Voilà tout juste quarante ans que le livre Suicide, mode d’emploi a été publié – avant d’être interdit neuf ans plus tard en application de la loi du 31 décembre 1987 tendant à réprimer la provocation au suicide. Et voilà encore plus longtemps que le débat sur l’euthanasie et le suicide assisté est escamoté dans notre pays. Ce n’est jamais le moment. En France, aucun gouvernement, aucun Parlement n’a eu le courage d’aborder une question pourtant approuvée par près de 90 % de nos concitoyens.
Bernard Poulet : La médecine est capable de prolonger indéfiniment des vies qui n’en sont plus… Alors que triomphent les droits des individus, comment peut-on refuser à l’individu contemporain de déterminer les conditions de sa mort ? Il serait possible de choisir son patronyme, son genre, voire son sexe, d’avoir ou non un enfant, mais il serait interdit de choisir sa mort. C’est intenable. On a le « droit » de se suicider, mais il est interdit de se faire aider. Quelle est la logique ? Pourquoi opposer les soins palliatifs au suicide assisté ? Pourquoi ne pas autoriser chacun à exercer son libre arbitre ? La possibilité du suicide assisté, parce qu’elle contribue à la maîtrise de son destin, rend l’approche de la fin de vie moins angoissante. Elle ne cache pas la mort, elle la place même sur le devant, et permet de s’y préparer. On ne choisit pas de naître, mais on peut décider en toute lucidité de choisir comment quitter le monde. C’est là sans doute notre ultime liberté.
Luc Ferry dit que, « hors les cas infimes où c’est physiquement impossible », l’individu « se suiciderait tout simplement sans faire appel à autrui ». Mais comment faire ? Sauter du haut d’un immeuble comme Gilles Deleuze, se remplir les poches en entrant dans l’eau glacée comme Virginia Woolf, s’enfoncer un pistolet dans la bouche comme Montherlant ou Romain Gary, s’étouffer sous un sac en plastique comme Bruno Bettelheim ?
Lire, Suicide assisté, démocratie et libre-arbitre
Le point de vue des écologistes
Dans certaines conceptions religieuses la destinée de l’homme appartient à Dieu et le suicide constituerait alors une rupture dans la relation de l’homme avec la souveraineté de son Dieu. L’Église soutient traditionnellement « la vie, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ». Pour les interprètes de la pensée divine, « ces principes éthiques ne sont pas négociables ». Mais rien ne dit dans l’Ancien Testament que les narrateurs désapprouvaient les suicides, les cas relatés ne font l’objet d’aucun jugement de valeur. Dans le Nouveau Testament, la crucifixion de Jésus peut même être présenté comme un suicide oblatif, qui fait passer les besoins d’autrui avant les siens propres : « Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. » Les représentants des religions ne sont donc qu’affabulateurs, prenant leurs fantasmes pour la réalité. En système démocratique, il en va autrement.
C’est la délibération du groupe social qui détermine ce qui est vrai ou faux, ce qui est bien ou mal. Les procédures démocratiques définissent à un moment donné, donc de façon temporaire, ce qui paraît le plus acceptable étant donné l’état présent de l’opinion publique. Ce consensus collectif découle normalement de la libre détermination des individus, c’est la responsabilité éclairée de chacun qui doit œuvrer au bien public. Les femmes ont obtenu la possibilité de disposer à leur guise de l’enfant à naître, c’est l’interruption volontaire de grossesse. Par analogie, on devrait faciliter l’interruption volontaire de vieillesse, ce qui se retrouve d’ailleurs dans certaines législations étrangères sous la dénomination de suicide assisté. L’avenir n’est pas à vivre 1000 ans comme certains transhumanistes le prônent, mais à savoir reconnaître et accepter quand vient l’heure de notre mort. Nous devrions avoir la lucidité sociale de pouvoir choisir les techniques qui nous mettent en conformité avec les lois de la nature.
