieu » ou « axe du mal », correspond à la mauvaise foi du sermonnaire « chrysologue » d’un catéchisme malin, les extrémistes ou les infidèles étant toujours les autres.
Rien de tout cela dans la méga crise planétaire qui nous préoccupe ici. Strictement écologique en amont, elle résulte d’une lamentable gouvernance des ressources dont l’ego de tout un chacun est implicitement responsable. Cette menace des ressources emboîte immanquablement et en cascade les mêmes misères que celles-ci-avant citées, mais ce n’est qu’à notre collectif occidental qu’il faut s’en prendre. Nous sommes tous pris la main dans le sac et nous nous retrouvons auto-inculpés face à un mur. Que celui qui est sans péché (écologique) lui jette la première pierre ! Ce n’est donc pas, cette fois, une accusation avec le dos au mur pour fusiller quelques coupables-innocents, mais un mur des lamentations pour quelques milliards d’humains, pour le moins ceux du monde dit avancé, auteurs d’une exploitation hâtive des ressources planétaires. Ceux du Sud (et du Grand Nord), spoliés par nos excès et extorqués par nos pirateries séculaires, pourraient et devraient nous juger, et nous condamner pour les avoir entraînés dans le même bateau sans qu’ils puissent jamais partager le magot. Mais nos lois iniques et protectionnistes ne laissent pas ces salauds de pauvres aborder nos rivages sans un permis-de-travail, maintenant doublé d’un permis-de-parler, à défaut d’un permis-de-juger, et d’un test ADN. Notre punition ne sera donc pour l’instant qu’une contrition médiatisée, une pathétique repentance de plus.
5/ La surpopulation est un crime contre l’humanité
Dans leur ouvrage Le réveil de la conscience (2003), Jacqueline Bousquet et Sylvie Simon rapportent cette citation véhémente du Commandant Cousteau : « Nous périrons sous les berceaux. Nous sommes le cancer de la Terre ; la pullulation de l’espèce humaine est responsable d’une pollution ingérable par la nature. Cela est tellement évident qu’on se demande de quel aveuglement sont frappés nos dirigeants. La Nature, dans sa grande sagesse, essaie de nous aider ; les cas de stérilité sans cause apparente s’accroissent – comme d’ailleurs s’accroissent les orphelins et enfants abandonnés et maltraités ! ». La même année, Sœur Emmanuelle s’exprimait ainsi dans une interview au journal Le Point : « Dans les bidonvilles, j’avais chargé un docteur de prescrire la pilule, afin que les femmes n’aient pas un bébé tous les dix mois. J’avais vu une femme enceinte allaiter deux bébés ; je ne pouvais laisser perdurer cette situation. J’ai envoyé une lettre directe au Pape pour lui expliquer. Je n’ai jamais eu de réponse… ».
Homo sapiens est la pire espèce invasive. Notre monde est passé de 250 millions à 7 milliards d’habitants depuis l’an 1 de l’ère chrétienne. Mais contrairement à toute logique, la décroissance démographique reste un problème épineux, un énorme tabou qui n’ose pas dire son nom, un scandale qui provoque tous les courroux ! Suggérer de modérer la démographie d’un monde en proie à la surpopulation semble relever de l’outrage, de l’infamie, tant le thème appartient à la langue de bois. « Essayez de persuader les gens de s’abstenir de procréer au nom de la moralité – grands dieux ! Quel tollé ! » s’exclamait Léon Tolstoï. Où sont les suggestions dénatalistes dans les pactes écologiques que l’on nous propose ? Une telle frilosité en dit long sur le charlatanisme des auteurs, peu enclins à perdre de l’audience et dont le souci premier est de plaire, quitte à renoncer à l’audace d’une vraie vérité dérangeante et pourtant intrinsèque à tout sauvetage planétaire. Nous feignons d’ignorer la finitude d’un monde dans laquelle notre multitude puise allègrement et sans relâche, nous ne devrions pas avoir le désir d’une descendance qui ne recevra en héritage que des lambeaux et des restes. N’en déplaise à l’ignoble propagande des vertueux, il n’y a qu’une raison légitime et éco-malthusienne de ne pas avoir d’enfant, c’est de ne pas surpeupler davantage la seule planète dont nous disposions. Si on aime les enfants, il ne faut donc pas en faire, ou prendre le risque de n’en faire qu’un seul, un dernier, et bien aimé. Quelques générations vouées à seulement un enfant par femme, voire assurer un soutien financier aux couples qui n’enfanteraient pas, serait cependant le programme d’une politique courageuse et écoconsciente. Il faut quelque chose de plus qu’un couple pour faire un enfant, il faut au moins une planète viable. Posséder une famille nombreuse n’est-il pas un délit environnemental, une grave atteinte à la planète et à l’avenir commun ? Pour un ami de la Terre, toute abstinence à la procréation humaine, toute pénurie des naissances sont reçues comme de bonnes nouvelles. Nous occupons indûment les niches de toutes les autres grandes espèces que nous avons expulsées et cela se poursuit au quotidien, chaque fois que l’abattage d’un arbre de la forêt pluviale fait reculer un discret orang-outang. Imaginons un peu une Terre surpeuplée de 7 milliards d’orang-outangs ou de rhinocéros. La liberté écologique de notre espèce humaine devrait s’arrêter là où commence celle des autres espèces. Il n’est peut-être jamais trop tard et que vienne alors le grand coïtus interruptus planétaire qui permettrait à la Terre de souffler un peu ! Sans peur ni reproche du métissage, le renouvellement des générations des pays développés devra se faire par les immigrants, au grand dam des suprémacistes blancs et fanatiques hélas toujours bien en place aux commandes du destin planétaire.