Lire, Pour le suicide assisté en libre service
Comme le dit Bernard Poulet, « il serait possible de choisir son genre, voire son sexe, d’avoir ou non un enfant, mais il serait interdit de choisir sa mort. C’est intenable. » Des hommes et des femmes se font stériliser pour n’avoir jamais d’enfant à naître dans un monde de 8 milliards d’êtres humains qui déglinguent la planète et souvent s’entre-tuent. Pourquoi ne pas permettre aux personnes usées par la vie d’en finir avec du pentobarbital de sodium sans avoir à se jeter devant la rame du métro ?
Pour en savoir plus, le livre « Alerte surpopulation »
https://www.edilivre.com/alerte-surpopulation-michel-sourrouille.html/
Ah oui, celle-là aussi il eut été dommage de ne pas la souligner. Et la dézinguer.
Tout en bas, c’est bien le cas de le dire : Pour en savoir plus, le livre « Alerte surpopulation »
Mais nom de dieu ! … que vient faire ici la Surpopulation ?
Et cette question, ce n’est pas faute de l’avoir posée. D’ailleurs j’attends toujours la réponse. Et après on ose parler de DÉBAT !
– « Luc Ferry dit que, [etc.] Mais comment faire ? Sauter du haut d’un immeuble comme Gilles Deleuze, se remplir les poches en entrant dans l’eau glacée comme [etc.] »
(Biosphère)
Cette fois je suis plutôt d’accord avec Luc Ferry. Comment faire ? Ce ne sont quand même pas les moyens qui manquent, certains vendent même les «bonnes» recettes, le mode d’emploi etc. misère misère.
Une mort par défenestration, ou par pendaison (j’arrête là) serait-elle moins digne… ou moins propre, moins belle etc. qu’une mort dans une de ces établissements spécialisés, comme en Suisse ou en Belgique ?
Et si oui pourquoi ?
– « On ne choisit pas de naître, mais on peut décider en toute lucidité de choisir comment quitter le monde. C’est là sans doute notre ultime liberté. » (Bernard Poulet)
On ne choisit pas de naître, ici ou là, à telle heure etc. c’est sûr.
Mais que choisit-on réellement, dans la vie ? Toutefois c’est vrai, on peut choisir sa mort.
Et c’est en effet là notre seule, et bien sûr ultime, liberté.
Mais ce choix n’est-il pas, d’abord, une affaire strictement personnelle ?
– « … une question pourtant approuvée par près de 90 % de nos concitoyens. […]
C’est la délibération du groupe social qui détermine ce qui est vrai ou faux, ce qui est bien ou mal. [etc. etc.] » ( Biosphère – Le point de vue des (de certains) écologistes )
En fait je crois que tout le nœud du problème (l’impossibilité de débattre) est là.
Si on part du principe (ou du postulat) que la majorité (et a fortiori à 90%) ne peut qu’avoir raison… et que la vérité, comme le bien et le mal, ne sont qu’une question de nombre d’adhérents… alors les (quelques) % restants n’ont plus qu’à se taire et/ou se ranger.
C’est ainsi que fonctionne la démocratie. Et bien sûr nos «démocraties» dans lesquelles les «citoyens» sont bien plus esclaves que libres, enfumés et déboussolés qu’éclairés etc.
– La majorité a-t-elle toujours raison ( etudier.com )
« Pour en revenir à ce fameux ou fumeux «débat escamoté», celui donc sur la fin de vie et l’euthanasie. Posons-nous déjà la question : En quoi le fait que 90 % de nos concitoyens soient POUR (sondages, sens du vent, girouettes etc.) est-il un gage ou une preuve qu’ils ont raison ? »
D’abord, parce que 1 les meilleurs choix sont les siens ! Ensuite 2 mon corps m’appartient et j’en suis le seul souverain ! Autrement dit, les autres n’ont pas à m’interdire l’euthanasie puisque cela devrait être un choix individuel que de vouloir y recourir ou pas ! Mais en aucun cas, les autres n’ont pas à m’interdire d’y recourir tout ça parce qu’ils ont des croyances qui ne me concernent même pas ! Que chacun applique ses interdits religieux qu’à lui-même, mais ils n’ont pas à les imposer aux autres tant que ça ne nuit pas à autrui !
Ben si j’ai répondu à ta question ! Les citoyens ont entièrement raison d’accepeter l’euthanasie pour les raisons que j’ai évoquées ! Les autres n’ont pas à entraver mon choix individuel de recourir à l’euthanasie ! Moi-même aimerait pouvoir y recourir si par exemple je venais à avoir Alzheimer ! Je ne tiens pas à être emprisonné dans un Ephad sans avoir d’activité autre que d’attendre l’heure de mes cachetons et de ma purée ! D’autant qu’on devient une charge pour les autres alors qu’on n’a plus de vie à vrai dire !
Pour moi c’est très simple à comprendre, pas besoin de se masturber les neurones intellectuellement pour philosopher là où il n’y a pas de raison de se torturer les neurones, parce que les réponses sont évidentes à comprendre ! Les réponses évidentes consistent à admettre qu’il faut accepter son temps imparti de vivre, et que ce n’est pas la peine de recourir à l’acharnement thérapeutique ou des soins palliatifs là où il n’y a aucun espoir d’amélioration. Ensuite, pourquoi maintenir en vie des personnes qui souffrent ? Pour moi me forcer à vivre alors que je souffre et que je n’ai plus aucune autonomie et aucune activité plaisante, c’est de la torture et du sadisme ! Je veux qu’on me laisse partir quand je le souhaiterai ! Et non pas qu’on me maintienne en vie pour des dogmes ou des croyances, qu’on me fiche la paix, c’est mon choix de mourir comme dirait Évelyne Thomas !
Ne mélange pas tout, c’est d’ailleurs pour ça que sur ce genre de sujet il ne peut pas y voir de débat. Les soins palliatifs, notamment en terme de moyens, c’est une chose. L’euthanasie en est une autre. Je t’ai déjà dit que tu pouvais refuser l’acharnement thérapeutique (directives anticipées- Loi Léonetti), comme tu pouvais refuser d’entrer dans un Ephad. Tout le problème, c’est qu’on peut te con vaincre d’y entrer. Comme pour le Plan 75 (le film).
En attendant, il n’y a aucune loi (si ce n’est celle des curés) qui t’interdise d’en finir si t’en as marre de vivre. Tu dois même pouvoir te trouver ce fameux bouquin qui vend les «bonnes» recettes. Ben oui qui les vend ! Son auteur ne les donnait quand même pas gracieusement à ses clients. Et puis, Toi… qui ne supporte pas l’assistanat … tu devrais être d’accord avec moi pour dire que l’assistanat a aussi ses limites, non ?
Connaissez-vous la terrible Accabadora ?
– « L’accabadora, en Sardaigne, est une femme qui soulage. Une femme qui pratique l’euthanasie en secret, dans l’ombre de ces maisons repliées sur des ruelles secrètes et tortueuses. [etc.] »
( latina 26 mai 2018 – Accabadora – babelio.com )
– « Accabadora », de Michela Murgia : la dernière mère (Le MONDE 27 oct 2011)
Non je ne la connaissez pas. Plus exactement, non je ne LE connaissez pas, ce bouquin. Et en plus un roman. Ceci dit, qu’est-ce que vous avez derrière la tête quand vous posez cette question ? Seriez-vous là en train d’encourager certains à braver les lois ? La désobéissance civile (ou civique) certes, mais elle aussi a ses limites. Déjà elle se pratique au grand jour, pas dans la clandestinité.
Suicide, mode d’emploi… n’est qu’un bouquin, lui aussi, lui non plus je ne l’ai pas lu, je ne sais même pas où on peut le trouver, en plus il ne m’intéresse pas.
Ah non il n’y avait rien de tout ça dans mes intentions, je voulais juste attirer l’attention sur une terrible légende assez méconnue mais qui illustre bien que la question se pose depuis longtemps dans toutes les sociétés. C’était juste une démarche à visée culturelle.