Si vous estimez cependant que nous n’avons aucune responsabilité ni vis-à-vis des 11 millions d’enfants qui meurent chaque année avant d’atteindre leur cinquième anniversaire, ni à l’endroit des espèces végétales et animales qui disparaissent à la vitesse grand V, que notre reproduction n’est pas excessive ou en tout cas acquittée de telles accusations, alors oui, faites encore et encore des enfants. Mais faites vite !
La survie de l’humanité dépend du possible, et non de l’impossible. L’impossible, c’est une meilleure gestion et répartition des ressources. On a tout essayé depuis des lustres et même la morale égalitaire, notamment professée par le grand livre n’a pas donné les résultats escomptés, peu s’en faut ! Le possible pour cultiver les futurs, c’est d’encourager une mondialisation de la dénatalité. Vivre moins nombreux pour que tout le monde puisse tout simplement vivre.
6/ L’empreinte écologique à revoir et à corriger ?
Instaurée dans le concept strictement anthropocentriste induit par la culture monothéiste de l’homme-roi, cet outil d’évaluation n’a pas tenu compte que nous n’étions pas la seule grande espèce sur Terre. Ce manque de discernement radical fausse la donne puisqu’en raison des interdépendances, il n’est guère possible pour l’animal humain de congédier les autres colocataires de la Maison du Quaternaire et de ne se préoccuper que des espèces qui le nourrissent ou lui font belle la vie. C’est un volet de plus à verser au dossier de notre cécité écologique. Selon un point de vue plus biocentriste que suprématiste, les calculs devront être reconsidérés.
Sachant que chaque personne exerce un impact précis sur le milieu selon sa façon de vivre (produire sa nourriture, les biens qu’il consomme, en absorber les déchets), le meilleur outil qui ait été imaginé pour mesurer cette consommation de ressources au prorata de la surface nécessaire est l’empreinte écologique. Cet indicateur fut inventé au début des années 1990 par Mathis Wackernagel et William Rees, spécialistes en planification. À partir de cette évaluation, on peut déduire si notre économie respecte ou non les capacités régénératrices planétaires. L’empreinte écologique est évaluée en hectares globaux, c’est-à-dire en hectares biologiquement productifs selon une productivité mondiale moyenne. On peut étudier une telle empreinte pour un individu, une famille, une ville ou une nation, et établir des comparaisons édifiantes. Il est aussi possible et révélateur de l’évaluer sur un secteur écologique, un écosystème, comme celui de la seule forêt à l’échelon mondiale. La Terre possède 11,3 milliards d’hectares de surfaces biologiquement productives, comprenant des terres et des surfaces d’eau. En prenant une population de 6 milliards d’hommes, il y a sur Terre 1,8 hectare global disponible par personne de terres et de mers biologiquement productives. Cette surface se restreint au fur et à mesure que la population augmente. Quand l’empreinte par personne est supérieure à 1,8 hectare, on entre en déficit écologique. L’empreinte écologique moyenne est présentement évaluée à 13,5 milliards d’hectares globaux, soit 2,2 hectares par personne. Il y a donc dépassement de 21 % par rapport à l’espace disponible et les activités anthropiques consomment déjà largement plus que la capacité de régénération de notre planète. Les pays riches sont évidemment ceux qui présentent les plus grands déficits écologiques. Si les émirats Arabes-unis s’octroient 9,9 hectares par personne, les États-Unis 9,5 hectares et la France 5,8 hectares, le continent Africain ne mobilise qu’1,2 hectare par personne, l’Inde 0,8 hectare et la Somalie 0,4 hectare par personne (Source : rapport Planète vivante 2004 du WWF).