Où m’avez vous vu d’ailleurs prôner la désobéissance civile (sauf pour les vaccins) ? Vous savez qu’au contraire je ne mêle jamais les questions d’Euthanasie (ou d’avortement) à la démographie, j’espère que vous ne me soupçonnez pas de ce genre de choses.
Pourtant, on discute depuis suffisamment longtemps pour que vous connaissiez mes idées par cœur.
Merci, Didier Brthès, de daigner me répondre. Je sais très bien que la question de l’euthanasie se pose depuis très longtemps, et dans diverses cultures.
Justement, toujours pour enrichir la nôtre (culture individuelle) je vous propose de lire cet article du 28 OCTOBRE 2017 (sur FSSPX.NEWS) :
– Euthanasie : « c’est dans les sociétés les plus riches qu’on se suicide le plus »
(Désolé… ce n’est encore là que le point de vue d’une philosophe. Et catholique par-dessus le marché.)
Je me souviens très bien que vous l’avez déjà dit, ici sur Biosphère, peut-être à moi d’ailleurs, peu importe, que vous ne mêliez pas les questions d’Euthanasie (ou d’avortement) à la démographie. Sur ce point je vous donne entièrement raison. Seulement vous voyez bien que Biosphère (Michel Sourrouille) n’est pas du tout sur cette même longueur d’onde. Sa pub (à la fin) pour son bouquin… et voyez (en haut sous le titre) dans quelle rubrique il range cet article.
D’autre part il existe, heureusement, des débats d’un tout autre type. Comme les débats scientifiques, qui se passent à huis clos, entre gens sérieux, compétents etc. et dont le but n’est que d’avancer dans la connaissance (scientifique).
Nous avons aussi les débats socratiques (questions-réponses), dont le but ici est la recherche de la vérité. Du moins de mettre en lumière ce qui n’est pas vrai.
Dans ces deux types de débats, pas question bien sûr d’avoir toujours raison, d’user de stratagèmes pour «prouver» qu’un cercle est un carré, qu’une vessie est une lanterne etc. Personnellement il n’y a que ceux-là qui m’intéressent vraiment.
Les autres ne me servent qu’à affûter mon esprit critique. ( à suivre )
Pour en revenir à ce fameux ou fumeux «débat escamoté», celui donc sur la fin de vie et l’euthanasie. Posons-nous déjà la question : En quoi le fait que 90 % de nos concitoyens soient POUR (sondages, sens du vent, girouettes etc.) est-il un gage ou une preuve qu’ils ont raison ?
Autre question : N’avons-nous pas suffisamment d’exemples, dans l’Histoire, qui nous montrent que le Peuple (l’Opinion, le Gros Animal etc.) peut aussi gravement se tromper ?
** Je vois à l’instant que les 3 premières parties de mon texte ont disparu.
Je trouve que c’est dommage. Déjà ça casse le fil de mon raisonnement (point de vue). Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas, ici comme ailleurs, essayer d’abord de s’entendre sur les mots, déjà pour parler le même langage. Ensuite ça donne une idée de la façon dont Biosphère entend le mot DÉBAT.
Je peux bien sûr les remettre, ici sur cet article, ou alors sur le précédent, qui est peut-être plus adapté.
Ces parodies de débats, on peut dire débats à la con, font partie intégrante du Spectacle (Show must go on !) Le Spectacle qui lui, fait partie intégrante du Système. Comme en font partie la «démocratie», les élections, les sondages etc.
Pour moi, tout ça ne sert qu’à nous amuser, nous abuser, enfumer etc.
N’oublions pas que dire des conneries, pire, parler pour ne rien dire, faire semblant, tourner en rond, se foutre sur la gueule, se montrer, patauger, s’éclabousser, s’enfoncer etc. etc. n’est une façon comme une autre de passer le temps, en attendant. Misère misère. ( à suivre )