Mais le respect des niches écologiques et de l’espace vital propres aux autres grandes espèces n’a pas été prévu dans un tel calcul très utile mais éminemment anthropocentriste. Pour saisir cet aspect des choses, il suffirait d’imaginer notre destin si, à notre instar, gorilles, orangs-outangs, chimpanzés, éléphants, rhinocéros, buffles, girafes, cerfs, chevreuils, sangliers… se taillaient aussi la part du gâteau avec plus de 6 milliards de représentants ! Qu’adviendrait-il de nous ? On voit déjà ce qui se passe lorsque quelques dizaines de loups « protégés » menacent nos moutons comestibles ! Nous ne sommes pas la seule espèce à jouir de la biosphère et toutes les espèces sont colocataires dans un mutualisme nécessaire. Il y aurait donc réellement bien moins de 1,8 hectare par humain si notre sagacité écologique se montrait apte à ménager un véritable habitat (lieu de vie) pour les autres animaux que le seul humain, et pas seulement des réserves d’inspiration environnementaliste dans lesquelles on abat les éléphants quand ils sont trop nombreux, ou la technique d’introduire des maladies comme la myxomatose quand le lapin devient une espèce aussi invasive que nous, ou déclarer nuisibles des oiseaux comme le corbeau freux, la corneille noire, l’étourneau sansonnet, l’ibis sacré quand ils commencent à se reproduire avec la même dynamique que les humains. Revendiquer ce 1,8 hectare pour nous seuls, notre décor écosystémique et des animaux de consommation, en expropriant la faune sauvage, n’est donc ni scientifique, ni raisonnable.
Il semblerait que pour s’inscrire dans un réel équilibre naturel et pérenne, l’effectif humain ne devrait pas dépasser tout au plus un milliard, voire seulement 300 millions selon d’autres points de vue. Nous sommes bien loin du chiffre des 2 ou 3 milliards que l’on avance souvent prudemment, sans doute inconsciemment pour ne pas provoquer la pénible levée des boucliers pro-natalistes. Comme nous n’étions que 250 millions en l’an 1, ce qui est proposé n’est qu’un retour « à la normale »! Qu’en serait-il ? Notre espèce vivrait naturellement, écologiquement, ne serait plus mise en danger. La biodiversité serait respectée. Les pollutions biologiques seraient absorbées et neutralisées. Une production naturelle mettrait tout le monde à l’abri des famines et des maladies artificiellement inculquées.
Mais nous avons un faible pour la surpopulation et ses malheurs, pour une vie chaque fois plus invivable et même hypothétique pour nos enfants que nous croyons aimer mais que nous n’engendrons que pour satisfaire aux dogmes des religions révélées (inventées), patriotiques (guerres) et consuméristes (banksters). Engrais chimiques, pesticides, insecticides, herbicides, fongicides, OGM, irradiations alimentaires, recyclage des déchets alimentaires en aliments consommables, aliments de synthèses… nous permettent peut-être de nourrir 10 ou 20 milliards de personnes. Et encore, pas toutes puisqu’un milliard connaît une famine quasiment programmée par la spéculation et autres perversités « humanistes » des pays du Nord.
Notre surpopulation qui cohabite déjà avec ses cancers correspond à un processus en spirale : nous n’aurons bientôt plus que 800, 400, 200, 50… mètres carrés pour vivre, sur un sol biologiquement mort, dans un décor nu, pollué, galvanisé. Aurons-nous encore la force d’entreprendre d’ultimes guerres d’appropriations et d’exterminations, ou bien signerons-nous ainsi notre autogénocide pour avoir cherché à sauver nos retraites ?
conclusion/ « Tu seras la terreur du Vivant »
Dans la bible, Dieu a dit à Adam et à Eve : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là ; ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout ce qui est vivant et qui remue sur la terre. » (Genèse 1,28). C’est à partir de ce précepte irrationnel que nous avons défini notre sainte empreinte écologique. Elle n’a donc rien d’écologique, comme tout ce qui est environnementaliste. Il s’agit là de la démographie hors-sol, celle officielle, fallacieuse et en vigueur.
Sur cette Terre, le genre humain s’est taillé la part belle et tout en reconnaissant les limites vitales de cette position, il rechigne à revoir ses notions. C’est probablement au nom de cette politique de l’autruche qu’il voit d’un mauvais œil l’avènement d’une salutaire écoconscience et qu’il préfère travestir l’écoresistance en écoterrorisme pour mieux la désamorcer.
Mes écrits concernent tous ceux qui résistent à la vulgaire pensée commune qui émerge des urnes. La tendance politiquement correcte est contraire à la conscience universelle, au respect de tous les êtres vivants et des écosystèmes. Penser avec le troupeau mène aux pires égarements et cruautés. La majorité silencieuse est dans la tradition d’un crétinisme auto-suicidaire. La vérité dérange, c’est un truisme de le dire. Seuls quelques rebelles et anticonformistes ont toujours fait avancer la société amorphe. Soyons fiers d’en être !
J’avais 4 livres sur la conscience, je les ai écrits, ils sont parus, et je suis « en peu » soulagé d’avoir pu cracher le morceau. Mais ces thématiques sont imbuvables pour « le gros de la société » et aucun média, je dis bien « AUCUN », ne peut se permettre de relayer mes publications sans provoquer les foudres de l’indignation de la bien-pensance.
Vous trouverez mes livres-alertes dans toutes les librairies en ligne, y compris chez le « vilain » Amazon qui les livre en 3 jours.
218 pages pour vilipender l’éducation parentale des familles qui font de nous des spécistes, des racistes et autres personnes haïssables, c’est « Salauds de parents !« .
232 pages pour alerter sur l’extrême sensibilité des personnes animales et hurler « stop au carnage », c’est « Sentience animale« .
196 pages pour exhorter à la dénatalité parce que c’est une honte de mettre aujourd’hui au monde un enfant dont la vie sera invivable, c’est « Le Malheur de naître« .
252 pages pour dénoncer que, preuves à l’appui, l’origine du mal c’est le mâle, c’est « Le Dernier Mâle« .
Michel Tarrier est l’exemple type de l’écolo qui désert plus qu’il ne sert l’écologie.
Le “combat“ de cet écologiste “radical“ reste limité au Web et ses actions se résument à vendre des bouquins. Si encore c’était de la poésie. L’écriture est une bonne thérapie, le Top c’est de se faire du blé en vendant son dégoût de l’humanité.
« Esprit critique », vous avez lu la contribution de Michel Tatrrier sur ce blog, or vous ne dites absolument rien du contenu de son analyse. De notre côté, nous avons lu plusieurs livres de Michel Tarrier et nous n’avons absolument rien trouvé qui exprime un dégoût de l’humanité, seulement un réalisme à propos de la condition humaine. Par exemple, Michel T. écrit : « Nous sommes la seule et unique espèce à avoir envahi la planète jusqu’à occuper les niches écologiques de la plupart des autres espèces, douteux privilège dû au volume encombrant de la merveilleuse éponge qui nous sert de cerveau. » Est-ce qu’un tel constat peut porter à contestation ?
Tenter de salir une personne sans vouloir bien la connaître, c’est se salir soi-même…
@ Biosphère : Depuis le temps que j’expose mon modeste (et tout ce que vous voudrez) point de vue sur votre blog… vous savez très bien ce que je pense de cette analyse de Michel Tarrier. Je n’y vois avant tout que du rabâchage dégoulinant de misanthropie et de pleurniche. Beurk !!!
Et j’ai le droit de ne pas aimer. Comme Tarrier a le droit de ne pas aimer le genre humain. Tarrier n’est pas tout seul dans ce cas, il n’est ni le premier ni le dernier, je dis que c’est leur problème. Ce qui me gène, c’est déjà qu’on se fasse du blé avec ça. En étalant ce genre de problème, ici son mal de vivre. (à suivre)
Parce qu’en attendant, qu’est-ce qu’il fait avancer, Tarrier, avec son dégoût de l’humanité et ses bouquins ?
Par exemple, Michel T. écrit : « Je suis misanthrope et j’emmerde mes semblables que je déteste tout autant que je me hais.[…] j’estime que tous les nouveaux parents sont des salauds qui mettent au monde un otage […] »
(INTERVIEW … d’un entomologiste écosophe, par Jean Delacre.
Sur son site : micheltarrier.com )
En gros c’est l’histoire d’un salaud qui parlait de salauds… Croyez-vous que c’est avec ce genre de propos qu’on puisse faire avancer la Cause ? Moi je ne crois pas. Au contraire !
« Ce qui n’est plus possible pour celui qui, en costume-cravate et muni d’une machine à calculer, est propulsé par un véhicule technique, mine les écosystèmes, réglemente la Nature pour mieux la dérégler, déboise et reboise, tue et repeuple, la soumet tant à sa loi qu’à sa relative bienveillance, en stocke les fruits et les gisements, passe une forêt à la moulinette ou une plaine au bulldozer. Cet homme de civilisation, loin de la transcendance et du respect, proxénète accompli et fier de l’être, est sorti de la Nature, il est contre-nature et contre la Nature. »
Ce portrait robot décrit très bien les destructeurs de l’environnement ! Lorsque je regarde les photos des élections, je me rends compte que ces hommes en costume-cravate ressemblent beaucoup aux électeurs de Philippe Jadot qui a reporté leurs voix sur Emmanuel Macron ! Autrement ces destructeurs sont des macronistes croyant aux progrès techniques infinis pour résoudre les problèmes.